homere a écrit :Buddy (agecanonix) ou (gnosis),
Mon pseudo est BuddyRainbow. Je ne suis ni Agecanonix, ni Gnosis.
C'est logos qui est à l'origine de cette rumeur,
celui-là même qui s'indignait qu'on puisse prendre quelqu'un pour une autre personne. C'est de toute évidence sa façon à lui de se défiler plutôt que d'argumenter son propos (voir
ici ou
là).
Paul" identifie presque toujours kurios au Fils, même dans les citations où ce mot remplace Yhwh, du reste: s'il y a "un seul Dieu" qui est le Père (et pas le Fils), il y a aussi "un seul Seigneur" (kurios) qui est Jésus-Christ et pas le Père. Sauf accident (du genre citation comportant par hasard un kurios non exploité par le contexte), les (premières) épîtres pauliniennes se tiennent assez strictement à cette règle.
"presque toujours", "assez strictement" : justement ! vous confirmez qu'il y a des exceptions à la règle. Rm 10:12 en est donc possiblement une.
De plus, quelle que soit la traduction biblique,
TMN compris, Dieu est considéré comme Seigneur d'un bout à l'autre de l'AT. Dans la bouche même de Jésus, Dieu est "Seigneur du ciel et de la terre" - Mt 11:25, Lc 10:21.
Paul emploie la même expression pour parler du Père devant des Athéniens à qui il prêchent la bonne nouvelle. - Ac 17:24.
« Il n’y a pour nous qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes » (1 Co 8,6).
Comment doit-on comprendre l'expression "UN SEUL Seigneur" ?
Nous avons un cas similaire à Rm 10,13, c'est celui de 1 Co 16,22 :
"Si quelqu'un n'est pas l'ami du Seigneur, qu'il soit anathème ! Marana tha ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous !" (TOB)
"Si quelqu’un n’a pas d’affection pour le Seigneur, qu’il soit maudit+. Ô notre Seigneur, viens, Que la faveur imméritée du Seigneur Jésus soit avec vous."(TMN)
Le contexte de ce texte désigne sans ambiguïté, Jésus comme LE Seigneur en question (tout comme en Rm 10, notamment le v 9), paradoxalement la TMN, n'introduit pas un "Jéhovah" à la place de Seigneur. Pourquoi la TMN ne brise pas la cohérence du texte paulinien, en insérant un "Jéhovah" comme en Rm 10 ?
Bien sûr que Jésus est presque toujours appelé Seigneur par Paul. Cependant, j'invite à un peu de modestie dans cet examen. L'identité du Seigneur de Rm 10:12 a été en effet disputée par les biblistes eux-mêmes.
C'est ce que rapporte Marvin R. Vincent dans son ouvrage
Word Studies in the New Testament. Parmi ceux qui voient en Rm 10:12 le Père il y a selon Robert Jamieson, Andrew Robert Fausset and David Brown : Calvin, Grotius, Olshausen, Hodge - cf.
Commentary Critical and Explanatory on the Whole Bible. Dans son
Commentary on the Holy Scriptures, Lange rapporte qu'il y a aussi Ammon, Köllner, etc.
Bien sûr il y a tout autant d'auteurs, sinon plus qui voient plutôt dans ce Seigneur de Rm 10:12 une référence à Jésus. Les auteurs de ces ouvrages de référence en font partie par exemple. Pour conclure sur ce point, inutile donc de faire passer les Témoins pour des interprètes isolés puisque Rm 10:12 a été débattu par des catholiques et des protestants.
Ceci précisé, je propose de résumer mes arguments en faveur du Père - ceux que j'ai trouvé pertinents (mais il y en a d'autres) :
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Jésus est Seigneur aux yeux de Paul mais Dieu reste Seigneur aux yeux du même individu. - Ac 17:24.
Vous pouvez citer tous les versets du monde pour prouver que Paul a l'habitude de qualifier Jésus de Seigneur, ce que je ne conteste pas au demeurant, il suffit d'une fois - ici Ac 17:24 - pour montrer que Dieu est selon Paul lui-même "Seigneur du ciel et de la terre".
