Brainstorm a écrit :Je n'ai pas dit le contraire. J'ai simplement dit qu'il avait des attributs que n'a pas le Fils, ni personne d'autres. Si pour toi cela donne une nature différente, cela veut dire que Dieu et son Fils sont d'une nature (mais très peu) différente.
Rien n'expliquerait la moindre différence de nature si le Fils de Dieu est réellement Fils de Dieu; car le Fils est de même nature que son Père, et c'est ce que désigne le terme "engendrer".
Nous sommes bien en mal de définir ce qu'est l'essence de Dieu, en effet; Dieu est grand et notre intelligence est faible. Connaître ce qu'est Dieu, par la lumière naturelle de notre raison, est un travail long et difficile. Cependant, ce qu'on entend par le mot "essence", on le sait très bien: c'est par quoi une chose est telle. Bien que nous ne connaissons pas bien l'essence de Dieu, nous savons ce que signifie "essence", même dans le cas de Dieu: et nous savons qu'en lui il n'y a rien de plus que son essence, puisqu'il n'y a en lui ni composition, ni potentialité, ni accidents.
À toutes fins pratiques les termes essence et nature désignent la même chose: c'est ce qui fait qu'une chose est telle. Or si Dieu est son essence, et que le Fils de Dieu est vraiment Fils, qu'il est vraiment engendré, qu'en lui subsiste la plénitude de la divinité, alors il est ce même et unique Dieu!
Arius était plus conséquent que vous quand il a vu qu'il fallait, pour maintenir que le Fils n'était pas Dieu, qu'il soit une créature, donc une nature différente de celle de Dieu; le seul être dont l'essence soit celle de Dieu, c'est Dieu, il ne peut y en avoir d'autre.
Brainstorm a écrit :Ton raisonnement sophiste ne marche pas, car il faudrait pour cela que le Fils engendre à son tour, puisque le Père engendre un Fils et que le Fils doit imiter le Père en tout.
C'est une difficultée bien connue, mais elle est résolue par le fait même de l'unité de nature. C'est en effet en raison de la nature divine que le Père engendre, et de cette même nature divine que le Fils est engendré; à l'un il appartient selon la nature divine d'engendrer, à l'autre d'être engendré. La nature divine ne se multiplie pas comme si un nouveau dieu était créé par le Père, on tomberait dans le polythéisme; mais elle est partagée sous des rapports différents par les personnes divines.
Tout est un en Dieu, là où il n'y a pas opposition de relation. Mais cette opposition de relation ne créé pas de composition réelle, puisque la relation est identique à l'essence même.
Brainstorm a écrit :L'Ecriture enseigne que ce qui différencie la nature humaine et la nature divine est :
- la perfection
- l'immatérialité
-l'immortalité.
Tous ces attributs, les anges, Jésus, Satan et les démons les ont.
Comment les démons, qui font le mal, sont-ils parfaits? Comment les anges, qui sont des créatures limitées, sont-ils parfaits? Il s'agit là de perfection relative, et non de perfection absolue comme chez Dieu. Un être qui accomplit parfaitement ce qui est conforme à sa nature, peut être dit parfait, mais pas comme Dieu est parfait: Dieu est parfait parce qu'il contient à leur degré suprême et absolu toutes les perfections; une créature peut être parfaite en tant qu'elle agit conformément à sa nature.
Quant à l'immortalité, le terme est insuffisant: Dieu est non seulement immortel, mais Éternel; et cela, aucune créature ne peut le revendiquer, étant créée, et ayant par conséquent un commencement. Dieu, lui, et c'est ce qui découle du fait qu'il a créé toutes choses, préexiste à toute chose, et n'a lui-même aucun commencement. Il est dit la même chose du Fils de Dieu: il a présidé à la création du monde, c'est par lui que toutes choses ont été faites. Le Fils de Dieu, contrairement à toute créature, n'a pas non plus de commencement; il était auprès de Dieu "au commencement", c'est-à-dire avant toute création.
Brainstorm a écrit :C'est exactement ce qui est dit dans Jean 17 : 20- 26, ou l'amour qui meut tous les fils de Dieu les pousse à s'imiter les uns les autres, à imiter surtout le Christ, qui lui imite Dieu, son Père.
Tu reprends là une difficulté classique:
Objection 11: En priant le Père pour ses disciples, le Fils parle ainsi : Je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un. Ainsi donc le Père et le Fils sont un de la manière dont le Fils voulait que ses disciples le soient. Il n'entendait pas, bien sûr, que ses disciples soient un par essence. Le Père et le Fils ne sont donc pas un par essence. D'où il résulte que le Fils est une créature et qu'il est soumis au Père.
Solution: Quand le Seigneur dit à son Père, à propos des disciples, Qu'ils soient un comme nous sommes un, cela prouve que le Père et le Fils sont un de la même manière dont il faut que les disciples soient un, c'est-à-dire par amour ; mais ce mode d'union n'exclut pas pour autant l'unité d'essence, il la démontre plutôt. Quand il est dit en effet que Le Père aime le Fils et qu'il a tout remis dans sa main, c'est l'existence dans le Fils de la plénitude de la divinité qui nous est montrée là, nous l'avons déjà dit.
Contra Gentiles, livre 4 question 8.
http://www.jesusmarie.com/thomas_d_aqui ... _1_10.html
et encore:
S. HIL. (de la Trin., 8) Les hérétiques font tous leurs efforts pour nous induire en erreur, en nous persuadant que ces paroles : « Mon Père et moi, ne sommes qu'un, » ne signifient pas l'unité parfaite de nature, et l'identité de substance divine dans le Père et le Fils, mais une simple union, qui résulte de leur amour mutuel et du parfait accord de leurs volontés ; et ils appuient leur opinion sur ce terme de comparaison pris par Nôtre-Seigneur lui-même : « Afin qu'ils soient tous un, comme nous sommes un nous-mêmes. » Mais malgré les efforts de l'impiété pour détourner le sens véritable de ces paroles, ce sens n'en reste pas moins le seul qu'on puisse admettre. — Si, en effet, les hommes, par la grâce de la régénération prennent, comme une nouvelle nature, qui leur communique une même vie, une même éternité, on ne peut plus dire qu'ils ne sont un que par la communauté des mêmes sentiments, puisqu'ils le sont par la communauté de la même nature régénérée. — Mais au Père et au Fils seuls il appartient d'être un, en vertu de leur nature ; parce qu'un Dieu qui naît d'un Dieu comme son Fils unique, ne peut exister qu'en recevant une seule et même nature de celui qui l'a engendré.
La Chaîne d'Or sur l'Évangile selon Saint Jean, Chapitre XVII verset 20-23
http://www.jesusmarie.com/thomas_d_aqui ... 15_21.html