La loi du voile
Posté : 06 sept.07, 22:12
LA LOI DU VOILE
« Dis aux croyantes de ne pas montrer leurs atours, sauf ceux qu’elle ne peuvent dissimuler, et de rabattre leurs mantilles sur leurs échancrures », Coran, verset 31 de la sourate 24 au titre éloquent : Sourate de la Lumière.
Sur la base de l’interprétation biaiseuse de ce bout de verset, des millions de femmes se sont vues ensevelis, pendant des siècles, sous les voiles de l’ignorance. Ce n’est pas une protection, comme le prétendraient certains, c’est une honte, une négation de sa condition de femme, puisqu’il s’agit de voiler tout ce qui, justement, fait qu’elle n’est pas née homme. Il doit bien y avoir derrière cet asservissement quelque crainte refoulé de se faire surpasser un jour par le « sexe faible ». A défaut de force physique, elle aurait alors pu affûter les pointes, ô combien plus pénétrantes, des lances de l’esprit. Car on en a pourtant vu chanter, des poétesses, commercer, des marchandes, et discourir, des femmes juristes. Mais la noblesse de ces femmes du désert fut un jour assombrie par la bonne conscience de quelques oulémas « bien pensants », souvent proche d’un calife à l’esprit borné et en mal d’autorité.
En France, nous pouvons souffler. Car, à l’unanimité, par delà les traditionnelles divergences entre gauche et droite, les députés ont optés pour le parti de la laïcité, pour le camp de la liberté, dans lequel toutes les confessions ont le droit de s’exprimer. Tout symbole religieux, porté de manière « manifestement ostensible » sera désormais interdit dans les écoles. Kippas, grosses croix et voiles seront concernés.
Atteinte à la liberté de se vêtir ? Lorsque, dans le champ de nos libertés, les sillons de la servitude sont tracés, notre devoir est d’empêcher les semeurs d’ignorance d’y déposer leurs mauvaises graines. Des civilisations entières se sont laissées surprendre par cette ivraie. La ruine de la florissante Andalousie sous le joug de la Reconquista, ne fut que la conséquence inéluctable de l’œuvre gangréneuse des oulémas.
Chez les Soufis, ces mystiques de l’islam, le voile n’est-il pas aussi symbole de l’ignorance des hommes, qui nous empêche d’accéder à la Connaissance suprême ?
De part l’écrasante « sagesse », de ces messieurs les oulémas – à la fois théologiens, docteurs de la loi, imams, juges, députés et « conseillers en tout »… –, les philosophes cessèrent de penser, les savants d’expérimenter, les poètes de chanter et les femmes de danser. Ils préférèrent les voir voilées, oubliant que, Khadidja, la première femme du vénéré Prophète, n’était autre qu’une riche commerçante respectée, et avant tout une femme « d’extérieur ». Aux premiers siècles de l’islam, les sables du Hidjaz auraient pu être sept fois retournés, pas l’ombre d’une bédouine voilée n’en aurait entaché la pureté. C’est le vent du nord, venu de Perse et de Byzance, qui porta le voile de la honte jusqu’aux rebelles et libres bédouines arabes. Il ne se généralisa dans l’empire arabo-musulman que sous la dynastie des Abbasides, vers l’an 750, puis sous les Fatimides, à partir de l’an 909.
Qui aujourd’hui, dans le monde musulman, pourrait se faire, librement, l’écho d’un Al-Afghani, fondateur à Paris, en 1883, de la revue Le Lien indissoluble, à la vie courte mais remarquée, et dans laquelle il ne cessa de fustiger ces religieux plus amoureux du pouvoir que de leur foi. Qui pourrait citer Mohammed Abdou, pour lequel « En cas de conflit entre raison et Tradition – sunna –, c’est à la raison qu’appartient le droit de décider », ou encore Ahmad Khan qui prônait une lecture rationnelle, symbolique et critique du Coran. Comme par enchantement, la voix de ces réformateurs musulmans s’est évanouie dans les méandres d’une théologie simpliste et abrutissante.
