Mais elle sera sauvée par l'enfantement (1 Timothée 2.15)
Posté : 29 juin04, 21:38
« Mais elle sera sauvée par l'enfantement, si elle persévère dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie » (1 Timothée 2.15).
Ayant clairement exposé la position de la femme dans les fonctions publiques de l'Église, Paul désire-t-il laisser entendre que la femme ne peut être sauvée ? Le rôle important qu'elle a joué dans la chute la rend-elle incapable de profiter pleinement du salut ? 1 Timothée 2.15 réfute clairement tous les soupçons. Il y a un salut pour les femmes, même si elles doivent être soumises aux hommes. Cette affirmation est en contraste avec ce qu'affirment beaucoup d'autres religions pour qui la femme n'a pas assez de valeur pour être sauvée.
Tous les commentateurs s'accordent pour affirmer que, selon 1 Timothée 2.15, il y a un salut pour les femmes, même si celles-ci ne détiennent pas de position d'autorité dans l'assemblée. Toutefois, l'interprétation de l'expression dia tês teknogonias (par l'enfantement) est difficile. Les différentes traductions de ce passage nous donnent une idée du problème. Segond, Jérusalem et Maredsous traduisent : « en devenant mère » ; la TOB : « par maternité » ; Darby : « en enfantant » ; et finalement la BNA : « en ayant des enfants ». J'ai rencontré les quatre points de vue suivants sur l'« enfantement » (1 Timothée 2.15).
1. Le point de vue du salut physique dans la maternité. Selon cette interprétation, il s'agit ici du salut physique des femmes qui passent par les douleurs de l'enfantement. Ironside, Simpson et plusieurs autres optent pour ce point de vue. Voici les propos de ceux qui défendent cette interprétation :
D'un autre côté, il semble y avoir ici un grand encouragement pour les futurs parents. Je ne peux pas m'empêcher de croire que ceci fait référence à l'heure de son épreuve, lorsqu'elle sera protégée dans son enfantement (H.A. Ironside, Addresses on the First and Second Epistles of Timothy et al. New York : Loizeaux Brothers Inc., 1947, page 72).
Plusieurs femmes pieuses ont appréhendé les douleurs de l'enfantement ; il n'est donc pas malséant que, pour soulager la tension créée dans ces moments-là, Paul assure les mères chrétiennes de la bénédiction si convoitée d'un eutokia, un accouchement sauf, pourvu qu'elles demeurent dans la foi et l'amour, au sein des souffrances de la parturition (E.K. Simpson, The Pastoral Epistles. Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans Pub. Co., 1954, page 48).
La faiblesse de cette interprétation est évidente par le simple fait qu'elle n'est pas toujours vraie. Plusieurs femmes pieuses sont mortes en accouchant. Pour soutenir ce point de vue, nous sommes forcés de dire que ces femmes manquaient de foi, d'amour ou de modestie. Quelle condamnation cruelle et injustifiée ! L'Écriture ne promet pas plus la sécurité physique à la femme croyante qui accouche qu'elle ne promet une bonne santé à tout chrétien.
2. Le point de vue du salut spirituel par la maternité. Selon ce point de vue, 1 Timothée 2.15 enseigne le salut de l'âme par l'enfantement. Je n'ai pu trouver aucun commentateur défendant clairement cette interprétation, mais plusieurs auteurs y font référence. Il est parfois enseigné que si une femme meurt pendant l'accouchement son âme sera sauvée. Un auteur catholique en conclut que l'accouchement assure le salut :
L'enfantement sanctifie, bien que ce ne soit pas le seul moyen par lequel les femmes puissent être sanctifiées et sauvées (Leo P. Foley, The Pastoral Epistles, dans A Commentary on the New Testament. Kansas City : Catholic Biblical Association, 1942, page 574).
Toutefois, la fin de 1 Timothée 2.15 réfute l'idée qu'il soit question ici des femmes qui meurent en accouchant, puisqu'il y est dit qu'elles doivent persévérer dans la foi et l'amour, ce qui serait évidemment impossible une fois mortes. De plus, que le salut spirituel soit accordé grâce à l'enfantement est contraire à l'enseignement biblique qui veut que le salut soit accordé aux pécheurs grâce aux seul mérites du sacrifice expiatoire du Christ.
