vic a écrit : 01 août25, 23:34
Justement .
Le fait que des musulmans en arriveraient à interpréter les textes de différentes façons prouverait que c'est mal écrit et qu'on peut leur faire dire ce qu'on veut . Autrement dit , un livre mal écrit serait un livre trop imparfait pour qu'un dieu en soit l'auteur . C'est justement une thèse que Majid soulève .
Pourtant, c’est bien ce que font les Juifs avec la Torah.
La Torah est bien réputée d’origine divine dans le judaïsme (contrairement à ce que je lis parfois dans des forums), mais le judaïsme autorise une certaine latitude d’interpretations.
Mais ce que Majid soulève aussi c'est que si les pays arabes ont abandonné certains versets coraniques les plus mortifères dans l'application c'est à cause des droits de l'homme .
Il raconte vraiment n’importe quoi, s’il a vraiment dit ça.
N'oublie pas que ces pays qui les ont abandonné sont la plupart du temps d'anciennes colonies, et qui donc ont été au contact de la culture occidentale .
C’est marrant, ça fait au moins dix ans que je lis cette contre-vérité au sujet de l’esclavage.
Il doit y avoir un gars qui a raconté cette connerie, et après les intervenants reprennent sans vérifier.
Non non. Les nations occidentales sont intervenues à la fin du 18eme siècle et début du 19eme contre la mise en esclavage de leurs ressortissants chrétiens lors de razzias perpetrées par les musulmans.
Par les États-Unis contre la Libye à la fin du 18eme, la France en Algérie en 1830, la Russie contre l’empire ottoman au sujet des Caucasiens.
Mais ça ne veut pas dire que c’était parce que l’esclavage était perçu comme moralement répréhensible dans son principe général.
De fait, l’esclavage ne sera aboli dans les nations occidentales que beaucoup plus tard.
Après la guerre de sécession pour les US.
En France, l’esclavage sera juridiquement aboli pour les Antilles uniquement en 1848, mais continuera à être appliqué de fait dans les colonies en Afrique sous la IIIeme République au moins jusqu'à la Première Guerre Mondiale, voir les rapports de Pierre Savorgnan de Brazza sur la question.
En Russie, l’esclavage ne sera aboli que vers la fin du 19eme siècle.
Le Congo belge était la possession personnelle du roi Leopold II. On y amputait la main des enfants dont le père n’avait pas rempli son quota de récolte.
Malgré le racisme ambiant d’époque, on trouvera le traitement un peu excessif, et le Congo belge sera transféré à l’État belge.
En fait, on peut voir les choses d’une autre perspective.
L’esclavage mis en place à une échelle industrielle pour le développement de l’agriculture a permis l’essor économique des nations occidentales.
Alors que ce n'est pas du tout le cas dans les pays musulmans où il est surtout resté cantonné aux tâches domestiques.
Par conséquent, les pressions occidentales sur les pays musulmans pour stopper l’esclavage avaient plus à voir avec des logiques de compétition économique qu’avec une perception morale de l’esclavage.
Quant à l’abolition de l’esclavage dans la quasi totalité des pays musulmans, notamment après les indépendances, elle n’est pas due aux droits de l’hommes imposés par les nations occidentales aux peuples colonisés, il ne faut quand même pas être aussi naïf.
Elle est due au communisme. Les révolutionnaires arabes étaient inspirés par le socialisme et soutenus en général par l’URSS.
La plupart voyaient la religion comme un frein à la marche du peuple vers le socialisme.
Par exemple le FLN en Algérie, Bourguiba en Tunisie, Nasser en Égypte, les partis Baas en Syrie et Iraq, Kadhafi en Libye, etc.
Même Hassan II au Maroc avait des inclinations pro-socialistes.
Contrairement à ton affirmation ou peut-être celle de M. Oukacha, les nations occidentales ont eu influence extrêmement négative dans l’evolution de l’Islam.
Dès le 19eme siècle, dans certains pays musulmans, empire ottoman et surtout Tunisie, l’Islam avait commencé son aggiornamento.
Les musulmans n’étaient pas déconnectés des grands mouvements de pensée émancipatrice.
Non seulement les colonisations et mises sous protectorat ont stoppé ce processus mais elles ont engendré deux contre-réactions, dont le principe était en gros que les musulmans se sont retrouvés dominés pour s’être éloignés du mode de vie du Prophète.
A la fin du 19eme siècle est apparu le salafisme.
Puis dans les années 30, le mouvement des Frères Musulmans.
Si les régimes arabes ont violemment combattu les Frères Musulmans qui avaient des visées politiques, les salafistes, eux, étaient beaucoup plus malins.
Les salafistes revendiquent une étanchéité entre politique et religion, et en général, ne veulent pas se mêler des questions politiques.
Ce qui fait que les régimes arabes, comme la Tunisie ou l’Égypte, ont laissé prospérer les salafistes tandis qu'ils luttaient contre les Frères Musulmans.
Quant aux intellectuels musulmans qui refusaient la dérive religieuse, à part le socialisme, ils n’avaient pas beaucoup d’autres outils de réflexion à leur disposition, et pour les pays qui se sont engagés dans cette voie, cela a conduit à un désastre économique qui a favorisé les mouvements religieux en réaction.
Par ailleurs, dans leur lutte contre le communisme, les nations occidentales n’ont pas hésité à appuyer les mouvements religieux les plus extrémistes.
Plus ces derniers étaient extrémistes, moins il y avait de risque de les voir se compromettre avec le socialisme.
Ainsi par deux fois en Afghanistan.
Dans les années 20, le roi Amanullah Khan avait entamé de vastes réformes sociales, dont l’émancipation de la femme.
Son épouse (il n’en avait qu’une seule, pas quatre) était apparu non voilée en public.
Les Britanniques qui y voyaient une menace pour leur empire des Indes ont appuyé une contre-réaction ultra-conservatrice.
Rebelote dans les années 80 lors de l’intervention soviétique qui visait à soutenir le gouvernement communiste afghan. L’Occident a non seulement soutenu massivement les rebelles afghans les plus extrémistes, mais pour ce faire, il fallait passer par le président pakistanais Zia ul-Haqq, qui avait mis en place un programme politique religieux ultra-conservateur.
On lui prête le propos suivant : "si les Turcs cessent d’être musulmans, ils restent Turcs, si les Égyptiens cessent d’être musulmans, ils restent Égyptiens. Mais si nous Pakistanais cessons d’être musulmans, nous redevenons des Indiens".
Il avait donc fait de l’Islam une question identitaire pour le Pakistan bien davantage que Jinnah, le fondateur du Pakistan, ne l’avait fait.