Bonjour Ronronladouceur,
Au sujet de :
Luc 16:17
Il est plus facile que le ciel et la terre passent, qu’il ne l’est qu’un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber.
ronronladouceur a écrit : ↑11 janv.22, 12:19
Que peut signifier ‘‘un seul trait de lettre de la loi’’, quand on sait que bien des traits de la loi sont relativisés : le sabbat pour l’homme (miracle le jour du sabbat, travail), le pur et l’impur, la controverse au sujet du jeûne, etc.
Le grec κεραια, au sens propre "
corne-pince-croissant…" désigne n’importe quel petite trace écrite, morceau de lettre ou signe diacritique…
Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ nous parle explicitement de la lettre de la Loi Écrite, d’où l’idée qu’Il S’oppose aux traditions orales des pharisiens.
Je m’attarde un peu sur le verset précédent, particulièrement difficile car très elliptique :
ο νομος και οι προφηται = La Torah et les Prophètes
μεχρι ιωαννου = jusqu’à Jean
απο τοτε = depuis lors
η βασιλεια του θεου ευαγγελιζεται = le Royaume de D.ieu est "évangélisé"
και πας εις αυτην βιαζεται = et chacun violente pour lui (le Royaume)
Perso, je l’interprète comme une condamnation de ceux qui violentent, contraignent ou soumettent au nom du Royaume.
Ce qui est contesté ici ce n’est pas la Torah mais la surinterprétation qui la dévoie.
Depuis au moins un demi-siècle, des tas de spécialistes universitaires s’évertuent à démontrer que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ était extrêmement fidèle à la Torah avec, par exemple, l’idée que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est un décisionnaire comme Hillel sans doute plus libéral que celui-ci sur la plupart des sujets sauf, notamment, sur le divorce et l’argent.
Et apparemment, comme vous l’écrivez pour ce décisionnaire galiléen «
l’humain est mis au centre »
Au sujet de :
Marc 2:27
Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat
Qumran et le Talmud révèlent notamment que la compréhension du Sabbat est à géométrie variable.
L’épisode des épis de blés me fait songer à l’homme qui ramasse du bois de Nombres 15:32-36, son vide juridique et l’horreur de la sanction. Cet épisode rappelle que la règle de Exode 31:14 laisse pas mal de place à l’interprétation.
Mais au-delà de la querelle des interprétations, il y a une revendication particulièrement audacieuse qui dépasse le domaine des décisionnaires :
Marc 2:28
Ainsi le Fils de l’homme est maître même du sabbat.
Comment peut-on dire ça ? Un décisionnaire Juif ne peut pas s’attribuer cette maîtrise.
Au sujet de :
Marc 7: 15 Il n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille.
<…>
19 Car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s’en va dans les lieux secrets, qui purifient tous les aliments.
<…>
23 Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme.
ronronladouceur a écrit :
En quoi ceci est-il lié à un quelconque accomplissement ?
Dans ce passage, la question ne porte pas du tout sur la Torah mais sur une prescription non biblique : le lavage des mains.
Un spécialiste juif du Talmud, Daniel Boyarin lui a consacré beaucoup d’encre pour prouver < ? > qu’il ne faut y voir aucune contestation de la Torah…
Selon moi, ce qui est ingéré est évacué (et même purifié dans les toilettes !!), l’évacuation garantit donc que la souillure ne peut pas être définitive ; en revanche ce qui est dans le cœur et
qui s’exprime souille véritablement parce que c’est plus difficile à évacuer.
À mes yeux, il y a donc un recadrage du pur et de l’impur de façon à englober les sentiments et les passions.
D'ailleurs ne parle-t-on pas d'
esprit impur ?
Enfin, je note que dans le Saint Évangile, aucun élément ne suggère que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ait pu consommer des éléments impurs ou qu’Il ait pu Se montrer désinvolte vis-à-vis des règles de pureté de la Torah.
ronronladouceur a écrit :Et le sens du vin nouveau dans de vieilles outres ?
Je ne crois pas qu’il faille y lire l’anticipation d’un "
Nouveau Testament" dont on ne trouve aucun indice dans le Saint Évangile.
Dès lors, il me paraît difficile de soutenir qu’Il souhaite opérer un remplacement de la Torah par Sa Loi.
Il propose un renouvellement.
Le vin est probablement symbole de l’esprit.
Selon moi, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ s’en prend à un vieil esprit qui dicte des surinterprétations de la Torah. Pour lui, il faut injecter un nouvel esprit…
Question subsidiaire :
Qui sont les outres ?
ronronladouceur a écrit :En quoi la nouvelle perspective vient-elle accomplir la loi?
Je ne peux qu’explorer des hypothèses.
Par exemple :
Si notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est convaincu que Sa lecture est la bonne il s’agit donc bien d’une remise en ordre pour parfaire la façon dont se vit la Torah.
Puisqu’il ne s’agit nullement de remplacer la Torah mais de parfaire sa compréhension n’est-ce pas une forme d’accomplissement ?
ronronladouceur a écrit :Encore là, le péché est relativisé,
Je n’en suis pas certaine.
