Cela fait plusieurs mois que certains internautes fondent l’essentiel de leurs participations (entendez : copier/coller) sur les travaux qu’un certain site, à savoir Genèse d’un mensonge, traitant des origines du christianisme, propose. Sont ainsi notamment abordés des « preuves » de la falsification de la Bible (tome 2), du véritable message de la Bible (tome 3), de la véritable nature du christianisme que nous connaissons aujourd’hui (tome 4). Nous avons plusieurs fois personnellement remarqué ce que nous pensions de ces « travaux », mais pratiquement jamais, il est vrai, répondu sur le fond. Aujourd’hui, nous aimerions combler ce manque et démontrer à notre ami omar13 que l’étude sur laquelle il se base pour constituer l’ensemble de ses « participations » possède, non seulement de sérieuses lacunes méthodologiques, mais surtout une méconnaissance profonde des sujets abordés, frisant quelques fois l’inculture, et parfois même, ce qui est plus grave, une véritable volonté de désinformer, c’est-à-dire une certaine malhonnêteté intellectuelle. Nous prendrons nos exemples à partir d’un chapitre du second tome, intitulé : « Quelles sont les écritures bibliques qui dénoncent la falsification des évangiles ? ». Commençons donc ici par décrire le chapitre en question, disponible ici : sur ce site, p. 162 du livre et 164 du lecteur pdf).
Il s’agit de citations (extra)bibliques illustrant prétendument la thèse – musulmane – de « la falsification des évangiles » (N.B. : le terme est curieux, car l’interprétation musulmane évoque la falsification de l’évangile, et non des évangiles ; le Coran évoque toujours l’Injil au singulier, et non pas au pluriel). Sont ainsi cités a) 3 passages du roman pseudo-clémentin b) un extrait de l’épître paulinienne aux Galates c) un morceau de l’évangile de Barnabé. Ces trois citations, avancées comme « preuve », sont mises en liaison et présentées comme se confirmant les unes avec les autres. Avant de les examiner chacune, il nous faut rappeler ici un point méthodologique qui semble avoir échappé à l’auteur de ces travaux.
Nous savons que la Bible est un ensemble de livres considérés comme inspirés, mais divergeant profondément les uns des autres. La date de rédaction, les auteurs, les objectifs et sensibilités théologiques, les communautés destinatrices, le genre littéraire, les langues parfois même des différents livres varient, et parfois même grandement. Ajoutons à cela l’immense littérature apocryphe contenant tout et son contraire, extraordinaire fouillis dans lequel il n’est certes guère aisé de s’y retrouver, et vous aurez l’un des plus grands problèmes méthodologiques que cette étude offre. Car l’auteur de Genèse d'un mensonge fait entièrement abstraction de cela. Il navigue entre différents écrits pour chercher de quoi alimenter ses thèses farfelues mais sans jamais prendre en considération les éléments mêmes constituant lesdits écrits, comme nous le verrons bien assez tôt : pour ne citer qu’un exemple, s’il s’était un minimum renseigné sur la littérature pseudo-clémentine qu’il utilise, il se serait aperçu de lui-même qu’il était absurde de l’accorder avec l’apôtre Paul car celle-ci véhicule en partie un anti-paulinisme très virulent provenant d’un fond judéo-chrétien ancien. D’autre part, est-il besoin de souligner le manque de rigueur consistant à rassembler sur un hypothétique thème commun une oeuvre du Ier siècle avec une du IVe mais aussi du XVIe ? Il est malheureux de voir que l’essentiel de ces « études » soient constituées de ce même manque de rigueur, pourtant indispensable à tout travail sérieux sur le sujet. Aussi pouvons-nous dors et déjà remarquer qu’une telle étude se disqualifie par elle-même par le peu de rigueur intellectuelle qu’elle s’impose : il ne peut en sortir que des bêtises comme nous le verrons rapidement. Cela étant précisé, nous pouvons dès lors commencer notre analyse des citations proposées.
