Les leçons de management du pape François

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samuell

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Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 06:48

Message par samuell »

19 septembre 2013
Les nouvelles leçons de management du pape François


Dans un long entretien, publié jeudi 19 septembre dans les revues jésuites de seize pays d’Europe et d’Amérique – dont Etudes en France –,
le pape François, lui-même issu de la Compagnie de Jésus, dévoile de manière assez inédite sa conception du management et sa vision de l’exercice du pouvoir.
Sur le fond, et de manière particulièrement claire, il met en garde l'institution et ses clercs : l'Eglise, défend-il, ne doit pas "en permanence" parler des "questions liées à l'avortement, au mariage homosexuel ou à la contraception", sous peine de voir "son édifice moral s'écrouler comme un château de cartes".

Pour le reste, ce pape, qui parle beaucoup, souvent et dans des contextes très divers (lettre publiée dans la presse, discours officiels, homélies quotidiennes, conférence de presse, coups de téléphone impromptus), reprend des thèmes de réflexion qu’il a déjà abordés depuis son élection – attitude du clergé, ouverture de l’Eglise sur les "périphéries", place des femmes… – usant volontiers des mêmes expressions, au mot près.

Dans ce nouvel exercice,
il insiste sur l’importance du "discernement",
un travail intellectuel caractéristique de la formation jésuite, et sur l'utilité de "consulter avant de décider".
Ainsi, le pape, élu pour réformer le gouvernement central de l’Eglise et bousculer ses inerties, déplore que "nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref.
Je crois au contraire qu'il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d'un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Et parfois, au contraire, le discernement demande de faire tout de suite ce que l'on pensait faire plus tard. C'est ce qui m'est arrivé ces derniers mois". Or, ajoute-t-il, "je me méfie des décisions prises de manière improvisée. Je me méfie toujours de la première décision, c'est-à-dire de la première chose qui me vient à l'esprit lorsque je dois prendre une décision. En général c'est une chose erronée".

"Brusque et individuel" dans sa jeunesse

Critique sur ses propres méthodes lorsqu’il était provincial des jésuites en Argentine, il assure en avoir tiré les leçons. "Je prenais mes décisions de manière brusque et individuelle. Ma manière autoritaire et rapide de prendre des décisions m’a conduit à avoir de sérieux problèmes et à être accusé d’ultra-conservatisme, mais je n’ai jamais été de droite".

Quarante ans plus tard, il loue les mérites de la consultation et de la confiance accordée à ses collaborateurs. "Quand je confie une chose à une personne, je me fie totalement à cette personne. Elle doit vraiment faire une grosse erreur pour que je la reprenne. Maintenant j’entends quelques personnes me dire : 'Ne consultez pas trop, décidez'. Au contraire, je crois que la consultation est très importante. Les consistoires, les synodes sont, par exemple, des lieux importants pour rendre vraie et active cette consultation. Il est cependant nécessaire de les rendre moins rigides dans la forme. Je veux des consultations réelles, pas formelles. La consult' des huit cardinaux, ce groupe consultatif outsider, n’est pas seulement une décision personnelle, mais le fruit de la volonté des cardinaux, ainsi qu’ils l’ont exprimée avant le conclave. Et je veux que ce soit une consultation réelle, et non pas formelle". Les huit cardinaux en question, venus d'horizons différents, se réuniront pour la première fois début octobre à Rome, mais le pape s’est déjà entretenu avec chacun d’entre eux et ils ne s'en remettront qu'à François. Au chapitre du gouvernement, le pape assure aussi, sans donner davantage de pistes : "le génie féminin est nécessaire là où se prennent les décisions importantes".

D'abord "l'Evangile", ensuite les questions morales

S’il s’est beaucoup exprimé, dans des termes parfois très directs, sur ce que doit être – ou ne pas être – l'Eglise catholique, s’il a, par des gestes inédit, donné une nouvelle tonalité à la papauté, le pape n’a pour l’heure annoncé aucune réforme majeure. Mais il confirme dans cet entretien que rien de ce qu’il entreprend n’est laissé au hasard. "Mes choix, même ceux liés à la vie quotidienne, comme l'utilisation d'une voiture modeste, sont liés à un discernement spirituel répondant à une exigence qui naît des choses, des gens, de la lecture des signes des temps". "On peut avoir de grands projets et les réaliser en agissant sur quelques choses minimes." Et résume d’une phrase empruntée à Jean XXIII, sa conception du gouvernement : "voir tout, passer sur beaucoup de choses, en corriger quelques unes".

Il fixe ainsi des priorités, justifie sa relative discrétion sur les questions de moeurs et de morale, préférant, comme il le fait depuis le début de son pontificat, insister sur "la miséricorde". Et évoque au passage que cette attitude lui vaut des critiques au sein de l'institution. "Les réformes structurelles ou organisationnelles sont secondaires, c’est-à-dire qu’elles viennent dans un deuxième temps. La première réforme doit être celle de la manière d’être." "Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin d’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer les cœurs des fidèles, la proximité, la convivialité". "Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol et le taux de sucre trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons parler de tout le reste". "Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Cela n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché".

Il explique ainsi sa réticence à mettre en avant les questions morales : "Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents". "Nous devons trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes. L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante. C’est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales."