3. Le point de vue du salut spirituel au foyer. Un grand nombre de commentateurs soutiennent que 1 Timothée 2.15 enseigne que les femmes connaîtront le salut en accomplissant la fonction qui leur revient au foyer, tout comme les hommes seront sauvés en remplissant publiquement leur fonction de direction dans l'Église. Plusieurs incluent l'idée de l'éducation des enfants, aussi bien que celle de l'accouchement, dans leur compréhension de ce terme. White déclare :
Saint Paul, prenant en considération le fait évident que l'enfantement est la fonction fondamentale, le devoir, le privilège et l'honneur de la femme, rappelle donc à Timothée et à ses lecteurs qu'il y a autre chose, dans l'histoire de la Genèse, en plus du fait que la femme a pris l'initiative dans la transgression : elle a été condamnée à enfanter dans la douleur ; cependant, en éprouvant cette souffrance, elle y trouve le salut (N.J.D. White, The First and Second Epistles to Timothy, dans The Expositor's Greek Testament. Édité par W. Robertson Nicoll. Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans Pub. Co., s.d., page 110).
Selon ces interprètes, dia (par) indiquerait une circonstance d'accompagnement. Quelques autres affirment qu'il dénote un élément de contribution. Apostolos Makrasis écrit :
Le devoir principal de la femme est de mettre des enfants au monde et de les élever ; d'ailleurs, si elle élève ses enfants dans la foi et dans l'amour de Dieu, si elle respecte la sainteté du mariage en évitant l'adultère que Dieu a en horreur, elle sera sauvée, mais si elle néglige ces devoirs qui lui reviennent en propre, elle sera perdue (Apostolos Makrakis, Interpretation of the Entire New Testament. Tome II. Chicago : Orthodox Christian Educational Soc., 1950, page 1720).
Le principal défaut de cette explication est son inadéquation. Bien que je crois parfaitement que les femmes peuvent être sauvées tout en étant mères et maîtresses de maison, cela n'explique pas mieux la préposition dia (par). Si c'était la femme qui avait causé la chute, nous nous attendrions alors à ce que Paul nous dise si ce fait empêche la femme de jouir du même salut qui est offert à l'homme, et si ce n'est pas le cas, de quelle manière la femme peut obtenir un tel salut. Nous devons cependant éviter les extrêmes ; il ne faut pas voir ici une affirmation du salut par le moyen de l'enfantement, mais il ne faut pas non plus atténuer le sens de dia (par) au point qu'il ne dise plus rien sur la manière dont le salut peut être possible pour les femmes.
4. Le point de vue du salut spirituel par l'incarnation du Christ. Selon cette interprétation, 1 Timothée 2.15 ferait référence au salut par l'incarnation du Christ, tel que promis à Eve (Genèse 3.15). Ceux qui défendent cette thèse insistent sur l'article tês (le) et sur la force habituelle de la préposition dia (par). Parmi ceux-ci, nous retrouvons Ellicott, Clarke et Gurney. Certains de ceux qui soutiennent le troisième point de vue voient dans 1 Timothée 2.15 une « autre signification plus profonde » qui engloberait le quatrième point de vue (H.D.M. Spence, « The Pastoral Epistles of St. Paul », Ellicott's Commentary on the Whole Bible. Tome VIII. Grand Rapids : Zondervan Pub. House, s.d., page 188). Les arguments en faveur de cette interprétation, que je crois être la bonne, seront présentés en détail.
Dans le contexte, il est question d'Eve, elle doit par conséquent être le sujet du verbe sothesetai (elle sera sauvée). En outre, 1 Timothée 2.15 est relié de près à la pensée du verset 14 par la conjonction adversative de (mais). Ce rapport étroit a été indiqué par une virgule dans le texte grec de Nestle-Aland et par un point-virgule dans Darby. Le verset commence donc en faisant référence à Eve qui a précipité la chute. Par conséquent, il est à propos de consulter le récit mosaïque pour nous aider à comprendre le problème. Genèse 3.15 indique que la victoire du serpent ne devait pas être complète et permanente, puisque Dieu a dit : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon ». Ce serait donc la « postérité » de la femme qui écraserait la tête du serpent et qui amènerait ainsi le salut. Il n'est pas fait ici référence à l'enfantement en général, mais au Christ qui devait venir. Cette promesse a été accomplie lorsque Jésus-Christ, la « postérité » promise, nous a rachetés au Calvaire.
