hector4 a écrit :suffit pas d'affirmer ! ca se verifie! Si on fait un concours d'affirmations...
Si tel est ton désir...
Mais avant d'aller plus en avant, je dois expliciter les points sur lesquels les orthodoxes se distinguent ici des catholiques:
- Il n'y a pas d'immaculé conception chez les orthodoxes: cela va aussi bien contre la vraie Tradition que contre les Saintes Écritures. Je renvoie ici au lien fourni dans
http://www.forum-religion.org/christian ... 20803.html ... Ce dogme confirme de fait les orthodoxes dans le rejet de l'interprétation catholique du péché originel...
- En conséquence, les orthodoxes croient en la Dormition de la Vierge, et non dans la forme catholique de l'Assomption. C'est-à-dire? Je poste ici un copier-coller de ce que j'ai mentionné auparavant:"... si la Mère de Dieu était sans "péché originel", comment a-t-elle pu mourir? Dire qu'elle est morte volontairement aurait fait d'elle un second Sauveur. D'où le dogme de l'Assomption, qui insinue l'idée que la Mère de Dieu serait montée de la terre au ciel avec son corps sans passer par la mort. Autrement est la tradition ancienne de l'Église Orthodoxe, qui parle de Dormition, avec l'arrière-plan que la Mère de Dieu est morte et ressuscitée avant de monter au ciel. Pour compléter, sa tombe est située clairement à Jérusalem, alors que les catholiques envisagent plus Ephèse, d'après une tradition moins ancienne que celle de l'Église Orthodoxe ..."
- La Mère de Dieu est honorée non isolément, du fait de sa relation avec le Christ. Ce qui fait que plus un orthodoxe estime Marie, plus il se rend compte de la majesté de son Fils, car c'est précisément à cause du Fils qu'il y a vénération de la Mère de Dieu. En conséquence dans la Tradition orthodoxe, la représentation de Marie seule, sans son Fils, n'existe pas. Il n'y a pas cet aspect mariolâtrique proprement catholique, où Marie est toute en gloire et en majesté sans présence du Fils, comme une idole païenne. Les représentations de Marie les plus communes et connues en orthodoxie sont les Vierges à l'enfant, et le regard, la posture voire les gestes de Marie orientent le regard vers le Christ, car visant uniquement à le mettre en valeur. Si Marie est seule dans une représentation iconographique orthodoxe, c'est très rare et cela témoigne d'une influence occidentale, non orthodoxe donc... Car la Vierge est un trésor d'humilité, ce que l'Église doit témoigner: "... La Vierge a mis au monde le salut du monde, la Vierge a apporté le salut à tous ..." comme l'affirme Ambroise de Milan. Le Salut c'est par le Christ: la Vierge n'existe que par lui, et grâce à lui. Elle est sauvée au même titre que toute l'humanité...
Maintenant ce point ayant été fait pour éviter des amalgames inutiles, voyons les Saintes Écritures...
D'abord la Vierge est trois fois vierge: avant, pendant et après l'accouchement du Christ. La Bible laisse sous-entendre fortement cette virginité perpétuelle: "...
le corps n'est pas pour la fornication; il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps ..." (1 Co 6v13). Un corps de descendante de lévite s'inscrit dans cette perspective, et on comprend par delà l'âge de la Vierge, sa virginité au moment où l'ange Gabriel s'adresse à elle. Or si on continue: "... celui qui fornique, lui,
pêche contre son propre corps. Ou bien ne savez-vous pas que
votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu? ..." (1 Co 6v18-19). L'incarnation du Verbe montre son appartenance à Dieu et son respect de la mission de son fils car "...
elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur ..."(Luc 2v19). Un vrai "... Temple du Dieu vivant ..." (2 Co 6v16). Ce Temple appelle à la pureté, et donc à la virginité...
