Résultat du test :
Auteur : Yvon
Date : 19 déc.17, 01:05
Message : Par Jacqueline I Stone Professeur de Religions du Japon au Départment des Religions à l’Université de Princeton (U.S.A.)
Le maître bouddhiste Nichiren (1222–1282) a souvent été marginalisé par de nombreux spécialistes du bouddhisme, qui le considéraient comme intolérant pour avoir proclamé de façon exclusive qu’à l’époque des Derniers jours du Dharma (mappo), seul le Sutra du Lotus pouvait mener au salut.
Comme la tradition du bouddhisme nichirénien a souvent été agressive, en affirmant sa vérité exclusive et en s’opposant aux autres formes du bouddhisme, le qualificatif d’intolérance est inadéquat pour s’appliquer à cette tendance qui perdura à l’intérieur de la tradition, à la fois comme force unificatrice et comme stratégie de légitimation.
Cette brève esquisse historique cherchera :
- à remonter à l’origine de l’ « exclusivisme du Lotus » dans la pensée de Nichiren,
- à analyser comment cette revendication de propager le « Seul Vrai Dharma » a permis aux premières communautés nichiréniennes de s’imposer face à des institutions plus puissantes,
- à montrer la constante reconfiguration de ces déclarations, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours, en réponse au changement des circonstances.
L’article examinera également la question des conflits constants à l’intérieur des Ecoles nichiréniennes pour savoir si, et dans quelle mesure, il fallait poursuivre cette confrontation avec d’autres traditions bouddhistes.
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Le Maître bouddhiste Nichiren (1222-1282) et l’Ecole bouddhiste qu’il fonda furent souvent marginalisés par les érudits tant japonais qu’occidentaux. Même si cela est dû, en partie, à l’amalgame qui, pendant la guerre, avait été fait entre certains aspects de la rhétorique de Nichiren et l’aile droite militariste, à un niveau plus profond on retrouve un malaise fondamental quant à l’opposition, souvent radicale, de la tradition nichirénienne envers les autres religions.
George Sansom, par exemple, affirme que Nichiren « rompit la tradition de tolérance religieuse au Japon », (réf.) tandis que Watanabe Shoko dit que Nichiren affichait « une confiance en soi jamais vue dans toute l’histoire du bouddhisme » et que, « du point de vue de la tolérance bouddhiste, on devrait qualifier son attitude de totalement non-bouddhique.» (réf.)
Selon Edward Conze :
« Le bouddhisme de Nichiren diffère de toutes les autres Ecoles bouddhistes par ses tendances nationalistes, agressives et intolérantes, et l’on peut se demander si, ayant développé à l’extrême son antithèse, il appartient encore à l’histoire du bouddhisme ». (réf.)
De telles critiques nous en disent plus sur les spéculations savantes modernes que sur la tradition nichirénienne. Il est vrai que de nombreux bouddhistes nichiréniens ont affiché un exclusivisme féroce (mot préférable à « intolérance » dans notre contexte car moins associé à l’histoire des religions européennes modernes) mais cette intransigeance est un phénomène complexe qui mériterait une étude plus poussée.
Le présent article décrit comment certaines affirmations de Nichiren au sujet du « seul vrai Dharma» s’inscrivent dans un environnement social et historique spécifique et comment elles furent adaptées lorsque ces circonstances changèrent. On abordera également la question récurrente à l’intérieur de sa lignée sur l’opportunité de poursuivre la confrontation avec les autres religions.
1 - Origines de l’exclusivisme dans la pensée de Nichiren
Examinons tout d’abord la proclamation fondamentale de Nichiren que seul le Sutra du Lotus peut conduire à la bodhéité ou au salut, durant les Derniers jours du Dharma (mappo). De telles prétentions exclusives n’étaient pas rares dans le bouddhisme japonais de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. A cette époque, la grande institution Tendai au Mont Hiei s’est divisée en plusieurs Ecoles et lignées rivales, chacune se prétendant l’unique possesseur du savoir le plus profond. (réf.) Les nouvelles écoles bouddhistes de Kamakura adoptèrent souvent une forme unique de pratique, celle-ci acquérant de ce fait un statut d’absolu.
Le premier maître bouddhiste à mettre en pratique cette notion fut Honen (1133–1212), le Maître de l’Ecole Jodo (Terre Pure), qui insista pour psalmodier exclusivement le nom d’Amida (senju nembutsu). Nichiren qui, comme Honen, était à l’origine un moine tendai, proclama que réciter le Daimoku (Titre du Sutra du Lotus) sous la forme du mantra Namu-myoho-renge-kyo était la seule voie vers la délivrance et que combiner le Daimoku avec d’autres pratiques, serait, selon ses paroles, comme
« introduire des ordures dans du riz ».
et :
« Même quand un récipient contient de l'eau pure, si l'on y déverse des immondices, son contenu devient inutilisable. » (Lettre à Akimoto)
Les raisons pour lesquelles certaines pratiques et traditions du bouddhisme du haut Moyen Age japonais furent abandonnées ne sont pas très claires. Lors des premières périodes médiévales, la diversité des enseignements et des pratiques était considérée comme un « hoben », moyens appopriés, à l’opposé de l’institutionnalisation d’une voie unique. Il pourrait s’agir, au moins pour une part, d’une réponse aux troubles politiques et sociaux qui accompagnèrent le déclin des règles de l’aristocratie et la montée en puissance de la culture des guerriers. L’anxiété provoquée par la notion des Derniers jours du Dharma (mappo) joua également un rôle non négligeable. Nichiren se distingue des autres non pas par ses proclamations exclusivistes mais par l’intégration dans son enseignement du principe de confrontation avec d’autres Ecoles, notamment à travers son exhortation à faire ‘‘shakubuku’’.
Les sources bouddhistes canoniques définissent deux méthodes d’enseigner le Dharma :
- Shoju, ‘‘comprendre et accepter”, la méthode douce, consistant à guider les autres graduellement, sans critiquer leurs croyances.
- Shakubuku, “briser et soumettre”, la méthode sévère, réfutant ouvertement les vues erronées. (note)
Le rejet par Nichiren des autres Ecoles bouddhistes fut résumé par ses successeurs à partir de ses différents écrits sous la forme de ce qu’on appela ‘‘shika kakugen’’ (les quatre maximes) :
« Les enseignements du Nembutsu mènent à l’enfer des souffrances incessantes, le bouddhisme Zen est l’œuvre du démon, le Shingondétruit le pays et le Ritsu est déloyal ». (réf.)
Démentant la nature simpliste de ces formulations qui résonnent comme des slogans, shakubuku, tel qu’il fut pratiqué par Nichiren, requérait une maîtrise considérable de la théorie, ses critiques des autres Ecoles reposant sur des arguments précis tirés des sutras et de leurs commentaires. Nichiren adopta la doctrine de classification du Tian-tai/Tendai qui définissait le Sutra du Lotus comme ‘‘le sommet des enseignements du bouddhisme’’ - le Sutra du Lotus étant l’enseignement véritable (jitsu), tous les autres n’étant que provisoires (gon).
Nichiren intégra également certaines tendances herméneutiques du Tendai pour qui le Sutra du Lotus était non seulement la somme de toutes les doctrines précédentes mais s’en distinguait par un enseignement qualitativement supérieur. Selon lui, dans les Derniers Jours du Dharma, les gens n’avaient plus la capacité d’atteindre la délivrance grâce à des enseignements provisoires et par conséquent ces enseignements étaient des ennemis du Véhicule unique ; ils devaient donc être sévèrement réfutés par shakubuku. (Voir Nyosetsu shugyo sho - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne.)
Nichiren et ses successeurs pratiquèrent shakubuku par des sermons et des débats, ainsi qu’en soumettant des remontrances aux autorités gouvernementales. Nichiren cependant se garda d’affirmer que shakubuku était approprié en tout temps et en tous lieux. Tout en estimant que shakubuku convenait mieux aux Derniers Jours du Dharma, il concéda que shoju pouvait rester une méthode appropriée en fonction des gens et des lieux. Il établit une distinction entre ‘‘les pays mauvais’’ (simplement parce que les habitants ignoraient le Sutra du Lotus) et où shoju convenait davantage, et les ‘‘pays qui détruisent le Dharma’’ où seul shakubuku serait efficace. Nichiren voyait dans le Japon de son temps un pays de la seconde catégorie. (Voir Kaimoku sho, Traité qui ouvre les yeux). Cette distinction autorisait une souplesse d’interprétation, en même temps qu’elle ouvrait la voie à des controverses doctrinales parmi les successeurs de Nichiren.
D’autres aspects de la prise de position de Nichiren en faveur de l’exclusivisme du Sutra du Lotus eurent une influence tout aussi importante sur ses continuateurs. Premièrement, Nichiren affirma que les rétributions pour l’acceptation ou le rejet de Sutra du Lotus se répercutaient matériellement dans l’environnement. Les souffrances collectives qu’il observait autour de lui - famines, épidémies, le grand tremblement de terre de 1258 qui détruisit la majeure partie de Kamakura et tout particulièrement la menace de l’invasion mongole - étaient à ses yeux des preuves d’une « offense au Dharma » généralisée (hobo), c'est-à-dire le rejet du Sutra du Lotus, seul enseignement conduisant encore à la bodhéité dans les Derniers Jours du Dharma, rejet au profit de l’amidisme, du Zen, du bouddhisme ésotérique et d’autres pratiques ‘‘déviées’’. Fort de cette conviction, Nichiren soumit en 1260 son célèbre traité Rissho Ankoku ron (Traité pour la pacification du pays par l'établissement du vrai bouddhisme) au régent retiré Hojo Tokiyori, la personnalité la plus influente dans le bakufu de Kamakura. Il y insistait sur la nécessité de rejeter l’amidisme et sur l’urgence de se vouer exclusivement au Sutra du Lotus.
A suivre ....
Auteur : zeste de savoir
Date : 19 déc.17, 04:38
Message : Intolérance : Manque de respect pour les croyances, les opinions que l'on réprouve ou que l'on juge fausses. L'intolérance mène au fanatisme.
J'ai dit à Hei no Saemon-no-jo: "Nichiren est le pilier et la poutre centrale du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous devrez tous faire face à la calamité qu’est la révolte dans vos propres domaine, les querelles entre vous et la calamité d’une invasion par des pays étrangers. Ou beaucoup d'entre vous seront faits prisonniers.
