Bonjour Ronronladouceur,
Je vous remercie encore de m’offrir l’opportunité de d’approfondir ces passages.
ronronladouceur a écrit : ↑09 janv.22, 05:52Stupéfaction, peut-être, où personne n’ose réagir!?
On parle aujourd’hui de sidération…
C’est à un point tel que cela tient du miracle.
Permettez-moi de relire une nouvelle fois l’Évangile autour de l’épisode de l’expulsion des marchands du Temple.
a )
Chez saint Matthieu, nous trouvons deux versets minimaux qui paraissent comme insérés artificiellement dans le récit de l’entrée triomphale. L’expulsion ne suscite absolument aucune réaction, ce sont les miracles et les acclamations qui agacent.
b )
Chez saint Marc, changement de chronologie, l’expulsion se déroule le lendemain et a lieu
après la malédiction du figuier.
Aux deux versets matthéens saint Marc ajoute une mention difficile à interpréter «
et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. » qui suggère que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ a jugulé toute contestation et maîtrise la situation pendant un bon moment.
Tout se passe comme si les marchands reconnaissent leur faute.
Et, immédiatement au plan littéraire, nous lisons une réaction vive des prêtres et scribes mais vise-t-elle précisément l'expulsion ou est-elle plus globale ?.
Cette chronologie singulière mérite l'attention :
Le premier jour, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ entre dans le Temple, S'y promène et regarde tout < καὶ περιβλεψάμενος πάντα > et manifestement sans S'indigner de la présence des marchands. Étaient-ils là ?
Le second jour, Il maudit le figuier puis expulse les marchands et fait régner l'ordre au moins un bon moment.
Le troisième jour le figuier est mort, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ le montre en exemple. Puis Il se promène dans le Temple : où sont passés les marchands ?
c ) Saint Luc est très concis, la chronologie est celle de saint Matthieu, on a la même impression d’insertion dans le cours du récit du premier jour à Jérusalem.
Mais saint Luc fait précéder l’expulsion des pleurs de tristesse prophétique de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ sur Jérusalem.
Absolument aucune réaction à l’expulsion.
d ) C’est saint Jean qui donne la plus grande ampleur à l’expulsion.
Quant à Son ministère, c’est Sa première entrée, elle n’est pas triomphale mais tout à fait spectaculaire.
L’expulsion est son premier acte officiel. C’est Sa façon de Se présenter aux Judéens !
Est-ce Son premier miracle à Jérusalem ?
Ce ne sont pas précisément les marchands qui râlent, ce sont des Judéens qui ne s’insurgent pas mais demandent sans grande agressivité : « Quel signe <σημειον> nous montres-tu, pour agir de la sorte ? »
La réponse est énigmatique, les Judéens répliquent mais mollement. L’évangéliste suggère que ce premier passage au Temple Lui a attiré des ralliements sans lendemain au motif de "signes" <σημειον> dont ne sait rien.
Par quoi ces gens sont-ils séduits ?
Des guérisons ou Son audace face aux marchands et aux vigiles ?
L’impression d’insertion artificielle chez les synoptiques est cohérente avec l’idée qu’ils ont manifestement choisi de réduire le ministère public de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ à une seule année. Bien que la plupart des exégètes préfèrent associer l’expulsion à l’entrée triomphale, la chronologie johannique a donc ma préférence ici.
ronronladouceur a écrit : En quoi tous ceux-là (?) sans distinction sont-ils qualifiés de ‘‘voleurs’?
J’ignore si tout le monde se sentait visé. Les marchands se sont peut-être regardés les uns les autres d’un air soupçonneux.
C’est une double citation :
Esaïe 56:7c …
Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples.
Jérémie 7:11a
Est-elle à vos yeux une caverne de voleurs ?
ronronladouceur a écrit : Et puis n’est-il pas d’usage de sacrifier des vies animales en rémission des péchés ?
Bien sûr.
À Pâque ce n’est pas pour remettre les péchés mais pour commémorer l’Exode.
Dans la pratique la plupart des pèlerins étaient forcés d’acheter l’agneau pascal.
Ce commerce est une bonne chose en soi mais je peine à comprendre pourquoi il était autorisé dans le Temple à cause notamment des déjections des animaux.
Et comme tout marché captif, il faut craindre des marges excessives et des rétrocessions importantes au profit du Temple.
ronronladouceur a écrit :Dans le même esprit, pourquoi Jésus ne répare-t-il pas le tort causé aux changeurs et vendeurs du Temple?
Quel tort ?
Est-ce que les forcer à changer de lieu leur fait perdre des clients ?
Et aux yeux de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ce sont eux qui sont en faute.
L’absence de réaction suggère qu’ils sont conscients de leur profanation.
Le fait qu'on ne les rencontre plus ultérieurement (même deux ans après) suggère
qu'ils ont peut-être déménagé définitivement.
Sinon comment expliquer que l’absolue passivité des synoptiques ou la modeste contestation johannique ?
ronronladouceur a écrit :En quoi les vendeurs de pigeons, par exemple, étaient-ils coupables?
C’est une activité profane qui n’a pas nécessairement sa place dans le Temple.
ronronladouceur a écrit :Autrement, cela aurait causé préjudice à son image...
Ne pas reconnaître ses erreurs juste pour préserver son image… vous dessinez les traits d’un homme politique ?
ronronladouceur a écrit :Le sens obvie n’est pas nécessairement accepté par tout un chacun, les perspectives étant différentes...
Bien sûr, mais pour contester le sens obvie, il faut des arguments sérieux.
Si ces arguments sont rationnels ou universitaires ou de type scientifique je peux discuter.
Si les arguments ne sont que spirituels ou religieux je n’ai aucune légitimité pour les contester.
Dans mes débats, je tâche (sans forcément y parvenir) de rester dans le domaine de l’objectivité : «
C’est écrit ou pas écrit, c’est bien traduit ou c’est mal traduit, c’est cohérent avec le reste ou c’est incohérent… etc »
Très cordialement
Votre sœur pauline