thierry walker a écrit :"Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentit, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs oeuvres. Je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs, et je vous rendrai à chacun selon ses oeuvres" (Apocalypse 2 : 20-23).
Question : qui étaient "les enfants de Jézabel" ? Quand sont-ils morts ?
Il semblerait que la doctrine de Jésabel avait cours depuis un certain temps :
Je lui ai donné du temps pour se repentir ... Le verbe
donner est ici à l'aoriste (
edôka), ce qui indique que Jésabel avait déjà fait l'objet d'une réprimande de la part du Seigneur. Mais à l'époque où le Voyant contemple la Révélation, cet appel à la repentance est demeuré vain :
elle ne veut pas se repentir ... Devant ce refus obstiné, le Seigneur se devait d'agir immédiatement :
Voici, je la jette (
ballô, présent de l'indicatif)
sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation ...
Les doctrines de Balaam, des Nicolaïtes et de Jésabel indiquent peut-être
diverses gradations d'un même mal. La doctrine de Jésabel représentant ici le stade le plus avancé (ce qui justifie le jugement plus sévère du Seigneur). Quant à la nature exacte de ce mal, la difficulté subsite tout entière ...
Il se peut que les enfants de Jésabel aient été épargné du jugement divin (
Voici, je vais ... à moins qu'ils ne se repentent de leurs œuvres). Mais je ne le sais pas vraiment.
NOTES ADDITIONNELLES
Apocalypse 2.24 :
Mais à vous je dis, aux autres qui sont à Thyatire, autant qu'il y en a qui n'ont pas cette doctrine (
à savoir la doctrine qui consiste à manger des viandes sacrifiées aux idoles et à commettre la fornication, en opposition avec le décret qui fut promulgué par les apôtres dans Actes 15)
... je ne vous impose pas d'autre charge (
baros).
Comparons maintenant avec Actes 15.28-29 :
Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucune autre charge (
baros)
que ces choses-ci qui sont nécessaires (
afin de favoriser la paix et l'harmonie entre les Juifs et les Gentils)
: qu'on s'abstienne des choses sacrifiées aux idoles ... et de la fornication ...
Il y a un rapport évident entre ces deux textes. Les thèmes sont identiques. Et comme le décret d'Actes 15 s'adressait aux païens, on peut logiquement inférer que les enfants de Jésabel étaient des païens.
À propos de la femme Jésabel, Ernest Renan a écrit ceci :
« Il s'agit ici de quelque femme influente de Thyatires, disciple de Paul » (Ernest Renan,
Histoire des origines du christianisme. Tome 2. Paris : Éditions Robert Laffont, 1995, page 180).
Cette assertion mérite quelques éclaircissements pour éviter tout malentendu. Nous ne disons aucunement que Paul était un hérétique. Ce que nous disons, c'est que certains païens qui se réclamaient de Paul avaient mal compris ses enseignements et abusaient de sa doctrine de la liberté chrétienne (cf. 1 Corinthiens 8.9 ; 10.32-33).
La question des viandes sacrifiées aux idoles et de la fornication est devenue très tôt un problème dans l'église primitive. La paix de l'église était menacée. Il fallait trouver rapidement une solution. Cette solution est venue du décret apostolique (Actes 15).
Mais le problème était loin d'être résolu. D'ailleurs, Paul consacrera trois longs chapitres à ce problème (voir Romains 14.1-23 ; 1 Corinthiens 8.1-13 ; 10.14-33). Bien que les propos de l'apôtre étaient parfaitement clairs, quelques-uns des païens ne comprenaient pas (ou ne voulaient pas comprendre) son enseignement. Ils abusaient de sa doctrine de la liberté chrétienne pour en faire un prétexte à la licence.
Ainsi que Pierre l'a rappelé, Paul a écrit plusieurs choses qui sont difficiles à comprendre et dont les ignorants et les mal affermis tordent le sens pour leur propre ruine (2 Pierre 3.16). Se pourrait-il que la question des viandes sacrifiées aux idoles et de la fornication ait fait partie de ces choses difficiles à comprendre ? C'est ce que semble indiquer 2 Pierre 2 (lire tout le chapitre).
CP