Tous les temples Nembutsu et Zen, comme le Kencho-ji, le Jufuku-ji, le Gokuraku-ji, le Daibutsu-den et le Choraku-ji, devraient être brûlés et leurs prêtres emmenés à la plage de Yui pour se faire décapiter . Si cela n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "(Du Gosho" La sélection du temps " )
"Si vous souhaitez apporter la tranquillité à l'empire le plus tôt possible, tout d'abord, vous feriez mieux de faire interdire les calomniateurs de l’authentique Dharma (enseignement, celui de nichiren) dans le pays." - Gosho "Rissho Ankoku Ron"
"Quant aux familles de ses dénigreurs, les membres de leur famille peuvent passer leur vie entière sans calomnier le Sûtra du Lotus. Mais même s'ils le pratiquent à chaque heure du jour et de la nuit, le fait qu'ils soient nés dans la famille d'un détracteur signifie qu'ils renaîtront régulièrement dans l'enfer des souffrances incessantes. ... Ensuite, nous en venons au pays des calomniateurs. Les personnes qui vivent dans un pays où il y a des calomniateurs de la Loi seront tous condamnés à la grande citadelle de l'enfer des souffrances incessantes. "
"Le roi Shiladitya de l'Inde ancienne était un sage qui protégeait le bouddhisme. Ne punissant que le meneur, le roi épargna la vie de tous les autres membres qui se révoltèrent contre lui, les bannissant seulement de son royaume. L'empereur Hsuan-tsung de T'ang Chine était un souverain sage qui protégeait le bouddhisme. Il fit exécuter 12 maîtres taoïstes, éliminant ainsi les ennemis du Bouddha et rétablissant le bouddhisme. Ces exemples en Inde et en Chine portent sur des maîtres non-bouddhistes et taoïstes qui essayaient de détruire le bouddhisme. Leurs péchés étaient relativement légers. Au contraire aujourd'hui au Japon, un disciple du Bouddha est sur le point de détruire le bouddhisme. Son péché est extrêmement grave; il doit être puni sévèrement sans aucun délai. "
"Et pourtant, aussi graves soient ces interdictions de prendre la vie, il est dit que, si une personne agit comme un ennemi du Sûtra du Lotus, alors mettre une telle personne à mort revient à accomplir un acte d’un mérite exceptionnel. Si c’est le cas, comment alors pourrait-il être juste d'offrir l'aumône et le soutien à cette personne? Le roi Sen'yo mit à mort cinq cents maîtres brahmanes, le moine Réalisation de la vertu mit à mort un nombre incalculable de calomniateurs de l'enseignement correct, et le grand monarque Ashoka mit à mort 108 000 non-bouddhistes. Ces souverains étaient considérés comme les rois les plus dignes de toute la terre de Jambudapa, et ce moine comme le plus sage parmi tous les observateurs des préceptes. Le roi Sen'yo renaîtra plus tard en tant que bouddha Shakyamuni, le moine Realization de la Vertue en tant que Kshayapa Buddha, et le grand monarque Ashoka a été reconnu comme un homme qui a réalisé la voie. …Gosho "Lettre à Akimoto »
Comme il est tragique que nous soyons nés dans un pays où les gens calomnient l'enseignement correct et rencontrent de si grandes difficultés ! Bien que nous puissions échapper nous-mêmes à la calomnie, comment pouvons-nous échapper au problème d’appartenir à une famille de détracteurs ou à un pays de dénigreurs ?
"Même les sages ou les sages ne peuvent éviter l'enfer des souffrances incessantes s'ils acceptent les offrandes des dénigreurs. Vous ne devriez pas non plus vous associer à des calomniateurs, car si vous le faites, vous partagerez la même culpabilité qu'eux. C'est ce que vous devriez craindre avant tout. « Gossho « Lettre à à Niike »
"Les femmes ont rapporté la calomnie aux fonctionnaires, en disant:« Selon ce que certains prêtres nous ont dit, Nichiren a déclaré que les derniers prêtres laïcs de Saimy? -ji et Gokuraku-ji sont tombés dans l'enfer de la souffrance incessante. Il a dit que les temples Kenchi-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, ChiRaku-ji et Daibutsu-ji devraient être brûlés et les honorables prêtres D? Ryukan décapités. »Dans ces circonstances, au conseil suprême de la régente, ma culpabilité pouvait difficilement être niée. Pour confirmer si j'avais ou non fait ces déclarations, j'ai été convoqué à la cour.
"A la cour, le magistrat dit:" Vous avez entendu ce que le régent a déclaré. Avez-vous dit ces choses ou pas? "J'ai répondu:« Chaque mot est de moi." (Extrait du Gosho« Les actions du champion du Sûtra du Lotus »)
"Yuiamidabutsu, le chef des prêtres du Nembutsu, avec D? Kan, un disciple de Ry?Kan, et de Sh?Yu-b ?, qui étaient les responsables de l’observation des préceptes, a voyagé en hâte à Kamakura. Là ils rapportèrent au seigneur de la province de Musashi: « Si ce prêtre reste sur l'île de Sado, il ne restera bientôt plus une seule salle bouddhiste debout ou un seul prêtre restant. Il prend les statues d'Amida Bouddha et les jette dans le feu ou les jette dans la rivière. Jour et nuit il escalade les hautes montagnes, sous le soleil et à la lune, et maudit le régent. Le son de sa voix peut être entendu dans toute la province. »(Ibid.)
Visiblement, de par son comportement c'était un individu déséquilibré.
Auteur : vic
Date : 19 déc.17, 07:35
Message : Yvon a dit :Les sources bouddhistes canoniques définissent deux méthodes d’enseigner le Dharma :
- Shoju, ‘‘comprendre et accepter”, la méthode douce, consistant à guider les autres graduellement, sans critiquer leurs croyances.
- Shakubuku, “briser et soumettre”, la méthode sévère, réfutant ouvertement les vues erronées. (note)
Faux , il n'y a jamais de notion de soumission au dharma dans le bouddhisme , il suffit de lire le soutra des kamalas pour s'en rendre compte .
Cette idée de briser, soumettre est propre au moine fanatique du 13 ème siècle Nichiren , pas à l'enseignement du bouddha .
Cette idée de dictature de la pensée du nichirénisme est sans rapport avec l'histoire du bouddha .
C'est le Nichirénisme qui est une véritable dictature de la pensée , pas la vision du bouddha qui lui proposait , et n'avait aucun besoin d'imposer quelque idée que ce soit .
Yvon a cité : Nichiren intégra également certaines tendances herméneutiques du Tendai pour qui le Sutra du Lotus était non seulement la somme de toutes les doctrines précédentes mais s’en distinguait par un enseignement qualitativement supérieur.
Ca y est on retrouve dans le choix de vos citations toute la pédance du Nichirénisme , du style " moi je suis supérieur parce que ceci , moi je suis supérieur parce que cela" . Tout ce qu'on déteste dans l'intolérence de ce mouvement fanatique dont le but a toujours été d'essayer d'écraser les autres écoles en se plaçant comme au dessus d'elles .
Ca n'a pas mis bien longtemps .
Ce genre de discours ne donne pas envie de lire plus loin .
C'est de la propagande sectaire soka gakkaï .
Yvon a dit : D’autres aspects de la prise de position de Nichiren en faveur de l’exclusivisme du Sutra du Lotus eurent une influence tout aussi importante sur ses continuateurs. Premièrement, Nichiren affirma que les rétributions pour l’acceptation ou le rejet de Sutra du Lotus se répercutaient matériellement dans l’environnement. Les souffrances collectives qu’il observait autour de lui - famines, épidémies, le grand tremblement de terre de 1258 qui détruisit la majeure partie de Kamakura et tout particulièrement la menace de l’invasion mongole - étaient à ses yeux des preuves d’une « offense au Dharma » généralisée (hobo), c'est-à-dire le rejet du Sutra du Lotus,
Voilà exactement le genre de commentaire que j'attendais , qui démontre comme Nichiren était un grand malade ou un manipulateur .
Comme tous les gourous dictateurs en puissance qui veulent avoir une emprise sur leurs adeptes , il est toujours nécessaire pour eux d'agir par la terreur et l'intimidation surnaturelle .
La secte soka gakkaï terrorise ses adeptes en leur disant que si ils abandonnent la soka gakkaî ou l'étude du soutra du lotus il va leur arriver grand malheur , ce fait est largement décrit dans les témoignages d'anciens adeptes . Sauf que ces anciens adeptes disent qu'ils n'ont pas eu plus de malheur en partant et en abandonnant l'étude du soutra du lotus et la soka gakkaï mais tout le contraire , une vraie délivrance et c'est unanime . Demandez à Algolx qui témoigne régulièrement sur ce forum si il lui est arrivé malheur en quittant votre secte ou en abandonnant l'étude du soutra du lotus , c'est ridicule .
Auteur : Yvon
Date : 19 déc.17, 08:04
Message : Cette thèse n'a rien à voir avec la Soka Gakkai ,Jacqueline I stone n'en est pas membre . vous êtes hors sujet .
La suite :
Deuxièmement, Nichiren estimait que la fidélité au Sutra du Lotus devait primer sur celle due au pays et au gouvernant. En 1274, par exemple, il s’abstint de répondre à la requête officielle du bakufu d’offrir des prières pour la défaite des Mongols, estimant mal venu de fournir un service rituel à un gouvernement hostile au Sutra du Lotus et parce que ladite invasion pourrait jouer un rôle nécessaire à l’éveil du peuple qui négligeait ses enseignements. Ainsi, en accordant au Sutra du Lotus une priorité absolue, Nichiren instituait pour lui-même, comme pour ses disciples, une source d’autorité morale susceptible de défier l’ordre politique existant.
Troisièmement, selon Nichiren, les persécutions résultant de l’action de shakubuku légitimaient son enseignement. Ses écrits montrent une conscience très affirmée de ce que ses conflits récurrents avec les autorités, ses exils et les atteintes à sa vie étaient directement liés à ses critiques incessantes à l’égard des autres enseignements ; il alla même jusqu’à se présenter comme « la personne la plus contrariante du Japon » (Yagenta-dono gohenji - Les Sabres du Bien et du Mal). Dans sa pensée, shakubuku n’était pas une auto-affirmation partisane, mais la pratique de bodhisattva dans les Derniers Jours du Dharma, un acte de compassion et d’expiation. Il ne servait pas seulement à éveiller les autres au fait qu’ils offensaient le Dharma (action qui les mènerait en enfer), ce qui entrainait inévitablement les persécutions, lui permettant ainsi d’expier de semblables offenses qu’il pensait avoir commises dans le passé. Il était même convaincu que donner sa vie au Sutra du Lotus était la garantie d’une bodhéité future. Ainsi qu’il l’écrivit à ses disciples en 1273 :
« La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer. Même si l'on menaçait de nous couper la tête avec une scie, de nous empaler sur une lance, de nous mettre aux fers et de nous transpercer les pieds avec une vrille, aussi longtemps que nous serons en vie, nous devrons continuer à réciter Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge. Si nous récitons cette phrase jusqu'au moment ultime de notre mort, immédiatement, Shakyamuni, Taho, tous les autres bouddhas de l'univers viendront à notre rescousse, tenant ainsi fidèlement la promesse faite lors de la cérémonie du Pic du Vautour. […] Tandis que toutes les divinités bouddhiques nous escorteront pour nous protéger jusqu'à la Terre de Bouddha. Comment décrire la joie que nous ressentirons alors ? » (Nyosetsu shugyo sho, - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne)
Le Sutra du Lotus lui-même relaterait les épreuves que ses adeptes devront endurer « dans les âges démoniaques » après le parinirvana du Bouddha. Le fait de rencontrer de telles difficultés était pour Nichiren la confirmation qu’il avait raison. Cette légitimation de l’opposition a joué un rôle profondément ambivalent dans l’histoire du bouddhisme de Nichiren. De nombreux adeptes y puisèrent le courage pour supporter d’effroyables persécutions; d’autres, une raison pour entrer délibérément en conflit avec les autorités.
Auteur : vic
Date : 20 déc.17, 12:22
Message : Il est important de préciser que Nichiren n'était nullement une personne qui détenait une vérité universelle sur la lecture du soutra du lotus , mais une personne qui en a eu une interprétation diffèrente et radicale le conduisant même à faire de ce soutra un certain fanatisme . Ce mode de lecture contredit du reste toute la logique des autres soutras qui parlent de l'inverse du fanatisme puisque le fanatisme est considéré comme une forme d'extrême alors que le bouddha parlait de modération , de voie du juste milieu et de détachement . Le adeptes de Nichiren présentent toujours Nichiren comme étant celui détenait la "vraie interprétation" sur ce soutra .
