L'apostasie, selon Al Qaradaoui
Posté : 06 déc.07, 02:12
Le danger de l’apostasie... et la lutte contre la zizanie
lundi 30 décembre 2002
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Dr Yûsuf Al-Qaradâwî
La société musulmane et la lutte contre l’apostasie
Le danger le plus terrible auquel est confronté le Musulman est celui qui menace son identité spirituelle, c’est-à-dire celui qui menace sa foi. C’est pour cette raison que l’apostasie — la mécréance après l’Islam — est le danger le plus terrible auquel la société musulmane est confrontée. Le plus grand complot ourdi par les ennemis de cette société consiste à détourner les Musulmans de leur religion, que ce soit par la force et les armes ou par la ruse et la tromperie. Le Très-Haut dit en effet : « Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils le peuvent, vous détourner de votre religion. » (sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 217)
À notre époque, la société musulmane a été la cible de violentes invasions et d’attaques virulentes visant à la déraciner. Ces invasions sont symbolisées par les campagnes d’évangélisation qui ont commencé avec la colonisation occidentale, et qui se poursuivent aujourd’hui encore dans le monde musulman, ainsi qu’au sein des communautés et des minorités musulmanes. Parmi les objectifs de ces campagnes : l’évangélisation des Musulmans dans le monde, comme l’a montré la Conférence du Colorado, tenue en 1978. Au cours de cette conférence, quarante études portant sur l’Islam et les Musulmans ont été proposées. Il y a été question des méthodes d’évangélisation qui pourraient être utilisées spécifiquement avec les Musulmans. Un milliard de dollars ont été récoltés pour mener cette entreprise. On y a fondé l’Institut Zwemer qui forme des spécialistes dans l’évangélisation des Musulmans.
Ces attaques contre la société musulmane sont également symbolisées par l’invasion communiste qui a conquis des pays musulmans entiers en Asie et qui a farouchement œuvré pour la disparition de l’Islam, pour son élimination de la vie quotidienne et pour l’éducation de générations ne connaissant l’Islam ni de près ni de loin.
La troisième attaque revient à l’invasion laïque et athée, qui poursuit sa mission jusqu’à aujourd’hui au cœur même des terres d’Islam. Tantôt elle se manifeste, tantôt elle se dissimule. Sans relâche, elle poursuit l’Islam véritable, tout en célébrant un Islam factice. Ce troisième type d’invasion est probablement le plus vicieux et le plus dangereux.
Le devoir de la société musulmane — si elle veut survivre — est de résister à l’apostasie de quelque origine qu’elle soit et de quelque forme qu’elle apparaisse. Il ne faut pas lui laisser l’opportunité de se propager et de se répandre, comme se répand le feu dans la paille.
C’est ce que firent Abû Bakr et les Compagnons, que Dieu les agrée. Ils combattirent les rénégats qui avaient suivi des imposteurs prétendant à la mission prophétique, comme Musaylimah, Sajâh, Al-Asadî, Al-`Ansî et d’autres, ceux-là mêmes qui faillirent en finir avec l’Islam naissant.
Le danger le plus grave qui puisse être est que la société musulmane soit éprouvée par des apostats hérétiques qui propagent l’apostasie au sein de la Communauté, alors qu’il n’y a personne pour leur faire face ni pour leur résister. C’est ce qu’un savant a exprimé au sujet de l’apostasie qui sévit de nos jours : "Une apostasie, mais point de Abû Bakr pour lui faire face !" .
Il est nécessaire d’opposer une résistance à l’apostasie individuelle afin de la cerner et d’éviter qu’elle ne se développe et que fusent de toutes parts ses étincelles. Elle deviendrait alors une apostasie généralisée, car des petites étincelles naissent les grands incendies.
A partir de cela, les juristes de l’Islam sont unanimement d’avis que l’apostat mérite une peine — même s’ils peuvent diverger sur sa nature. Leur grande majorité estime que cette peine est la peine de mort. C’est l’avis des quatre écoles de jurisprudence islamique prévalantes, voire des huit écoles.