II) La littérature pseudo-clémentine
Il convient avant tout chose de brièvement introduire le monde pseudo-clémentin, travail de base à tout examen et utilisation critique de cette littérature. De quoi s’agit-il, en résumé ? Grosso-modo, de l’histoire de la conversion au christianisme de Clément de Rome, des pérégrinations de l’apôtre Pierre et de ses démêlés avec Simon le Magicien d’où il ressort toujours vainqueur. C’est un roman à thèse. Une première difficulté s’impose cependant lorsque nous apprenons qu’il existe deux versions différentes de ce même texte, remontant probablement à un écrit de base aujourd’hui perdu : les Homélies (en langue grecque) et les Reconnaissances (latines). Ces textes possèdent des différences notables, pouvant ainsi diverger, ne présenter aucun parallèle ou encore posséder des spécificités ou des formes qu’on ne retrouve pas dans l’autre version, constituant par là un des problèmes les plus complexes de l’univers pseudo-clémentin. « La relation entre les Homélies et les Reconnaissances », note ainsi B. Ehrman, « est très complexe, il s’agit de l’un des sujets les plus épineux que les spécialistes de la littérature chrétienne antique aient eu à traiter. »Sans avoir nul besoin d’y ajouter les différentes interpolations, les thématiques propres à chaque version, l’histoire de la rédaction de chacune ou encore leurs propres contradictions, nous voyons bien que l’usage quelconque d’une telle œuvre ne peut se faire qu’avec des pincettes. « Une bonne moitié des contributeurs », peut-on ainsi lire dans l’avant-propos des Actes du deuxième colloque international sur la littérature apocryphe chrétienne, « se sont attelés à décrypter l’univers clémentin. La richesse des thèmes et des motifs en fait un champ d’investigation privilégié et… difficilement maîtrisable pour une seule personne. », même experte en la matière comme on peut le supposer pour les participants de ce colloque. « En outre », n’hésite pas à écrire E. Barilier, « il est très ardu pour le profane de comprendre dans leurs nuances et leurs complexité les thèses défendues par le roman pseudo-clémentin. » Que dire alors pour le lecteur non préparé auquel nous assimilons très volontiers l’auteur de Genèse d’un mensonge ? Disons le tout net, utiliser cet amas multiforme et difficilement compréhensible que constitue la littérature pseudo-clémentine, qui plus est sans avoir la moindre idée de ce dont elle est constituée, c’est se tirer une balle dans le pied, comme nous allons le montrer.
a) Analyse des deux premières citations
- a) « Mon frère, connaissant le zèle ardent qui t’anime pour les intérêts communs à nous tous, je te demande avec insistance de ne communiquer les livres de mes prédications que je t’envoie à personne de la gentilité ni de notre race sans épreuve probatoire […] car s’il n’en est pas ainsi, notre doctrine de vérité se morcellera en une multitude d’opinions. Cela, je ne le sais pas en tant que prophète, mais parce que je vois déjà les prémices du mal lui-même. » (Epître de Pierre à Jacques, 1, 1 ; 2, 2)
b) « Si nous procurons les livres à tous sans distinction, et qu’ils soient dénaturés par des hommes sans scrupules, ou interprétés de façon tendancieuse, comme vous avez entendu dire que certains l’ont déjà fait, il ne restera plus, à ceux qui recherchent réellement la vérité, qu’à errer perpétuellement. » (Engagement solennel ; 5, 2)
- « I,2. Mes prédications : dans la fiction romanesque, ces prédications de Pierre (κηρύγματα Πέτρου) sont l’abrégé de l’enseignement dispensé par Pierre au cours de ses voyages, dont il est tenu de faire un compte rendu régulier à Jacques (Hom I,20,2) ; et l’Épître de Pierre à Jacques n’est autre que la lettre d’envoi de ce recueil (Ép Pierre 3, 1 ; Diam I, 1 ; Ép Clément 20) »
- « Après leur avoir lu la lettre, Jacques convoqua les presbytres, leur en fit la lecture, et dit : « Notre Pierre rappelle qu’il est nécessaire et opportun de préserver la vérité, en refusant de communiquer à n’importe qui les livres de ses prédications qu’il nous envoie, mais à un homme de bien et de réflexion, qui ait choisi l’enseignement et qui soit un fidèle circoncis. »
« Curieusement » confirme encore F. Bovon, « il ne s’agit pas d’un évangile, mais des Kérygmes de Pierre. »[5] On voit donc que ces citations ne peuvent en aucun cas servir d’appui pour étayer la thèse de l’auteur ! Elles montrent cependant pour le moins la malhonnêteté intellectuelle de l’auteur de Genèse d’un mensonge qui, n’hésitant pas à frauduleusement arracher des extraits de leur contexte littéraire immédiat, fait dire à des textes ce qu’ils ne disent pas : ces citations n’ont en réalité aucune valeur pour étayer ou présenter un témoignage de « la falsification des évangiles », puisqu’ils n’en parlent pas. Ils possèdent cependant au moins le mérite de révéler la méthodologie et l’honnêteté même des travaux proposés par ledit site.