Hors beaucoup de maitres du bouddhisme avaient une grande admiration pour le soutra du lotus mais n'en ont jamais déduit une interprétation aussi radicale que Nichiren .Comme par exemple Nagarjuna ou Dogen dont on voit dans leur témoignage qu'ils portaient une très grande admiration pour le soutra du lotus . Ils ont enseigné le soutra du lotus et ont continué à enseigner d'autres soutras et ont pratiqué la méditation et ont enseigné la méditation comme pratique centrale jusqu'à le fin de leur vie .Alors que Nichiren déduisait du soutra du lotus l'abandon de l'étude de tous les autres soutras que le soutra du lotus et la caducité des enseignements sur la méditation qu'avait donné bouddha durant sa vie .
Il est faux de prétendre que Nichiren a fait découvrir le soutra du lotus comme le disent malhonnêtement les adeptes de Nichiren , il a toujours été très connu .
Comme tous les textes, le soutra du lotus possède des possibilités d'interprétations possibles et pas une seule , c'est pareil pour la bible ou tout oeuvre philosophique , ou toute oeuvre littéraire .
Aussi prétendre qu'il existerait une vérité universelle unique et absolue d'interprétation de tel ou tel texte ne veut pas dire grand chose . C'est tout au plus se fermer à tout autre interprétation et se murer fanatiquement à l'intérieur d'elle .
Yvon a dit : La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer.
La radicalité , le fanatisme comportent toujours le problème extrême dualisme .En se murant dans une sorte de fanatisme , Nichiren s'est créé des ennemis et comme Don quichotte s'est mis à faire la guerre contre des moulins à vent . Puisque l'enseignement de bouddha est proteïforme , l'adepte qui veut s'attacher à une forme absolue à lui donner perd la tête , panique et cherche une solution parfois de type interprétation personnelle radicale qui va lui permettre pense t'il de mettre fin à sa folie . Alors que la façon de mettre fin à la folie c'est tout simplement d'abandonner l'attachement excessif à la quête de formalisation ou de sens et de comprendre que le bouddha développe l'univers comme protéïforme , impermanent , sur un plan absolu insaisissable . Mais nul besoin de saisir le vent pour ressentir souffler sur nos épaules . Simplement laisser être .
Yvon a dit :Le Sutra du Lotus lui-même relaterait les épreuves que ses adeptes devront endurer « dans les âges démoniaques »
Tu sais c'est comme dans la lecture de la bible , chacun y invente un peu son interprétation sur la question et y voit la preuve du diable ici ou là . Et l'adepte pense se e démontrer à lui même que ça prouve que son interprétation est plus juste que celle d'une autre personne . A la fin ça tourne un peu à la névrose et à la folie ce genre de chose et à la paranoÏa .Tous les fanatiques, Hitler ou n'importe quel autre fanatique développent une forme de paranoïa où ils voient des ennemis partout .
Les gens qui sont plutôt modérés ne voient pas des ennemis partout et se font beaucoup moins d'ennemis d'ailleurs parce qu'ils ont beaucoup moins de raisons de s'en créer ou de s'en faire . C'est simplement ça neutraliser le karma négatif et la souffrance , examiner simplement les causes au lieu de se plaindre .
Auteur : Yvon
Date : 20 déc.17, 12:35
Message : Il est important de préciser que Nichiren est le seul à avoir compris et vécu tous ce qui était inscrit dans le Sûtra du Lotus avec sa vie . Toute sa vie est la prédiction du SDL .
Suite :
2 - Premiers compromiset critiques conséquentes
Le courage de Nichiren pour défier les autorités du bakufu et pour endurer les persécutions qui s’ensuivirent lui gagna des admirateurs, en particulier parmi les samouraïs de rang moyen qui constituèrent l’essentiel de ses disciples. L’accent mis sur la dévotion exclusive au Sutra du Lotus facilita également le développement de sa communauté en tant que courant séparé, indépendant du Tendai. Cependant, son purisme inflexible rendait difficile son ancrage dans la société. Quelques années après sa mort, ses successeurs se trouvèrent tiraillés entre le désir de rester loyaux envers l’exclusivisme rigoureux de Nichiren et la nécessité d’assurer la prospérité de leurs communautés religieuses. Ainsi naquit au sein de la tradition nichirénienne une tension entre exclusivisme et flexibilité, laquelle perdure encore aujourd’hui.
Pour illustrer la dynamique de cette tension, examinons les circonstances entourant deux événements des débuts où les successeurs de Nichiren se trouvèrent dans la nécessité de transiger sur le principe interdisant de célébrer un service rituel pour un gouvernant qui n’adhérait pas au Sutra du Lotus.
Après que le typhon eût brisé la seconde tentative mongole d’envahir le Japon en l’été 1281, le bakufu, pour prévenir une troisième attaque, donna l’ordre à tous les temples et sanctuaires de Kamakura d’offrir des prières pour la sécurité de la nation. A ce moment-là, les communautés nichiréniennes de Kamakura, dirigées par deux disciples immédiats de Nichiren : Ben no Ajari Nissho (1221 - 1323) et Daikoku Ajari Nichiro (1245 - 1320), refusèrent d’obéir à cet ordre. Le bakufu menaça alors de raser leurs temples et de bannir leur clergé. Comme leurs protestations se montraient inefficaces, les deux prêtres, répugnant d’assister à la destruction de leurs nouvelles communautés, acceptèrent finalement d’accomplir les rites requis. (réf.)
Le deuxième cas est celui du disciple de Nichiro, Daikoku Ajari Nichizo (1269 - 1342) qui fut le premier à prêcher les enseignements de Nichiren à Kyoto. Nichizo arriva dans la capitale impériale en 1294 et lutta pendant des années contre l’opposition des autres Ecoles. Par trois fois, il fut banni de la cité. Mais il soutint habilement Go-Daigo et s’engagea à prier pour le retour au pouvoir de l’empereur exilé. Après la restauration de Kenmu, Go-Daigo accorda des terres au temple de Nichizo, le Myoken-ji, et en 1334 en fit un ‘‘chokuganji’’, ‘‘temple du vœu impérial’’. Cette reconnaissance ouvrit la voie aux divers courants nichiréniens qui vinrent s’établir dans la capitale, permit aux prêtres d’accéder à de hautes fonctions ecclésiastiques et encouragea les nobles et les guerriers influents à entrer dans le sérail nichirénien. (réf.)
Ces deux exemples montrent comment les menaces proférées contre des communautés nichiréniennes ou les occasions de servir les intérêts de leur Ecole, ont pu modifier l’attitude exclusiviste et conflictuelle et créer ainsi des précédents pour une conduite plus conciliante. En soi, ceci n’est pas surprenant, mais il est important de noter que ce genre d’accommodements n’allait pas sans contestation. Les deux exemples mentionnés attirèrent de violentes critiques de la part des moines appartenant à la lignée de Byakuren Ajari (alias Nikko, l246 – 1333), disciple direct de Nichiren, dont la rupture avec un autre disciple majeur conduisit au premier schisme parmi les adeptes de Nichiren et à la création d’une branche indépendante connue sous le nom d’Ecole Fuji.
Nikko accusa Nissho et Nichiro d’avoir trahi le nom de Nichiren, de se cacher derrière l’appellation protectrice de ‘‘moines tendai’’ et d’offrir des prières pour le bakufu à seule fin d’échapper aux persécutions.(réf.) Des critiques de cet ordre sont fréquentes dans les documents de l’Ecole Fuji. De même, lorsque les efforts de Nichizo aboutirent à l’attribution au Myoken-ji, de l’appellation de ‘‘chokuganji’’ (temple du vœu impérial), un disciple de Nikko, Sanmi Ajari (alias Nichijun, 1294 - 1356), écrivit que les prières de Nichizo revenaient à diffamer le Dharma et ne feraient qu’attirer des désastres. (réf.)
On pourrait penser que les critiques de l’Ecole Fuji, installée dans la province de Suruga, loin des principaux centres politiques, traduisaient simplement son incapacité de se mettre à la place des communautés établies à Kamakura et Kyoto. Cela ne serait pas tout à fait exact. En 1284, Nikko exprima sa sympathie aux dirigeants de Kamakura (réf.) alors qu’il les avait accusés de trahir Nichiren en 1298, peu de temps après le schisme. En fait, nous voyons apparaître un fonctionnement interne propre à cette tradition, où individus et groupes cherchent à établir leur propre orthodoxie au sein de courants nichiréniens rivaux, en se réappropriant les positions exclusivistes de leur fondateur
Auteur : Yvon
Date : 26 déc.17, 04:06
Message : 3 -Remontrances au gouvernement
Afin de mieux comprendre la dynamique de la confrontation exclusiviste à l’intérieur de la tradition, portons notre attention sur la pratique des ‘‘admonestations au gouvernement’’ (kokka kangyo), activité modelée sur les remontrances de Nichiren adressées à Hojo Tokiyori dans son Rissho Ankoku ron. Durant toute l’époque médiévale, kokka kangyo ainsi que les sermons et les débats représentaient un moyen fort commode de pratiquer shakubuku à l’avantage de la Hokke Shu (Ecole du Lotus, ainsi que l’on appelait alors le (bouddhisme de Nichiren). Kokka kangyo consistait généralement à soumettre des lettres de remontrances (moshijo) au gouvernant - l’empereur ou plus fréquemment le shogun - ou à ses représentants officiels régionaux. Moshijo était un moyen spécifique utilisé par les successeurs de Nichiren pour réactualiser le message du Rissho Ankoku ron en priant instamment le gouvernement de rejeter les enseignements provisoires et à n’avoir foi que dans le seul Sutra du Lotus, afin que le pays puisse vivre en paix. Parfois, ceux-ci réclamaient l’organisation de débats publics avec des moines d’autres Ecoles afin de démontrer la supériorité de la doctrine de Nichiren - occasion que Nichiren avait vainement cherchée toute sa vie. Souvent une copie du Rissho Ankoku ron était jointe à l’envoi ou, plus rarement, une œuvre de l’expéditeur délivrant un message similaire. Plus de quarante de ces lettres d’admonestation ont survécu, allant de l’année 1285 à 1596, la grande majorité datant des XIVe et XVe siècles.
Monter à Kyoto pour admonester le gouvernement était considéré comme un passage obligé pour celui qui assumait la fonction de maître ‘‘kanju’’ ou ‘‘betto’’ du temple principal de la lignée Hokke dans le Kanto (réf.). Un respect particulier était voué à ceux qui avaient fourni des efforts exceptionnels pour de telles remontrances ou qui, à l’instar de Nichiren, encoururent la disgrâce officielle pour leur geste. Les exemples ne manquent pas, dont celui de Niidakyo Ajari Nichimoku de l’Ecole Fuji, vétéran de nombreux débats et remontrances, qui mourut à 74 ans alors qu’il se rendait à Kyoto pour admonester l’empereur.(réf.)
Jogyoin Nichiyu (1298 – 1374), de la lignée Nakayama à Shimosa, séjourna également à Kyoto, en 1334, pour présenter une lettre d’admonestation à Go-Daigo tout juste revenu au pouvoir, demandant l’organisation d’un débat entre la Hokke Shu et les autres Ecoles. A la présentation de sa lettre il fut arrêté et emprisonné trois jours, s’accordant ainsi la grande satisfaction d’avoir souffert des persécutions, fussent-elles brèves, pour le salut du Dharma.
Six ans plus tard, il refit la démarche pour admonester le shogun Ashikaga Takauji. Bien que ses propres écrits n’en fassent pas mention, la tradition voudrait que Nichiyu faillit être décapité lors d’une autre tentative de remontrance en 1356.(réf.) Nichiyu était parmi les premiers dirigeants de l’Ecole Hokke à n’avoir pas connu Nichiren personnellement. Nakao Takashi pense que ses voyages à Kyoto pour admonester l’empereur puis le shogun devaient le confirmer à ses propres yeux comme héritier de l’enseignement de Nichiren et aussi asseoir son autorité dans la lignée Nakayama.(réf.)