A ce sujet, une somme de hadiths authentiques ont été narrés par un certain nombre de Compagnons : Ibn `Abbâs, Abû Mûsâ, Mu`âdh, `Alî, `Uthmân, Ibn Mas`ûd, `Â’ishah, Anas, Abû Hurayrah et Mu`âwiyah Ibn Haydah.
Ces hadiths sont rapportés selon des formulations différentes. Par exemple, le hadith d’Ibn `Abbâs : « Quiconque change sa religion, tuez-le. » (rapporté par tous les compilateurs de hadiths sauf Muslim ; on retrouve le même hadith chez At-Tabarânî, d’après Abû Hurayrah, avec une bonne chaîne de narration et ce hadith est narré selon Mu`âwiyah Ibn Haydah avec une chaîne de narration dont les maillons sont des hommes de confiance).
Le hadith d’Ibn Mas`ûd : « Le sang d’un Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que je suis le Messager de Dieu est illicite sauf dans trois cas : l’homicide volontaire, le fornicateur qui a déjà connu le mariage et l’apostat qui abandonne la Communauté. » (rapporté par l’ensemble des compilateurs de hadiths).
Selon d’autres versions de ce hadith, d’après `Uthmân : « ...un homme qui a mécru après sa Soumission (Islam) ou qui a forniqué après qu’il a connu le mariage ou qui a tué sans droit une autre âme. » (rapporté par At-Tirmidhî — qui le qualifia de hasan (bon) -, An-Nasâ’î et Ibn Mâjah ; le sens du hadith est confirmé par la version d’Ibn `Abbâs, de Abû Hurayrah et de Anas).
L’érudit Ibn Rajab dit : « Tuer dans chacun de ces trois cas est consensuellement admis par les Musulmans. » .
`Alî — que Dieu honore sa face — exécuta la peine de l’apostasie contre un groupe de gens qui l’avaient divinisé. Il les brûla vifs, après qu’il leur eut demandé de se repentir et qu’il les eut réprimandés, mais ils refusèrent de se repentir et de revenir sur leurs prétentions. Il les jeta alors dans le feu, disant :
« Lammâ ra’aytul-amra amram-munkarâ *** Ajjajtu nârî wa da`awtu Qumburâ
Traduction :
Lorsque j’ai vu que la chose était blâmable *** J’ai allumé mon bûcher, et j’ai appelé Qumbur »
Qumbur étant son serviteur et son page .
Ibn `Abbâs désapprouva `Alî, arguant de l’autre hadith : « Ne châtiez pas par le châtiment de Dieu. » Ibn `Abbâs pensait donc qu’il fallait les tuer, mais non les brûler. La divergence d’Ibn `Abbâs concernait donc le moyen employé, non le principe.
De même, Abû Mûsâ et Mu`âdh exécutèrent la peine de mort contre un Juif du Yémen qui s’était converti à l’Islam puis avait apostasié. Mu`âdh dit alors : « C’est le Jugement de Dieu et de son Messager. » (hadith consensuellement reconnu — i.e. rapporté par Al-Bukhârî et Muslim).
`Abd Ar-Razzâq rapporte qu’Ibn Mas`ûd mit en arrestation un groupe de gens, en Irak, qui avaient renié l’Islam. Il écrivit alors à `Umar à leur sujet. Ce dernier lui répondit par une lettre : « Propose-leur la religion de vérité et l’attestation qu’il n’y a de dieu que Dieu. S’ils acceptent, laisse-les en paix. Et s’ils refusent, tue-les. » Certains d’entre eux acceptèrent et ils furent graciés. D’autres refusèrent et ils furent tués [4].
