Re: Inexistence de dieu : approche épistémologique
Posté : 17 févr.14, 19:34
Sans avoir lu les 148 p.de ce fil je vais réexaminer la position de départ du post 1 pour en montrer les présupposés philosophiques et les glissements qui se produisent par la suite. D'abord la théorie de la connaissance, ensuite dieu. Mais avant un excursus historique.
L'approche générale rappelle beaucoup Kant, en beaucoup plus simple, qui veut distinguer l'objectivable-connaissable de ce qui ne l'est pas, mettant ainsi une frontière à la connaissance (on appelle ca l'idée critique) intellectuelle , philosophique et scientifique , frontière qui va exclure la métaphysique classique. Et c'est pourquoi chez Kant, Dieu et toute la théologie naturelle est déportée du côté de la morale, qu'il appelle d'ailleurs significativement la métaphysique des moeurs - Dieu devient un postulat de la raison pure pratique (incidemment il semble que la position du post 1 permette une telle voie).
La 2e référence c'est le 1er Wittgenstein (celui du tractatus), qui veut pareillement installer des frontières, mais au lieu de se placer du point de vue de la connaissance, il se place au point de vue du langage, pour distinguer le dicible (les sciences empiriques) de l'indicible (qu'il appelle la mystique au sens non religieux), sans d'ailleurs déprécier ce dernier (d'autant moins que les propres propositions du tractatus font partie de l'indicible, elles sont comme des pseudos propositions qui s'estompent). Mais tout ce qui n'est pas science empirique devient indicible, des non sens: morale, métaphysique, politique, esthétique ET épistémologie et philosophie... Comme c'était un peu fort de café le second Wittgenstein a mis beaucoup d'eau dans son vin.
Comme le post 1 se centre sur la connaissance et la conception de l'objectivable plutôt que sur le langage, on est très clairement dans une parenté plus kantienne.
1) d'abord le kantisme est un idéalisme (épistémologique) bien que modéré: il existe des choses en soi inconnaissables hors de la conscience qui ne connait que leurs phénomènes. Les réalistes rejetteront cet idéalisme au départ pour dire que l'objet de la connaissances sont les choses, pas les idées ou phénomènes. On ne connait pas les idées mais les choses par les idées, comme on ne mange pas du mangé, on mange du pain. L'idéalisme pose des problèmes très sérieux.
Contrairement à Kant toutefois le post 1 semble ne pas admettre le concept de choses en soi indépendantes de la conscience. On se dirigerait alors vers l'idéalisme absolu et Hegel, où il n'y a plus de différence entre l'esprit et le monde, qui sont comme 2 faces d'un grand esprit et on frise le panthéisme. Néanmoins le grand esprit englobant changera peu de chose en théologie naturelle si le monde a encore besoin d'être "causé" par Dieu dans le cadre du grand esprit (esprit absolu dit Hegel).
Il y a Plusieurs voies ici; soit
-il faut une cause à notre conscience qui n'a pas toujours existé, et cette cause ne pourra être le monde puisqu'il est censé ne pas exister indépendamment de notre conscience.
-même à l'intérieur du monde objectivable il faudra un dieu objectivable, "dieu" existera quand même. En effet rien n'est changé dans le monde par l'idéalisme: l'auto qui n'existe que dans mon esprit me tue quand même (dans mon esprit) par sa causalité. Tous les arguments pour dieu présentés dans une épistémo réaliste demeurent les mêmes dans une épistémo idéaliste. De plus on ne peut vraiment dire que la conscience serait cause ou principe de l'apparition de dieu pcq la conscience elle même serait aussi une pure apparition, et si les raisonnements prouvent par hypothèse l'existence de dieu c'est dieu qui pour la conscience deviendra la cause de l'existence de la conscience. Comme on le voit en transformant l'être en idée ou apparition ou objectification on a comme vaporisé ou allégé l'être (y conpris dieu) mais on a rien changé en théologie naturelle. On a juste tout réinterprété.
2) le passage à l'athéisme épistémogique est beaucoup plus glissant.