Les shoguns Ashikaga permettaient généralement à la Hokke Shu de prêcher et d’ouvrir des temples à Kyoto mais il leur arrivait de punir des remontrances répétées, ce qui provoquait parfois des conflits. Nichiren avait créé un précédent en adressant trois admonestations. Genmyo Ajari Nichiju (1314 – 1392), le fondateur de la Kempon Hokkeshu à Kyoto, admonesta le shogun, Yoshimitsu, deux fois en 1391 et reçut l’avertissement de ne pas recommencer. Lorsque ses disciples, Nichinin et Nichijitsu, firent de nouveau des remontrances à Yoshimitsu en 1398, ils furent arrêtés et torturés.
Le cas le plus connu fut, sans conteste, celui de Kuonjo-in Nisshin (1407 - 1488) de la lignée Nakayama qui prêcha abondamment, fonda trente temples pendant son séjour à Kyoto et à Hizen, et admonesta à huit occasions des dignitaires officiels. En 1439, Nisshin fit des remontrances à Ashikaga Yoshinori et reçut l’avertissement qu’une seconde tentative serait punie. Sa réaction immédiate fut de rédiger un mémoire intitulé Rissho jikoku ron (Etablissement de l’enseignement correct pour gouverner le pays) inspiré du traité de Nichiren sur le même thème. Il comptait le remettre lors du trente-troisième anniversaire de la mort de Yoshimitsu, le shogun précédent. Mais l’information filtra et, avant qu’il ait pu mettre le texte au propre, il fut arrêté et emprisonné jusqu’à l’assassinat de Yoshinori près de deux ans plus tard. D’après le témoignage de Nisshin lui-même, il avait été enfermé avec plusieurs autres prisonniers dans une sorte de cage trop basse pour que l’on puisse s’y tenir debout et plantée de piques qui descendaient d’en haut. Par dévotion exaltée les hagiographes ont élaboré des détails macabres sur les tortures de Nisshin en prison. On l’appelle souvent Nabekamuri Shonin, (Vénérable portant le pot) d’après la tradition selon laquelle Yoshinori aurait fait mettre sur sa tête un pot de fer avec le vain espoir de l’obliger à arrêter la récitation de daimoku. Les écrits de Nisshin mettent en évidence que, pour lui, réfuter les « offenses au Dharma » en se conformant à la stricte pratique du shakubuku était une façon d’assumer le mandat légué par Nichiren qui voulait que l’on défende la vérité unique du Sutra du Lotus « même au péril de sa vie ».
Les shoguns Ashikaga essayaient généralement d’adopter une conduite de neutralité vis-à-vis des conflits religieux et n’étaient pas disposés à soutenir la Hokke Shu à l’exclusion des autres lignées, l’eussent-ils même désiré.(réf.) Il semble donc qu’ « admonester le gouvernement » était entrepris pour d’autres raisons que dans une naïve attente de voir aboutir ces démarches. Sous l’angle de la foi, admonester le gouvernement était considéré comme un acte de bodhisattva qui sème des graines karmiques pour un prochain Éveil personnel, celui du gouvernement et celui du peuple, tout en se libérant de la faute de complicité avec le diffamateur du Dharma. En certaines occasions cela pouvait exiger courage héroïque et conviction à toute épreuve. A un niveau plus pragmatique cependant, cela aurait servi de moyen pour prouver la foi de la personne ou l’authenticité de sa lignée comme étant la plus fidèle aux enseignements de Nichiren. Cela permettait également de se montrer plus critique face à d’autres courants nichiréniens moins rigoureux.
Des hommes comme Nisshin et autres virtuoses de shakubuku ne sont pas nécessairement tous représentatifs des dirigeants de l’Ecole Hokke médiévale. En réalité, il existe des preuves que ces conflits avec les autorités n’étaient pas toujours appréciés par les temples Hokke bien établis et s’étant déjà assurés la protection de la noblesse dirigeante et des daimyos. Les admonestations de Nichinin et Nichijitsu auprès de Yoshimitsu et d’autres dignitaires étaient regardées avec inquiétude par les anciens temples Hokke tels que le Honkoku-ji et le Myohon-ji qui voyaient en elles une menace pour leur sécurité et leur bonne réputation. En fait, avant de se rendre à Kyoto, Nisshin avait été exclu de la lignée de son propre temple, le Nakayama Hokekyo-ji à Shimosa, après qu’il eut sévèrement et de façon répétitive critiqué tout à la fois l’administrateur du temple et le principal protecteur laïc pour leur tolérance vis-à-vis des pratiques hétérodoxes à l’intérieur de la communauté.
Toutefois, des hommes comme Nisshin gagnèrent de nombreuses conversions à l’Ecole Hokke et furent célébrés comme martyrs exemplaires dans les annales de la tradition nichirénienne. En maintenant la stratégie du shakubuku polémique, ils gardèrent vivant le schéma parfait de la dévotion exclusive au Sutra du Lotus et freinèrent les accommodements concédés à l’autorité séculière par d’autres adeptes plus conciliants. A travers la pratique de l’« admonestation du gouvernement », l’Ecole Hokke établit sa jeune tradition comme étant la seule à posséder la vérité susceptible d’apporter la paix au pays. Elle préservait ainsi la revendication de Nichiren : l’accès à l’unique source d’autorité morale qui transcendait même celle du gouvernement.
Auteur : Shonin
Date : 27 déc.17, 07:28
Message : Salut chère Yvon.
Au plaisir de te croiser, par-ci ou par-là
Lettres et Traités de Nichiren Daishonin - La phrase unique et essentielle -
extrait, volume 1
L'esprit d'une personne se reflète parfois rien que dans son visage et même seulement dans ses yeux. Le mot Japon inclut tout ce que contiennent les soixante-six provinces de ce pays : l'ensemble des hommes et des animaux, les rizières et autres cultures, les personnes de haute ou de basse position, les nobles et les roturiers, les Sept Sortes de joyaux et tous les autres trésors. De même, le titre Nam Myoho Renge Kyo contient l'intégralité du Sûtra avec ses huit volumes, ses vingt-huit chapitres et ses 69 384 caractères sans exception.
(volume 1, p.196-197)
"Maintenant, au commencement de l'époque des derniers jours de la Loi, moi,
Nichiren, je suis le premier à entreprendre la propagation des cinq caractères de Nam Myoho Renge Kyo dans le monde entier.
Ces cinq caractères sont le coeur du Sûtra du Lotus et la source de l'illumination de tous les bouddhas. (...)"
Auteur : zeste de savoir
Date : 27 déc.17, 07:37
Message : nichiren était il tolérant ? le bouddha des temps nouveaux,...!
j'ai beau lire et relire Yvon
rien, ne semble moins évident.. !
les prédictions de nichiren, sensé etre une sorte de surhomme (le bouddha fondamental) de nichiren se sont avérées toutes fausses ! Il semble surtout avec ses histoires de pilier du japon, un tantinet paranoïaque !
Nichiren a garanti que, si le gouvernement japonais ne décapitait pas tous les autres dirigeants bouddhistes et brûlait leurs temples, le Japon serait envahi par les Mongols et son peuple serait tué ou asservi, et le pays du Japon serait détruit. ET que cela arriverait dans l'année. C'était la "prophétie" de Nichiren.
Quand ma prédiction se réalisera, cela prouvera que je suis un sage, le Japon sera détruit. Nichiren
Nichiren est le pilier et le faisceau du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous serez tous confrontés à « la calamité de la révolte dans votre propre domaine », ou à la « détresse de l'invasion des terres étrangères » Tous les temples Nembutsu et Zen, tels que Kenchoji, Jufuku-ji, Gokuraku- ji, Daibutsuden, et Choraku-ji, devraient être brûlés à la terre, et leurs prêtres pris et emmenés à la plage de Yui pour avoir leur tête coupée. Si ce n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "- La sélection du temps
Au cours du deuxième mois de 1274, le shogunat accorda un pardon à Nichiren et retourna à Kamakura le mois suivant. Le huitième jour du quatrième mois, Hei no Saemon a convoqué Nichiren et, de manière déférente, a demandé son avis concernant l'invasion mongole imminente. Nichiren a dit que cela se produirait dans l'année et a réitéré que cette calamité était le résultat de calomnier l'enseignement correct. Source SGI
La tâche de prier pour la victoire sur les Mongols ne devrait pas être confiée aux prêtres du Shingon! Si une affaire si grave leur est confiée, alors la situation ne fera que s'aggraver rapidement et notre pays sera confronté à la destruction. "Nichiren
Regardez ce qui se passera dans le futur. Si ces prêtres qui abusent de moi, Nichiren, devraient prier pour la paix du pays, ils ne feront qu'accélérer la ruine de la nation. Enfin, si les conséquences devenaient vraiment graves, tout le peuple japonais, depuis le souverain jusqu'au peuple, deviendrait esclave des Mongols à queue de cochon et aura des regrets amers. - Le palais royal
Rien de tout cela n'est jamais arrivé, pourtant les croyants de la SGI et de Nichiren prétendent que Nichiren a prophétisé avec succès - ceci est présenté ensuite comme une « preuve » que Nichiren était vraiment le Votar du Sûtra du Lotus / un Bouddha / un sage. Même si cela n'est jamais arrivé...
https://www.reddit.com/r/sgiwh [...] t_as_such/ Auteur : Shonin
Date : 28 déc.17, 02:12
Message : [HS]
Auteur : zeste de savoir
Date : 28 déc.17, 03:23
Message : [HS]
Auteur : Yvon
Date : 29 déc.17, 01:59
Message : Hors sujet . Pour revenir au sujet :
4 - L’exclusivisme du Lotus et la montée de machishu
Né aux environs du XVe siècle, l’exclusivisme du Sutra du Lotus s’accrut considérablement dans les règlements des communautés (monto) des temples Hokke, particulièrement à Kyoto. En 1413, le Myokaku-ji, une des paroisses les plus radicales de la mouvance exclusiviste Hokke, édicta un ensemble de prescriptions interdisant à ses adhérents de pratiquer leur culte dans des salles et des temples d’autres Ecoles, de faire des dons à leur clergé, ou de recevoir des aumônes de ceux qui ne suivaient pas le Sutra du Lotus. Un homme épousant une femme n’appartenant pas à l’Ecole Hokke avait l’obligation de la convertir dans un délai de trois ans, faute de quoi ils étaient tous les deux exclus. Des exceptions étaient tolérées pour des nobles de la cour ou des hommes d’armes (bushi) qui pouvaient avoir à transgresser ces règles pour des raisons d’Etat. (réf.)
En 1451, les temples Honno-ji et Honko-ji, tous deux de la lignée Happon nouvellement fondée, adoptèrent des règles semblables et même plus strictes, interdisant en plus aux adhérents d’avoir recours aux services des miko ou des kannagi (note), d’assister à des cérémonies d’autres Ecoles ou d’offrir des dons à l’occasion d’événements religieux. Tous les efforts devaient être faits pour convertir les conjoints des fils et filles aussi bien que les serviteurs de la maison. (réf.)
De telles mesures étaient motivées, du moins en partie, en réaction à la tendance d’accommodement perceptible notamment parmi les lignées Hokke ayant d’anciennes racines dans la capitale et des protecteurs parmi les aristocrates et les bushis de haut rang, la célébration des rites à l’intention de cette clientèle étant une substantielle source de revenus. En 1466, l’inquiétude croissante née des menaces venues du Mont Hiei conduisit à un accord, signé par la presque totalité des montos Hokke de Kyoto, imposant la stricte interdiction de se rendre dans les sanctuaires et les temples de ceux qui « diffamaient le Dharma » et de recevoir d’eux des aumônes. Shakubuku devait leur être appliqué avec résolution.(réf.)