b) Analyse de la troisième citation
- « Ainsi donc, comme le vrai Prophète nous l’a dit, il faut que vienne d’abord un faux évangile porté par un trompeur ; ce n’est qu’ensuite, après la destruction du Lieu saint, que le véritable Évangile doit être transmis en secret pour redresser les hérésies à venir. » (Homélies II 17, 4).
EHRMAN B., « Les christianismes disparus. La bataille pour les Ecritures : apocryphes, faux et censures », Bayard, 2007, Paris, 415 p.
AMSLER F., FREY A., TOUATI C., GIRARDET R. (ed), « Nouvelles intrigues pseudo-clémentines. Actes du deuxième colloque international sur la littérature apocryphe chrétienne », Zèbre, Prahins, 2008, p. 8.
Ibid, p. 10.
[4] LE BOLLUEC A., « Introduction aux Homélies », in GEOLTRAIN P. & KAESTLI J.-D. (ed), « Écrits apocryphes chrétiens », t. II, Gallimard, 2005, p. 1196.
[5] BOVON F., « En tête des Homélies clémentines : la Lettre de Pierre à Jacques », in AMSLER F., FREY A., TOUATI C., GIRARDET R. (ed), op. cit., p. 333.
[6] AMSLER F., « État de la recherche récente sur le roman pseudo-clémentin », in AMSLER F., FREY A., TOUATI C., GIRARDET R. (ed), op. cit., p. 27.
III) L’apôtre Paul et les Galates
Nous n’allons guère faire ici une présentation de Paul, de sa pensée, de ses combats théologiques ou de l’ensemble du corpus néotestamentaire qui lui a survécu. La majeure partie de ces informations est censée être acquise pour des lecteurs qui n’hésitent pas à s’adonner à des discussions interreligieuses. Nous poserons seulement deux questions concernant la citation de Galates proposée par l’auteur, à savoir si d’une part, l’évangile dont il est question est un évangile écrit que l’on pourrait falsifier, et d’autre part, s’il est intelligent, à l’instar de l’auteur, d’en faire le lien avec les Homélies pseudo-clémentines. Ces précisions étant avancées, nous pouvons débuter.
1) La question du faux évangile
Le terme évangile semble être l’objet d’une grande confusion pour certaines personnes, dont l’auteur même de Genèse d’un mensonge. Il convient dès lors de devoir rapidement traiter la sujet même de leur définition avant d’aborder la première de nos deux questions Qu’est-ce donc qu’un évangile ? Nous savons qu’originellement, le terme ne désigne rien d’autre qu’une bonne nouvelle : c’est ainsi que le mot est utilisé dans le monde hellénistique et romain, mais aussi dans la Bible. L’évangile de Jésus apparaît ainsi originellement être la « Bonne Nouvelle que Jésus proclamait », et en aucune façon un livre qui serait tombé du ciel : c’est en tout cas de cette façon que l’entendent l’ensemble des attestations néotestamentaires dudit terme. Ainsi par exemple concernant le passage de Marc 1, 1, « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu », P.-M. Beaude n’hésite pas à souligner qu’il « ne s’agit pas d’un livre, mais d’une bonne nouvelle proclamée […] », et que « dans le récit de Marc, le mot Evangile va donc désigner le message annoncé par Jésus et accueilli dans la foi par les chrétiens »[7], mais certainement pas, et en aucun cas un livre. Le fait que les quatre récits du NT que nous connaissons sous le terme d’évangile ne se définissent pas eux-mêmes ainsi, ajouté au fait que les premiers auteurs patristiques à s’y référer ne les nomment jamais par ledit terme (ainsi pour Justin, qui parlait par exemple de « Mémoire des Apôtres ») nous renforce dans l’idée que le terme même ne possédait aucune signification « livresque » ou littéraire au départ. En réalité, c’est seulement avec le temps que le mot évangile prendra une tournure « livresque » : « En effet », écrivent conjointement N. Siffer et D. Fricker, « l’emploi du terme ‘évangile’ pour désigner un livre rapportant les actes et les paroles de Jésus n’est repéré qu’à partir du 2e siècle, de même que son attribution à des auteurs nommés. »[8] A ce titre, Paul, qui est à l’origine des plus anciens écrits du Nouveau Testament, ne saurait avoir en tête un quelconque livre lorsqu’il emploie le terme d’évangile : c’est en tout cas bien ainsi que le confirme B. Erhman, en expliquant : « Paul, bien sûr, parle de son « évangile », par quoi il signifie son message évangélique. Marcion, cependant, croyait que Paul avait vraiment un livre d’évangile dans son canon, une version de l’Evangile de Luc. Par conséquent, Marcion inclut un évangile dans son canon, une version de l’Evangile de Luc. »[9] Il semble bien que l’auteur de Genèse d’un mensonge ait reproduit exactement la même erreur… Mais par ailleurs, en admettant même qu’il s’agisse là d’un évangile sous format livresque que Paul condamne, il n’en resterait pas moins que la citation des Galates proposée témoigne de l’existence d’un faux évangile, et certainement pas de la falsification du vrai. Une fois encore, les travaux proposés par Genèse d’un mensonge nous apparaissent donc manquer de rigueur et d’intelligence.
