Bonjour Vicomte,
Vicomte a écrit :
C'est vous qui faites a priori le lien avec le cerveau, pas moi.
OK
Comment définissez-vous « mental » ?
Et si le lien avec le cerveau est un a-priori posé indûment par votre servante, pourquoi faites-vous parfois allusion aux neurones ?
Vicomte a écrit :
En fait, les développements des sciences cognitives ont tendance à relativiser ce vieux schéma impliquant une sorte de pensée "pure".
Est-ce à la pensée "pure" que vous songez quand vous parlez de
"mental" sans "lien avec le cerveau" ?
Vicomte a écrit :
Pour moi aussi. À ceci près que ce phénomène n'est pas encore objectivé par le sujet à ce moment-là.
Et alors, est-ce que cela change quelque chose pour le phénomène ?
Car en définitive, le phénomène existe-t-il ?
Vous consentez au verbe "précéder"... Quel verbe se rapporte à la pseudo-existence du phénomène ?
Si, dans votre modèle, l’existence est le fruit d’un processus de pensée,
Si le phénomène précède la pensée alors quel verbe suggérez-vous pour remplacer « exister » quand il s’agit d’un phénomène ?
Vicomte a écrit :La manière dont les réseaux de neurones agissent amènent les chercheurs à définir le concept de "concept" comme une chaîne de réactions biochimiques offrant une réponse donnée à un stimulus donné.
«
donné » par quelque chose qui existe ? ou qui n’existe pas ?
En amont du stimulus ressenti, qu’est-ce qui existe ?
N’êtes-vous pas en train de faire aboyer le mot chien ?
Le concept de « concept » serait-il défini par le concept de « réaction biochimique » ?
Vicomte a écrit :
Vous faites encore une confusion entre "exister" en tant que résultat d'un examen ontologique et "exister" au sens d'être la source à l'origine dudit examen.
Ouf !
Votre phrase suggère enfin qu’il y a donc deux notions : «
exister » et «
être »
Vous consentez enfin à explorer
ce qui n’existe pas au sens de votre modèle,
qui n’existe pas mais qui est seul à donner consistance à toute connaissance scientifique ou non.
Je vous invite donc à donner un vrai statut à vos mots « Réel », « Source ».
Vicomte a écrit :
Vous donnez au mot "existence" le sens que je donne au mot "Réel".
Ou alors citez-moi une chose qui, selon vous, "existe" dans passer par le truchement des concepts.
Tout ce qui dans le Réel n’est pas encore connu par la science.
Si l’inconnu de la science n’existe pas aux yeux de la science alors la science est close.
Si la science n’est pas close c’est que son domaine
existe pour elle, c’est-à-dire
existe au sens de votre modèle, or son domaine est au moins partiellement l’inconnu.
S’il faut utiliser un autre mot pour dire que le domaine de la science « existe », cela signifie seulement qu’exister relève de la construction alors que l’autre verbe pointe vers la seule réalité.
Vicomte a écrit :
Bien sûr que non : puisqu'elle est objectivée par cette propriété d'être la cause du phénomène, précisément. Ce que l'on cherche ensuite, c'est à préciser ses traits d'objectivation.
Avant que ne soient
précisés « ses traits d'objectivation » cette cause
existe-t-elle ?
Vicomte a écrit :Nous objectivons quelque chose sous le concept de "Réel", présentant un certain nombre de traits. Dès lors que cette objectivation passe cet examen ontologique, on peut dire que le Réel "existe" (ce qui suppose toujours "... pour nous").
Alors je me permets d’inverser votre défi ci-dessus :
« Citez-moi un élément du Réel qui n’existe pas...
pour nous" »
Je crains que votre modèle ne soit qu’un outil comptable pour départir à un instant
t ce qui existe et ce qui n’existe pas.
Il gère les bilans et pas les flux.
Il n’élucide en rien le processus de connaissance puisqu’il n’accorde aucun statut à ce qui est au début du processus.
Votre modèle n’est qu’un contrôleur des travaux finis.
Si c'est pour dire "
À l'instant t, tel truc n'existe pas au sens très retreint de l'existence pour la science" alors votre modèle semble impuissant à faire la différence entre l'inexistence de la licorne rouge et l'inexistence de la matière sombre (dark matter).
Vicomte a écrit :
* * *
Encore une fois, vous allez trop vite.
Je vous propose d'en revenir à notre fait objectif de départ :
Avez-vous encore des objections ou pouvons-nous considérer tous deux que "La pensée est l'activité neurobiologique du sujet" ? (Ou : "Pensée et activité neurobiologique du sujet sont deux aspects, selon des points de vue différents, d'un seul et même phénomène".)
S’il faut une définition…
pourquoi pas…
Néanmoins, si je vous dis que la comptabilité est l’activité du comptable,
si je vous dis que la pensée est l’activité des organes de la pensée…
je ne vois pas bien l’intérêt de cette tautologie.
Sauf à nier a priori que des activités en tout point comparables à la pensée soient agies par autre chose que le système neurobiologique d’un humain.
Mais je ne souhaite pas que cela constitue un blocage, allons-y pour votre définition exocrine.
Vicomte a écrit :
je vous invite à vous intéresser aux travaux de l'épistémologue Bernard d'Espagnat*).
Eh bien, cela ne me rajeunit pas !
J’ignorais que cet auteur jouissait encore d’une autorité dans le domaine de l’épistémologie.
Grâce à France-Culture, le colloque de Cordoue avait éveillé mon attention et après avoir lu (assez péniblement je le reconnais) les Actes de ce colloque, j’avais retrouvé un peu de rationalité dans les deux premiers livres de Bernard d’Espagnat.
Néanmoins, j’ai eu l’impression d’un replâtrage de la métaphysique einsteinienne ébranlée par les expériences EPR.
J’étais athée à l’époque, j’aurais dû me réjouir de l’idée qu’il
peut « exister » un substrat réel en amont de nos connaissances…
mais en définitive, je ne peux pas dire que mon athéisme ait été conforté par ces spéculations finalement assez embarrassées.
Vicomte a écrit :
Nous ne pouvons donc nous prononcer que sur l'existence des choses pour nous.
Notons que ce n'est pas gênant puisqu'il n'y a que de cela dont nous avons besoin pour circonscrire les manifestations du Réel.
Ce n’est pas gênant à condition de reconnaître que « l’existence pour moi » n’a guère de rapport avec « l’existence pour la science ».
Dans ma vie, les conditions restrictives d’existence pour la science ne sont guère opérationnelles.
Inversement, la science manipule des existants et étudie les interactions des existants, il n’y a aucune raison de penser que cette combinatoire puisse déboucher sur l’existence d’une bonne partie du Réel. Si l’objet de la science est le réel inconnu, est-elle adéquate à son objet ?
Et si oui, pourquoi ?
Je ferai ici le parallèle avec la Géométrie où la fameuse « construction à la règle et au compas » ressemble furieusement à la création de nouveaux existants sur la base d’une combinatoire avec les anciens existants. On sait que cette combinatoire rencontre des obstacles insurmontables et qu’elle est impuissante à faire exister des réalités dont l’existence ne fait aucun doute. Il en est de même pour l’Algèbre qui démontre elle-même certaines des limites qui l’asservissent.
Vicomte a écrit :
Et notons également que pour les croyants, il s'agit bien d'une existence pour nous de leur dieu qui est affirmée.
Les croyants en quoi ?
très cordialement,
votre soeur