ManMadeGod a écrit :Sauf que le libre penseur, à force de réfléchir, se rend compte que dieu est inutile, voire intenable intellectuellement parlant. De ce fait il devient athée, et cela ne l'empêche en rien à continuer de penser à d'autres problèmes moins puérils et plus important que l'existence d'une entité hypothétique qui ne lui sert à rien.
On peut comprendre l'intérêt d'un croyant à croire, mais il est difficile d'imaginer la pensée d'un athée niant Dieu, concept pour lequel il n'a aucun intérêt, donc pour lequel sa pensée s'arrête à un refus de penser.
Je pourrais comprendre que l'on divise l'humanité entre les croyants et les autres, mais doit-on pour autant étiqueter "les autres" d'athées ? C'est ce besoin d'absolu qui fait de l'athéisme une doctrine au même titre que le théisme. Si tu n'es pas d'accord, alors deviens également alicorniste.
Ce qui nous définit, c'est l'intérêt que l'on porte à ce qui nous intéresse, et l'athéisme est une option strictement sans intérêt si il n'est pas justement la simple expression d'un combat anti-théistes. Si tu nie que ce combat est la véritable motivation de ton athéisme, alors tu ne dis rien, sauf un "Dieu = 0".
Le libre penseur constate le débat, il le soupèse, peut y participer, mais sa pensée va plus loin que la simple affirmation : "Dieu = 0". Il s'interroge sur la religion et ses motivations, et s'interroge sur le concept "Dieu" dont la réalité peut-être tout à fait autre que celui exprimé dans la religion.
D'où l'intérêt du déisme, qui affirma que "Dieu" ne pouvant être soumis à un quelconque dogme, ne pouvait être pensé qu'en dehors du dogme, en cohérence avec la création toute entière, et non plus du point vue si limité de l'espèce humaine.
Pour résumer le déisme, à son départ, on peut utiliser ce qu'en dit wikipedia :
wikipedia a écrit :Principaux points de la doctrine Déiste.
Le Déisme affirme que :
- Tout ce qui n’est pas l’œuvre de l’homme est produit par une source originelle universelle et intelligente (nommée Dieu).
- Il n'est pas concevable que rien soit à l'origine de tout.
- Dieu n’est pas d’essence matérielle (Dieu est esprit).
- Dieu a une action permanente dans l'univers.
- Dieu se manifeste par ses œuvres (la nature, la vie, le cosmos, la conscience humaine …)
- Le sentiment de l’action de Dieu vient de l’étude de la création (en contemplant le tableau on peut comprendre le peintre)
- Ecouter sa conscience est l’unique moyen pour l’homme de s’unir à Dieu (Les lois de Dieu sont inscrites dans la conscience de chaque homme et non dans des livres sacrés).
- Le respect des règles morales dictées par la conscience est essentiel pour le salut de l’homme.
- La prière à Dieu est libre et spontanée.
- La relation de l’homme à Dieu est directe (par la pensée) et sans intermédiaires.
Voltaire et Jean-Jacques Rousseau sont des représentants du déisme.
Personnellement, je conteste les points en rouge, mais chacun comprendra que dans un monde soumis à la pensée religieuse, les points de cette doctrine étaient un fameux progrès. De cette doctrine est né la libre pensée (free thinkers) qui par définition, n'est plus doctrinaire, mais humaniste, et de ses dérives absolutistes, donc à nouveau doctrinaire, est né l'athéisme, qui n'exprime qu'un esprit de revanche.
La libre pensée a une visée universaliste, qui dépasse le cadre d'une domination supposée de l'espèce humaine sur le reste de la "création". La libre pensée qui est le fruit abouti du déisme, a inspiré les lumières, et la laïcité. Cette dernière ne pouvant être que la conclusion d'un modus vivendi dynamique rapprochant les hommes au delà de leurs convictions.
La libre pensée reconnaît sa filiation avec toute l'espèce humaine depuis son origine, alors que l'athéisme cherchant à s'en dissocier par facilité continue à promouvoir l'idée d'un "surhomme" par opposition aux soushommes précédents ou actuels (merci Nietzsche).
Aujourd'hui la libre pensée exprime son universalisme à travers des concepts comme les droits de l'homme, l'écologie, les énergies durables, etc. Bref dans l'inscription la plus harmonieuse de l'homme dans la société, mais également de la société avec ce qui n'est pas elle.
L'athéisme n'est qu'une opposition au théisme. Ce n'est même pas un humanisme, puisqu'il consacre le rejet d'une partie de l'humanité. L'existence de Dieu du point de vue religieux n'est que la superposition d'une couche spirituelle hypothétique à la couche matérielle, mais les religions, elles-mêmes, au delà de l'hypothèse-Dieu, sont avant tout des propositions du "vivre-ensemble". C'est en cela qu'elles sont également des tentatives d'essais humanistes.
C'est un peu facile, aujourd'hui, de vouloir invalider les religions sur la seule base de leur hypothèse-Dieu. C'est autre chose de reconnaître que nous leur sommes redevables de certaines valeurs qui sont communes avec ce qu'elles proposent, et les notions de solidarité, d'équité, et de justice, ne sont pas des moindres dans le cadre de la laïcité.
La laïcité est exigeante parce que c'est une tolérance qui rejette en dehors d'elle tout ce qui n'est pas compatible avec la notion de rencontre bienveillante et de la plus grande alliance possible entre les hommes.
Les noyaux durs qui participent à la communautarisation de la société n'ont rien à faire dans la laïcité. Cela va jusqu'à la notion de parti politique qui inféode l'esprit critique à des préjugés qui étiquettent les hommes.
Le meilleur acte est celui qui rassemble, pas celui qui divise. Parce que la division est une cause qui engendre plus d'effets indésirables que d'effets désirables, pour la société humaine. Les sociétés démocratiques sont au bord de l'implosion, parce que les élites ont rejetés toute éthique au profit d'intérêts opportunistes. Lorsque l'exemple proposé par les élites est déplorable, il ne faut pas s'étonner que les peuples perdent confiance dans des valeurs qui n'expriment plus que leur soumission au pouvoir en place.
Beaucoup se déclarent choqué par mes propos, mais j'espèrent qu'ils auront compris que les vertus qu'ils croient être celles de l'athéisme ne sont en fait qu'une récupération de celles de la libre pensée à son profit pour mieux stigmatiser les religions dans un esprit uniquement de revanche anti-clérical. Il n'est pas important d'affirmer la non-existence de Dieu, tout comme l'affirmation contraire est aussi peu importante. Par contre il est important de prouver de ce qui fait la valeur de l'homme : son intelligence.
Si vous pensez que l'homme est un cannibale, préparez-vous à être mangé avant de pouvoir faire votre premier repas. Si vous pensez que la solidarité humaine est une potentialité, travaillez à sa réalisation, et la capacité de nuisance des cannibales s'étiolera. Le choix est vôtre.