Je reviendrais par petites touches et progressivement sur vos explications dans lesquelles je ne vois rien, à première lecture, qui ne vienne poser un soucis à mes croyances.
Un point que vous semblez ne pas avoir compris, ce qui m'étonne de vous . (je n'emploierai pas le mot décevoir comme vous)
- Je n'ai jamais écrit que Irénée était TJ , où avez vous lu celà ? Si déjà vous n'arrivez pas à comprendre ce que j'écris, comment pouvez vous prétendre comprendre d'autres textes plus anciens ?
Par contre j'ai dit que Irénée donnait au mot "théos" un sens différent de celui que l'Eglise catholique actuelle lui donne.
Je vous montre, en attendant, les points qui ressemblent beaucoup plus aux croyances TJ qu'aux croyances catholiques.
- Or nous avons montré dans le troisième livre que nul autre n'est appelé Dieu par les apôtres parlant en leur propre nom, hormis le vrai Dieu, le Père de notre Seigneur.
Si donc les apôtres ne l'ont pas fait, les tj non plus !
Vous donnez une interprétation à cette constatation d'Irénée. Mais cela reste une interprétation visant à expliquer une différence entre votre pratique actuelle et celle des apôtres. Partant de là, elle n'engage que vous .
Les TJ se contentent de faire la même chose que les apôtres !!
Vous saisissez la nuance ?
Vous me citez R. Nahman. Mais hors mis le respect naturel que je porte à tout humain, je n'ai que faire de son avis. J'ai simplement lu ceci d'Irénée :
- quand nous disons que le Logos, le premier-né de Dieu, a été engendré sans union charnelle, qu'après avoir été crucifié, mort et ressuscité, il est monté au ciel, nous n'annonçons rien d'inoui par rapport aux êtres que vous appelez fils de Dieu
Ce qui est mis en comparaison avec la croyance à laquelle Irénée fait allusion concernant les fils de Dieu , ce n'est pas que Jésus soit fils de Dieu, mais qu'il soit comme eux..
Mettons la phrase dans un autre ordre sans modifier l'idée.
" Vous, vous croyez sans difficultés qu'il y a des fils de Dieu, puisque vous les appelez ainsi, et bien ce que nous disons de Jésus, son parcours, et son retour au ciel entre aussi dans cette définition et ne devrait pas vous choquer "
Il y a un monde entre dire cela et affirmer que Jésus est le Dieu, au sens absolu.
Donc, une nouvelle fois, un TJ aurait pu écrire ce qu'Irénée a écrit.
Une autre citation.
- Jésus-Christ seul a été engendré comme Fils de Dieu, au sens propre du terme, lui qui est son Logos, son premier-né, sa puissance ; devenu homme par sa volonté, il nous a donné cet enseignement pour la transformation et le renouvellement du genre humain9. 9 Apologie, I, 23, 2 (Munier 2006, 193).
Les mots ont un sens,
Par exemple, le mot "devenir" implique une transformation, on ne devient un homme qu'à la condition de ne pas l'avoir été auparavant. Une chenille devient un papillon, mais la papillon n'est plus un chenille.
Or, notez l'ordre des idées développées par Irénée. Seul Jésus a été engendré comme fils de Dieu, au sens propre du terme, et ensuite seulement il est devenu homme.
Irénée ne parle pas ici, en utilisant le mot "engendrer", du passage de la vie de Jésus dans une forme humaine, puisqu'il le fait ensuite (par l'expression "devenu homme"), mais bien du commencement de sa vie.
Le mot "premier-né" prend donc ici toute sa valeur puisque Irénée nous explique sans ambiguïté que Jésus est , au sens propre du terme, précise t'il, coupant toute interprétation au second degré, le premier de ses fils à avoir pris vie faisant de lui un être unique, non pas parce qu'il serait fils, mais qu'il serait le premier..
Vous pourriez trouver cette explication dans un ouvrage TJ aussi .
Nous retrouvons cette idée dans la citation suivante.