2) Le lien avec les Homélies
Mais admettons que le passage en question soit relatif à un évangile livresque perpétuant cependant de faux enseignements. Le lien avec les Homélies pseudo-clémentines est-il justifié ? Il nous faut pour cela examiner les griefs que Paul porte contre le faux évangile qu’il condamne, et considérer s’il possède de semblables caractéristiques des doctrines que le pseudo-Clémentin condamne dans ses Homélies. Comment le faux évangile nous apparaît-il donc dans la lecture des Galates ? Cela n’est un mystère pour personne n’ayant étudié la question : il est un évangile judaïsant, imposant une forme judéo-chrétienne de foi en Jésus-Christ, notamment par l’application de la circoncision aux païens. Les correspondants de Paul « semblent attirés », note par exemple C. Combet-Galland, « par d’autres prédicateurs qui, pour honorer l’Évangile, veulent l’inscrire dans la destinée du peuple de Dieu et pour cela ouvrir aux païens l’accès à l’identité juive forgée par les valeurs de la Loi. »[10] « Toute la suite de l’épître », confirme à son tour A. Goffinet, « montre à l’évidence que Paul lutte pour la vérité de l'Évangile du Christ affranchi de la Loi. Peu importent les différentes hypothèses au sujet de judaïsants virulents ou mitigés, de juifs ou de judéo-chrétiens, Paul s'attaque à une prétendue prédication de l’Évangile basée sur la circoncision et l’observance de la Loi comme moyen de justification, doctrine qui s’oppose au caractère exclusif du salut assuré par le Christ. »[11] Et comment peut-on réellement passer à côté d’une telle donnée, si présente en vérité et si flagrante dans l’ensemble de l’épître de Paul ? Mais si le fait est avéré sans qu’il n’y ait besoin de l’étayer davantage, il nous revient maintenant de nous interroger sur le lien qu’il possède avec les Homélies pseudo-clémentines : autrement dit, est-ce que l’évangile judéo-chrétien dénoncé par Paul est-il le même « faux » évangile mentionné dans le texte des Homélies ? Là encore, il n’y a nulle difficulté à répondre : ce n’est évidemment pas le cas. On trouve dans le pseudo-Clément « une chrétienté repliée sur le judaïsme […] et farouchement anti-paulinienne », et il ne devient dès lors guère surprenant d’y lire de nombreux passages « aux résonances intertextuelles indéniables, qui en disent long sur l’anti-paulinisme viscéral du vieux fond judéo-chrétien des Pseudo-Clémentines », comme le mentionnait déjà, ne serait-ce que l’introduction, les commentaires et notes des bas de pages de l’édition française du corpus clémentin que l’auteur de Genèse d'un mensonge n’a visiblement guère lu. Il nous revient donc de conclure que le rapprochement opéré par l’auteur entre le « témoignage » de Paul et celui des Homélies, au sujet d’une prétendue « falsification de l’évangile de Jésus », nous apparaît être sans surprise aucune totalement inepte : ici comme ailleurs, l’auteur de Genèse d’un mensonge ne sait visiblement pas de quoi il parle, et accumule les gaffes, les erreurs et les contresens Mais après ce que nous venons de lire, peut-on sérieusement s’en étonner ?
