Re: 607 définitivement désavouée récemment de manière scientifique.
Posté : 31 oct.24, 02:47
« L’exil ». Remarques historiques
2. Présentation biblique de l’exil
2 R 24-25 ; Jr 37-442 ; Jr 52 et 2 Ch 36 rapportent les événements qui sont à l’origine de l’exil. Il en ressort, à grands traits, le tableau suivant. Nabuchodonosor, au cours de deux campagnes militaires, a détruit Jérusalem et son temple. Il a exécuté quelques dizaines de personnes, et en a déporté quelques milliers d’autres dont les rois Joiakîn et Sédécias. Il n’a laissé dans le pays que le petit peuple. « Ainsi Juda fut exilé loin de sa terre », concluent 2 R 25,21b et Jr 52,27b. À partir de ce moment là, Juda ne vit plus dans son pays, mais en Babylonie. Peu de temps après les déportations, Ismaël assassine quelques-uns de ceux que Nabuchodonosor avait laissé dans le pays (2 R 25,25 ; Jr 42,2-3.7-8) ; tous les autres se réfugient en Égypte (2 R 25,26 ; Jr 41,16-44,30). De la sorte, le pays de Juda a été vidé de ses habitants. L’exil a pris fin lorsqu’un groupe de Judéens, obéissant aux ordres de Cyrus, roi des Perses, se mît en route vers Jérusalem pour y construire un temple à Yahvé. Avec ce groupe, c’est Juda/Israël qui retourne dans son pays. Racontés par les livres d’Esdras et de Néhémie, son retour est un nouvel exode, et son installation à Jérusalem une réplique de l’occupation de Canaan par les Israélites sous la direction de Josué.4 Le pays de Juda ayant été entièrement dépeuplé, les habitants que les bené haggôlâ5 y trouvent ne peuvent être que des étrangers6, avec lesquels ils ne peuvent pas se marier (Esd 9,1-10,44 ; Ne 9,2 ; 10,31 ; 13,13-31).
3. Les opinions des historiens contemporains
Les historiens contemporains ne prennent plus à la lettre les récits bibliques au sujet du dépeuplement complet de Juda. Ils pensent, au contraire, que la majorité de la population est restée dans le pays, et ils s’accordent aussi pour dire qu’elle était constituée exclusivement des classes les plus pauvres et les plus incultes. Entièrement pris par leur lutte pour la survie, les Juifs de Palestine n’auraient pas eu les conditions indispensables au développement matériel, et à plus forte raison, à une véritable création culturelle et religieuse. Cela a été le privilège des exilés, qui constituaient l’intelligentsia et vivaient dans des conditions plus favorables. Autrement dit, la majorité du peuple était restée en Juda, mais son âme serait partie en Babylonie.7 La version biblique serait inexacte dans la mesure où elle affirme le dépeuplement complet de Juda, mais elle serait exacte lorsqu’elle suppose que le centre de gravité du peuple s’est déplacé en Babylonie. Par exemple, J.D. Purvis divise l’histoire de « l’exil », en trois sections : nombre des exilés, sa vie en Babylonie et la diaspora en Égypte ; il ne consacre aucune section aux Juifs de Palestine.8 En passant, il y a lieu de se demander dans quelle mesure les historiens prennent, explicitement ou implicitement, la diaspora et le sionisme modernes comme clef de leur interprétation de l’histoire juive des périodes babylonienne et perse. Par exemple, la Bible de Jérusalem donne pour titre à Esd 1 « Le retour des Sionistes » ; à Esd 2 « Liste des Sionistes » ; à Ne 7,6-72, « Liste des premiers Sionistes ». A. Chrouraqui intitule Esd 2 « Les Olim », se contentant de translittérer le mot néohébreu qui désigne les immigrants Juifs en Palestine. J. Blenkinsopp en fait autant, en désignant Esd 2 et Ne 7,6-72 par l’expression “census of the first aliya”.9 Le sionisme, à son tour, a puisé dans la version biblique des périodes babylonienne et perse une partie de son idéologie ; il lui a aussi emprunté quelques-unes des armes de sa propagande.