D'abord notons que chez kant, puisque son idéalisme est modéré et qu'il admet les choses en soi indépendantes de la conscience, le caractère non objectivable de Dieu entraine seulement l'agnosticisme , pas l'athéisme. C' est un signe que le post 1 est allé plus loin, vers l'idéalisme (ou phénoménisme) absolu, et ce qui n'a pas de correspondance dans la conscience n'existe pas. Mais en supposant que c'est le cas de Dieu le post 1 commet une pétition de principe il semble. Car comme on l'a vu Dieu a autant de raison d'exister en idéalisme Qu'en réalisme, de la même maniè qu'une auto qui me frappe cause ma mort dans les 2 cas. L'exemple donné par le post, à savoir que si on remonte à un Dieu origine on ne pourrait dans cette épistémologie idéaliste prouver que dieu est intelligent n'a pas plus de valeur que si on dit la même chose dans une épistémologie et une métaphysique réaliste. En fait dans les 2 cas on a le simple argument que agent créateur signifie automatiquement agent ordonnateur et planificateur, ce qui implique une intelligence , que lon rapporte analogiquement de l'homme à Dieu. Il est donc faux que Dieu soit absolument au delà de la pensée (comme il est dit en E2 sans doute sous l'influence de certaines théologies existentielles) et non objectivable, il est objectivable mais de facon complexe et dérivée.
Donc l'approche épistémologique en question ne change que peu de chose en théologie naturelle , elle ne fait que la resituer en un nouveau contexte. En prétendant le contraire elle ajoute de la confusion. Sans compter que si par malheur on a la tentation d'identifier l'objectivable aux sciences empiriques on se coupe l'herbe sous le pied car l'épistémologie que soi même on est en train de faire N'EST PAS (comme la philo) objectivable en ce sens car elle n'est pas science empirique.
Il y a toutefois une logique dans le post. Pour un réaliste ou un idéaliste modéré, si on n'a aucun concept de Dieu (ce qui est faux de toute facon, mais supposons), la conséquence normale sera l'agnosticisme car cette absence de concept ne prouverait aucunement l'inexistence d'un être qui peut exister indépendamment. Mais si on est un idéaliste absolu, absence de concept vaut inexistence de Dieu car dans le système il n'y a plus de réalité indépendante, l'univers et l'être sont d'essence mentale ou spirituelle.
Si on demande le principal pt faible de tout le développement c'est certainement E2.
L'approche générale rappelle beaucoup Kant, en beaucoup plus simple, qui veut distinguer l'objectivable-connaissable de ce qui ne l'est pas, mettant ainsi une frontière à la connaissance (on appelle ca l'idée critique) intellectuelle , philosophique et scientifique , frontière qui va exclure la métaphysique classique. Et c'est pourquoi chez Kant, Dieu et toute la théologie naturelle est déportée du côté de la morale, qu'il appelle d'ailleurs significativement la métaphysique des moeurs - Dieu devient un postulat de la raison pure pratique (incidemment il semble que la position du post 1 permette une telle voie).
La 2e référence c'est le 1er Wittgenstein (celui du tractatus), qui veut pareillement installer des frontières, mais au lieu de se placer du point de vue de la connaissance, il se place au point de vue du langage, pour distinguer le dicible (les sciences empiriques) de l'indicible (qu'il appelle la mystique au sens non religieux), sans d'ailleurs déprécier ce dernier (d'autant moins que les propres propositions du tractatus font partie de l'indicible, elles sont comme des pseudos propositions qui s'estompent). Mais tout ce qui n'est pas science empirique devient indicible, des non sens: morale, métaphysique, politique, esthétique ET épistémologie et philosophie... Comme c'était un peu fort de café le second Wittgenstein a mis beaucoup d'eau dans son vin.
Comme le post 1 se centre sur la connaissance et la conception de l'objectivable plutôt que sur le langage, on est très clairement dans une parenté plus kantienne.
1) d'abord le kantisme est un idéalisme (épistémologique) bien que modéré: il existe des choses en soi inconnaissables hors de la conscience qui ne connait que leurs phénomènes. Les réalistes rejetteront cet idéalisme au départ pour dire que l'objet de la connaissances sont les choses, pas les idées ou phénomènes. On ne connait pas les idées mais les choses par les idées, comme on ne mange pas du mangé, on mange du pain. L'idéalisme pose des problèmes très sérieux.
