tguiot a écrit :
Rhétorique, mais bon... On est quand même d'accord pour dire que Dieu "n'existe" pas. Même si ça n'a pas les mêmes conséquences pour moi que pour toi.
Quant à pauline, qu'en dis-tu?
Bonjour,
Je ne suis pas théologienne, aussi j'implore l'indulgence des lecteurs pour ce fatras mal digéré qui risque de faire bondir les plus érudits.
Ce qui est, à mes yeux, curieux c'est la diversité des approches pour aboutir au même résultat.
Notre frère Hamza décrit bien la situation sémantique.
Vis à vis de D-ieu, béni soit-Il, quel vocabulaire est adéquat ?
Exister, avec son préfixe... pas très heureux.
La métaphysique qui repose sur les mêmes piliers que la physique d'Aristote distingue l'existence, le fait d'exister, et l'essence, le fait d'être.
Mais, pour les non-matérialistes, il y a en plus l'idée platonicienne sousjacente qu'exister c'est se matérialiser, c'est composer avec les principes grossiers de la matière, c'est descendre un degré, s'éloigner de la source, peut-être déchoir. Exister c'est "être dans le monde mais en condescendant à la manifestation" c'est à dire en perdant de sa pureté, de son authenticité... De même que le plan d'un palais est parfait mais que la construction, elle, ne peut pas être parfaite.
L'essence est voisine des idées platoniciennes, l'existence est voisine des ombres qui se dessinent sur la paroi de la caverne.
Là encore "exister" ne convient pas très bien pour parler de D-ieu, qu'Il soit béni !
Puis, une autre question logique cette fois pèse sur le verbe exister pour parler de la Cause Première :
Un existant peut-il être la cause de l'existence ?
La caractéristique de la cause de l'existence est d'être en amont de l'existence et donc de ne pas exister en tant que cause de l'existence.
Côté religion...
La Chahada nous rappelle qu'il n'EST pas d'autre D-ieu que D-ieu.
Le D-ieu, béni soit-il, de la Bible dit "Je suis"...
Le verbe "être" semble celui retenu par les Révélations monothéistes.
Notons que les langues sémitiques omettent souvent ce verbe "être" là où l'on peut aisément s'en passer
Mais les mystiques ont forcé certains théologiens à aller plus loin.
En affirmant non seulement qu'ils ressentent la Présence invisible et impalpable de D-ieu, béni soit-Il, mais de surcroît que, de façon fugitive, ils communient avec Lui, qu'ils font l'expérience de la Lumière incrée, qu'ils participent à la "nature" divine, qu'ils s'anéantissent en D-ieu...
Les mystiques ont suggéré aux théologiens comme Maître Eckhart ou saint Grégoire Palamas que le verbe "être" relève lui aussi de l'ordre de la manifestation, même si c'est à un degré plus subtil...
Pour simplifier si vous faites confiance à quelqu'un comme Moïse quand il affirme avoir connu une confrontation physique, concrète avec D-ieu, béni soit-Il, alors ou bien Moïse est dans l'illusion (éventuellement inspirée par D-ieu, béni soit-Il) ou bien il faut revisiter la notion d'essence quand elle s'applique à D-ieu, béni soit-Il.
Ainsi au gré de controverses sévères autour de la démarche mystique, Maître Eckhart a proposé en Occident que le Néant traduise pour nous ce qu'est réellement D-ieu, béni soit-Il.
Ce qui ne lui pas valu que des amis...
Tandis que saint Grégoire Palamas proposait que la transcendance de D-ieu s'étende à Son essence.
On parlera alors de Suressence de D-ieu, béni soit-Il, et on jette aux orties l'essence et l'existence de D-ieu, béni soit-Il,.
Il y a donc tout un jeu sémantique et logique que les théologiens, métaphysiciens et autres ont mené abstaitement.
Et très concrètement l'apport des mystiques dont l'expérience personnelle fragilise les belles constructions naïves des théologiens, métaphysiciens susnommés.
À croire que le D-ieu des penseurs n'existe vraiment pas du tout.
Quel que soit le choix sémantique....