https://www.erudit.org/fr/revues/theolo ... 5009ar.pdf
2. Présentation biblique de l’exil
2 R 24-25 ; Jr 37-442 ; Jr 52 et 2 Ch 36 rapportent les événements qui sont à l’origine de l’exil. Il en ressort, à grands traits, le tableau suivant. Nabuchodonosor, au cours de deux campagnes militaires, a détruit Jérusalem et son temple. Il a exécuté quelques dizaines de personnes, et en a déporté quelques milliers d’autres dont les rois Joiakîn et Sédécias. Il n’a laissé dans le pays que le petit peuple. « Ainsi Juda fut exilé loin de sa terre », concluent 2 R 25,21b et Jr 52,27b. À partir de ce moment là, Juda ne vit plus dans son pays, mais en Babylonie. Peu de temps après les déportations, Ismaël assassine quelques-uns de ceux que Nabuchodonosor avait laissé dans le pays (2 R 25,25 ; Jr 42,2-3.7-8) ; tous les autres se réfugient en Égypte (2 R 25,26 ; Jr 41,16-44,30). De la sorte, le pays de Juda a été vidé de ses habitants. L’exil a pris fin lorsqu’un groupe de Judéens, obéissant aux ordres de Cyrus, roi des Perses, se mît en route vers Jérusalem pour y construire un temple à Yahvé. Avec ce groupe, c’est Juda/Israël qui retourne dans son pays. Racontés par les livres d’Esdras et de Néhémie, son retour est un nouvel exode, et son installation à Jérusalem une réplique de l’occupation de Canaan par les Israélites sous la direction de Josué.4 Le pays de Juda ayant été entièrement dépeuplé, les habitants que les bené haggôlâ5 y trouvent ne peuvent être que des étrangers6, avec lesquels ils ne peuvent pas se marier (Esd 9,1-10,44 ; Ne 9,2 ; 10,31 ; 13,13-31).
3. Les opinions des historiens contemporains
Les historiens contemporains ne prennent plus à la lettre les récits bibliques au sujet du dépeuplement complet de Juda. Ils pensent, au contraire, que la majorité de la population est restée dans le pays, et ils s’accordent aussi pour dire qu’elle était constituée exclusivement des classes les plus pauvres et les plus incultes. Entièrement pris par leur lutte pour la survie, les Juifs de Palestine n’auraient pas eu les conditions indispensables au développement matériel, et à plus forte raison, à une véritable création culturelle et religieuse. Cela a été le privilège des exilés, qui constituaient l’intelligentsia et vivaient dans des conditions plus favorables. Autrement dit, la majorité du peuple était restée en Juda, mais son âme serait partie en Babylonie.7 La version biblique serait inexacte dans la mesure où elle affirme le dépeuplement complet de Juda, mais elle serait exacte lorsqu’elle suppose que le centre de gravité du peuple s’est déplacé en Babylonie. Par exemple, J.D. Purvis divise l’histoire de « l’exil », en trois sections : nombre des exilés, sa vie en Babylonie et la diaspora en Égypte ; il ne consacre aucune section aux Juifs de Palestine.8 En passant, il y a lieu de se demander dans quelle mesure les historiens prennent, explicitement ou implicitement, la diaspora et le sionisme modernes comme clef de leur interprétation de l’histoire juive des périodes babylonienne et perse. Par exemple, la Bible de Jérusalem donne pour titre à Esd 1 « Le retour des Sionistes » ; à Esd 2 « Liste des Sionistes » ; à Ne 7,6-72, « Liste des premiers Sionistes ». A. Chrouraqui intitule Esd 2 « Les Olim », se contentant de translittérer le mot néohébreu qui désigne les immigrants Juifs en Palestine. J. Blenkinsopp en fait autant, en désignant Esd 2 et Ne 7,6-72 par l’expression “census of the first aliya”.9 Le sionisme, à son tour, a puisé dans la version biblique des périodes babylonienne et perse une partie de son idéologie ; il lui a aussi emprunté quelques-unes des armes de sa propagande.
https://www.erudit.org/fr/revues/theolo ... 5009ar.pdf