Contrairement à Kant toutefois le post 1 semble ne pas admettre le concept de choses en soi indépendantes de la conscience. On se dirigerait alors vers l'idéalisme absolu et Hegel, où il n'y a plus de différence entre l'esprit et le monde, qui sont comme 2 faces d'un grand esprit et on frise le panthéisme. Néanmoins le grand esprit englobant changera peu de chose en théologie naturelle si le monde a encore besoin d'être "causé" par Dieu dans le cadre du grand esprit (esprit absolu dit Hegel).
Il y a Plusieurs voies ici; soit
-il faut une cause à notre conscience qui n'a pas toujours existé, et cette cause ne pourra être le monde puisqu'il est censé ne pas exister indépendamment de notre conscience.
-même à l'intérieur du monde objectivable il faudra un dieu objectivable, "dieu" existera quand même. En effet rien n'est changé dans le monde par l'idéalisme: l'auto qui n'existe que dans mon esprit me tue quand même (dans mon esprit) par sa causalité. Tous les arguments pour dieu présentés dans une épistémo réaliste demeurent les mêmes dans une épistémo idéaliste. De plus on ne peut vraiment dire que la conscience serait cause ou principe de l'apparition de dieu pcq la conscience elle même serait aussi une pure apparition, et si les raisonnements prouvent par hypothèse l'existence de dieu c'est dieu qui pour la conscience deviendra la cause de l'existence de la conscience. Comme on le voit en transformant l'être en idée ou apparition ou objectification on a comme vaporisé ou allégé l'être (y conpris dieu) mais on a rien changé en théologie naturelle. On a juste tout réinterprété.
2) le passage à l'athéisme épistémogique est beaucoup plus glissant.
D'abord notons que chez kant, puisque son idéalisme est modéré et qu'il admet les choses en soi indépendantes de la conscience, le caractère non objectivable de Dieu entraine seulement l'agnosticisme , pas l'athéisme. C' est un signe que le post 1 est allé plus loin, vers l'idéalisme (ou phénoménisme) absolu, et ce qui n'a pas de correspondance dans la conscience n'existe pas. Mais en supposant que c'est le cas de Dieu le post 1 commet une pétition de principe il semble. Car comme on l'a vu Dieu a autant de raison d'exister en idéalisme Qu'en réalisme, de la même maniè qu'une auto qui me frappe cause ma mort dans les 2 cas. L'exemple donné par le post, à savoir que si on remonte à un Dieu origine on ne pourrait dans cette épistémologie idéaliste prouver que dieu est intelligent n'a pas plus de valeur que si on dit la même chose dans une épistémologie et une métaphysique réaliste. En fait dans les 2 cas on a le simple argument que agent créateur signifie automatiquement agent ordonnateur et planificateur, ce qui implique une intelligence , que lon rapporte analogiquement de l'homme à Dieu. Il est donc faux que Dieu soit absolument au delà de la pensée (comme il est dit en E2 sans doute sous l'influence de certaines théologies existentielles) et non objectivable, il est objectivable mais de facon complexe et dérivée.
Donc l'approche épistémologique en question ne change que peu de chose en théologie naturelle , elle ne fait que la resituer en un nouveau contexte. En prétendant le contraire elle ajoute de la confusion. Sans compter que si par malheur on a la tentation d'identifier l'objectivable aux sciences empiriques on se coupe l'herbe sous le pied car l'épistémologie que soi même on est en train de faire N'EST PAS (comme la philo) objectivable en ce sens car elle n'est pas science empirique.
Il y a toutefois une logique dans le post. Pour un réaliste ou un idéaliste modéré, si on n'a aucun concept de Dieu (ce qui est faux de toute facon, mais supposons), la conséquence normale sera l'agnosticisme car cette absence de concept ne prouverait aucunement l'inexistence d'un être qui peut exister indépendamment. Mais si on est un idéaliste absolu, absence de concept vaut inexistence de Dieu car dans le système il n'y a plus de réalité indépendante, l'univers et l'être sont d'essence mentale ou spirituelle.
Si on demande le principal pt faible de tout le développement c'est certainement E2.