h a écrit :Les arguments en faveur de la présence du tétragramme dans les manuscrits originaux du NT sont trop faibles et si peu nombreuses que j'estime (comme la quasi totalité des experts) que cette théorie ne repose sur aucun fondement sérieux. Donc ma position est claire, elle repose avant tout sur l'analyse rhétorique du NT.
Votre réponse va illustrer la raison pour laquelle je ne vous réponds plus souvent.
Déjà, nous ne parlons pas d'arguments, mais de preuves.
Lire, dans des ouvrages juifs de la fin du 1er siècle, que des rabbins hyper reconnus et respectés, indiquaient une procédure pour détruire les exemplaires des évangiles qui contenaient le tétragramme YHWH, en prenant bien soin de les découper avant de brûler ces ouvrages, c'est bien plus qu'un argument.
Voici ce que cela implique :
Pour que des docteurs de la Loi, hyper respectés, produisent une sorte de malédiction contre les livres des "minim", nom donnés aux chrétiens par les juifs, et pour que cette décision soit divulguée à l'échelle du monde juif, il fallait que le problème vaille la peine de s'y intéresser.
Si nous avions eu un texte chrétien écrit par un original, perdu au fin fond de l'Egypte, les rabbins n'auraient évidemment pas perdu leur temps à établir une malédiction..
Il existe, comme pour toute loi, religieuse ou non, un seuil à partir duquel elle est utile et nécessaire. Une loi établie et acceptée dans le monde juif avait donc toujours une motivation suffisamment grave pour la justifier. Il faut donc admettre que des copies des évangiles contenant le tétragramme étaient suffisamment nombreuses pour justifier que les rabbins de l'époque, fin du 1er siècle, promulguent une loi pour les juifs du monde entier.
Ensuite, Homère, vous arguez sans preuve que tous les experts sont de votre avis. Vous aimez jouer de cet arguments d'autorité. Mais à force de vous montrer que vous vous avancez sans preuve, cela met le doute sur votre sincérité.
Si vous êtes un connaisseur, vous savez la valeur de la
Revue de l'histoire des religions.
Elle nous cite ci-dessous plus d'une dizaine d'experts qui tous reconnaissent une chose : les juifs ont émis une loi contre les ouvrages des chrétiens du 1er siècle avec une procédure pour en retirer les tétragrammes qui s'y trouvaient.
Le nom ineffable dans les évangiles.
Nous allons donc maintenant nous intéresser à un article de la célèbre
Revue de l'histoire des religions
- La Revue de l’histoire des religions est une publication trimestrielle fondée en 1879, dont la rédaction est établie au Collège de France. Son champ d’étude concerne toutes les formes du domaine religieux, des origines à nos jours. La revue est lancée en automne 1879 par l'industriel lyonnais Émile Guimet. Le premier numéro paraît en 1880, à Paris, chez l'éditeur Ernest Leroux.
En 1988, les responsables de cette publication mettent en place pour la première fois un conseil de rédaction composé de Jean Bazin, Nicole Loraux, Charles Malamoud et Maurice Olender, sous la direction d'Antoine Guillaumont et de Charles Amiel.
La Revue publie régulièrement des numéros dédiés à un thème, avec un coordinateur particulier, par exemple en 1988 un numéro coordonné par Marcel Detienne sur la question : « Qu'est-ce qu'un dieu ? ».
Depuis 2005, les numéros sont accessibles en texte intégral trois ans après la sortie de la version papier. La revue est hébergée par le portail de revues scientifiques OpenEdition Journals.
Voici la source de cette explication: la Tosefta Sabbath XIII, 5, un texte du II siècle ou de la fin du 1er siècle.