Mais pour comprendre que cette virginité continue d'être après l'enfantement, il faut aussi comprendre que la virginité a été préservée lors de l'enfantement. Un mystère pas facile d'accès, je le conçois. Mais la Bible n'a pas dit autre chose à la lumière du St Esprit. Ainsi qu'on peut le constater, le Temple de Dieu, parce que lui appartenant, a un caractère sacré, donc ne doit en principe être outragé par aucune chose: "... il était absolument impossible de faire tort à ceux qui s'étaient confiés à la sainteté de ce lieu, à la majesté et à l'
inviolabilité d'un Temple vénéré dans le monde entier ..." (2 Mac 3v12). Et ce d'autant plus quand Dieu y manifestait clairement sa présence: "... Quand Salomon eut fini de prier,
le feu descendit du ciel, consuma l'holocauste et les sacrifices, et la gloire de Yahvé remplit le Temple.
Les prêtres ne purent entrer dans la maison de Yahvé, car la gloire de Yahvé remplissait la maison de Yahvé ..." (2 Chron 7v1-2). Si Marie est ce Temple du Dieu vivant unique de par l'incarnation du Verbe en son sein, on peut ici même comprendre que Joseph n'était pas en mesure de la pénétrer sexuellement, quand bien même il l'aurait voulu...
Mais cette manifestation du Verbe incarné préserve de lui-même également la chair de Marie, ainsi que nous le fait supposer la Bible même: "... Il me ramena vers le porche extérieur du sanctuaire, face à l'orient. Il était fermé.
Yahvé me dit: ce porche sera fermé. On ne l'ouvrira pas, on n'y passera pas, car Yahvé, le Dieu d'Israël, y est passé.
Aussi sera-t-il fermé ..." (Ez 44v1-2). De même l'hymen de Marie a été préservé parce que devenue "... la mère de mon Seigneur ..." (Luc 1v43), c'est-à-dire Temple du Verbe qui s'incarne en sa chair. Et il est bien dit que ce porche (ici l'hymen) restera fermé car Yahvé y est
passé: que ce soit une entrée ou une sortie, cela ne change rien à l'affaire, et explique ce mystère chrétien de la virginité de Marie, qui a été également préservée lors de l'enfantement, car Dieu tout comme dans les Écritures témoigne aux hommes qu'il n'a pas besoin d'ouvrir pour "passer".... Et cet hymen restera de facto fermé après, ainsi que nous l'enseigne la Bible pour un Temple marqué par la présence divine: après l'enfantement la virginité perdure.
Pour comprendre la sainteté privilégiée de Marie, et son intercession unique par rapport aux autres saints entre les hommes et Jésus, il faut voir que le point de départ, c'est le Christ. Le Verbe s'est incarné afin que le Christ soit ce nouvel Adam, en remplacement du premier. Ainsi qu'on peut le lire: "... Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante;
le dernier Adam, esprit vivifiant... Le premier homme, issu du sol, est terrestre,
le second, lui, vient du ciel.
Tel a été le terrestre, tels seront aussi les terrestres; tel le céleste, tels seront aussi les célestes ..." (1 Co 15v45-48). Jésus, “ le dernier Adam ”, est considéré dès lors comme le Nouvel Adam de cette humanité qu'il fait ressusciter avec lui: "... De même en effet que tous meurent en Adam,
ainsi tous revivront dans le Christ ..." (1 Co 15v22).
Mais voila: si Jésus est parfaitement Dieu, il est parfaitement homme en tant que nouvel Adam. Or, dans la Genèse, on voit bien que si Dieu est proche de l'homme, Il sait aussi qu'il lui faut un alter ego pour qu'il soit, en tant que tel: "... Yahvé dit: 'Il n'est pas bon que l'homme soit seul.
Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie' ..." (Gen 2v18). D'où la création de la femme. Celle-ci reçu le nom d'Ève par la suite, "... parce qu'elle fut
la mère de tous les vivants ..." (Gen 3v20). Le nom d'Ève, "Havvah", est expliquée par la racine "hayah", vivre. Elle donne vie à l'humanité, elle est source de vie pour celle-ci: on comprend aussi par là pourquoi le Verbe devait s'incarner dans une vierge, une nouvelle Ève pour que le nouvel Adam soit. Et à sa suite, cette nouvelle humanité ressuscitée avec Sa croix. Saint Irénée de Lyon précise dans "Adversus haereses" que le Christ doit naître d’une femme car le péché est entré dans monde par une femme. C'est donc aussi par rapport à l'origine du péché que le nouvel Adam doit vivre la chair...
