spin a écrit : ↑18 mars20, 07:52
Exactement comme l'Islam avec le Hadj, par exemple. Et alors ?
Et alors, voici la suite, pour dire qu'ils ont emprunté la peine de mort et la torture aux romains, il faut suivre :
Il suffira de citer quelques passages d'œuvres datant de 400 à 402 pour montrer qu'à ce moment, saint Augustin est partisan de la législation impériale et acquis, contrairement à ce qu'on affirme souvent, à son application effective.
Voici, dans le Contra ep. Parmeniani, 1, 13 : « Quels châtiments, après tout, pourraient donc leur paraître injustes, alors qu'ils les subissent à la suite du jugement suprême de Dieu, qui, par de tels châtiments, les avertit de se garder du feu éternel, alors que ces châtiments sont mérités par la gravité de leurs crimes et appliqués par la sagesse des puissances de la terre ? Qu'ils prouvent d'abord qu'ils ne sont ni hérétiques, ni schismatiques ; alors du moins, ils pourront crier avec fureur à l'indignité des châtiments qui les frappent », et un peu plus bas, un des textes les plus terribles d'Augustin, I, 14 : « Du reste, tout ce bruit que l'on fait autour des châtiments qu'ils subissent ne vient-il pas uniquement de ce que la multitude des hommes place son cœur, non pas dans son cœur, mais dans ses yeux ? Que du sang vienne à couler d'une chair mortelle, on frémit à cet aspect. Et si les âmes, privées de la paix de Jésus-Christ et séparées de sa communion, meurent dans le sacrilège de l'hérésie ou du schisme, parce que rien ne frappe les yeux, personne ne pleure ».
Et dans le Contra litt. Petiliani, entre autres passages, II, 43 : « S'il est prouvé que cette séparation soit un crime, ne vous étonnez plus que Dieu ne manque pas de ministres pour vous flageller ; et la persécution que vous subissez n'est point notre œuvre propre, mais, selon la parole de l'Ecriture, la conséquence nécessaire de vos œuvres ».
« De même, vous nous objectez d'habitude que nous vous persécutons par les puissances de la terre. Sur ce point, je ne veux pas discuter la question de savoir ce que vous, vous méritez pour la cruauté d'un tel sacrilège, ni combien la mansuétude chrétienne nous rend modérés... ». C'est déjà, en 399, le langage qu'il tiendra constamment plus tard, il insistera toujours sur ce thème : la persécution adoucie par la charité.
C'est par amour, par charité qu'il faut les faire souffrir ; les souffrances qu'on leur impose de la sorte sont des bagatelles à côté des châtiments éternels qui les attendent infailliblement dans la vie future s'ils ne se convertissent pas. La même charité qui le pousse à exhorter, à harceler les non-catholiques, à leur proposer des discussions le pousse également, si l'apostolat ne réussit pas, à recourir à des méthodes plus fortes.
Augustin ne fait ainsi qu'exprimer le raisonnement même de Dieu : « Si donc, dans sa miséricorde, Dieu nous avertit maintenant par l'organe des puissances humaines, c'est afin de n'avoir pas à nous frapper au dernier jour, et de ne pas laisser aux orgueilleux (la triste ressource) de se vanter de leur condamnation »
Bien entendu, puisque les catholiques sont seuls à détenir la vérité, seuls ils ont le droit de recourir à une certaine violence.
« Et dans quelle irritation ne vous jetterais-je pas si je vous obligeais à négliger les plaintes de ceux qui souffrent pour ne vous occuper que des intentions de ceux qui sévissent contre les coupables ? ». Id. II, 217
C'est l'argument : « II ne faut pas regarder si l'on force, mais à quoi l'on force » : « Nous n'attirons personne par violence, nous ne tuons pas nos ennemis, mais tout ce que nous faisons à votre égard, quoique ce soit malgré vous, nous le faisons cependant par charité, pour que vous vous corrigiez de votre plein gré, et que, corrigés, vous ayez la vie » ; Contra Cresconium, IV, 56 : « Je veux encore vous forcer à avouer qu'il peut arriver que des hommes religieux persécutent des sacrilèges, que des hommes pieux persécutent des impies, non pas pour le plaisir de nuire, mais dans le but unique et nécessaire de pourvoir (à leur salut) ».
Quand on lui demande ce qu'il fait du libre arbitre, Augustin proteste. On ne force personne à la foi. Seulement, la tribulation fait réfléchir celui qui souffre, elle fait disparaître la perfidia ; après quoi, l'adhésion à la vraie foi devient sincère, spontanée. « La contrainte extérieure fera naître à l'intérieur la bonne volonté. »
Mais ailleurs, Augustin fait bon marché du libre arbitre, dans le Contra Gaudentium notamment : « Gardez-vous de courir vous-mêmes à votre perte éternelle en soutenant que le libre arbitre doit vous être laissé ici-bas par les hommes pour que vous puissiez offenser Dieu. » L'hérésie est un crime contre Dieu, contre la vrai Église ; c'est au fond le pire crime qui soit. Il est donc absolument naturel que les lois l'interdisent et prévoient le châtiment des coupables.
« Avouez donc — vous y êtes déjà obligé — que la question n'est pas de savoir ce que tel homme a souffert, mais pourquoi il a souffert. »
« Et cependant, quelle persécution a-t-il donc à souffrir, ce frère qui nous a été présenté ? J'avoue hautement qu'il n'en est pas de plus glorieuse. M'accuse qui voudra ; toujours est-il que je me flatte de cette persécution... Si c'est en toute justice que je poursuis celui qui commet la détraction occulte contre son prochain, n'ai-je pas à combien plus forte raison le droit de poursuivre celui qui blasphème publiquement contre l'Église ?... Quoi donc ! Je ne poursuivrais pas celui qui blasphème l'Église ? Je le persécuterai, car je suis membre de l'Église, je le persécuterai, car je suis enfant de l'Église... Ils ont arraché un des nôtres pour le précipiter dans la mort spirituelle, et il nous serait défendu de les arracher à l'erreur pour les placer sur le chemin du salut ? »