[7] BEAUDE P.-M., « Qu’est-ce que l’Evangile ? », Cerf, 1996, Paris, coll. « Cahiers Evangile », n° 96, pp. 29-30
[8] SIFFER N. & FRICKER D., « Q ou la source des paroles de Jésus », Cerf, 2010, Paris, coll. « Lire la Bible », n° 162, p. 14.
[9] EHRMAN B., op. cit., p. 174.
[10] COMBET-GALLAND C., « Paul l'apôtre : un voyage contrarié pour bagage », Études théologiques et religieuses 2005/3 (Tome 80), p. 373)
[11] GOFFINET A., « La prédication de l’Évangile et de la croix dans l’épître aux Galates », Publications Universitaires, Louvain, 1965, pp. 405-406.
IV) Conclusion : à propos de l’évangile de Barnabé
Nous n’avons nullement jugé utile d’inclure dans cette courte étude une critique de l’évangile de Barnabé : l’œuvre n’est qu’une vulgaire fraude du XVIe siècle, ainsi que l’a démontré depuis bien longtemps J. Jomier[12], et de nombreux posts sur le forum dénoncent suffisamment l’imposture, non seulement pour sa valeur a-historique mais plus encore pour sa dimension contradictoire face à de nombreux points coraniques, sans que nous n’ayons besoin d’ajouter notre propre pierre à l’édifice ; mais il reste que son utilisation par l’auteur de Genèse d’un mensonge demeure révélatrice, et ne nous apparaît guère surprenante dans l’optique où l’évangile de Barnabé appartient pleinement au vieux fond légendaire, mythique et fantasmé de l’imaginaire collectif musulman. Revenons cependant à la conclusion de cette étude : que nous revient-il donc de retenir, et de conclure ? Peu de choses positives, il faut bien le dire. S’il est vrai que l’auteur de Genèse d’un mensonge a produit un louable effort de recherche, en farfouillant à droite et à gauche dans l’ensemble de la littérature biblique et apocryphe, ses travaux ne possèdent cependant aucune valeur scientifique. La méthodologie apparaît être très lacunaire : l’étude des différents livres utilisés est entièrement délaissée, et par conséquent, la diversité théologique, chronologique et littéraire des différentes œuvres utilisées avec, ce qui a pour corollaire de mêler ce qui ne doit pas l’être, et de lier ensemble des passages qui ne possèdent en vérité aucun rapport entre eux, de sorte que nous puissions presque appliquer à l’auteur de Genèse d’un mensonge la critique que F. Amiot dressait déjà à son époque, à savoir que « tous les fabricants de syncrétismes modernes, à ingrédients orientaux, font volontiers usage de ces documents, d’autant plus complaisants que le commun ne les connaît guère. »[13] A cela s’ajoute une certaine inculture théologique, et historique, et une furieuse envie de démontrer une thèse farfelue servant de fil conducteur aux « recherches », en sorte que l’auteur de Genèse d’un mensonge nous semble bien plus intéressé de démontrer ses excentricités qu’à rechercher posément et intelligemment la vérité. C’est malheureusement l’adoption de cette thèse et la volonté de la prouver à tout prix qui amène l’auteur de Genèse d’un mensonge à parfois manquer d’honnêteté intellectuelle, à dissimuler des informations comme à interpréter tendancieusement des passages pourtant clairs, ce qui nous apparaît être déplorable. Après examen, nous répétons donc avec véhémence ce que nous avions auparavant déjà remarqué, à savoir qu’il n’y a absolument rien de sérieux à rechercher du côté des travaux de l'auteur de Genèse d’un mensonge : cela nous apparaît être ici suffisamment démontré pour qu’il n’y ait nul besoin d’insister et de perdre davantage de temps dessus. Nous espérons quant à nous ne plus avoir à subir les copier/coller intempestifs de membres qui nous imposent ces inepties à longueur de journée : après la petite étude que nous venons de terminé, ce ne serait que justice !
[12] Voyez AMIR-MOEZZI M.-A. (dir.), in Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, Paris, 2007, p. 291.
[13] AMIOT F., « La Bible apocryphe. Evangiles apocryphes », Fayard, 1952, Paris, p. 5.