- La première puissance, après Dieu le père et le maître de l’univers, c’est le Logos, qui est aussi son Fils ; de quelle manière, fait chair, il est devenu homme, nous le dirons dans la suite10. 10 Apologie, I, 32, 10 (Munier 2006, 17).
Première puissance après Dieu, lequel est défini comme le maître de l'Univers, ce que Jésus n'est donc pas.
Tout à fait ce que les TJ professent.
Une dernière pour aujourd'hui.
- Le Logos de Dieu est son Fils, comme nous l’avons dit. Il est appelé aussi Ange (messager) et Apôtre (envoyé), car il annonce tout ce qu’il faut connaître et il est envoyé pour révéler tout ce qui est annoncé…12.12 Apologie, I, 63, 4-5 (Munier 2006, 295-297)
La fonction d'ange est également reconnue par Irénée concernant Jésus.
Les TJ croient effectivement que Jésus est un ange, précisément le chef des anges, et qu'il a probablement été envoyé par le Père pour des missions d'anges avant qu'il ne soit fait homme.
Ainsi, les TJ pensent que Jésus était probablement l'ange qui agira et se présentera aux patriarches ou à Moise en certaines circonstances lorsqu'un message du Père devait être annoncé à ces hommes.
Notez, comme les TJ le font, que Irénée place Jésus en complète soumission au Père dans ces fonctions d'ange ou d'apôtre.
Voilà, cher C d T, un premier jet qui me semble contredire votre analyse un peu compliquée.
Vous savez, le christianisme, c'est simple.. ne pas croire que puisque cela vient de Dieu cela devrait être compliqué.
un dernier ajout en attendant.
C d T a écrit :Le spécialiste Juif Nahum Sarna reconnait ainsi :
Il est clair que dans plusieurs textes, la distinction entre Dieu et son Ange s’estompe. (Gen. 16:7-9, 11; 22:11-12, 15-18; Exod. 3:2, 4; Jug. 6:11-23). Lors de l’Exode hors d’Egypte, c’est tantôt Dieu (Exod. 13:21), tantôt son Ange (14:9) qui mène le camp des Israélites.
Nahum Sarna, Genesis, The JPS Torah Commentary, page 383
Le simple fait, constaté ici, qu'il faille venir expliquer les propos d'Irénée, démontre le malaise qu'ils provoquent à leur simple lecture.
Or Irénée n'était pas moins ignorant de l'effet que produirait cette phrase et il n'aurait pas manqué de l'expliquer lui-même, ce qu'il ne fait pas.
Nous devons donc nous contenter de dire que pour Irénée Jésus était aussi un ange. point !
Tout le reste est interprétation.
Les TJ sont donc en accord avec Irénée sur ce point.
Disséquons la réflexion de Juif Nahum Sarna .
Parce que deux textes affirmeraient pour l'un, que Dieu menait le camps des israélites et pour l'autre, que ce serait un ange, ce spécialiste en déduit que l'ange serait Jésus et donc que Jésus serait Dieu..
Raccourci un peu simple si l'on pose l'autre alternative. Dieu serait le décideur et l'ange le réalisateur de la décision de Dieu.
Dans les deux cas, c'est Dieu qui mènerait le camps en confiant cette tâche à un ange, qui pourrait être le Logos, mais un Logos obéissant à Dieu dans cette mission d'ange.
Je le répète, Irénée n'est pas TJ et sur de nombreux points, cet homme a développé des dogmes que nous n'acceptons pas.
Cependant, sa conception du Logos ressemble à celle des TJ, à partir du moment où nous comprenons que le sens du mot 'théos" n'est pas le sens moderne accepté par les religions dites chrétiennes.
Je souhaite maintenant démontrer une erreur d'analyse d'Irénée.