En lisant la Bible, on remarque que Jésus lui-même parle de sa mère comme d'une "femme": "... 'Que me veux-tu,
femme? Mon heure n'est pas encore arrivée'..." (Jean 2v4); ou encore: "... '
Femme, voici ton fils'. Puis il dit au disciple: 'Voici ta
mère' ..." (Jean 19v26-27). C'est à ces moments là qu'on peut constater qu'il se révèle comme ce nouvel Adam à venir, car il fait écho aux paroles mêmes d'Adam: "... Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée
'femme' ..." (Gen 2v23). Et par ce biais là, il révèle Marie comme la nouvelle Ève, car elle qui lui a donné la vie terrestre, peut donc être révélée comme mère de tous les vivants! C'est pourquoi le Christ la donne comme "mère" à son disciple, lui qui est appelé aussi à connaître le Christ ressuscité, et donc à partager Son histoire... Comme le dirait Saint Irénée de Lyon: "... il fallait qu’Adam fut récapitulé dans (le) Christ … et qu’Ève( fut récapitulée) en Marie, afin qu’une Vierge, se faisant l’avocate d’une Vierge, détruisit et abolit la désobéissance d’une Vierge par l’Obéissance d’une Vierge ..." (Dem 33 p. 131)
C'est en cela que l'on peut constater une alliance spirituelle unique dans l'humanité, entre la Vierge et son fils, qui dépasse largement celle terrestre qu'elle a pu vivre avec Joseph en son temps... Le psaume 45, que les Pères ont appelé le "Psaume de la Vierge", illustre pleinement cela. Selon Saint Jean de Damas, la gloire de toute femme, c'est l'homme: celui de la Vierge, nouvelle Ève, c'est le fruit de ses entrailles, nouvel Adam. Les traditions juive et chrétienne ont vu dans ce psaume une allégorie des noces du roi-Messie avec Israël, figure de l'Église du Christ. Or l'Église peut être personnifiée par la nouvelle Ève, puisqu'elle est mère de tous les vivants, y compris du Christ... Et cela nous permet de clairement comprendre ce psaume car on a affaire à un mariage, entre une fille de roi et un roi: le roi est le Christ lui-même, et sa future reine l'Église, personnifiée elle-même par Marie, car aussi ressuscitée en Christ, et en tant que telle fille de roi! L'intercession de Marie est ici spirituellement mise en valeur, et explique de facto la Dormition comme nécessaire pour cette présence de la Vierge auprès de son fils, entièrement donc, car des noces célestes reflètent en perfection celles qui sont terrestres...
On peut de plus constater dans ce psaume que "... Vêtue de brocarts, la fille de roi est amenée au-dedans vers le roi,
des vierges à sa suite ..." (Psaume 45v15) Sachant que les vierges consacrées du Temple annoncent l'humilité mariale: il est normal qu'on puisse dès lors constater que ces vierges accompagnent la Vierge dans cette alliance christique. Cette alliance spirituelle, on peut l'appréhender donc avec la nécessaire pureté virginale de la Vierge, qui est la manifestation charnelle de la nouvelle Ève, de l'Église qui est "... toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée ..." (Eph 5v27) Dans cette perspective, Luc nous donne une information d'importance sur Marie: "... et toi-même,
une épée te transpercera l'âme! ..." (Luc 2v35). Cela signifie que Marie est traversée par la parole de Dieu dans toute sa vie, parole qui produit la louange, l’exultation, l’humilité, la sérénité, la foi mais aussi la douleur ; cette épée signifie la parole de Dieu, le dessein de Dieu, qui englobe toute la vie de Marie, y compris sa douleur. De même en est-il pour les vierges, et l'Église en général... Ne lit-on pas: "... La fille de Tyr, par des présents,
déridera ton visage ..." (Psaume 45v13) Car les rides sont le fruit de l'âge, mais aussi des épreuves traversées, par Marie et l'Église. De facto ces épreuves marquent aussi bien la chair que l'âme... Elle est l'exemple même de la sainteté chrétienne...