Alors pourquoi pas un nouvel Atatürk ?
En 1920, dans un élan de modernisation, le grand Mustafa Kemal, dit Atatürk, le Père des Turcs, interdit partout dans son pays le port du « voile de la honte », et interdit les écoles d’enseignement islamique. En Turquie, pays de traditions et de culture musulmane, le choc fut réel. Grâce à cet homme, qui avait une « autre idée de la Turquie », le pays fit un bond de plusieurs siècles en avant, s’éloignant de l’obscurantisme des traditions léguées par l’empire ottoman, ce « Vieil Homme Malade de l’Europe ». Dans son engouement pour la liberté – il fut aussi à l’origine de la guerre d’indépendance turque contre les Alliés et le gouvernement impérial d’Istanbul –, sans doute a-t-il voulu aller trop vite, pour une population qui, elle, n’était pas prête à franchir le pas de la modernité, car encore éprise d’un passé aussi glorieux que mythique.
En France, tel n’est pas le cas. Et l’objet de cette nouvelle loi sur la laïcité n’est pas tant de faire un bond en avant que de ne pas sombrer dans un ignoble passé.
Ne gâchons pas Cordoue, dont les 400 000 volumes de la bibliothèque califale furent d’un secours indéniable pour l’essor d’une Europe médiévale, alors gangrenée de peste et de superstitions. Ne gâchons pas les hommes des Lumière qui nous ont affranchis des hommes de religions. Car toute croyance et façon de croire est personnelle, et ne doit jamais être dictée sous la pression d’un frère, d’un père ou d’un quelconque prédicateur, quel qu’il fut.
S’il a fallut qu’une loi soit écrite, c’est que de tels abus existent. De plus en plus. Une loi pour l’exemple, une loi pour le rappel, car il n’est « point de contrainte en religion », Coran, sourate 2, verset 256. Par conséquent, il n’est point non plus d’étreinte ; pas même celle d’un sombre foulard. Femmes libres, réjouissez vous ! La loi coranique est aussi contenue dans les textes de la République.
« Dis aux croyantes de ne pas montrer leurs atours, sauf ceux qu’elle ne peuvent dissimuler, et de rabattre leurs mantilles sur leurs échancrures », Coran, verset 31 de la sourate 24 au titre éloquent : Sourate de la Lumière.
Sur la base de l’interprétation biaiseuse de ce bout de verset, des millions de femmes se sont vues ensevelis, pendant des siècles, sous les voiles de l’ignorance. Ce n’est pas une protection, comme le prétendraient certains, c’est une honte, une négation de sa condition de femme, puisqu’il s’agit de voiler tout ce qui, justement, fait qu’elle n’est pas née homme. Il doit bien y avoir derrière cet asservissement quelque crainte refoulé de se faire surpasser un jour par le « sexe faible ». A défaut de force physique, elle aurait alors pu affûter les pointes, ô combien plus pénétrantes, des lances de l’esprit. Car on en a pourtant vu chanter, des poétesses, commercer, des marchandes, et discourir, des femmes juristes. Mais la noblesse de ces femmes du désert fut un jour assombrie par la bonne conscience de quelques oulémas « bien pensants », souvent proche d’un calife à l’esprit borné et en mal d’autorité.
En France, nous pouvons souffler. Car, à l’unanimité, par delà les traditionnelles divergences entre gauche et droite, les députés ont optés pour le parti de la laïcité, pour le camp de la liberté, dans lequel toutes les confessions ont le droit de s’exprimer. Tout symbole religieux, porté de manière « manifestement ostensible » sera désormais interdit dans les écoles. Kippas, grosses croix et voiles seront concernés.
Atteinte à la liberté de se vêtir ? Lorsque, dans le champ de nos libertés, les sillons de la servitude sont tracés, notre devoir est d’empêcher les semeurs d’ignorance d’y déposer leurs mauvaises graines. Des civilisations entières se sont laissées surprendre par cette ivraie. La ruine de la florissante Andalousie sous le joug de la Reconquista, ne fut que la conséquence inéluctable de l’œuvre gangréneuse des oulémas.