- [En cas d’incendie]4, on ne sauve pas les guilyonim et les livres des Minim, ils brûlent sur place avec les mentions [du Nom de Dieu qu’ils renferment]. R. Yossi le Galiléen5 dit : « Les jours de semaine, on se met à lire6 les mentions [du Nom de Dieu], et on les met à l’abri, tandis qu’on brûle le reste ». R. Tarfon déclare : « Que je sois privé de mes enfants [plutôt que de manquer], si [ces livres] tombaient dans mes mains de les brûler, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qu’ils renferment], car si l’on me poursuit, j’entrerai7 dans un lieu d’idolâtrie mais je n’entrerai pas8 dans leurs maisons, car les idolâtres (serviteurs de dieux étrangers) ne Le connaissent pas et Le renient alors qu’eux Le connaissent et Le renient ». Et c’est pour eux que le verset dit : « Derrière la porte et les linteaux, tu as installé ton mémorial » (Is 57, 8). R. Ismaël dit : « Puisque pour faire la paix entre un homme et sa femme, Dieu dit : Que mon Nom9 écrit dans la sainteté soit effacé avec de l’eau ; les livres des Minim qui entraînent l’inimitié, la jalousie et les dissensions entre le peuple juif et son Père qui est aux cieux, à plus forte raison pourra-t-on les briser10, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qui s’y trouvent] ». Et c’est pour eux que le verset dit : « Certainement, je hais ceux qui te haïssent, et ceux qui se dressent contre toi, je les déteste. Je les hais infiniment, je les considère comme des ennemis » (Ps 139, 21-22). Et de même qu’on ne les sauve pas d’un incendie, on ne les sauve pas non plus d’un éboulement, d’une inondation et de tout ce qui pourrait les perdre.
Nous apprenons, à travers ce texte du II siècle, qu'une procédure particulière était décidée par les sages du Talmud, les maîtres spirituels du monde juif de l'époque, concernant le traitement à réserver à des parchemins, nommés guilyonim et à des livres attribués aux Minim.
Le cas des incendies est mentionné et on décide de laisser brûler entièrement ces ouvrages, mais par contre, en dehors des sabbats, on prend grand soin de découper les parties des ouvrages qui contiennent le nom ineffable de Dieu, que l'on mettra de côté avec grand respect, pour ensuite brûler le reste des ouvrages ainsi expurgés du nom de Dieu.
La grande question qui s'est posée depuis la découverte de ces textes du Talmud, a été de savoir ce qui se cachait derrière les mots guilyonim et Minim.
La "Revue de l'histoire des religions" a investiguée sur cette énigme et ses conclusions sont remarquables.
D'abord, de façon assez évidente, il apparaît que les guilyonim et les Minim étaient des ouvrages ou des écrits considérés négativement par les "sages du Talmud" au point où des instructions pour les brûler étaient prévues très sérieusement.
Vous imaginez bien que l'intérêt que nous portons à ces documents réside dans le fait qu'il contenait le nom ineffable de Dieu, YHWH.
Je vous renvoie à ce lien :
https://journals.openedition.org/rhr/7544
Vous pourrez également lire celui-ci :
https://aderaba.fr/quandletalmudciteles ... ntroverse/
La conclusion de ces 2 références est que ce texte du II siècle concernait la destruction d'un évangile en hébreu, probablement celui de Matthieu et surtout que cet évangile contenait le nom de Dieu, YHWH.
Je résume ici l'article de la Revue historique des religions ayant pour titre : Les Sages du Talmud et l’Évangile selon Matthieu.
https://journals.openedition.org/rhr/7544
Les Sages du Talmud, des docteurs de la Loi juive, certainement à l’initiative de Gamaliel II de Yabneh, ont exclu les groupes judéo-chrétiens de la Synagogue à la fin du 1er siècle.
Cette démarche s'est manifestée par une malédiction liturgique du nom de Birkat ha-minim couramment traduite par « bénédiction des hétérodoxes (ou des hérétiques) ».
La question de la Birkat ha-minim a été l’objet de nombreux travaux tendant à explorer sa formulation, son objet, ses destinataires ou encore sa percée historique. Ce dossier permet de comprendre sous de nouveaux éclairages les relations entre les Sages du Talmud, et particulièrement les tannaïm et les adeptes juifs du mouvement de Jésus.