On rapporte d’après Abû `Amr Ash-Shaybânî qu’Al-Mustawrad Al-`Ijlî se convertit au christianisme après avoir embrassé l’Islam. `Utbah Ibn Furqud l’envoya à `Alî, qui lui demanda de se repentir, ce que l’apostat refusa de faire. `Alî le mit à mort [5].
http://www.islamophile.org/spip/article458.html
lundi 30 décembre 2002
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Dr Yûsuf Al-Qaradâwî
La société musulmane et la lutte contre l’apostasie
Le danger le plus terrible auquel est confronté le Musulman est celui qui menace son identité spirituelle, c’est-à-dire celui qui menace sa foi. C’est pour cette raison que l’apostasie — la mécréance après l’Islam — est le danger le plus terrible auquel la société musulmane est confrontée. Le plus grand complot ourdi par les ennemis de cette société consiste à détourner les Musulmans de leur religion, que ce soit par la force et les armes ou par la ruse et la tromperie. Le Très-Haut dit en effet : « Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils le peuvent, vous détourner de votre religion. » (sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 217)
À notre époque, la société musulmane a été la cible de violentes invasions et d’attaques virulentes visant à la déraciner. Ces invasions sont symbolisées par les campagnes d’évangélisation qui ont commencé avec la colonisation occidentale, et qui se poursuivent aujourd’hui encore dans le monde musulman, ainsi qu’au sein des communautés et des minorités musulmanes. Parmi les objectifs de ces campagnes : l’évangélisation des Musulmans dans le monde, comme l’a montré la Conférence du Colorado, tenue en 1978. Au cours de cette conférence, quarante études portant sur l’Islam et les Musulmans ont été proposées. Il y a été question des méthodes d’évangélisation qui pourraient être utilisées spécifiquement avec les Musulmans. Un milliard de dollars ont été récoltés pour mener cette entreprise. On y a fondé l’Institut Zwemer qui forme des spécialistes dans l’évangélisation des Musulmans.
Ces attaques contre la société musulmane sont également symbolisées par l’invasion communiste qui a conquis des pays musulmans entiers en Asie et qui a farouchement œuvré pour la disparition de l’Islam, pour son élimination de la vie quotidienne et pour l’éducation de générations ne connaissant l’Islam ni de près ni de loin.
La troisième attaque revient à l’invasion laïque et athée, qui poursuit sa mission jusqu’à aujourd’hui au cœur même des terres d’Islam. Tantôt elle se manifeste, tantôt elle se dissimule. Sans relâche, elle poursuit l’Islam véritable, tout en célébrant un Islam factice. Ce troisième type d’invasion est probablement le plus vicieux et le plus dangereux.
Le devoir de la société musulmane — si elle veut survivre — est de résister à l’apostasie de quelque origine qu’elle soit et de quelque forme qu’elle apparaisse. Il ne faut pas lui laisser l’opportunité de se propager et de se répandre, comme se répand le feu dans la paille.
C’est ce que firent Abû Bakr et les Compagnons, que Dieu les agrée. Ils combattirent les rénégats qui avaient suivi des imposteurs prétendant à la mission prophétique, comme Musaylimah, Sajâh, Al-Asadî, Al-`Ansî et d’autres, ceux-là mêmes qui faillirent en finir avec l’Islam naissant.
Le danger le plus grave qui puisse être est que la société musulmane soit éprouvée par des apostats hérétiques qui propagent l’apostasie au sein de la Communauté, alors qu’il n’y a personne pour leur faire face ni pour leur résister. C’est ce qu’un savant a exprimé au sujet de l’apostasie qui sévit de nos jours : "Une apostasie, mais point de Abû Bakr pour lui faire face !" .
Il est nécessaire d’opposer une résistance à l’apostasie individuelle afin de la cerner et d’éviter qu’elle ne se développe et que fusent de toutes parts ses étincelles. Elle deviendrait alors une apostasie généralisée, car des petites étincelles naissent les grands incendies.
A partir de cela, les juristes de l’Islam sont unanimement d’avis que l’apostat mérite une peine — même s’ils peuvent diverger sur sa nature. Leur grande majorité estime que cette peine est la peine de mort. C’est l’avis des quatre écoles de jurisprudence islamique prévalantes, voire des huit écoles.
