Il y tient à sa "preuve morale",
Wooden Ali a écrit :Jusqu'à preuve du contraire, ChristianK, une preuve est un fait objectif du monde naturel, relié ou non par des inférences logiques à d'autres faits qui soutient la validité d'un modèle, d'une hypothèse ou d'une théorie.
Parler de preuve morale est une usurpation et une dénaturation complète de son sens. Il n'y a pas de preuve autre que celle définie ci-dessus.
!
La notion de preuve morale fait partie intégrante de la status questionis; on y revient sans cesse en théologie naturelle, aussi bien du coté athée:
Elle peut recouvrir 2 sens proches;
-quand elle implique la morale dans sa normativité: eg. Dieu comme postulat de la raison pure pratique chez Kant (Kant prouve la nécessité de ce postulat dans son systèeme de moralité), Dieu parfait – "moralement" - comme incompatible avec le mal dans le monde (preuve avancée par l'athéisme, que Leibniz a beaucoup traitée), Dieu comme nécessaire au fondement de l'obligation morale (législateur)
-quand elle implique simplement les mœurs, i.e. les actes libres. Tous les arguments d'autorité, .i.e. les témoignages en droit (preuve juridique), en histoire (documents). C'est effectiment par une preuve morale que nous prouvons que César a existé (la crédibilité des témoins, qu'on croit sur parole, avec corroboration si possible). Tous les arguments d'autorité de la vie courante sont en ce cas, même en science quand nous croyons les manuels de physique sans faire nous mêmes les expériences de labo.
http://www.epistheo.com/la-preuve-moral ... iminaires/
http://journals.cambridge.org/action/di ... id=3376292
(ce dernier titre réfère à Kant et on peut dire que le postulat kantien est une forme de preuve bien que différente des preuves morales habituelles. De toute facon la notion de preuve morale est absolument classique, même du coté de l’athéisme et fait donc partie de la status questionis)
Cela recoupe des 3 principaux types de certitudes:
-métaphysique (pas de cercle carré)
-physique , obtenue généralement par induction (l'eau bout à 100 et ca va continuer demain)
-morale (César est mort en –44)
« Suivant les objets auxquels elle se rapporte, la certitude a reçu différents noms. La certitude psychologique est celle qui s'attache aux notions ayant pour objet notre propre existence; c'est l'adhésionaux affirmations de la conscience ou sens intime. La certitude physique est celle qui s'attache aux notions résultant de la perception externe à la suite de l'impression des objets extérieurs sur les organes de nos sens. La certitude rationnelle ou métaphysique s'attache aux jugements que nous portons sur les vérités nécessaires, et se produit par des affirmations dont le contraire implique une contradiction. La certitude morale est fondée sur l'induction et sur le témoignage des humains. ”
http://www.cosmovisions.com/certitude.htm
Les mots étant conventionnels on aurait le droit de nier que la notion de preuve morale ou juridique soit un bon usage du mot preuve et on pourrait, par exemple, le remplacer par le mot fondement ou justification ou autre chose. Mais pourquoi ajouter cette confusion? Il est bien mieux de conserver la notion de preuve morale tant que la necessité n'impose pas de changement, pour des raisons de clarté.
Quant à l'idée scientiste positiviste qui réduit la preuve à la preuve de labo, excluant le droit, la morale et la philo (y compris l'épistémologie et la philo des sciences) , elle pose d'immenses problèmes de cohérence, car cette idée n'est pas elle-même le résultat de recherche de labo, c'est une position philosophique, elle souffre donc exactment de la même faiblesse que les positions "sans preuve" qu'elle prétend critiquer; c'est comme une philo des sciences ou une épistémologie qui dirait que ces disciplines ne manient jamais de preuve…. Problème insurmontable…
J'ajoute un corollaire: l'argument scientiste entraine des conséquences très bizarres, qui rappelle celles de l'argument: On ne voit pas Dieu donc il n'existe pas. En effet , bien au contraire, c'est si on voyait Dieu qu'il n'existerait pas, car alors il serait un objet matériel! Ce qu'il ne peut pas être. C'est seulement si on ne le voit pas qu'il existe ou peut exister. Pour revenir au labo, c'est la même chose, un Dieu qui serait prouvé directement en labo serait un Dieu empirique, donc phénomène accessible à la connaisance sensible, il ne pourrait pas être transcendant à la nature, on aurait au gros max un panthéisme ou un dieu matériel. La conclusion est une anomalie logique absurde, ce qui montre que l'argument ne tient pas: si le labo prouve Dieu alors ca prouve son inexistence, et si le labo ne prouve pas dieu alors ca prouve aussi son inexistence…
De toute facon, quelque soit le type de preuves, la question des fondements (si on décide d'éviter le mot preuve) rationnels de l'existence de Dieu ou de son inexistence demeurent inchangée.
Pour revenir au problème de la définition de Dieu (on a dit : « dieu existe n'est une proposition que si dieu est parfaitement défini. Faute de quoi, l'énoncé n'a aucune valeur de vérité. C'est une pseudo-proposition »), il faut noter que la tradition existentielle , en particulier russe (dostoievski, Berdiaev et quelques autres), sans doute sous influence théologique (et donc mystique) orientale, moins rationaliste que l'occident, ne facillite pas les choses. Elle tend en effet à insister beaucoup sur l'incommensurabilité divine, l'incompréhensibilité etc. et cela passe dans la philo existentielle occidentale. A Mon avis ca ne change rien au problème du fardeau car pour éviter le silence et nier l'existence divine l'athéisme est obligé , autant que le théisme, d'avoir une notion de Dieu. Et c'est exactement ce qui arrive chez Sartre et tous les autres sauf les positivistes logiques.
Mais pour clarifier, j'avais oublié une distinction philosophique entre l'intelligible et le compréhensible, qui ne sont pas la même chose. Définir l'homme comme animal doué de raison est à la fois compréhensible et intelligible, mais Dieu est seulement intelligible, pas compréhensible, en raison de sa transcendance, infinité, etc. Il est impossible de "connaître" Dieu de la même facon que les étants intramondains. Pour prendre une analogie boiteuse: on pourrait dire que l'infini mathématique est seulement intelligible mais non compréhensible, comme l'est le chiffre 5.
Voilà qui explique un fait évident: aussi bien les athées sartriens que les disciples des théistes Leibniz ou Kant se comprennent quand ils traitent de leurs arguments. Il serait impôssible qu'kil en soit ainsi s'ils discutaient d'un son sans signification tel que "lilala".