La présente étude a comme objectif d’essayer de donner des éléments de réponse à plusieurs questions :
- Dans quelle mesure les Sages du Talmud, à une époque aussi reculée que le IIe siècle avaient ils connaissance de textes se rapportant aux Évangiles ?
Quelles étaient, dans le monde chrétien, la nature et la constitution des 4 Évangiles à cette même époque ?
Est-il possible de déceler des mentions scripturaires propres à la littérature du NT dans le corpus talmudique ?
Voici un texte talmudique de la fin du 1er siècle. Tosefta Sabbath XIII, 5
- [En cas d’incendie], on ne sauve pas les guilyonim et les livres des Minim, ils brûlent sur place avec les mentions [du Nom de Dieu qu’ils renferment]. R. Yossi le Galiléen dit : « Les jours de semaine, on se met à lire les mentions [du Nom de Dieu], et on les met à l’abri, tandis qu’on brûle le reste ».
R. Tarfon déclare : « Que je sois privé de mes enfants [plutôt que de manquer], si [ces livres] tombaient dans mes mains de les brûler, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qu’ils renferment], (...)
R. Ismaël dit : « Puisque pour faire la paix entre un homme et sa femme, Dieu dit : Que mon Nom écrit dans la sainteté soit effacé avec de l’eau ; les livres des Minim qui entraînent l’inimitié, la jalousie et les dissensions entre le peuple juif et son Père qui est aux cieux, à plus forte raison pourra-t-on les briser, eux, et les mentions [du Nom de Dieu qui s’y trouvent] ».
Nous y apprenons l'existence de livres, les
guilyonim et
les livres des Minim, qui contenaient le nom de Dieu, YHWH. Ces livres devaient être détruits par le feu avec un protocole à respecter : en effet, en dehors du Sabbat, les jours de la semaine, il fallait respectueusement découper les mentions au nom de Dieu pour ensuite brûler le reste des livres totalement.
Nous savons donc que ces livres, détestés par les juifs, comportaient le nom de Dieu, ce qui implique qu'ils étaient écrits en hébreu.
Que sont les
guilyonim?
Ce terme a fait l’objet d’importantes études depuis le XIXeme siècle.
Parmi les critiques s’étant intéressés à son analyse, nombreux sont ceux qui proposent d’y voir la corrélation guilyonim/Évangile.
C’est par exemple le cas avec J.
H. Schorr, J. M. Jost, J. Derenbourg, A. H. Goldfahn, H. Graetz, L. Goldschmidt et B. W. Helfgott.
Selon L. Blau, le terme « guilyonim » fait référence aux Évangiles sans être porteur d’une quelconque connotation péjorative.
C. C. Torrey admet également la relation guilyonim/Évangiles en considérant que seule une étude philologique et sémantique peut permettre de clarifier l’origine de ce cryptogramme.
G. F. Moore met en évidence le sens originel du terme « guilyonim » (...) Ainsi, la démarche aurait été de mettre sur un même pied d’égalité les blancs des rouleaux de parchemin et le caractère vide des Évangiles. Il s’agirait ainsi d’un véritable glissement sémantique qui aurait été réalisé par les Sages afin d’insister sur l’aspect futile de l’Évangile. En outre, selon G. F. Moore, les amoraïm de la Baraïta de Sabbath 116a (...) connaissaient son sens initial de « marges » ou « espaces blancs » et l’auraient affilié aux Évangiles pour faire ressortir le fait que les « Évangiles ne sont rien de plus qu’un espace blanc »
S. Lieberman estime au contraire que le sens de « guilyonim » était connu des amoraïm de la Baraïta de Sabbath 116a. Il fonde son propos en proposant une lecture différente du passage talmudique qui serait non pas גיליונים וסיפרי מינים (guilyonim vesifre minim) mais (guilyonim shel sifre minim) סיפרי מינים גיליונים של c’est-à-dire « les guilyonim des livres des Minim » à la place des « guilyonim et les livres des Minim ». Cette lecture l’amène à penser que « guilyonim » se réfère aux Évangiles joints à la Torah.