Je dirais plutôt que
le péché est recentré.
Pour moi, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ s’oppose fermement aux prescriptions pharisaïques qui ne sont, à Ses yeux, que des applications pointilleuses de directives purement formelles : «
des préceptes qui sont des commandements d’hommes ».
Des péchés sont donc relativisés, mais cela ne signifie pas que LE péché soit relativisé.
Le manque de charité, l’amour de l’argent, la rancune, la concupiscence… «
les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. »
Et Il ne relativise pas la perspective de la sanction :
Matthieu 5:22
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère: Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira: Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne.
Enfin, n'oublions pas que la porte est étroite…
ronronladouceur a écrit :Pour que tout cela ait du sens, je ne vois que l’amour - de dieu et du prochain -, qui réponde à l’accomplissement... Jésus serait donc venu l’accomplir : amour pour son Père, autrui, les ennemis, les bourreaux... Tout est accompli, tout est réalisé...
Pourquoi pas ?
Néanmoins, on ne peut négliger que le Saint Évangile tourne autour d’un vrai drame : la crucifixion d’un rabbi galiléen qui n’a pas grand-chose à se reprocher.
De même, on ne peut négliger que beaucoup de paraboles et prophéties sont finalement dramatiques, avec des perspectives fort désagréables pour certains protagonistes.
Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis…
Il y a des pleurs et des grincements de dents dans les ténèbres extérieures…
Et puis, pourquoi cet
appel pressant à veiller si aucune mauvaise surprise n’est envisageable ?
Bien sûr, la veille ne signifie pas que la mauvaise surprise soit inévitable.
Toutefois, saint Jean-Baptiste est venu nous avertir : si l’on ne change pas, ça finira mal.
Est-ce que les propos de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ se démarquent vraiment de ce discours apocalyptique du prophète qui l’a précédé ?
ronronladouceur a écrit : Je ne vois pas le < présent du subjonctif >...
Il est caché dans "faire" :
Marc 11:28 καὶ ἔλεγον αὐτῷ· ἐν ποίᾳ ἐξουσίᾳ ταῦτα ποιεῖς; ἢ τίς σοι ἔδωκεν τὴν ἐξουσίαν ταύτην ἵνα ταῦτα
ποιῇς < présent du subjonctif >;
Au sujet de :
Marc 11:27
Ils se rendirent de nouveau à Jérusalem, et, pendant que Jésus se promenait dans le temple, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens, vinrent à lui,
ronronladouceur a écrit : De quelles choses est-il question? En Matthieu, on dit qu’il enseignait (?)...
En tout cas, rien n’évoque l’expulsion des marchands du temple. Cet épisode est passé comme une lettre à la poste.
ronronladouceur a écrit : Il semblerait que l’on ne retienne que l’essentiel sans qu’il faille accorder quelque importance aux détails...
Vous trouvez que c’est un détail ?
ronronladouceur a écrit :
On s’en tenait à l’essentiel pour l’accusation...
On peut facilement imaginer que les dés étaient pipés, les témoins bien choisis, achetés...
Le récit évoque la recherche difficile de chefs d’accusation et de témoins :
Matthieu 26:60 M
ais ils n’en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin, il en vint deux, qui dirent : (26-61) Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.
C’est très intéressant car ils parlent justement de ce qui s’est passé le jour de l’expulsion, mais faute de mieux ils mentent et oublient l’expulsion…
On cherche péniblement ce qui pourrait L’accuser, la seule chose qu’on trouve est un mensonge sur les propos qu’Il a tenu au sortir du Temple après avoir expulsé les marchands. C’était pourtant un chef d’accusation en or ! Si notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ a abusé de Sa force, pourquoi aucun des témoins n’en parle alors qu’ils travestissent Ses propos au sujet du Temple ?
Encore quelques détails techniques :
Si la chronologie de saint Jean est exacte, comme souvent, le nombre des disciples devait être négligeable vis-à-vis de la foule qui se pressait à Pessah que certains ont pu évaluer plus d’une centaine de milliers de pèlerins. Combien faut-il de glaives ?
Je m’interroge aussi sur la géographie des lieux.
Quand on observe les reconstitutions du plan du Temple d’Hérode, il y a une aire gigantesque qu’aucun groupe de disciples, aussi nombreux soient-il, ne peut espérer aussi bien contrôler "militairement" que le suggère saint Marc.
Hormis ce "parvis des gentils", on trouve de nombreux locaux de taille beaucoup plus modeste. Si l’expulsion a réussi, ce ne peut être que dans un de ceux-ci, lequel ? Les marchands avaient-ils le droit d’opérer dans tous ces lieux ?
ronronladouceur a écrit :Je dirais qu’on n’a pas besoin qu’ils nomment comme telle la réaction de colère pour comprendre qu’il s’agissait bel et bien de cela, c’est implicite...
Perso, même athée je n’ai jamais imaginé qu’il s’agisse d’un mouvement d’humeur.
Et notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ n’affirme-t-Il pas que l’expression de la colère est punie de la géhenne ?
Très cordialement
Votre sœur pauline