L’historien Fujii Manabu voit cet excès d’exclusivisme institutionnel comme un moyen par lequel le machishu (groupement de citadins) émergeant de Kyoto - largement composé de croyants Hokke - affirma son indépendance par rapport à l’ancienne autorité féodale représentée par les principaux sanctuaires et temples, en particulier ceux du Mont Hiei. Depuis l’époque où les moines Hokke commencèrent à prêcher à Kyoto au début du XIVe siècle, ils bénéficiaient d’un vif support de la part de ces communautés largement mercantiles, dont l’enrichissement, en retour, assurait au courant Hokke une prospérité supérieure aux autres Ecoles de la capitale. Cela fit la fortune de vingt-et-un temples, dont la majorité se trouvait dans la ville basse (shimogyo) à forte densité de machishu.(réf.)
Les machishus prospérant, leur intérêt entra en conflit tant avec les anciens seigneurs féodaux (daimyo), auxquels ils étaient redevables de différentes rentes et taxes, qu’avec les ligues de paysans ruraux (do-ikki), fréquemment organisés sous la bannière de Ikko ou bouddhisme Shin. Après la guerre Onin (1467 - 1477), quand les Ashikaga devinrent trop faibles pour imposer leur police dans la ville, les citadins s’armèrent de plus en plus contre les attaques des paysans et des seigneurs de guerre des provinces, avides de prendre le pouvoir dans la capitale. Les principaux temples Hokke Shu furent transformés en forteresses. La règle exclusiviste du Hokke monto, comme stipulé dans les Accords de 1466, fut sans aucun doute l’expression d’un besoin urgent de solidarité entre les machishus en même temps qu’un bon moyen pour y parvenir. Selon Imatani Akira, ce fut la Hokke Shu, avec ses fortes tendances exclusivistes et agressives, qui procéda à l’unification réelle de l’armée de la population urbaine. (réf.)
Cette unité machishu de la Hokke Shu fit ses preuves en été 1532, lors de la tentative d’attaque par les forces Ikko. Plusieurs jours durant, des milliers de citadins, à pied ou à cheval, exécutèrent des rondes, dans toute la cité, se montrant prêts au combat, portant des bannières avec l’inscription de Namu-myoho-renge-kyo et en récitant daimoku. Ce fut le début de ce qu’on appela le ‘‘Hokke ikki’’(Confédération du Lotus ou Soulèvement du Lotus). Alliés aux forces du représentant shogunal, Hosokawa Harumoto, ils repoussèrent l’attaque et détruisirent le Yamashina Hongan-ji, la forteresse Ikko.
Durant quatre ans, le monto* Hokke Shu maintint dans les faits un gouvernement autonome à Kyoto, établissant sa propre police et assumant les fonctions juridiques. Non seulement il refusa de payer les rentes et les taxes, mais - selon les plaintes provenant du Mont Hiei - convertit de force les hommes du commun et interdit le culte dans les temples des autres Ecoles. (réf.) C’est alors que les anciennes institutions religieuses s’irritèrent de l’érosion de leur autorité dans la capitale.
Au printemps 1536, Matsumoto Shinzaemon, un adhérent laïc Hokke Shu de Mobara en Kazusa, défia un prélat tendai de haut rang lors d’un sermon public. Le prédicateur fut incapable de lui répondre. (réf.) Furieux de cette humiliation, les moines du Mont Hiei réunirent leurs partisans et, le septième mois de 1536, brûlèrent tous les temples Hokke Shu à Kyoto, étendant des ravages à une bonne partie de la ville. Les machishus résistèrent avec courage mais il y eut beaucoup de morts. Les moines nichiréniens s’enfuirent à Sakai où de nombreux montos* avaient des temples.
En 1542, la Hokke Shu fut autorisée à se rétablir à Kyoto mais sa puissance d’autrefois était alors brisée. Lors de ces incidents, l’exclusivisme du Lotus aida à définir et à consolider une confédération de communautés urbaines, le machishu de Kyoto, et pour un temps servit son aspiration à une indépendance politique et économique mais, en fin de compte, annihila même les succès remportés.
Dire que l’engagement exclusif envers le Sutra du Lotus servait uniquement des objectifs politiques serait nier que ce fut, pour un bon nombre, une profonde et sincère conviction religieuse. Cependant, comme le Hokke ikki * le montre clairement, cet exclusivisme a généralement servi des préoccupations sociales et institutionnelles.
Auteur : Shonin
Date : 03 janv.18, 02:39
Message : Rectification de mon précédent message.
Les termes exactes sont ceux-ci :
(SDL p.73) "En outre, Nichiren Daishonin inscrivit le Gohonzon et perpétua la pratique d'une bienveillance infinie, ouvrant ainsi la voie de la délivrance pour tous les être des dix mille ans de l'époque des Derniers jours de la Loi.
Il écrivit :
Si la bienveillance de Nichiren est suffisamment vaste et universelle, Nam Myoho Renge Kyo se propagera pendant dix mille ans et plus, pour l'éternité. "
(L&T vol.4, p.310)
Auteur : Marmhonie
Date : 03 janv.18, 07:45
Message : Nichiren était devenu un moine excessif, comme tout créateur d'une religion ou d'une branche. Intolérant, pas vraiment, c'était par provocation contre la structure politique abusive des puissants de son pays.
C'est surtout ce qu'on en a fait qui est intolérant. Nichiren n'a jamais prétendu être la réincarnation du Bodhisattva Jogyo, et Nichiren s'était fixé le Soutra du Lotus comme mantra, pas comme fin en soi. Ce soutra est en effet tardif et ce n'est pas un original, Nichiren le savait. Il l'a utilisé comme moyen, pas comme une fin en soi.
Finalement Nichiren est un personnage assez sympathique, martyr, direct et appelant son pays à cesser la corruption de suite. Ces sociétés qui se prétendent en purs monologues, succéder à Nichiren et transmettre sa voie, en sont sortis complètement, et ça, c'est nettement moins sympathique.
Auteur : Yvon
Date : 03 janv.18, 07:58
Message : 5 - “ Radicalisme Institutionnel ” et la Controverse fuju fuse
Nous venons de voir comment l’exclusivisme du Lotus pouvait prendre la forme d’une résistance à l’autorité du pouvoir. Nulle part il n’apparaît avec plus de clarté que dans le mouvement appelé ‘‘fuju fuse’’ de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. ‘‘Fuju fuse’’ (ni recevoir ni donner) fait référence au principe selon lequel les adeptes du Sutra du Lotus ne doivent ni accepter d’aumônes de la part de non-croyants (pas même du gouvernant) ni leur en offrir, qu’il s’agisse de dons matériels ou de services religieux. Bien que, comme mentionné plus haut, d’occasionnels compromis aient eu lieu dans les premiers jours de l’histoire de certaines communautés nichiréniennes, ce principe fut largement respecté au Moyen Age. Sous les Ashikaga, la Hokke Shu chercha - et généralement obtint - des exemptions pour participer à des événements religieux parrainés par le bakufu.(réf.) Les choses changèrent cependant vers 1595 quand Toyotomi Hideyoshi exigea qu’une centaine de moines de chacune des dix Ecoles principales participe à un programme de cérémonies mensuelles en mémoire de sa famille défunte, cérémonies qui auraient lieu face à une grande statue du Bouddha qu’il avait commandée au temple Hoko-ji de Higashiyama. Cette collaboration était nettement une violation de l’orthodoxie : participation à des cérémonies non-Hokke Shu, c'est-à-dire ‘‘faute de complicité’’ (yodozai), dans la « diffamation du Dharma », services religieux pour le non-croyant Hideyoshi et réception de ses offrandes sous la forme de repas de cérémonie. Mais la Hokke Shu était à cette époque en trop mauvais état pour refuser. Elle ne s’était jamais remise des troubles de 1536 faisant suite au Hokke ikki* et subissait alors la répression de la part d’Oda Nobunaga. (réf.) Un concile organisé à la hâte, réunissant les prélats dirigeants nichiréniens à Kyoto, reconnut que s’opposer à Hideyoshi était dangereux et décida d’y participer seulement une fois, par déférence à sa demande, pour aussitôt réaffirmer la doctrine de l’Ecole. En réalité, la majorité des temples nichiréniens continua à participer pendant les vingt ans où persista la cérémonie shogunale. (réf.)
La seule voix discordante venait de Bussho-in Nichio (1565 - 1630), administrateur principal du temple Myokaku-ji. Isolé d’abord par son refus de participer, Nichio fut contraint à quitter son temple et à partir de Kyoto. Des années plus tard, en réponse à la critique selon laquelle Hideyoshi aurait détruit les temples Hokke Shu si l’Ecole avait refusé de se plier, Nichio répliqua que l’essence de l’Ecole ne reposait pas sur ses institutions, mais sur le principe de dévotion exclusive au Lotus :
« Le refus des offrandes provenant des diffamateurs du Dharma est le 1er principe de notre mouvement et sa règle la plus importante.»
et
« Par conséquent les saints des premiers jours refusèrent d’obtempérer aux ordres du gouvernement par fidélité à la règle, même au prix de leurs vies... Si nous manquons de nous opposer à l’exigence du gouvernement, comment pourrons-nous faire face à de grandes persécutions [pour la cause du Dharma] ? Si nous ne rencontrons pas de telles persécutions, le texte du Sutra ‘‘ne pas ménager sa vie temporelle’’ devient faux et dénué de sens… Si nos temples sont détruits parce que nous soutenons le principe du Dharma, cela est [en accord avec] le but et le sens de notre communauté. Qu’aurions-nous à regretter ? »
Avec le temps, par son attitude Nichio gagna des soutiens et l’Ecole Hokke Shu fut profondément divisée entre les partisans de ‘‘fuju fuse’’ et les partisans de ‘‘ju fuse’’ (recevoir mais non offrir), une fraction conciliante soutenant qu’il était permis d’accepter des offrandes d’un gouvernant non converti encore au Sutra du Lotus.
La controverse eut lieu alors que le nouveau gouvernement Tokugawa déployait ses efforts pour consolider son hégémonie. Soit par crainte pour la survie de l’Ecole, s’inquiétant de perdre des adeptes au profit du fuju fuse, soit par désir de gagner de l’influence pour eux-mêmes, la faction ju fuse en appelait fréquemment au bakufu pour supprimer le mouvement fuju fuse, ce qui coïncidait tout aussi bien aux intérêts des Tokugawa. Comme les opposants à Nichio cherchèrent à le faire punir, Tokugawa Ieyasu convoqua les deux partis pour débattre en sa présence, déclara Nichio perdant et, en 1600, l’exila à Tsushima. En 1609, porte-parole du fuju fuse, Jorakuin Nikkyo et cinq de ses disciples furent arrêtés, offerts en parade à travers les rues de Kyoto, eurent le nez et les oreilles coupés et furent envoyés en exil.
Lors de l’installation de la nouvelle capitale du shogun à Edo*, la controverse se déplaça vers la région du Kanto*. En 1630, à l’instigation de la faction ju fuse, le bakufu organisa un débat entre les moines Hokke des temples du Mont Minobu, représentant la faction conciliante, et ceux d’Ikegami, représentant la position fuju fuse. Le bakufu prit fait et cause en faveur de Minobu, les dirigeants fuju fuse furent exilés et leurs temples confiés à leurs opposants.
