Ase a écrit :Un certain traficotage des textes
c'est curieux cette idée qu'il aurait existé à une époque des textes "purs" de toute manipulation ?
Je ne suis pas trop spécialiste de l'histoire de la composition des textes de la Première Alliance, mais je m'y connais un peu mieux pour ce qui est des évangiles. Quand je vois à quel point un évangile comme celui de Jean a été le fruit d'écritures et réécritures, insertions, ajouts, par au moins trois, voire quatre sinon plus encore, "rédacteurs" successifs, chacun ajoutant sa couche supplémentaire, avec sa théologie différente, qui a évolué, et pas toujours en mieux, je ne comprends pas qu'on puisse imaginer qu'il en ait été autrement pour les autres textes de la Bible !
Ce processus, où des éléments "originels" sont ensuite repris par d'autres personnes à d'autres époques, qui marquent chacune à leur tour de leur empreinte ce qu'ils ont reçu, c'est la règle à peu près générale pour tous les livres dits "sacrés", et la Bible ne fait pas exception. Dans ces motivations des uns et des autres, certaines sont plus ou moins bien intentionnées, plus ou mois bien heureuses dans leur résultat, mais parler de "traficotage" spécialement à l'époque de Jérémie ? non, je ne crois pas, du moins pas plus ni moins qu'à d'autres époques.
Après, que ce verset 8, 8 parle spécifiquement de ça, on ne peut pas l'exclure. Mais c'est dommage de le restreindre à ce seul sens. Alors que de le comprendre dans le sens plus large que j'ai proposé n'exclut pas la dénonciation du "traficotage", mais l'englobe tout en allant beaucoup plus loin. Dans le fond, sur ce coup-là, Jérémie fait exactement ce que refera Jésus six siècles plus tard, il dénonce une forme d'idolâtrie. Non pas seulement l'idolâtrie du polythéisme donc, mais une idolâtrie tout aussi grave, celle qui consiste à vouloir s'approprier Dieu, l'enfermer dans des définitions d'où il n'aurait pas le droit de sortir.
Que ces définitions dans lesquelles on voudrait enfermer Dieu soient de plus "traficotées" aggrave évidemment l'imposture, mais dénoncer le seul traficotage sans dénoncer l'imposture elle-même, est-ce bien sérieux ? C'est l'histoire de l'arbre qui cache la forêt... Non ?