Rom's a écrit :En toute logique, l'hypothèse de Dieu devrait être soumise à une présomption d'inexistence.
De même que, du fait de la présomption d'innocence, le coupable est présumé innocent tant que sa culpabilité n'a pas été prouvée, Dieu doit être présumé inexistant tant que son existence n'a pas été prouvée.
La charge de la preuve incombe à celui qui affirme un fait positif.
Cette logique, que personne ne remet en cause dans tous les autres domaines, semble se renverser par l'opération du Saint-Esprit dès lors que l'on traite de l'hypothèse "Dieu", au bénéfice exclusif de cette dernière.
Comment la raison peut-elle justifier un tel traitement de faveur ?
--L'exemple juridique est fautif, c'est justement l'exception qui confirme la règle, les traités de logique sur le sophisme ad ignorantiam le disent explicitement. Tout simplement, le fardeau de la preuve au tribunal est conventionnel, pour des raisons prudence, c'est tout, il n'est pas une réalité scientifique ou logique. S'il n' y a pas de preuve de culpabilité, tout le monde sait que le prévenu peut fort bien avoir commis le crime. Ce n'est pas une preuve scientifique. Simple convention "méthodologique" , pas du tout fondée en logique rigoureuse.(en science empirique il y a une analogie: la méthode empirique, qui doit exclure la morale, la philosophie etc. Simple restriction méthodologique, qui laisse les autres disciplines intouchées).
D'autre part, l'approche probabiliste est évidemment réversible:
Dire Dieu n'existe probablement pas implique le sophisme car s'il n'y a pas de preuve de son inexistence (si l'argument de Sartre est invalide) alors on doit dire logiquement que son existence est probable. Nous revenons au silence d'abstention (dont je ne vois pas la différence avec l'agnosticisme)
Rom's a écrit :
A ma connaissance, très peu d'athées affirment de manière absolue que Dieu n'existe pas, mais n'ont qu'une très forte supposition. Selon la logique même de ce brillant logicien, les athées n'ont donc rien à prouver lorsqu'ils émettent l'idée que Dieu n'existe pas.
Par ailleurs, si l'on dit que "on est obligé de prouver une inexistence qu'on affirme", cela signifie également que l'on doit prouver une existence qu'on affirme. Si les croyants suivaient cette logique, ils devraient s'interdire d'affirmer sans preuve l'existence de Dieu, à moins qu'eux même n'émettent qu'une supposition. Mais qui oserait se dire croyant en se contentant de supposer l'existence de Dieu ?
--Point intéressant. Sauf que Dieu n'existe pas est catégorique, et il faut préciser à chaque fois "probablement". Et c'est encore invalide: sans preuve on s'abstient, on n'affirme pas une probabilité du contraire, comme je is ci-haut. De plus, on pourra dire le contraire: l'existence de Dieu est probable. Tout le monde va finir par "croire", soir philosophiquement, soit religieusement.
Pour la religion (pas la philo) la preuve est l'argument d'autorité. Une philo peut énoncer une probabilité, une religion peut croire sur parole une crédibilité d'un locuteur. Il y a la une zone grise mais un faisceau d'indices (pourquoi un tel est crédible etc. etc) peut aboutir à une preuve morale (comme en histoire, en amitié etc)
En outre, si l'on considère que c'est sur celui qui affirme un fait positif que pèse la charge de la preuve, c'est -parce que rapporter la preuve d'un fait négatif est, dans tous les domaines, mission quasi-impossible (peux-tu prouver que Napoléon ne dormait pas avec un nounours ?).
Dans le domaine de la métaphysique en particulier, aucune affirmation n'est réfutable par la preuve, ce qui est bien confortable pour ceux qui s'en réclament, un peu trop facile, et il n'est par conséquent pas très "fair-play" ni très honnête de réclamer à corps et à cris la preuve du "fait négatif", quand on a pas soit-même celle du "fait positif" qu'on entend établir.
--Faux: les faits négatifs sont des faits: pas de différence entre dormait avec nounours ou non tel jour: la difficulté est égale et le fardeau est égal.
La conception de la métaphysique ici affirmée a autant le fardeau que la conception contraire: e.g. sinon est scientiste positiviste il faut prouver la vérité de cette philo.
Et sur Dieu c'est faux, et Maymay se trompe: la preuve de Sartre (la seule, à mon avis, dans l'histoire de la philo) , veut prouver une inexistence en montrant que l'être divin est contradictoire (cercle carré). Un être contradictoire est impossible. C'est pour ca d'ailleurs que la preuve d'inexistence est souvent si lourde et pesante: elle doit prouver qu'un être est impossible.
Enfin, la présomption (qui peut être "d'innocence", et est "d'inexistence" dans le cas qui nous occupe) ne permet pas de prouver un fait négatif, mais simplement de le tenir pour vrai jusqu'à preuve du contraire (ce qui ne signifie pas qu'il le soit), afin d'éviter d'affirmer n'importe quoi. Dans la mesure où les croyants ont la primauté de l'affirmation (l'athéisme n'étant que la réponse à l'affirmation positive "Dieu existe"), il convient de présumer que Dieu n'existe pas, tant que la preuve de son existence n'a pas été prouvée,
--C'est exactement le sophisme. Car présumer c'est affirmer , quoique faiblement. Pas de preuve=abstention. Pour une présomption en sens inverse (qui soit logique, philosophique, et non pas méthodologique ou conventionnelle) il faut des arguments supplémentaires.
De toute facon le raisonnement, en plus d'être sophistique, est artificiel, car l'histoire de la pensée est traversée d'arguments sur Dieu de part et d'autre, on ne peut donc supposer gratuitement et sans examen qu'il n'y a aucune preuve valide la dedans. Il faut partir de l'existence de ces arguments au lieu de supposer au départ que la place est vide. Elle ne l"est pas.
Tout ce qu'on peut dire c'est "en supposant qu'il n'y a aucune preuve nulle part", blablabla... Mais come je l'ai dis on ne peut alors que s'abstenir.