De nombreuses lignées signèrent des accords en faveur de la position conciliante. (réf.) Le mouvement fuju fuse fut proscrit en même temps que le christianisme et, en 1665, un édit fut spécialement promulgué pour l’éliminer complètement. Les moines et les laïcs qui refusaient de se soumettre furent emprisonnés, exilés ou exécutés, tandis que d’autres se suicidèrent en protestation. (réf.) Les arrestations et les châtiments sporadiques se perpétuèrent aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment à Kazusa et Shimosa, où le mouvement fuju fuse avait été particulièrement actif. Quelques petites communautés fuju fuse parvinrent néanmoins à survivre en marge, refaisant surface et regagnant une reconnaissance légale en 1876. Si l’exclusivisme du Lotus entraîna souvent des persécutions, on ne peut nier qu’il insuffla le courage de les endurer.
Jeffrey Hunter qualifia fort à propos fuju fuse de ‘‘radicalisme institutionnel’’ parce qu’il :
« revendique de façon catégorique la primauté de la religion sur le gouvernement, celle de sa propre vérité sur tout autre enseignement bouddhiste ou non-bouddhiste, et celle de tout impératif religieux sur le séculier tant dans la vie des moines que dans celle des laïcs.» (réf.)
Pour les partisans du fuju fuse, comme pour Nichiren des siècles plus tôt, l’idée du Sutra du Lotus transcendant toute autre proclamation fournit face à l’autorité du gouvernant une base de résistance qui, à l’époque, était impossible par le biais de la politique. Le potentiel subversif de l’exclusivisme du Lotus transparait dans les virulentes polémiques anti-Nichiren entreprises par Shincho (1596 – 1659), moine qui fut un temps nichirénien mais se convertit à l’Ecole Tendai. Il note :
« La déité sacrée révérée à l’époque était la grande manifestation de Toshogu (en fait la déification de Tokugawa Ieyasu), vénérée au Mont Nikko. Les disciples de Nichiren ripostent pourtant en disant : ‘‘Le Seigneur Ieyasu récompense l’Ecole Jodo et punit l’Ecole Nichiren. Son esprit est sûrement dans l’enfer avici. [Les autorités] ont dépensé en pure perte de l’or et de l’argent, causant des souffrances au peuple, pour ériger un sanctuaire somptuaire qui en réalité représente le déclin du pays et abrite un mauvais démon.’’ […] Ne sont-ils pas de grands criminels et des traitres?» (réf.)
La proclamation du Sutra du Lotus comme source suprême de l’autorité créait ainsi un espace moral au-dessus de celui du gouvernement et de l’ordre établi, et dans lequel on pouvait critiquer cet ordre. Les shoguns Nobunaga, Hideyoshi, Ieyasu, et plus tard Tokugawa, qui cherchaient à soumettre à leur autorité le pays tout entier, ne tardèrent pas à percevoir la menace et adoptèrent divers châtiments pour briser l’autonomie de l’Ecole Nichiren.
Cela ne signifie nullement que l’exclusivisme nichirénien soit intrinsèquement subversif envers l’autorité. Comme contre-exemple on peut citer les quatre années de la règle Hokke monto à Kyoto, quand la vérité exclusiviste fut utilisée pour imposer l’autorité du monto*. A la même époque, alors que les disciples de Nichiren se trouvaient aux marges des structures du pouvoir, l’exclusivisme du Lotus fournit souvent une base morale pour défier ces structures. Avec la suppression du mouvement fuju fuse, cette base morale fut totalement occultée. Les temples nichiréniens, comme ceux des autres Ecoles bouddhistes, furent soumis au contrôle du bakufu. Les débats entre Ecoles furent interdits et le shakubuku de confrontation lui-même fut marginalisé. Les séminaires nichiréniens mirent l’accent sur les enseignements tendai et seule la poignée d’étudiants atteignant le rang le plus élevé d’érudition fut autorisée à étudier certains écrits de Nichiren - probablement pour brider l’enthousiasme débordant des jeunes prêtres à suivre la passion de Nichiren pour shakubuku.
Auteur : Shonin
Date : 04 janv.18, 00:04
Message : [HS]
Auteur : Yvon
Date : 04 janv.18, 00:46
Message : Hors sujet :
Suite :
6 -Shakubuku dans la période moderne : partisans et adversaires
Quelque deux cents ans plus tard, l’effervescence intellectuelle et sociale accompagnant le déclin du bakufu et l’arrivée au Japon d’influences étrangères remirent à l’ordre du jour le conflit entre les positions nichiréniennes consensuelles et antagonistes. Auparavant il y avait déjà eu des tentatives au sein de cette Ecole pour codifier la doctrine basée sur les écrits de Nichiren indépendamment de la forte influence du Tendai qui s’était répandu dans ses séminaires durant la période Tokugawa* . La question du rôle de shakubuku en cette période de bouleversements fut de nouveau capitale. Une figure pivot dans cette polémique fut l’érudit Udana-in Nichiki (1800-1859), un des pionniers exégète de l’Ecole Nichiren de l’époque moderne.
Nichiki avança des arguments pertinents pour abandonner le traditionnel shakubuku au profit du plus souple shoju*. Influencé par les érudits nichiréniens accommodants de la période Tokugawa, Nichiki suit manifestement les recommandations de Nichiren, pour qui la méthode de propagation du Sutra du Lotus devait être en accord avec le temps.
Connaissant les critiques de Tominaga Nakatomo (1715 - 1746) et de Hirata Atsutane (1776 -1843), (réf.) il était bien conscient du sentiment montant antibouddhiste. De plus, il avait été personnellement témoin de la répression du bouddhisme dans le fief de Mito.(réf.) Nichiki se rendait compte que le bouddhisme avait depuis longtemps perdu son hégémonie et que l’Ecole Nichiren avait donc à coexister, non seulement avec d’autres formes de bouddhisme plus influentes, mais aussi avec le confucianisme, le Kokugaku, (note) et diverses traditions intellectuelles européennes. Dans son Gukyo yogi (Principes essentiels de propagation du sutra), Nichiki argua que shakubuku était inapproprié à une époque où un changement d’obédience religieuse était interdit par la loi. Critiquer d’autres Ecoles était aussi susceptible d’engendrer la colère, renforçant les gens dans leurs croyances d’origine et les détournant de la Vraie voie. Moyen efficace au temps de Nichiren, shakubuku était devenu maintenant irréaliste, pouvant seulement provoquer le mépris chez les gens cultivés.(réf.) Par ailleurs, Nichiki écrivit que la méthode shakubuku était utilisée avec empressement et à mauvais escient par ceux qui manquaient d’instruction et de patience et que ceux qui s’attachaient à cette forme manquaient souvent de compassion, ce qui était pourtant son vrai but. De plus, les attaques arrogantes contre les autres Ecoles pouvaient conduire des innocents à commettre la faute d’offense au Sutra du Lotus (Shiku kakugen ben. Discussion des Quatre maximes).
Dans le Shoshaku shintai ron (Le choix de shoju ou de shakubuku), Nichiki lia ses arguments à la réinterprétation de la pensée traditionnelle de mappo*. Shakubuku, selon lui, était approprié durant les premiers cinq cents ans de mappo, une période définie dans le Daji Jing (Grande collection de sutras) comme la cinquième et dernière période de cinq cents ans après le parinirvana du Bouddha, celle du déclin du Dharma. Calculant depuis l’année 1052, que les érudits japonais pré-modernes identifiaient généralement comme le début de mappo, Nichiki conclut que ce cinquième demi-millénaire durant lequel Nichiren avait vécu et enseigné, s’était achevé en 1551. (réf.) De plus, le Japon du temps de Nichiren avait été un pays d’offense au Dharma (hobo), et donc shakubuku était adéquat. Le Japon agissant plutôt par ignorance, shoju était désormais préférable. Au tournant de 1551, Nichiki nota plusieurs occasions lors desquelles, de son point de vue, un attachement aveugle à shakubuku avait inutilement fait tomber sur l’Ecole Nichiren le courroux des autorités.
Il soutint que le Rissho Ankoku ron, longtemps regardé comme l’expression exemplaire de la pratique de shakubuku de Nichiren, ne convenait plus à son époque. Miyakawa Ryotoku émet l’hypothèse qu’en rejetant le shakubuku du Rissho Ankoku ron, il réfutait du même coup le principe selon lequel la paix de la nation repose sur l’établissement du Vrai Dharma. Si tel était le cas, cela représenterait une rupture beaucoup plus nette avec l’enseignement de Nichiren qu’un simple passage à une forme différente de propagation. Il est assez curieux de noter que c’est en cherchant à revivifier le principe nichirénien de la propagation en accord avec le temps, que Nichiki en soit venu à un concept religieux qui s’écartait considérablement de celui de Nichiren.
Les écrits de Nichiki soulevaient des questions herméneutiques difficiles, à savoir quels éléments définissaient la tradition de Nichiren, et à quel point ils pouvaient être modifiés sans compromettre son intégrité. Ces questions troublaient particulièrement ceux qui étaient chargés de la formulation normative des interprétations doctrinales. L’analyse de Nichiki par des érudits nichiréniens actuels met à jour une certaine ambivalence, allant d’une franche admiration pour les tentatives innovantes à affronter les défis de la période Bakumatsu, jusqu’à des réserves appuyées concernant la pertinence d’une relecture de la doctrine.
Peu de communautés nichiréniennes - sinon aucune - pratiquent aujourd’hui le shakubuku dans un style conflictuel, mais il reste une répugnance à l’éradiquer totalement de la rhétorique orthodoxe comme l’avait explicitement proposé Nichiki.
Les disciples éminents de Nichiki qui eurent pour tâche de guider l’Ecole Nichiren à travers les années troublées du début de la période Meiji* (lors de la promulgation des ordonnances sur la séparation du shinto et du bouddhisme, visant à évincer le bouddhisme au profit de l’idéologie d’Etat basée sur le shinto), durent faire face à la brève mais violente vague de persécution antibouddhiste connue sous le nom de‘‘haibutsu kishaku’’, littéralement ‘‘supprimer le bouddhisme et détruire Shakyamuni’’. Au premier plan parmi ces disciples fut Arai Nissatsu (1830 - 1888) qui, en 1874, devint le premier superintendant (kancho) de plusieurs branches alliées à l’intérieur de l’Ecole Nichiren (l’actuelle Nichiren Shu fut officiellement fédérée sous ce nom en 1876).
Comme de nombreux dirigeants bouddhistes durant les années de persécution, Nissatsu vit la coopération entre les Ecoles comme le seul espoir de survie de son mouvement - vue reflétant la position de son maître Nichiki sur le caractère non approprié de la confrontation. Nissatsu consacra une bonne partie de sa carrière à cette coopération, faisant souvent face aux critiques de la part de sa propre Ecole. (réf.) Nissatsu prit une part active dans le Shoshu Dotoku Kaimei (Union de Coopération Interreligieuse), organisé en 1868 pour contrecarrer la politique antibouddhiste du gouvernement Meiji. Ainsi que des milliers d’autres officiants cultivés, shinto et bouddhistes, Nissatsu faisait partie du Daikyoin (Académie de l’Enseignement Supérieur), le centre administratif de Kyobusho (Ministère de la Doctrine), comme Maître chargé de l’enseignement du « Grand Enseignement » inspiré du shinto et qui représentait la nouvelle orthodoxie d’Etat. Il y soutint Shimaji Mokurai (1838 - 1911) dirigeant de l’illustre temple Nishi Hongan-ji pour obtenir la dissolution de l’Académie au nom de la liberté de culte. Nissatsu prit également part au lancement d’un projet d’entraide sociale bouddhiste sur le modèle chrétien, établissant un programme d’aumôneries de prison en 1873 et fondant un orphelinat en 1876. En 1877, il se joignit à de notables dirigeants bouddhistes tels que Shimaji, Shaku Unsho, Fukuda Gyokai et Ouchi Seiran pour former le Wakyokai (Société pour l’Harmonie et le Respect) afin de promouvoir l’entente entre les Ecoles.