A ce sujet, une somme de hadiths authentiques ont été narrés par un certain nombre de Compagnons : Ibn `Abbâs, Abû Mûsâ, Mu`âdh, `Alî, `Uthmân, Ibn Mas`ûd, `Â’ishah, Anas, Abû Hurayrah et Mu`âwiyah Ibn Haydah.
Ces hadiths sont rapportés selon des formulations différentes. Par exemple, le hadith d’Ibn `Abbâs : « Quiconque change sa religion, tuez-le. » (rapporté par tous les compilateurs de hadiths sauf Muslim ; on retrouve le même hadith chez At-Tabarânî, d’après Abû Hurayrah, avec une bonne chaîne de narration et ce hadith est narré selon Mu`âwiyah Ibn Haydah avec une chaîne de narration dont les maillons sont des hommes de confiance).
Le hadith d’Ibn Mas`ûd : « Le sang d’un Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que je suis le Messager de Dieu est illicite sauf dans trois cas : l’homicide volontaire, le fornicateur qui a déjà connu le mariage et l’apostat qui abandonne la Communauté. » (rapporté par l’ensemble des compilateurs de hadiths).
Selon d’autres versions de ce hadith, d’après `Uthmân : « ...un homme qui a mécru après sa Soumission (Islam) ou qui a forniqué après qu’il a connu le mariage ou qui a tué sans droit une autre âme. » (rapporté par At-Tirmidhî — qui le qualifia de hasan (bon) -, An-Nasâ’î et Ibn Mâjah ; le sens du hadith est confirmé par la version d’Ibn `Abbâs, de Abû Hurayrah et de Anas).
L’érudit Ibn Rajab dit : « Tuer dans chacun de ces trois cas est consensuellement admis par les Musulmans. » .
`Alî — que Dieu honore sa face — exécuta la peine de l’apostasie contre un groupe de gens qui l’avaient divinisé. Il les brûla vifs, après qu’il leur eut demandé de se repentir et qu’il les eut réprimandés, mais ils refusèrent de se repentir et de revenir sur leurs prétentions. Il les jeta alors dans le feu, disant :
« Lammâ ra’aytul-amra amram-munkarâ *** Ajjajtu nârî wa da`awtu Qumburâ
Traduction :
Lorsque j’ai vu que la chose était blâmable *** J’ai allumé mon bûcher, et j’ai appelé Qumbur »
Qumbur étant son serviteur et son page .
Ibn `Abbâs désapprouva `Alî, arguant de l’autre hadith : « Ne châtiez pas par le châtiment de Dieu. » Ibn `Abbâs pensait donc qu’il fallait les tuer, mais non les brûler. La divergence d’Ibn `Abbâs concernait donc le moyen employé, non le principe.
De même, Abû Mûsâ et Mu`âdh exécutèrent la peine de mort contre un Juif du Yémen qui s’était converti à l’Islam puis avait apostasié. Mu`âdh dit alors : « C’est le Jugement de Dieu et de son Messager. » (hadith consensuellement reconnu — i.e. rapporté par Al-Bukhârî et Muslim).
`Abd Ar-Razzâq rapporte qu’Ibn Mas`ûd mit en arrestation un groupe de gens, en Irak, qui avaient renié l’Islam. Il écrivit alors à `Umar à leur sujet. Ce dernier lui répondit par une lettre : « Propose-leur la religion de vérité et l’attestation qu’il n’y a de dieu que Dieu. S’ils acceptent, laisse-les en paix. Et s’ils refusent, tue-les. » Certains d’entre eux acceptèrent et ils furent graciés. D’autres refusèrent et ils furent tués [4].
On rapporte d’après Abû `Amr Ash-Shaybânî qu’Al-Mustawrad Al-`Ijlî se convertit au christianisme après avoir embrassé l’Islam. `Utbah Ibn Furqud l’envoya à `Alî, qui lui demanda de se repentir, ce que l’apostat refusa de faire. `Alî le mit à mort [5].
http://www.islamophile.org/spip/article458.html