BenFis a écrit :
Je pense que de tels remplacements ont déjà eu lieu dans des LXX antérieures à J-C. Il faudrait que je vérifie.
Allez-y, vérifiez.
Le Nom de Dieu a probablement un grand rôle à jouer dans l’avenir. Cela expliquerait ces passages du NT qui montrent son importance, sans toutefois le citer.
Quel avenir ? Car l'avenir pour Jésus c'est tout ce qui se situe après le premier siècle. Nous sommes l'avenir. Ensuite, je ne vois pas au nom de quoi le nom divin aurait eu une grande importance dans le passé, qu'il aurait "probablement un grand rôle à jouer dans l'avenir" et qu'entre deux, il serait accessoire.
Si Jésus ne se soumet pas aux traditions humaines ce sont celles qu’il ne cautionne pas. Rien ne dit que la non-prononciation du Nom par les Juifs l’ait contrarié. A propos de cette non-prononciation, nous savons selon Philon d’Alexandrie, contemporain du Christ, qu’elle faisait partie des mœurs de l’époque.
Vous avez raison pour Philon mais d'autres témoignages comme ceux du Talmud nuancent l'idée selon laquelle
tous les Juifs substituaient
tout le temps le grand et saint nom de Dieu. C'est comme le code de la route : ce n'est pas parce qu'il existe que
tout le monde le respecte
tout le temps. A l'époque de Jésus on en faisait usage opportunément et seulement entre Juifs. Philon est un Juif hellénisé qui ne vit pas en Palestine. Et même si la majorité des Juifs substituaient le nom divin par Seigneur, cela ne signifie pas que Jésus se soit plié aux moeurs. Tout au plus a-t-il agit avec prudence comme il l'a fait dans d'autres contextes, sur d'autres sujets polémiques.
Ce qui me fais douter que le Christ ait prononcé le Nom dans ses citations c’est aussi que manifestement, selon les témoignages manuscrits des Evangiles, sur une période de temps énorme, allant du Sermon sur la Montagne jusqu’à son entrée triomphale à Jérusalem, jamais le Christ n’a prononcé le Nom (ni Kurios, ni Yhwh). Pour quelqu’un qui devait faire connaître le Nom de Dieu de son vivant, c’est pour le moins une anomalie. C’est aussi une indication quant à savoir comment Jésus considérait le Nom ; on ne peut pas prétendre qu’il le citait inlassablement. Il ne l’a jamais associé au nom Père, non plus.
Je ne suis pas d'accord avec l'idée qu'il y ait "une anomalie" parce que le public de Jésus est juif exclusivement. Il n'y pas lieu de faire connaître le nom à un public averti : le nom est connu de tous, il est même central dans les écritures. Quand Jésus dit qu'il a fait connaître le nom de son Père à ses disciples, il faut comprendre qu'il a accentué son importance, et c'est à propos vu le contexte religieux qui tend à abandonner l'usage du Nom, plutôt que de leur faire connaître un nom qui aurait été jusque-là inconnu des disciples. Et s'il y a anomalie, il faut aussi se rappeler que la tradition manuscrite réserve un sort particulier à ce nom : dans l'AT elle le substitue systématiquement. Et dans le nouveau ?
Donc on peut croire que les mss du NT ont été altérés, mais ça reste au niveau d’une croyance religieuse qui se heurte, pour l'instant, à des preuves contraire assez évidentes.
"Croyance religieuse", non car il est prouvé que les chrétiens ont substitué le nom divin de l'AT. Il n'y a plus qu'un pas à faire pour en déduire qu'ils l'ont fait pour le NT. Déjà parce que le NT contient des extraits de l'AT dont le nom divin a été répétons-le substitué. Et ensuite parce que le NT porte l'empreinte du nom divin. Expression consacrées de l'AT : Jéhovah des armées/Seigneur des armées. Variante des manuscrits : pour un même verset, on trouve Dieu ou Seigneur selon des manuscrits d'origines différentes, la présence originelle du nom divin est la meilleure explication à ces variantes. Etc. Enfin, des universitaires postulent la présence originelle du nom sans qu'ils soient nécessairement religieux.