anon a écrit :Je me suis déjà expliqué sur l'ambiguïté de l'expression "au-delà de la pensée"
Inti a écrit :Non tu a été ambigu sur ton expression...au delà de la pensée humaine.
anon a écrit :Toujours selon ce que j'en vis, il y a bien ce double aspect d'une conscience à la fois très différente et pourtant pas étrangère.
Inti a écrit :Et tu m'as accusé de schizophrénie ?
anon a écrit :Volonté assumée de nuisance, ou schizophrénie qui s'ignore ? sans doute un peu des deux, comme je n'ai pu m'en apercevoir qu'un peu tard...
Quoi qu'il en soit, personnellement, je pense qu'il peut y avoir beaucoup à recevoir, de part et d'autre, d'un dialogue avec des personnes n'ayant aucune idée de ce que peut être la méditation (mais, bien évidemment, à condition qu'elles n'aient pas non plus de blocages irrationnels sur le sujet
Inti a écrit :Tu vois que j'ai de la suite dans les idées...
oui, tu as de la suite dans les idées, cela personne ne peut te le contester.
Malheureusement, ce n'est pas toujours à bon escient. Tu ne comprends pas ce dont nous parlons parce que tu ne le vis pas : ok. Mais tu prétends quand même mieux le comprendre que nous et nous expliquer de quoi il s'agit...
Tu es comme l'aveugle, qui prétendrait expliquer à ceux qui voient, qu'un éléphant c'est une grande feuille d'arbre, parce qu'il n'en a palpé que l'oreille...
Le point sur la mystique matérialiste
je précise d'abord que par "mystique" je souhaite surtout parler de cet état de la conscience que vic appelle "côtoyer la vacuité", que j'appelle volontiers "ressentir la présence" et qui semble équivalent à "prendre conscience" du purusa, de l'atman, de l'Esprit.
Il s'agit d'un état de la conscience qui sort de l'ordinaire, mais qui n'a rien de spectaculaire, ni extérieurement comme dans les transes par exemple, ni intérieurement comme dans les voyages astraux par exemple aussi (ce n'est pas un jugement sur ces derniers types d'expériences, simplement je ne les connais pas par moi-même).
Une approche matérialiste de cet état de conscience, qui sort de l'ordinaire sans être "extraordinaire" au sens de spectaculaire, peut donc être envisagée comme la prise de conscience d'un élément qui nous est naturel, naturellement produit en nous par la nature, mais dont nous n'avions pas conscience jusque là, et dont beaucoup n'ont pas conscience.
En considérant que le contenu ordinaire d'une conscience humaine, telle que produite par l'évolution, comprend essentiellement des sensations, des sentiments (désirs et aversions) et des pensées (idées, imaginations, ...), et que ce contenu a été produit successivement dans cet ordre là, on peut alors se représenter le contenu non-ordinaire de la conscience, produit par cette même évolution, comme étant un quatrième type de contenu après les sensations, puis sentiments, puis pensées. Un quatrième type de contenu parfaitement "naturel" mais différent des trois types contenus ordinairement dans une conscience "ordinaire".
Ce qui me semble alors le plus caractéristique de l'approche matérialiste de la mystique, c'est qu'elle ne fait pas de cette conscience non-ordinaire le terme de l'histoire. Un quatrième type de contenu sous-entend qu'il peut exister aussi — ou existera un jour — un cinquième, un sixième, etc... C'est une approche ouverte à l'infini.
En comparaison, les approches non-matérialistes ont tendance, me semble-t-il, à considérer ce quatrième type de contenu comme une sorte de terme du chemin. Au moins pour les chrétiens (ce quatrième type de contenu est l'Esprit-Saint lui-même : que pourrait-il y avoir au-delà ?) et pour les bouddhistes (ce quatrième type de contenu est la Vacuité : idem, que pourrait-il y avoir au-delà ?).
Dans l'hindouisme, on peut trouver une ouverture selon qu'on considère que ce quatrième type de contenu est le purusa ou atman universel, ou seulement le purusa ou atman individuel. En fait dans le christianisme aussi, certains diront que ce n'est pas l'Esprit-Saint lui-même mais en quelque sorte seulement son individuation. Je suppose qu'il est possible qu'il y ait aussi de telles nuances dans le bouddhisme, selon les écoles ?
Mais quoi qu'il en soit, ces approches non-matérialistes limitent alors encore les niveaux de conscience non-ordinaire à deux seulement — le niveau individuel et le niveau universel —, là où l'approche matérialiste est sans limites.
Je me garde d'en conclure quoi que ce soit, je me garde de choisir entre l'une et l'autre approches, persuadé que je suis qu'il y a toujours une fécondité à maintenir ensemble les deux termes de ce qui peut sembler exclusif l'un de l'autre, tant qu'il n'est pas certain qu'ils soient réellement exclusifs.
La discussion, poursuivie aussi en parallèle sur le sujet ouvert par Inti (
Au-delà de la vision humaine !) me semble révéler qu'il défend une troisième approche, une approche matérialiste, mais qui n'accepte pas, comme je le fais, la possibilité d'un quatrième type de contenu pour la conscience, autre que sensations, sentiments et pensées.
Précisons : dans mon idée, ce quatrième type de contenu serait en quelque sorte une quatrième "substance", dans la mesure où on peut considérer que des sensations, des sentiments et des pensées seraient, eux aussi, des sortes de "substances". Pour Inti, qui accepte l'idée de contenus de la conscience sortant de l'ordinaires, ces contenus ne pourraient être, à ce que je comprends, que le passage dans la conscience de tout ce qui est majoritairement inconscient dans les sensations, sentiments et pensées.
Il est certain que, dans notre fonctionnement ordinaire, il y a énormément de mécanismes qui se déroulent dans notre organisme dont nous ne sommes ordinairement pas conscients. Les expériences de conscience sortant de l'ordinaire seraient donc simplement la prise de conscience de tels mécanismes ordinairement inconscients.
Il est possible qu'en présentant ainsi l'approche d'Inti, je la simplifie. Telle quelle, ce que j'y trouve d'intéressant cependant, c'est qu'elle rejoint finalement énormément ces approches non-matérialistes pour lesquelles la prise de conscience du purusa, ou atman, ou esprit, se fait par, ou doit mener à, une prise de conscience parallèle de tous ces mécanismes inconscients de nos organismes.
Je ne conteste pas qu'il soit important de prendre le plus conscience possible de comment nous fonctionnons. C'est bien ainsi que je vis, m'efforçant de garder en toute circonstance une part de moi-même qui observe comment les choses se passent aux niveaux des sensations, des sentiments et des pensées.
Cela me gêne, cependant, d'envisager que l'univers, d'un point de vue strictement matérialiste, achèverait son histoire avec la production d'une conscience capable de pensées. Est-ce que l'aventure de la conscience doit se donner comme seul horizon de recouvrir progressivement tout ce qu'elle a pu laisser partiellement dans l'ombre au long de cette histoire, recouvrir des contenus de types sensations, sentiments, et même pensées, qui lui sont seulement plus inconscients ?
Si on représentait une telle conscience comme un axe vertical partant des sensations, passant par les sentiments, pour aboutir aux pensées, la seule aventure à laquelle nous pourrions prétendre serait alors d'étendre cette conscience horizontalement autour de l'axe, et en aucun cas de prolonger cet axe vers le haut ?