Cela m'amène à me poser une autre question :
Qu'est ce qui pousse les témoins de jéhovah à rester une fois qu'ils ont bien vu que ça clochait ?
On appelle cela de la dissonnance cognitive.
Le concept de la dissonance cognitive a été proposé par Leon Festinger en 1957. Cette théorie est sans doute une simplification d'un phénomène beaucoup plus complexe, mais elle permet de cerner bien des aspects autrement étranges du comportement humain et de leur donner du sens. De plus, elle est d'une grande utilité pour expliquer comment il se fait que nous puissions nous leurrer nous-mêmes, ce qui nous intéresse particulièrement ici. En termes simple, voici ce dont il s'agit.
Imaginez une situation où vous entretenez deux idées, croyances ou opinions incompatibles. Par exemple, vous êtes très attaché à l’opinion X mais, simultanément, vous constatez bien que X est faux en vertu de faits observables. Ou encore, imaginez une situation où vos convictions sont en contradiction avec votre comportement. Il en résulte, inévitablement, une tension un malaise. Selon la théorie de la dissonance cognitive, vous chercherez à faire disparaître ou à tout le moins à minimiser cette tension, de la manière la plus simple et la plus efficace possible.
Cela peut se faire de diverses manières. Par exemple, si nous jugeons un de nos comportements immoral ou stupide, nous pourrions changer de point de vue de manière à le trouver juste et sensé. Placées devant une nouvelle donnée, deux personnes adhérant à deux croyances opposées tendront chacune à y voir ce qui confirme sa propre position et à ignorer ce qui l’infirme. Notre capacité à inventer des raisons justifiant nos comportements autrement inacceptables à nos propres yeux joue un rôle de premier plan dans la dissonance cognitive. Celui qui se perçoit comme doux et humain trouvera à sa victime des défauts pour justifier la violence qu’il a utilisée à son encontre.
On l’aura compris : certains comportements autrement incompréhensibles peuvent être mis sous un éclairage fort instructif à l’aide de ces idées. Attardons-nous à un exemple célèbre, tiré justement d’un ouvrage de Festinger (When prophecy fails – 1956).
Au début des années 1950, une dame d’un certain âge, mademoiselle Keech, affirma recevoir des messages d’extraterrestres de la planète Clarion. Un jour, un de ces messages l’informa que le 21 décembre de cette année-là, la Terre serait détruite par un déluge effroyable, mais qu’un escadron de soucoupes volantes viendrait la sauver, ainsi que toutes les personnes qui seraient proches d’elle à ce moment.
Un groupe de fidèles s’attacha à la dame et attendirent la fin du monde en sa compagnie, en menant désormais une existence conforme à leur croyance : ils renoncèrent à tous leurs biens, quittèrent leurs emplois, se coupèrent de leurs amis et connaissances et ainsi de suite. Parmi ces disciples, se trouvaient également, incognito, des psychologues, qui souhaitaient observer le comportement des membres du groupe, en particulier le 22 décembre. Ces psychologues notèrent que les membres du groupe étaient inoffensifs, doux, qu’ils refusaient toute publicité et toute entrevue dans les médias, ne faisant aucun prosélytisme, vivant sereinement dans l’ombre selon leurs convictions.
Le 20 décembre, la dame en question reçut nouveau message des habitants de Clarion, qu’elle transmit à ses adeptes : la fin approchait, ils devaient se tenir prêts, on viendrait les chercher à minuit précisément. En outre, ils ne devaient porter aucun métal sur eux. On retira donc boutons et fermetures éclair de tous les vêtements.
Minuit vient et passa. Durant les heures qui suivirent, le désespoir et le désarroi du groupe était palpables. Mais à 4h45, mademoiselle Keech reçut des « Clarioniens » que leur action et leur foi avaient sauvé le monde d’une calamité. En conséquence, leur transfert par soucoupe volante n’était plus nécessaire. Le groupe ne se tint plus de joie.
Ce qui se passa après cette nuit-là n’étonne que si on oublie le concept de dissonance cognitive.
Le groupe jusque-là discret se lança dans d’innombrables et passionnées campagnes pour faire connaître et défendre leurs idées. Son prosélytisme était sans bornes. Les membres du groupe contactaient les médias, donnaient des conférences, prononçaient des discours dans la rue. Leur foi en mademoiselle Keech s’était trouvée renforcée par ce qui s’était passé.
Source : "petit cours d'autodéfense intellectuelle" - Normand Baillargeon - pages 203 - 205
Pour le témoins de jéhovah qui a prédit 36 fois la fin du monde c'est pareil.
Après coup il trouve toujours une raison et dit que la lumière spirituelle va grandissant. Alors qu'il passe son temps à se vautrer littérallement ...