Contre "les faux prophètes"

Il revient sur la nécessaire ouverture de l’institution.
"L’Eglise ne doit pas être réduite à un nid protecteur de notre médiocrité." "Au lieu d’être seulement une Eglise qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, cherchons plutôt à être une Eglise qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent".

Il incite son clergé et les fidèles à aller vers toutes les pauvretés, mais sans toutefois tomber dans les excès d’une "insertion" ou d’un engagement trop politique, attitude régulièrement reprochée aux tenants de la théologie de la libération.

Evoquant les "blessés sociaux" que sont selon lui les homosexuels, il rappelle ce qu’il avait déclaré aux journalistes dans l’avion qui le ramenait de Rio, fin juillet : "si une personne homosexuelle est de bonne volonté et est en recherche de Dieu, je ne suis personne pour la juger". De même, il prend l'exemple d'une femme ayant avorté, ayant divorcé puis s'étant remariée qu'il convient d'accueillir "avec miséricorde", demandant aux prêtres de ne pas transformer " le confessionnal en salle de torture".


Au-delà de considérations théologiques sur la foi et la quête de Dieu,
il insiste enfin le danger pour les croyants d’être trop sûrs d’eux,
fustigeant une forme de fondamentalisme et faisant l'éloge de "l'incertitude".
"Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui. Cela veut dire que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit." "Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la 'sûreté' doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres".

Cette nouvelle opération de communication mondiale, destinée à définir un peu plus précisément la théologie et la manière de faire du pape François pourrait à nouveau choquer les milieux les plus conservateurs.

Stéphanie Le Bars

Marmhonie

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 10:00

Message par Marmhonie »

C'est un jésuite, et qui plus est, qui fut sur la corde sensible quand sa compagnie fut en grand danger parce qu'opposée à la canonisation du fondateur de l'Opus Dei. C'est donc une surprise historique de voir revenir un pape jésuite très peu de temps après JPII. C'est même assez incroyable.
Les traditionalistes regardent ce pape et laissent venir. Pour le moment, il ne se passe rien. Les conservateurs ne semblent pas vraiment ainsi choqués.

samuell

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 19:06

Message par samuell »

ils acceptent une évolution car stagner dans le passé c'est mourir à petits feux .

medico

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 20:55

Message par medico »

Marmhonie a écrit :C'est un jésuite, et qui plus est, qui fut sur la corde sensible quand sa compagnie fut en grand danger parce qu'opposée à la canonisation du fondateur de l'Opus Dei. C'est donc une surprise historique de voir revenir un pape jésuite très peu de temps après JPII. C'est même assez incroyable.
Les traditionalistes regardent ce pape et laissent venir. Pour le moment, il ne se passe rien. Les conservateurs ne semblent pas vraiment ainsi choqués.
étrange ses courants catholiques qui se mangent le nez entre eux. :shock:
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

samuell

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 23:32

Message par samuell »

medico a écrit :
étrange ses courants catholiques qui se mangent le nez entre eux.
ç'est un signe de la richesse du dialogue pour évoluer !
c'est la diversité qui crée de la richesse tant matériel qu'intellectuel ,
ça change de l'uniformité , et de la pensée unique :lol:

medico

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 24 sept.13, 23:58

Message par medico »

Tu appels ça la richesse la division ?
1 Cort 1:13 Christ est–il divisé ?
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

samuell

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Re: Les leçons de management du pape François

Ecrit le 25 sept.13, 19:26

Message par samuell »

un texte à lire fort à propos

La Motte : Les amis trop d'accord.


Il étoit quatre amis qu' assortit la fortune ;
gens de goût et d' esprit divers.
L' un étoit pour la blonde, et l' autre pour la brune ;
un autre aimoit la prose, et celui-là les vers.
L' un prenoit-il l' endroit ? L' autre prenoit l' envers.
Comme toûjours quelque dispute
assaisonnoit leur entretien,
un jour on s' échauffa si bien,
que l' entretien devint presque une lutte.
Les poumons l' emportoient ; raison n' y faisoit rien.
Messieurs, dit l' un d' eux, quand on s' aime,
qu' il seroit doux d' avoir même goût, mêmes yeux !
Si nous sentions, si nous pensions de même,
nous nous aimons beaucoup, nous nous aimerions mieux.
Chacun étourdiment fut d' avis du problême,
et l' on se proposa d' aller prier les dieux
de faire en eux ce changement extrême.
Ils vont au temple d' Apollon
présenter leur humble requête ;
et le dieu sur le champ, dit-on,
des quatre ne fit qu' une tête :
c' est-à-dire, qu' il leur donna
sentimens tout pareils et pareilles pensées ;
l' un comme l' autre raisonna.
Bon, dirent-ils, voilà les disputes chassées
oui, mais aussi voilà tout charme évanouï ;
plus d' entretien qui les amuse.
Si quelqu' un parle, ils répondent tous, oüi.
C' est désormais entr' eux le seul mot dont on use.
L' ennui vint : l' amitié s' en sentit altérer.
Pour être trop d' accord nos gens se désunissent.
Ils cherchent enfin, n' y pouvant plus durer,
des amis qui les contredissent.
C' est un grand agrément que la diversité.
Nous sommes bien comme nous sommes.
Donnez le même esprit aux hommes ;
vous ôtez tout le sel de la société.
L' ennui nâquit un jour de l' uniformité.

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