La femme qui ne culetait pas
Posté : 16 nov.06, 11:58
La femme qui ne culetait pas.
Il y avait une fois une femme qui ne se faisait pas prier pour recevoir des galants dans son lit. Elle se laissait faire tout ce qu’on voulait, et elle y trouvait sans doute son plaisir. Mais on n’en savait rien, car elle ne parlait jamais et ne remuait pas plus qu’une souche dans les bras de ses amoureux.
La nuit du jeudi saint, un homme devait aller coucher avec elle. Il y alla, très tard dans la nuit, se déshabilla dans l’obscurité et se coucha à côté d’elle. Puis, sans déserrer les dents, il fit sa besogne et s’en alla. Le lendemain matin, on trouva la pauvre femme morte dans son lit. L’homme, qui, comme tout bon chrétien, tenait à faire ses Pâques, bien qu’il mena une vie agitée, s’en alla à confesse.
“J’ai commis un grand péché, dit-il au curé.
- Qu’avez-vous donc fait ?
- J’ai couché avec une femme morte.
- Malheureux, je ne puis vous donner l’absolution.
- Hélas ! monsieur le curé, il faudra donc que je vive continuellement avec ce péché ?
- Ecoutez, mon enfant, tout ce que je puis faire, c’est d’en référer à Mgr l’évêque.”
Le curé écrivit à Mgr l’évêque. L’évêque répondit qu’il n’avait pas le pouvoir de remettre un aussi grave péché, et qu’il fallait en référer au pape lui-même.
L’évêque écrivit donc au pape. Le pape ordonna une enquête. S’étant bien fait expliquer la chose, il reconnut que l’homme qui avait péché n’était pas tout à fait dans son tort. Si cette femme avait eu l’habitude de culeter pendant l’oeuvre de chair, ce malheur ne serait pas arrivé, car l’homme se serait aussitôt aperçut que la femme était morte. Or les témoignages qui avaient été recueillis au cours de l’enquête étaient tous concordants : cette femme ne remuait jamais plus qu’une souche. Celui qui avait couché avec elle la dernière nuit n’avait donc pas pu savoir si elle était morte ou vivante. Le pape écrivit à l’évêque qu’il envoyait l’absolution.
Mais, en même temps, il ordonnait à l’évêque de faire un mandement destiné à instruire les fidèles, afin d’empêcher qu’une chose semblable pût se reproduire.
L’évêque fit donc un mandement, et tous les curés des paroisses en donnèrent lecture en chaire, le dimanche suivant, à la grand-messe.
“Mes chères soeurs, disaient l’évêque, notre saint-père le pape vous fait savoir que toute femme qui ne culettera pas, quand elle fera l’oeuvre de chair avec un homme, commettra un gros péché mortel.”
Recueilli dans le Lauragais (Haute-Garonne)
Contributions au folklore érotique, 1907
(Contes occitans, Jean Markale)
Il y avait une fois une femme qui ne se faisait pas prier pour recevoir des galants dans son lit. Elle se laissait faire tout ce qu’on voulait, et elle y trouvait sans doute son plaisir. Mais on n’en savait rien, car elle ne parlait jamais et ne remuait pas plus qu’une souche dans les bras de ses amoureux.
La nuit du jeudi saint, un homme devait aller coucher avec elle. Il y alla, très tard dans la nuit, se déshabilla dans l’obscurité et se coucha à côté d’elle. Puis, sans déserrer les dents, il fit sa besogne et s’en alla. Le lendemain matin, on trouva la pauvre femme morte dans son lit. L’homme, qui, comme tout bon chrétien, tenait à faire ses Pâques, bien qu’il mena une vie agitée, s’en alla à confesse.
“J’ai commis un grand péché, dit-il au curé.
- Qu’avez-vous donc fait ?
- J’ai couché avec une femme morte.
- Malheureux, je ne puis vous donner l’absolution.
- Hélas ! monsieur le curé, il faudra donc que je vive continuellement avec ce péché ?
- Ecoutez, mon enfant, tout ce que je puis faire, c’est d’en référer à Mgr l’évêque.”
Le curé écrivit à Mgr l’évêque. L’évêque répondit qu’il n’avait pas le pouvoir de remettre un aussi grave péché, et qu’il fallait en référer au pape lui-même.
L’évêque écrivit donc au pape. Le pape ordonna une enquête. S’étant bien fait expliquer la chose, il reconnut que l’homme qui avait péché n’était pas tout à fait dans son tort. Si cette femme avait eu l’habitude de culeter pendant l’oeuvre de chair, ce malheur ne serait pas arrivé, car l’homme se serait aussitôt aperçut que la femme était morte. Or les témoignages qui avaient été recueillis au cours de l’enquête étaient tous concordants : cette femme ne remuait jamais plus qu’une souche. Celui qui avait couché avec elle la dernière nuit n’avait donc pas pu savoir si elle était morte ou vivante. Le pape écrivit à l’évêque qu’il envoyait l’absolution.
Mais, en même temps, il ordonnait à l’évêque de faire un mandement destiné à instruire les fidèles, afin d’empêcher qu’une chose semblable pût se reproduire.
L’évêque fit donc un mandement, et tous les curés des paroisses en donnèrent lecture en chaire, le dimanche suivant, à la grand-messe.
“Mes chères soeurs, disaient l’évêque, notre saint-père le pape vous fait savoir que toute femme qui ne culettera pas, quand elle fera l’oeuvre de chair avec un homme, commettra un gros péché mortel.”
Recueilli dans le Lauragais (Haute-Garonne)
Contributions au folklore érotique, 1907
(Contes occitans, Jean Markale)