Chez les Soufis, ces mystiques de l’islam, le voile n’est-il pas aussi symbole de l’ignorance des hommes, qui nous empêche d’accéder à la Connaissance suprême ?
De part l’écrasante « sagesse », de ces messieurs les oulémas – à la fois théologiens, docteurs de la loi, imams, juges, députés et « conseillers en tout »… –, les philosophes cessèrent de penser, les savants d’expérimenter, les poètes de chanter et les femmes de danser. Ils préférèrent les voir voilées, oubliant que, Khadidja, la première femme du vénéré Prophète, n’était autre qu’une riche commerçante respectée, et avant tout une femme « d’extérieur ». Aux premiers siècles de l’islam, les sables du Hidjaz auraient pu être sept fois retournés, pas l’ombre d’une bédouine voilée n’en aurait entaché la pureté. C’est le vent du nord, venu de Perse et de Byzance, qui porta le voile de la honte jusqu’aux rebelles et libres bédouines arabes. Il ne se généralisa dans l’empire arabo-musulman que sous la dynastie des Abbasides, vers l’an 750, puis sous les Fatimides, à partir de l’an 909.
Qui aujourd’hui, dans le monde musulman, pourrait se faire, librement, l’écho d’un Al-Afghani, fondateur à Paris, en 1883, de la revue Le Lien indissoluble, à la vie courte mais remarquée, et dans laquelle il ne cessa de fustiger ces religieux plus amoureux du pouvoir que de leur foi. Qui pourrait citer Mohammed Abdou, pour lequel « En cas de conflit entre raison et Tradition – sunna –, c’est à la raison qu’appartient le droit de décider », ou encore Ahmad Khan qui prônait une lecture rationnelle, symbolique et critique du Coran. Comme par enchantement, la voix de ces réformateurs musulmans s’est évanouie dans les méandres d’une théologie simpliste et abrutissante.
Alors pourquoi pas un nouvel Atatürk ?
En 1920, dans un élan de modernisation, le grand Mustafa Kemal, dit Atatürk, le Père des Turcs, interdit partout dans son pays le port du « voile de la honte », et interdit les écoles d’enseignement islamique. En Turquie, pays de traditions et de culture musulmane, le choc fut réel. Grâce à cet homme, qui avait une « autre idée de la Turquie », le pays fit un bond de plusieurs siècles en avant, s’éloignant de l’obscurantisme des traditions léguées par l’empire ottoman, ce « Vieil Homme Malade de l’Europe ». Dans son engouement pour la liberté – il fut aussi à l’origine de la guerre d’indépendance turque contre les Alliés et le gouvernement impérial d’Istanbul –, sans doute a-t-il voulu aller trop vite, pour une population qui, elle, n’était pas prête à franchir le pas de la modernité, car encore éprise d’un passé aussi glorieux que mythique.
En France, tel n’est pas le cas. Et l’objet de cette nouvelle loi sur la laïcité n’est pas tant de faire un bond en avant que de ne pas sombrer dans un ignoble passé.
Ne gâchons pas Cordoue, dont les 400 000 volumes de la bibliothèque califale furent d’un secours indéniable pour l’essor d’une Europe médiévale, alors gangrenée de peste et de superstitions. Ne gâchons pas les hommes des Lumière qui nous ont affranchis des hommes de religions. Car toute croyance et façon de croire est personnelle, et ne doit jamais être dictée sous la pression d’un frère, d’un père ou d’un quelconque prédicateur, quel qu’il fut.
S’il a fallut qu’une loi soit écrite, c’est que de tels abus existent. De plus en plus. Une loi pour l’exemple, une loi pour le rappel, car il n’est « point de contrainte en religion », Coran, sourate 2, verset 256. Par conséquent, il n’est point non plus d’étreinte ; pas même celle d’un sombre foulard. Femmes libres, réjouissez vous ! La loi coranique est aussi contenue dans les textes de la République.
