Selon l'enseignement de Jesus, comment jugeront-on quelqu'un qui a commis un crime
excuse moi de te répondre peu rapidement.
Ta question montre que tu ne raisonnes pas comme un chrétien mais comme un musulman. Pour te répondre, il faut comprendre en quoi nous différons. (tu me diras si je me trompe pour le coté islam)
Je crois que « musulman » signifie « soumis à Dieu ». Ce qui veut dire que pour vous le premier devoir est l’obéissance. Pour cela des commandements clairs sont nécessaires. Le Coran est d’après l’Islam une « dictée » de Dieu, ce qui est cohérent avec cette nécessité de « clarté ». (je ne suis pas fou, s’il y a un milliard de musulman, il faut que l’Islam ait au moins un minimum de cohérence, comme le christianisme et ses deux milliards)
Mais pour nous, chrétiens, voici ce que nous pensons : quand les juifs ont demandé à Jésus quel était le premier commandement de Dieu (parmi le millier qu’ils avaient dans leur Bible), il n’a pas répondu l’obéissance, mais l’amour. Par ce que Dieu est amour. Et sa venue sur terre était faite justement pour faire comprendre cet amour de Dieu pour les hommes.
Pour moi, l’amour de Dieu pour les hommes rend cohérente toute la Bible, non seulement par rapport à elle-même, mais aussi par rapport au monde matériel. (sur ce dernier point, je trouve beaucoup plus que le Coran, mais c’est mon point de vue)
Pour un Chrétien, cet amour se manifeste de nombreuses façons.
Une des plus importantes est le respect de Dieu pour l’homme, non seulement pour sa liberté, mais aussi pour ses capacités. C’est une des raisons qui fait que tu ne trouveras pas dans les Evangiles de code de justice comme dans le Coran. Dieu a non seulement créé l’homme libre, mais aussi il l’a doté de capacités. A l’homme de les utiliser pour diriger la création, notamment de définir des lois « équitables » pour s’organiser (celles-ci pouvant dépendre du contexte). Dieu a créé le monde matériel pour l’homme, pas pour en faire un robot obéissant. Qui lit l’Evangile sera frappé par ce refus de jésus d’intervenir dans les problèmes profanes, que ce soit la nourriture, l’organisation politique, économique, légale ,,.
Cette différence obéissance-amour explique aussi la différence équité-pardon.
Il est normal que si le critère est d’obéir, tu sois jugé sur ton passé, ce que tu appelles l’équité.
Par contre l’amour est un désir de relation. Il est tourné vers le futur. Le passé importe peu, si ce n’est qu’il est utilisé pour renforcer cette relation. Dieu étant amour se soucie peu du passé, il est tourné tout entier vers ce désir d’union.
Petite remarque, même Mahomet est d’accord avec les chrétiens pour dire que l’équité seule est incompatible avec Dieu. N’a-t-il pas dit que Dieu est miséricordieux, c’est-à-dire capable de dépasser la simple équité ?
Tu vas me dire, c’est pas clair sur ce que je dois faire.
Réponse : ça va dépendre du cas. Tu dois agir en fonction des autres.
Je vais te donner deux exemples différents :
Je voyais régulièrement un confrère. Il était bizarre, toujours à trouver les autres nuls, toujours à en dire du mal. Un jour j’ai lu dans le journal que sa femme a voulu le quitter car il devenait de plus en plus dangereux. Avant de partir avec ses enfants, elle a caché le fusil de chasse. Il les a retrouvés, et avec un marteau a assassiné sa femme et ses enfants, sauf un caché dans un placard. En prison, il n’a jamais reconnu sa culpabilité, disant que c’était ses beaux-parents qui étaient responsables de son acte, car ils auraient dressé sa famille contre lui. A tel point qu’il a demandé au procès la garde du survivant, car elle avait été confiée aux coupables, ses beaux-parents. La décision de la justice de l’interner est non seulement la plus équitable, mais aussi la plus charitable, car elle a évité aux beaux-parents, et peut-être au dernier survivant d’être assassiné à leur tour. Le pardon, dans ce cas, n’a aucun sens, puisque celui qui a fait l’acte ne reconnaît pas de faute.
Par contre, je connais quelqu’un, qui étant jeune, a été mis en prison pour avoir dirigé une bande hors-la-loi. Il a accepté, pour réduire sa peine, de participer à un travail « rééducatif ». Au cours de l’entretien, le juge a cru à sa sincérité. Pour le faire accepter par une entreprise, le juge a pris le risque de prendre le téléphone et de dire « je connais quelqu’un de bien » à l’entreprise. Le garçon a été surpris, c’est la première fois qu’on disait ça de lui, en plus par un juge !!
Ca a provoqué un déclic. Aujourd’hui, après d’autres rencontres de ce genre, ce garçon se dévoue pour les autres. Il s’occupe d’handicapés.
Mais le meilleur texte sur la justice divine est la parabole de l’enfant prodigue (saint Luc 15,11)
Il dit encore: Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
Étant rentré en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim!
Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
PS : l’amour de Dieu rend cohérente toute la Bible, car un Dieu d’amour ne dicte pas ses commandements, il se fait chercher par l’homme. Et ce que les musulmans prennent pour des contradictions dans la Bible sont pour les chrétiens des étapes de recherche (comme la science, où les lois s’améliorent au fil de la recherche). Cette recherche est parfois fortement inspirée par Dieu, certains textes en sont frappants.