Nous avons ici l'avis de 11 experts du Talmud et de son histoire, et tout en ne voulant pas trancher parmi toutes les hypothèses qu'ils développent, force est de reconnaître que tous associent les instructions du Tosefta Sabbath XIII, 5, à un évangile chrétien..
Seulement, cette constatation est lourde de sens concernant les chrétiens. Pour qu'un écrit talmudique soit promulgué à la fin de 1er siècle avec pour instruction de brûler les évangiles chrétiens après en avoir découpé le nom de Dieu, YHWH, c'est que non seulement ces évangiles comportaient le nom de Dieu, mais aussi que le phénomène n'était pas unique et anecdotique. En effet, on ne promulguait pas une instruction talmudique pour un ou deux exemplaires, ce devait être, à ce moment là, assez courant.
La suite et la fin de cet article de la
Revue historique des religions va utiliser un autre extrait talmudique faisant référence aux chrétiens pour essayer de comprendre l'emploi du mot hébreu guilyonim pour faire référence à l'évangile..
Il en résultera une solution intéressante concernant un jeu de mot volontaire des sages du Talmud entre le grec et l'hébreu.
- Ce critique (Bacher) considère que R. Meïr et R. Yohanan s’emploient à la méthode du "notaricon", ce qui consisterait à rendre le vocable grec εύαγγέλιον (euaggelion), signifiant évangile, par deux termes hébraïques. Il ne fait aucun doute selon W. Bacher que les propos de ces deux Sages se rapportent aux guilyonim (...). Ainsi, guil(a)yon signifierait « Évangile » tandis que guilyonim « serait les exemplaires de ce livre »
Tout cela n'est pourtant possible que si l'évangile en question était rédigé en hébreu car les sages du Talmud ne s'intéressaient qu'à ces textes là. Je suis persuadé, homère, que vous n'allez même pas lire cette explication. Si c'est le cas, signalez le !
Vous avez noté le nombre d'experts qui valident le fait que les manuscrits en question sont bien ceux écrits par les chrétiens, les évangiles.
Ainsi, mon cher Homère, votre argument d'autorité fait très clairement pschitttt !!!!
homère a écrit :La quantité de manuscrits est faux débat, nous ne savons combien de manuscrits circulaient au 1er siècle, donc votre estimation est hypothétique, de plus quelque soit le nombre de manuscrits, aucune hérésie une telle ampleur ne peux se produire sans laisser aucune trace.
Je viens de vous la donner la réponse puisque la réaction du monde juif concernant les tétragrammes dans les évangiles, est une magnifique trace. Votre argument se retourne donc contre vous.
Vous avez raison quand vous dites que vous ne savez pas le nombre de manuscrits chrétiens circulants au 1er siècle. Seulement, par cette réponse, vous décapitez votre démonstration vous même puisque, si vous ne savez pas, vous ne pouvez pas dire qu'il y en avait trop pour qu'on n'en retrouve pas au moins un seul.
Je note pour ma part que Jésus meurt en 33, que le christianisme commence son expansion lorsque Paul débute ses voyages missionnaires, qu'il meurt avant 70 à Rome, que les lettres qu'il y écrit ne concernent que quelques assemblées seulement, qui se comptent sur les doigts de la main ou presque, ce qui n'indique pas une expansion extraordinaire à 6 chiffres.
A la fin du 1er siècle, en y ajoutant les persécutions, le nombre des chrétiens ne pouvait pas être important. Quelques dizaines de milliers, peut-être, mais certainement pas des centaines de milliers. Et ainsi, le nombre de copies du NT devait être en rapport avec cette réalité, sachant que probablement, seules les assemblées possédaient une copie, à de rares exceptions près.
Donc, suffisamment de copies pour alerter les juifs et les décider à promulguer une loi de destruction, mais pas assez pour que face à l'usure naturelle de ces copies et leurs destructions par les juifs, il en reste des traces aujourd'hui.