Et là, je me place du point de vue de la
TMN comme vous et d'autres qui basaient habilement votre démonstration sur cette traduction biblique car si vous construisiez votre raisonnement sur une autre version, c'est-à-dire qui laisse Seigneur là où le texte grec fait référence à Jéhovah dans des citations ou expressions bibliques, il est clair que Dieu serait appelé Seigneur abondamment dans le NT (+ de 237 fois selon la
TMN).
Votre argumentation s'en trouverait alors considérablement affaiblie. Vous l'avez bien compris, c'est pourquoi sur ce fil, vous ne sortez pas du registre polémique et critiquez le choix de traduction de la
TMN, tout en vous basant dessus pour identifier le Seigneur de Rm 10:12 à Jésus.
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Paul parle plusieurs fois de la "richesse" (gr. ploutos) de Dieu de Rm 9-11 quand il montre qu'il n'y a pas de partialité chez Dieu mais qu'il a témoigné sa faveur aux Juifs comme au non Juifs - Rm 9:23, 11:12 et 11:33 (cf. Rm 2:4). En cela Dieu s'est montré riche.
Il se trouve que le Seigneur de Rm 10:12 est qualifié de "riche" (gr.
plouteō) quand il est dit qu'il se trouve "au-dessus de tous", "Juif et Grec", et ce juste avant de citer un passage de l'Ecriture qui fait référence à Dieu dans le texte source. C'est à mes yeux un des plus forts arguments en faveur d'une identification du "Seigneur qui est riche" à Dieu lui-même qui appelle vers lui toute sorte d'homme pour profiter de sa richesse spirituelle.
Dans les lettres de Paul, il y a a ma connaissance que deux références bibliques où la richesse de Jésus est évoquée - nulle part dans la lettre Romain - sinon la grande majorité des occurrences sont associés à Dieu (une douzaine). A noter aussi que le "le même Seigneur" qui domine sur tous, indifféremment des origines, peut être vu comme un écho à Rm 3:30 : "
Dieu est un seul, qui déclarera justes les circoncis par suite de la foi et justes les incirconcis par le moyen de leur foi." - Voir aussi Rm 3:29
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Le raisonnement de Paul prend une autre tournure à partir du verset 11.
En effet de Rm 10:5-10, Paul explique aux Juifs que la justice vient de la foi - non plus de la loi - et que celui qui confesse que Jésus est Seigneur et que Dieu l'a ressuscité, alors celui-là obtiendra le salut. De Rm 10:11-15, l'apôtre explique ensuite qu'il y a pas de "distinction entre Juif et Grec" et qu'il y a un "Seigneur au-dessus de tous", ajoutant qu'il est "riche pour tous ceux qui l'invoquent". Paul s'intéresse ici à l'universalité du salut et non plus aux modalités.
Cette idée est introduite par une prophétie d'Isaïe 28:16 "quiconque...", il poursuit au v. 13 avec la prophétie de Joël 2:32 : "tout homme..." Paul veut faire comprendre aux Juifs qu'ils ne sont plus les seuls à invoquer leur Dieu, Jéhovah, et à obtenir de fait le salut. Rm 10:16-21 confirme avec force cette compréhension puisque l'apôtre cite Is 65:1 qui prophétise qu' '
une nation qui n'invoquait pas le nom de Dieu' finirait par le 'demander', le rechercher.
Ce point est d'ailleurs souligné par Jean Calvin dans son commentaire de la lettre aux Romains, et c'est sans doute une des raisons qui le fait basculer en faveur du Père plutôt que du Fils en Rm 10:13.
A chacun de se faire un avis à présent.
Pour ma part, j'ai tranché la question en faveur du Père. C'est d'ailleurs la compréhension qui s'accorde le mieux avec le texte source de l'AT puisqu'il y est question de Jéhovah.
Quoi qu'il en soit,
comme je l'ai déjà dit par précédemment, si le Seigneur de Rm 10:12 était bien une référence à Jésus, comme vous le pensez, cela n'empêcherait pas Paul de faire une citation intègre des Ecritures en Rm 10:13. Car invoquer Jéhovah comme la prophétie de Joël y invite, c'est passer par "
l'Agent principal de [notre] salut", à savoir Jésus pour que "
Dieu notre sauveur" nous préserve de sa colère au jour de son jugement. - 1 Tm 1:1, Hb 2:10