Pour Saint Ambroise, l’épée symbolise toute la parole de Jésus, tout le dessein de Dieu, et cette union de foi de Marie avec son fils dure toute sa vie. Comme mère du Messie, elle partage l'hostilité qu'il reçoit: car de même que son fils est issu de sa chair, sa chair souffre en son âme pour lui... N'est-elle pas une mère? Avec le récit de la Passion de Jean, l’épée est la douleur de Marie quand Jésus est transpercé sur la croix. (Augustin, Cyrille d’Alexandrie, Jean Damascène, Nicolas Cabasilas ... évoquent pleinement cela). Sa douleur maternelle est totale vu qu'elle assiste à la crucifixion au plus près (Jean 19v25-27), et cette douleur fait écho à la souffrance du serviteur souffrant (Isaïe 53): et c'est là que cette épée s'enfonce le plus profondément dans l'âme de Marie. On peut se l'imaginer avec l'expérience des hommes de la Bible: "... En proie à la frayeur et au tremblement
dans tout son corps, cet homme manifestait à ceux qui le regardaient
la souffrance installée dans son cœur ..." (2 Mac 3v17)... Cette relation unique entre mère et fils se retrouve dans son intercession...
Car c'est aussi au travers de cette douleur, qu'au delà de ce psaume, on peut entrapercevoir cette alliance mystique entre Marie et son fils. Car la Bible nous fournit ici également des clés, avec 1 Rois 17v17-24, 2 Rois 4v18-37 ou Luc 7v11-17, où chaque fois c'est la mère qui souffre par rapport à son fils mort, et qui fait que Dieu manifeste pleinement son Amour en le lui rendant. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si Luc emploie pour la première fois le titre de "Seigneur" dans son évangile lorsque Jésus cherche à consoler la mère souffrante: "... En la voyant, le
Seigneur eu pitié d'elle et lui dit: 'Ne pleure pas' ..." (Luc 7v13), avant que celui-ci redonne vie à son fils. Car c'est Dieu qui en voyant l'amour manifesté, manifeste de facto le sien en vérité. Le Sacrifice du Christ ne pouvait pleinement être dans la réalité de sa résurrection sans manifestation d'un amour terrestre: en cela, l'amour souffrant de Marie est primordial. En cela aussi, il y a nécessité d'une alliance spirituelle, au-delà de la chair, entre Jésus et sa mère. Car comment toucher vraiment le cœur d'un fils qui est aussi pleinement Dieu de par l'incarnation du Verbe? Osons l'affirmer: ceux qui refusent d'honorer Marie sont très souvent ceux qui ne croient pas réellement à l'Incarnation, selon les mots de l'évêque Kallistos Ware, une référence en Orthodoxie...
C'est un mystère qui touche les prophètes eux-mêmes, car rejoignant le mystère d'Israël. En effet nous pouvons lire: "... Comme l'armée des cieux qui ne peut être dénombrée, comme le sable de la mer qui ne peut être compté, ainsi
multiplierai-je la postérité de David mon serviteur, et les lévites qui assurent mon service ..." (Jérémie 33v22). Or l'Évangile postule que Marie est "parente" d'Elisabeth, une descendante d'Aaron, mariée à un lévite, Zacharie: "... Mais voici qu'
Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse ..." (Luc 1v36) Liée aux lévites, on comprend d'autant mieux la parole de Marie: "... Je suis la
servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole! ..." (Luc 1v38). Sachant que Jésus, de par Joseph, est descendant de David, on constate que Dieu, à travers Jérémie, lie ces deux tribus d'un lien indéfectible (et cela se vérifie dans toute l'histoire de l'Ancien Testament)... et dès lors, on comprend mieux la suite de l'histoire humaine au travers de cette perspective divine, de par cette alliance spirituelle de Jésus et de Marie, entre un descendant de la tribu de David et une descendante de la tribu d'Aaron... La Bible révèle l'Ancien Testament!