litholâtrie
Posté : 19 mai04, 10:32
Météorites sacrées
A l'opposé de cet usage "utilitaire", certaines pierres météoritiques anciennes furent élevées à la dignité de divinités (4). Cela est dû au fait que le phénomène de la chute de pierres célestes était regardé, par des populations encore bien frustes, comme une manifestation directe des puissances surnaturelles.
Ainsi, d'authentiques pierres du ciel furent adorées sous les noms de Cybèle ou Mère des Dieux chez les Phrygiens, de Jupiter Ammon chez les Libyens, météorite qui fut transportée à Rome en 104 avant J.-C. où elle devint l'objet d'un culte particulier. La plus connue de ces pierres sacrées s'appelle Elagabale, du nom de l'empereur romain Elagabal (Marcus Aurelius Antoninus, 204-222, mort assassiné à 18 ans seulement par les prétoriens qui ne pouvaient plus le supporter !) qui la fit amener en grande pompe à Rome sur un char tiré par quatre chevaux et qui prétendit en faire la divinité suprême de tout l'Empire romain (5). Cette célèbre pierre noire, ramenée des confins du désert de Syrie, avait environ 90 cm de hauteur et 85 cm de diamètre à la base. Une pièce de monnaie de l'époque rappelle cette extravagante histoire.
Beaucoup plus récemment, certaines météorites étaient encore adorées par des peuplades primitives. Il suffit de se rappeler l'histoire d'une pierre du ciel qui tomba le 6 mars 1853, près de Duruma au Kenya, sur le territoire d'une tribu de noirs Wanikos. Pendant trois ans, cette pierre "divine" d'environ 600 grammes fut adorée par les membres de la tribu. Ils refusèrent des offres d'achat fort alléchantes de missionnaires européens, car ils étaient persuadés que leur divinité céleste allait les protéger contre leurs ennemis. Mais en 1856, une tribu voisine de l'ethnie rivale des Masaï extermina une bonne partie de la population soi-disant "protégée". Les survivants cessèrent immédiatement de croire en la puissance protectrice de leur divinité et ils vendirent dès qu'ils le purent la météorite, redevenue pour eux un simple caillou monnayable.
Enfin, et surtout, il faut parler de l'une de ces pierres sacrées qui a traversé les millénaires et qui est encore adorées de nos jours : la célèbre Pierre noire qui est scellée dans l'angle sud-est de la Kaaba, le fameux édifice cubique qui se trouve au centre de la principale mosquée de la Mecque. Cette pierre fut longtemps considérée comme "le centre du monde" avec au-dessus d'elle (à sa verticale) "la porte du ciel", lieu de communication entre la Terre et le Ciel, c'est-à-dire le point d'accès au Paradis céleste. Les Musulmans l'appelaient aussi "la main droite de Dieu sur la Terre", croyant être en présence de l'une des pierres précieuses du Paradis, d'où elle serait tombée en Arabie avec Adam (6). Cela dit, les Musulmans d’aujourd’hui refusent que la Pierre noire soit étudiée par des scientifiques, même par l’un des leurs, et un petit doute subsiste sur sa nature et sa composition exacte. Mais pour des minéralogistes du XIXe siècle qui, eux, l’ont eu en main, il n’y a pas de problème, et ils ont attesté à l’époque de la nature météoritique de la pierre sacrée.
A l'opposé de cet usage "utilitaire", certaines pierres météoritiques anciennes furent élevées à la dignité de divinités (4). Cela est dû au fait que le phénomène de la chute de pierres célestes était regardé, par des populations encore bien frustes, comme une manifestation directe des puissances surnaturelles.
Ainsi, d'authentiques pierres du ciel furent adorées sous les noms de Cybèle ou Mère des Dieux chez les Phrygiens, de Jupiter Ammon chez les Libyens, météorite qui fut transportée à Rome en 104 avant J.-C. où elle devint l'objet d'un culte particulier. La plus connue de ces pierres sacrées s'appelle Elagabale, du nom de l'empereur romain Elagabal (Marcus Aurelius Antoninus, 204-222, mort assassiné à 18 ans seulement par les prétoriens qui ne pouvaient plus le supporter !) qui la fit amener en grande pompe à Rome sur un char tiré par quatre chevaux et qui prétendit en faire la divinité suprême de tout l'Empire romain (5). Cette célèbre pierre noire, ramenée des confins du désert de Syrie, avait environ 90 cm de hauteur et 85 cm de diamètre à la base. Une pièce de monnaie de l'époque rappelle cette extravagante histoire.
Beaucoup plus récemment, certaines météorites étaient encore adorées par des peuplades primitives. Il suffit de se rappeler l'histoire d'une pierre du ciel qui tomba le 6 mars 1853, près de Duruma au Kenya, sur le territoire d'une tribu de noirs Wanikos. Pendant trois ans, cette pierre "divine" d'environ 600 grammes fut adorée par les membres de la tribu. Ils refusèrent des offres d'achat fort alléchantes de missionnaires européens, car ils étaient persuadés que leur divinité céleste allait les protéger contre leurs ennemis. Mais en 1856, une tribu voisine de l'ethnie rivale des Masaï extermina une bonne partie de la population soi-disant "protégée". Les survivants cessèrent immédiatement de croire en la puissance protectrice de leur divinité et ils vendirent dès qu'ils le purent la météorite, redevenue pour eux un simple caillou monnayable.
Enfin, et surtout, il faut parler de l'une de ces pierres sacrées qui a traversé les millénaires et qui est encore adorées de nos jours : la célèbre Pierre noire qui est scellée dans l'angle sud-est de la Kaaba, le fameux édifice cubique qui se trouve au centre de la principale mosquée de la Mecque. Cette pierre fut longtemps considérée comme "le centre du monde" avec au-dessus d'elle (à sa verticale) "la porte du ciel", lieu de communication entre la Terre et le Ciel, c'est-à-dire le point d'accès au Paradis céleste. Les Musulmans l'appelaient aussi "la main droite de Dieu sur la Terre", croyant être en présence de l'une des pierres précieuses du Paradis, d'où elle serait tombée en Arabie avec Adam (6). Cela dit, les Musulmans d’aujourd’hui refusent que la Pierre noire soit étudiée par des scientifiques, même par l’un des leurs, et un petit doute subsiste sur sa nature et sa composition exacte. Mais pour des minéralogistes du XIXe siècle qui, eux, l’ont eu en main, il n’y a pas de problème, et ils ont attesté à l’époque de la nature météoritique de la pierre sacrée.