A Noonalepsyne,
Tu disais:
Noonalepsyne a écrit :Le temps que nous percevons (empiriquement) n'est pas le temps physique.
A celà suivait:
Noonalepsyne a écrit :
Mais on sait qu'il est malléable. Or celui que notre conscience intègre est régulier.
Celui de notre conscience est "notre" temps propre. Il semble s'écouler généralement d'une manière uniforme, même si une minute par exemple peut nous paraître longue ou courte selon notre appréciation.
Noonalepsyne a écrit :
Le temps propre est le temps d'une partie de l'univers, pas de tout l'univers. Ce n'est pas le temps cosmique. Par ailleurs, la vitesse de propagation de la lumière est fixe, donc le temps/l'espace qu'elle définit ne sont-ils pas absolus ?
Ce sont des questions difficiles.
- Puisque l'univers est fait de parties qui ont chacune leur temps propre, quel serait le temps supposé de l'ensemble? Une moyenne? Je ne pense pas que ça marche comme ça. La réalité c'est que chaque "point" physique possède son temps propre. Il découle par exemple de la relativité générale une conséquence troublante, mais qui est en parfait accord avec ce que je dis, cette conséquence c'est qu' IL N'EXISTE PAS DE SIMULTANEITE ABSOLUE. La raison en est que trois "évènements" physiques simultanés dans un référentiel, ne le seront plus dans un autre. S'il n'y a pas de simultanéité absolue, cela implique qu'il n'y a pas de temps absolu, ni donc de temps cosmique au sens pur comme tu le dis. Et ce qui est vrai pour le temps, l'est pour l'espace.
- La vitesse de propagation de la lumière est constante dans certaines conditions qu'on ne précise généralement pas. Elle est constante dans le vide et dans un espace de courbure uniforme. On ne parle jamais du rayon de courbure de l'univers, lequel serait un facteur de variabilité de cette constante. En effet, dire que la vitesse de la lumière est une constante, signifie que dans un espace aux propriétés uniformes, quelque soit la vitesse dans un sens ou dans l'autre par rapport à un rayon de lumière se propageant, l'on mesurera toujours la même vitesse. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que dans un univers beaucoup plus dense que le notre, (comme le nôtre l'était par exemple dans son passé, et toujours plus si l'on remonte vers son origine supposée), cette contante pouvait avoir une valeur bien supérieure, infinie même, pour un rayon de courbure infini. De cela il découle que la vitesse de la lumière ne définit pas l'espace, pas plus que le temps, à partir du moment que cet espace présente des "singularités" (autrement dit de la matière...)
Noonalepsyne a écrit :
Oui et c'est bien cette observation du réel (avec les risques d'erreur par rapport à la réalité qu'elle comporte) que l'on appelle empirisme, donc c'est une "reconstruction empirique", pas "théorique".
C'est les deux en fait. Un exemple: tu peux te faire une idée empirique des dimensions de ta chambre au point de considérer, comme le faisait John Locke, ces dimensions comme ce qu'il appelait des "qualités premières", c'est-à-dire des qualités caractérisant directement des éléments de la réalité physique extérieure à la perception. On sait maintenant que de telles qualités n'existent pas en dehors des nos représentations. Les dimensions de ta chambre, l'espace qu'elle occupe, ne sont qu'une façon qu'ont nos cerveaux, d'organiser des données empiriques. De manière innée, nous "calculons" et estimons des distances (comme n'importe quel animal est d'ailleurs capable de le faire), mais les distances, l'espace que nous percevons, n'existent tels quels que pour nous.
- Pour ce qui est des "reconstructions" théoriques maintenant, c'est ce que nous faisons quand, à partir de notre perception empirique du réel, qui est déjà une construction (comme nous venons de le voir), nous imaginons par exemple comment le monde devait être à l'instant t, quelques secondes ou minutes après le Big bang... Or évidemment, nous n'y étions pas et nous ne pouvions pas y être! C'est aussi ce que nous faisons quand nous imaginons une simultanéité à l'échelle universelle, ou un temps absolu donc, ou des tas de choses comme ça.
Noonalepsyne a écrit :
Trame immuable ? Un corps qui perd de la masse ou en gagne modifie cette trame.
Je ne parle pas de choses qui s'observent empiriquement, autrement dit potentiellement: l'ensemble des évènements physiques (qui appartiennent donc d'une manière ou d'une autre au domaine empirique lié à la perception), mais je parle du réel tel qu'il est en lui-même, à condition bien entendu que l'on croit qu'un tel réel puisse exister. Cette trame n'est donc pas à assimiler à l'espace-temps d'Einstein et Minkowski, mais à ce qui structure l'ensemble du monde physique et la perception que nous en avons, l'espace et le temps y compris. Cette trame dont je parle, explique très bien les aberrations pourtant vérifiées de la mécanique quantique, comme la non-localité par exemple. En rien cette trame ne peut-être altérée ou modifiée, elle est immuable comme le sont les mathématiques.