Paroles des prophètes, paroles du Christ
- 3 Que les écrits de Moïse soient les paroles du Christ, c'est ce que le Christ lui-même dit aux Juifs, ainsi que Jean l'a rapporté dans l'Évangile: "Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez moi aussi, car c'est de moi qu'il a écrit; mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles Jn 5,46-47 ?" Il signifie clairement par là que les écrits de Moïse sont ses propres paroles. S'il en va ainsi des paroles de Moïse, celles des autres prophètes sont aussi les siennes, comme nous l'avons montré.
Irénée cite ici Jean 5:46-47. Or, la déduction qu'il fait de ce texte comporte un erreur de taille.
En effet, le texte est en réalité celui-ci :
- En effet, si vous croyiez en Moïse, vous croiriez en moi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Si vous ne croyez pas ce qu’il a écrit, comment croiriez-vous ce que je dis ? »TOB
Ainsi, le texte ne dit pas : "
car c'est de moi qu'il a écrit", mais "
c’est à mon sujet qu’il a écrit", ce qui ne le pose pas comme l'auteur des paroles dites à Moise mais comme le sujet de ces explications.
Par contre, pas plus qu'ailleurs, Irénée n'en déduit pas que le Logos soit Dieu. Même en se trompant sur le sens du texte, il dit simplement que le Logos aurait prononcé ces paroles. Tout cela concorde avec la qualification d'ange ou messager de Dieu qui existait à l'époque concernant le rôle de Jésus dans l'AT.
Autre affirmation de votre part:
- Si donc c'est une chose assurée et indiscutable que personne n'a été proclamé Dieu (ou dieu) et Seigneur de façon absolue par l'Esprit en dehors du Dieu qui domine sur toutes choses avec son Verbe et de ceux qui reçoivent l'Esprit de la filiation adoptive,
Vous affirmez que nous avons ici une affirmation purement trinitaire d'Irénée.
C'est probablement parce que vous retrouvez les trois mots ou notions "Père, Verbe et Saint Esprit dans la même phrase..
Mais au final, c'est votre seul argument car le sens de la phrase ne vient pas vous aider.
Analysons le avec une construction plus fluide :
- Personne n'a été déclaré Dieu et Seigneur, de façon absolue par l'Esprit, si ce n'est Dieu qui domine toute chose.
Notez que la phrase garde tout son sens sans y ajouter "avec son verbe" , renseignement qui n'est pas là pour modifier quoi que ce soit mais pour indiquer que le Logos (verbe) a sa place naturelle "avec" Dieu..
Je voudrais vous signaler l'expression " de façon absolue". Elle n'est utilisée par Irénée que pour désigner le Père et pour le distinguer du Logos.
Si donc le Père est le seul Dieu, dans le sens absolu du terme, alors Jésus est dieu, dans un sens non absolu et donc dans un sens plus commun, comme les anges. Cette volonté de conférer seulement à Dieu , le Père, ce sens absolu du mot Dieu, montre qu'Irénée ne pensait absolument pas que le Logos, et encore moins l'ES, étaient Dieu au plein sens du terme.
Je termine en vous indiquant la façon dont les TJ considère la position de Jésus.
Il existe Jéhovah, YHWH, le Dieu qui contacte Abraham et qui fonde Israel. Il est unique, sans égal, sans commencement, sans fin, créateur de toute chose et de tout le vivant.
Il y a Jésus, le Logos, le Verbe, qui est engendré par Dieu et qui a donc un commencement. Il est un être divin ou un dieu au sens donné par le Psaume 8:5 "
ceux qui sont de condition divine "
Le fils obéit au Père, sur terre et dans les cieux.
Si Jean 1:1 indique que Jésus était dieu, c'est qu'il était de condition divine avant de venir sur terre.
Le mot grec "théos" est donc employé non pas dans un sens polythéiste, puisque seul le Père est considéré comme Dieu, de façon absolu, ce qui fait de lui toujours le seul et unique Dieu des chrétiens.
Jésus lui, est un être divin, fils unique de Dieu et donc second personnage de l'Univers. Mais en aucun cas l'égal du seul Dieu unique.