Posté : 04 mai06, 09:54
Le livre de Job et Job lui-même ont fait l’objet d’un grand nombre de controverses. Quelques-uns pensent que Moïse est l’auteur de ce livre, et que l’histoire de Job tout entière n’est qu’une parabole. C’est l’opinion de certains rabbins dans le Talmud ; et Maimonide, dans son livre More Nebuchim, y incline fortement. D’autres admettent que l’histoire de Job est véritable ; et parmi ceux-là quelques-uns pensent que Job a vécu du temps de Jacob, et qu’il a même pris en mariage sa fille Dina. Mais Aben-Hezra est fort éloigné de ce sentiment, comme j’ai déjà eu occasion de le dire ; il est d’avis (voyez son commentaire) que le livre de Job est une traduction ; et, quant à moi, je voudrais bien qu’il en fût ainsi ; car il en serait d’autant plus évident que les gentils ont eu aussi des livres saints. Mais il est plus sage de tenir la chose pour douteuse ; et je me borne à penser, comme simple conjecture, que Job était un gentil d’une grande force d’âme, qui passa d’une fortune prospère à des destinées malheureuses, pour revenir ensuite à sa première condition de prospérité. Ézéchiel, en effet (chap. XIV, vers. 12), le cite entre quelques autres personnages, et je suis porté à croire que ces alternatives de la destinée de Job et la force d’âme qu’il a déployée donnèrent occasion à plusieurs de discuter sur la providence de Dieu ; ou du moins elles déterminèrent l’auteur du livre de Job à composer un dialogue sur cette matière ; car ni le fond de cette composition ni le style ne portent le caractère d’un auteur accablé par la maladie et couvert de cendres ; elles trahissent au contraire le travail et le loisir du cabinet. Sous ce point de vue, j’incline à l’opinion d’Aben-Hezra, que le livre de Job est une traduction. L’auteur en effet paraît imiter la poésie des gentils ; car le père des dieux y convoque deux fois l’assemblée où Momus, sous le nom de Satan, critique les actions de Dieu avec une extrême liberté, etc. Mais ce ne sont là, je l’avoue, que de simples conjectures, et elles ne sont point assez fondées pour qu’on y insiste.