Toujours au Daikyoin* , Nissatsu aurait fait une curieuse relecture œcuménique des ‘‘shika kakugen’’ (quatre maximes) de Nichiren, qui sont, rappelons-le : « les enseignements du Nembutsu* mènent à l’enfer, le bouddhisme Zen est l’œuvre du démon, le Shingon* détruit le pays et le Ritsu* est déloyal ». En assignant des lectures alternatives aux idéogrammes (kanji) et en réajustant les marqueurs syntaxiques du texte japonais, Nissatsu obtient :
« Parce que nous contemplons le Bouddha, à tout instant les démons sont apaisés ; parce que nos paroles sont vraies, les traîtres qui cherchaient à détruire la nation sont maîtrisés.»
Inutile de dire que cela désamorçait complètement l’intention agressive de l’interprétation traditionnelle. Le fait que Nissatsu altère ainsi une position considérée depuis longtemps comme fondamentale montre non seulement son engagement pour l’approche de shoju prônée par Nichiki, mais également sa prise en compte des difficultés posées par l’exclusivisme traditionnel du Lotus à une époque où les dirigeants bouddhistes de toutes obédiences comprenaient le besoin d’unité pour leur simple survie. La modération préconisée par Nichiki et ses disciples différait déjà du bouddhisme nichirénien des débuts par une tentative active et créative pour répondre aux changements de l’époque sans pour autant tomber dans la complaisance envers les institutions établies.
Mais la réaction d’autres bouddhistes nichiréniens fut complètement à l’opposé. On peut citer, par exemple, la soudaine flambée de l’activité de shakubuku à l’initiative de bouddhistes laïcs pendant la période Bakumatsu, (note) souvent par contestation de l’autorité du bakufu. Ainsi, un fripier dénommé Surugaya Shichihyoe qui prenait une part très active dans son association laïque, fut banni d’Edo* et se vit confisquer sa boutique pour avoir pratiqué shakubuku à l’encontre d’autres Ecoles. Akahata Jingyo, fils d’un pharmacien de Nihonbashi, fut jeté en prison et empoisonné pour avoir brandi un drapeau avec l’inscription des quatre maximes et pour avoir critiqué la politique du bakufu qui interdisait tout changement d’affiliation religieuse.(réf.)
On pourrait trouver les raisons sous-jacentes à cette vague de shakubuku lors de la période Bakumatsu dans les écrits d’un érudit laïc nichirénien, Ogawa Taido (1814 -1878), qui passait pour avoir été le maître d’Akahata Jingyo. Son Shinbutsu hokoku ron (Foi dans le bouddhisme et paiement de la dette de reconnaissance à l’égard du pays), écrit en 1863, établit une comparaison entre les crises affligeant le Japon des derniers jours des Tokugawa - mauvaises récoltes, épidémies, tremblements de terre, agitation intérieure et interférences étrangères - et les désastres qui ravagèrent l’archipel à l’époque de Nichiren, ce qui incita ce dernier à écrire son Rissho Ankoku ron. Pour Ogawa, aujourd’hui comme alors, « la sécurité de la nation dépend de la prospérité du Dharma du Bouddha ».
Ogawa était très critique à l’égard des défenseurs de shoju comme pratique appropriée de l’époque. D’après lui, puisque seul le Sutra du Lotus a la force d’assurer la paix à la nation, shakubuku est le moyen essentiel pour s’acquitter de sa dette de reconnaissance à l’égard du Japon. Cependant, ajoutait-il, la situation contemporaine différait de celle de Nichiren en ce que désormais existait une Ecole Nichiren bien établie, malheureusement affligée d’une corruption interne. Par conséquent shakubuku devait maintenant s’appliquer non seulement à une confrontation avec les autres courants, mais aussi à une rigoureuse purification interne.
« Le temps est arrivé où la loi du gouvernant et le Dharma du Bouddha doivent être réformés.»
Il est évident qu’Ogawa n’adhérait pas au mouvement interreligieux bouddhiste du début de l’ère Meiji. En 1872, lors d’une pétition à Oe Taku, gouverneur de la Préfecture de Kanagawa, il déclara que le Nembutsu, le Shingon, le Tendai et les autres formes de bouddhisme n’étaient pas en accord avec les principes de “révérer les kamis et chérir la nation” puis allégua qu’ils devaient être abolis par la cour impériale et que seul l’enseignement de Nichiren devait être adopté comme le vrai bouddhisme.
Dans la seconde décade de l’ère Meiji, alors que les organisations bouddhistes étaient en train de se remettre de la politique d’oppression des années de l’immédiate post-Restauration, certains religieux et laïcs nichiréniens recommencèrent à revendiquer la thèse de la vérité exclusive de leur tradition d’une façon plus agressive, entraînant des conflits directs avec la nouvelle rhétorique de l’unité interreligieuse. Des attaques apparurent dans différents journaux bouddhistes japonais après que deux éminents prélats nichiréniens écrivirent à John Barrows, président en 1893 du Parlement des Religions du Monde, prétendant que des formes “illégitimes” du bouddhisme ne devaient pas être représentées au Parlement.
Un autre incident, peut-être connexe, concerna l’édition du Bukkyo kakusho koyo (Grandes Lignes des Ecoles bouddhistes) sous la direction du Bukkyo Kakusho Kyokai (Comité bouddhiste interreligieux) pour laquelle chacune des principales traditions bouddhistes japonaises avait été sollicitée, afin de soumettre un article sur les grandes lignes de sa doctrine. Honda Nissho (1867 - 1931), un religieux éminent de la lignée Nichiren Kempon Hokkeshu, se vit refuser la publication de son texte traitant de la tradition nichirénienne. Deux des sous-sections de son manuscrit - celle sur les “quatre maximes” et celle sur les « admonestations contre le diffamateur du Dharma » - furent rejetées par Shimaji Mokurai, directeur de la publication, comme contraires aux objectifs du Comité interreligieux. Les dissensions qui en découlèrent retardèrent la publication de quelques années et, de plus, donnèrent lieu à une controverse idéologique majeure, conduisant Nissho à entamer une procédure en justice à la Cour de Tokyo. Bien que débouté de sa demande d’une révision de la décision éditoriale, Nissho en tira une grande publicité, profitant de l’occasion pour gagner des soutiens pour shakubuku à l’intérieur de l’Ecole Nichiren.
Parallèlement à la résurgence d’une ligne dure de l’exclusivisme du Lotus, cette période vit de nouvelles formes de rhétorique nichirénienne liant shakubuku à l’impérialisme militaire. Un des premiers représentants influents en fut Tanaka Chigaku (1861-1939). En tant que séminariste de l'Académie nichirénienne (Daikyo-in), créée récemment sous la direction d’Arai Nissatsu, Tanaka aurait été déçu par l’approche trop accommodante de shoju conformément à la nouvelle orthodoxie de Nichiki. Pour lui, elle était en contradiction avec la proclamation de Nichiren sur la vérité unique du Lotus. La nouvelle ère Meiji, où l’affiliation religieuse n’était plus restreinte par la loi, donna à Tanaka le sentiment que c’était le moment idéal pour revitaliser shakubuku. .) Il quitta l’Académie et devint un prêcheur laïc du “Nichirénisme” (Nichirenshugi), un mélange de doctrine nichirénienne popularisée et d’aspirations nationalistes. Dans l’idée de Tanaka, shakubuku devenait non seulement l’instrument de la protection de la nation mais aussi celui de l’expansion impérialiste. Dans son Shumon no ishin (Restauration de l’Ecole [Nichiren]), publié en 1901, il écrit :
« Nichiren est le général de l’armée qui va unifier le monde. Le Japon est son grand quartier général. Les Japonais sont ses troupes ; les enseignants et étudiants du bouddhisme de Nichiren sont ses officiers. La profession de foi de Nichiren est une déclaration de guerre, shakubuku est le plan d’attaque. […] Le Japon a véritablement un mandat du Ciel pour unifier le monde.»
Cette rhétorique qui comparait - ou même assimilait - la propagation du Sutra du Lotus par le shakubuku à l’extension du territoire japonais par la force militaire était un thème récurrent dans les cercles bouddhistes nichiréniens jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Cela était lié au nationalisme japonais ambiant, aux aspirations de conquêtes et à la position des institutions religieuses sous le gouvernement militariste ; les groupes nationalistes nichirénistes n’étaient pas les seuls parmi les institutions bouddhistes à soutenir le militarisme, que ce soit de gré ou de force.
Bien que ces questions soient trop complexes pour être discutées ici, il est important de noter que pendant la période impériale post-Meiji la façon d’envisager shakubuku fut complètement à l’opposé de celle des autres époques puisqu’elle allait dans le même sens que les puissances gouvernementales au lieu d’en être une critique.
Auteur : Shonin
Date : 05 janv.18, 04:26
Message : [HS]
Auteur : Yvon
Date : 05 janv.18, 07:27
Message : Hors sujet
Suite : 7-Shakubuku après la Guerre et la Soka Gakkaï
Dans la période d’après-guerre, parmi les nombreux courants bouddhistes nichiréniens, le shakubuku< de confrontation fut presque exclusivement le fait de la Soka Gakkaï (Société pour la Création de Valeurs), qui fut au début une branche laïque de la Nichiren Shoshu. Héritière de l’Ecole Fuji, longtemps isolée des principaux pôles du pouvoir politique, la Nichiren Shoshu conserva une identité puriste, la plus rigoureuse parmi les autres lignées nichiréniennes. Cette orientation fut entièrement reprise par la jeune Soka Gakkaï. Par ailleurs, la Soka Gakkaï fut un des très rares groupes à se prévaloir d’une certaine résistance au gouvernement militariste : son premier président, Makiguchi Tsunesaburo (1871-1944) et vingt autres dirigeants furent arrêtés en 1943 pour lèse-majesté et violation du chian ijiho (Loi pour la Préservation de la Paix), charges liées à leurs activités de shakubuku et à leur refus de révérer les divinités shinto. Makiguchi mourut en prison.
La réputation de prosélytisme agressif de la Soka Gakkaï s’établit dans les années 50, lors de la grande campagne de shakubuku (shakubuku no daikoshin) lancée par son deuxième président, Toda Josei (1900 - 1958), lors de sa cérémonie inaugurale du 3 mai 1951.C’est à cette occasion que Toda fit sa fameuse déclaration :
« Si je ne parviens pas à convertir par shakubuku 750.000 familles, ne faites pas de funérailles pour moi, jetez juste mes cendres dans la mer de Shinagawa. »
Les membres furent armés du Shakubuku kyoten (Manuel de shakubuku) qui mêle d’abondantes citations de Nichiren aux principes essentiels du Sutra du Lotus et aux enseignements nichiréniens, et fournit des arguments type pour répondre aux objections des futurs convertis. Le principal lieu de combat pour shakubuku était - et demeure encore - la petite réunion de discussion de voisinage (zadankai). En outre, les membres du Département de la Jeunesse faisaient pression sur les moines bouddhistes et les dirigeants des Nouvelles religions pour débattre avec eux. Lorsque Toda mourut en 1958, son objectif avait été dépassé. Cette période posa les fondations de l’actuel statut de la Soka Gakkaï et en fit la plus grande des Nouvelles religions.
Les raisons de l’étonnant succès de la Soka Gakkaï après la guerre peuvent s’expliquer par la crise, les déplacements urbains, la promesse de bienfaits matériels, les possibilités d’avancement de carrière que la structure organisationnelle offrait aux membres d’un faible statut social, etc. Cependant, un facteur tout aussi important fut la façon imparable avec laquelle la Soka Gakkaï réaffirma la vérité exclusive du Sutra du Lotus, reprenant une des revendications centrales du bouddhisme nichirénien. Selon Nichiren, la « diffamation du Dharma » - le rejet du Sutra du Lotus - était la raison qui mena le Japon à la destruction, évitée de justesse, par les Mongols ; les récentes horreurs de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences pouvaient être attribuées à la même cause. Comme le stipule le Shakubuku kyoten :
«…bien que ce Dharma, merveilleux et suprême, ait été établi au Japon depuis plus de 700 ans, les gens ne l’ont ni vu ni entendu, ne se sentirent pas concernés et ne cherchèrent point à le comprendre. En conséquence, ils souffrirent de châtiments collectifs et la nation fut détruite… Exactement comme les Japonais tremblèrent de peur face à l’invasion mongole, sont-ils terrifiés aujourd’hui par les armes atomiques.»
Les moindres aspects de la situation politique étaient passés au crible à la lumière de telles explications. Nichiren, par exemple, s’appuyant sur les sources canoniques, proclamait que Brahma, la déité régulant le monde, punirait un pays qui diffamerait le Vrai Dharma ; Toda croyait apparemment que le Général Douglas Mac Arthur accomplissait la tâche de Brahma, punissant le Japon pour ses calomnies et ouvrant la route pour la diffusion du Vrai Dharma en instaurant la liberté de culte. Dans ce sens, les souffrances des temps de guerre et d’après-guerre, individuelles ou collectives, devenaient compréhensibles, ramenées dans le cadre des explications de Nichiren. Les interprétations des événements par la Soka Gakkaï faisaient à la fois autorité et donnaient une explication. Si la guerre et l’occupation proviennent de la « diffamation du Dharma », alors c’était les hommes et les femmes ordinaires de la Soka Gakkai qui, par shakubuku, devaient éradiquer ce démon fondamental une fois pour toutes. Citons encore le Shakubuku kyoten :
« Vous devez comprendre que vous êtes nés durant mappo* avec cette mission (sauver les gens par shakubuku). [...]. Si nous désirons réellement reconstruire un Japon paisible et établir la paix à travers le monde, alors, sans ménager notre vie, nous devons faire shakubuku afin de transmettre le Dharma à tous aussi rapidement que possible, sans perdre un seul jour ou une seule heure. »
Ainsi, la Soka Gakkaï de l’après-guerre envisagea shakubuku non seulement comme un moyen d’éradiquer la faute de « diffamer le Dharma » qui avait conduit le pays à la guerre, mais encore comme une noble mission qui, en propageant la foi dans le Vrai Dharma, ferait que de telles tragédies ne puissent plus se reproduire. Les souffrances de la guerre et le prosélytisme de l’après-guerre furent fondus en un drame mondial, celui du salut du genre humain, dans lequel les membres de la Soka Gakkaï jouaient le rôle principal. La force découlant de la conviction que l’effort personnel de chacun avait un impact direct sur la transformation du monde fut sans aucun doute un atout décisif dans l’attrait exercé par la Soka Gakkaï.
Bien que l’image d’une Soka Gakkaï agressive, militante, voire fanatique perdure encore, cela n’est plus totalement exact. Depuis les années 1970, aux dénonciations des autres religions ont succédé des activités culturelles et le mouvement pour la paix de la Soka Gakkaï. Ainsi le terme ‘‘shakubuku’’ a-t-il subi une transformation sémantique et n’est désormais qu’un simple synonyme de prosélytisme, sans nécessairement signifier une réprimande des «enseignements erronés».
Ces changements apparurent pour diverses raisons. Les reproches croissants de l’extérieur en sont une. La Soka Gakkaï subit le feu de la critique pour ses implications politiques (notamment la création, en 1964, du Komeito, le Parti pour un Gouvernement Propre) et à cause du zèle excessif des adhérents, par exemple lorsque de nouveaux convertis détruisaient les tablettes ancestrales (ihai) sans le consentement des autres membres de la famille, en vertu du principe d’« éradiquer l’offense au Dharma » (hobo barai). D’autres facteurs qui contribuèrent à adopter une position plus modérée furent l'affaiblissement du sentiment de l'urgence à mesure que diminuaient les privations de l’après-guerre et, de façon plus fondamentale, un effort généralisé pour « l’intégration de l’organisation dans la société ».
L’abandon d’un exclusivisme nichirénien conflictuel joua également un rôle - bien que non déterminant - dans le schisme de 1991 entre la Soka Gakkaï et sa maison-mère, la Nichiren Shoshu. Alors même que les racines du conflit remontent à de nombreuses années, l’événement déclencheur fut le discours d' Ikeda Daisaku (1928), Président d’Honneur et dirigeant de fait, lors d’une réunion des responsables de l’organisation, le 16 novembre 1990. L’un des nombreux points contestés par le Bureau des Affaires Administratives de la Nichiren Shoshu (Shomuin) fut le souhait d’Ikeda de modifier la nature de confrontation du shakubuku traditionnel. Ainsi, Ikeda est censé avoir dit que les déclarations telles que « les enseignements du Nembutsu mènent à l’enfer, le bouddhisme Zen est l’œuvre du démon, le Shingon détruit le pays » dégradaient le Dharma alors que dans la société d’aujourd’hui le mouvement pour la paix et les activités culturelles de la Soka Gakkaï représentaient le moyen le mieux approprié pour sa propagation. Par ailleurs, Ikeda aurait fait remarquer que l’image publique d’un Nichiren dur et sévère était peu favorable en comparaison avec celle d’un Shinran plus aimable, et il aurait appelé à ce qu’« à partir de maintenant shakubuku soit basé sur la compassion ». Les dirigeants de la Nichiren Shoshu répliquèrent que les pratiquants devaient suivre les enseignements de Nichiren et non l’opinion de la société - la base de la propagation du bouddhisme dans les Derniers jours du Dharma consistant à « rejeter ce qui est faux et établir ce qui est juste », comme indiqué dans le Rissho Ankoku ron. Ils insistèrent sur le fait que s’attacher aux seuls aspects sympathiques de l’enseignement de Nichiren revenait à le déformer.
Cet aspect de la présente fracture - un parmi d’autres - peut apparaître comme une nouvelle péripétie dans la lutte entre confrontation et conciliation qui a caractérisé toute l’histoire du bouddhisme de Nichiren. L’ironie du sort est que c’est la Soka Gakkaï, jadis tellement agressive, qui a endossé la position modérée, tandis que la religion traditionnelle de la Nichiren Shoshu s’est radicalisée - pour le moins à un niveau rhétorique.
Auteur : zeste de savoir
Date : 09 janv.18, 21:01
Message : Une bonne nouvelle année, vu par Nichiren !
Extrait Nichiren:l’Ecrit du Nouvel an:
Dernier chapitre:
« La bonté de celui qui fait des offrandes au Sūtra du Lotus au début de la nouvelle année est comparable aux fleurs de cerisiers qui s’épanouissent sur les arbres, au lotus qui s’ouvre sur l’étang, aux feuilles de santal qui se déploient sur les Montagnes-Neigeuses, ou à la lune qui se lève. En devenant l’ennemi du Sūtra du Lotus, le Japon s’attire aujourd’hui des malheurs de plus de mille ri à la ronde.
À la lumière de ce principe, ceux qui croient maintenant dans le Sūtra du Lotus attireront le bonheur depuis plus de dix mille ri alentour. L’ombre est produite par le corps et,
de même que l’ombre suit le corps, le malheur s’abattra sur le pays de ceux qui sont hostiles au Sūtra du Lotus. En revanche, ceux qui croient au Sūtra du Lotus sont semblables au santal et à son parfum. Je vous écrirai encore. »
Ca a le mérite de pas être compliqué !

Auteur : Yvon
Date : 09 janv.18, 22:27
Message : 8 - Conclusion
Ce bref aperçu permet de voir que l’exclusivisme nichirénien est bien plus complexe qu’une simple “intolérance”. Il fut rarement une pure doctrine religieuse (bien que cela aussi jouât un certain rôle). A chaque époque, il fut lié à des intérêts spécifiques sociaux, politiques et institutionnels. Au cours de la période médiévale, il servit à concrétiser une résistance envers diverses formes d’autorité politique, était supprimé sous le règne des Tokugawa, resurgit avec une orientation fortement nationaliste à l’ère Meiji et fut repris comme base d’un mouvement pour la paix dans les années d’après-guerre.
Bien que la revendication d’être l’unique possesseur du Dharma conduisant à la délivrance dans les Derniers jours du Dharma traverse toute la doctrine de Nichiren, l’école nichirénienne, en tant qu’institution, a rarement été engagée de façon globale dans une pratique de shakubuku de confrontation. Au contraire, une certaine tension a toujours existé entre les factions prônant la confrontation et celles plus accommodantes, les frontières entre les deux se modifiant fréquemment au gré des développements institutionnels et des changements sociaux.
Parfois les deux tendances se sont tenues en équilibre, chacune tempérant l’extrémisme de l’autre ; à d’autres moments les tensions entre elles ont produit des conflits néfastes à l’intérieur de l’école. L’exclusivisme rigoureux et le shakubuku de confrontation semblent refaire surface avec force à des moments de troubles sociaux, ou lors d’un danger national, ou quand une branche de l’école ressent le besoin d’affirmer la supériorité de son orthodoxie vis-à-vis des autres. Car si shakubuku est une pratique dirigée vers ceux qui n’ont pas foi dans le Lotus, c’est aussi un acte d’auto-affirmation proclamant la fidélité à Nichiren face aux autres courants de la même tradition.
Il est donc extrêmement difficile d’évaluer l’exclusivisme nichirénien de façon univoque. Historiquement, il provoqua des conflits et même des persécutions ; aujourd’hui il irrite ceux qui sont ouverts au pluralisme. Par ailleurs, il a mobilisé plus d’énergie, de dévotion et d’abnégation que les formes plus modérées du courant nichirénien. En faisant de la foi dans le Sutra du Lotus une source d’autorité transcendante, il a ouvert la voie à la critique et à la contestation du statu quo.
En dépit de quelques voix isolées appelant à une résurgence du shakubuku de confrontation, la prépondérance est actuellement du côté des modérés qui estiment que cela s’accorde mieux avec la rhétorique contemporaine de tolérance et de pluralisme. On peut aussi penser que le débat en faveur du shakubuku de style traditionnel a subi l’épreuve des études critiques bouddhistes modernes qui démontrèrent que ni le Sutra du Lotus ni aucun autre sutra bouddhiste ne peuvent être considérés comme les mots du Bouddha au sens strict et que toute discussion concernant leurs mérites relatifs doit être basée sur des considérations autres que celles accordées par la tradition aux prédications de Shakyamuni.
En tout état de cause, le bouddhisme nichirénien actuel doit faire face à un défi majeur, qu’il a en commun avec d’autres religions revendiquant une vérité exclusive : comment coopérer et respecter les autres traditions, tout en préservant sa propre intégrité. Il ne faudrait pas non plus négliger la possibilité d’une réémergence de l’exclusivisme nichirénien sous une forme inattendue. Depuis le XIIIe siècle, cet exclusivisme s’est avéré assez charismatique pour s’adapter encore et encore aux nouvelles circonstances historiques.
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