1 Timothée 2.14 parle d'une catastrophe spirituelle, et il faut s'attendre à une délivrance spirituelle dans la discussion qui suit. Ainsi, bien qu'Eve ait précipité la chute, elle peut être sauvée, car Dieu a promis la délivrance par l'entremise de la « postérité » qui allait venir. Expliquer le salut de 1 Timothée 2.15 comme une sécurité physique ne cadre pas avec le désastre spirituel dont il vient d'être question.
L'article défini tês (le) qui est accolé au mot « enfantement » indique un événement défini et particulier, plutôt que l'enfantement en général. Il s'agit certainement là de la conclusion la plus évidente que l'on puisse tirer de la présence de l'article. La langue grecque a un moyen très simple pour indiquer l'enfantement en général. Tout ce qu'elle a à faire, c'est d'omettre l'article. L'importance est alors accordée à la notion indéfinie que renferme le nom, plutôt qu'à un objet défini. La présence de l'article rend le point de vue de l'incarnation encore plus probable.
La préposition dia (par) marque le lien reliant le salut à la première femme. Dia est dérivé de duo (deux) et indique un lien entre deux points. Dia marque ici le lien entre Eve, dans sa condition déchue, et le salut. Ce lien est l'« enfantement ». C'était « par » la postérité de la femme que le salut allait être possible pour elle et pour toutes les femmes. Quoiqu'il soit vrai que le fait de donner naissance à l'Enfant ne constitua qu'une partie de la voie complète du salut, c'est pourtant bien par ce moyen que le salut a atteint la femme, idée qu'exprime parfaitement bien le sens habituel de dia. L'incarnation du Christ est une voie de salut plus digne et plus vraisemblable que l'accomplissement des devoirs domestiques.
Il est des plus probable que, dans 1 Timothée 2.15, le verbe sozo (sauver) fasse allusion au salut spirituel. Bien qu'il soit vrai que sozo puisse être utilisé dans le sens de la sécurité physique et qu'il l'ait été quelquefois dans le Nouveau Testament, il n'en reste pas moins que Paul, dans ses épîtres, ne l'a jamais utilisé dans ce sens. Dans aucun de ses trente et un emplois de ce mot (y compris ceux de l'épître aux Hébreux et de 1 Timothée 2.15), il ne peut être démontré indiscutablement que Paul fasse allusion au salut physique. Cela élimine donc le premier point de vue.
A la fin de sa phrase, Paul passe d'Eve, qui lui a servi d'illustration, à toutes les femmes, à qui son exhortation est adressée. Tout comme Eve a été sauvée par sa foi en la « postérité » qui allait venir, de même ses descendantes peuvent connaître pleinement le salut par la foi en la « postérité », même si elles ne doivent pas assumer une fonction d'autorité dans l'Église.
Étant donné que le salut n'est pas une abstraction théologique, mais un sujet extrêmement pratique, Paul ajoute la proposition « si elles persévèrent dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie. » Les femmes dont il est question sont déjà croyantes et font partie de l'Église. Elles ont été sauvées par leur foi en Jésus-Christ. Les femmes qui sont sauvées le manifesteront par leur conduite de tous les jours. Ces qualités prouvent donc à tous ceux qui les observent que ces femmes sont véritablement sauvées, aussi certainement que le sont les hommes. Un écrivain a paraphrasé 1 Timothée 2.15 de la manière suivante :
Mais elle, Eve, sera finalement sauvée au même niveau et par le même moyen que l'homme, c'est-à-dire par l'enfantement, l'incarnation du Christ, et cette promesse englobe toutes les femmes qui persévéreront dans cette espérance, ce qui est démontré par la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie (Lewis C. Hohenstein, She Shall be Saved through the Childbearing, monographie critique non publiée, Grace Theological Seminary, 1949, page 46).
Source : Homer A. Kent, Les épîtres pastorales. Québec, Canada : Éditions Impact, 1981, pages 97-102.
Lors d'un prochain message, j'examinerai plus en détail ce point de vue de l'incarnation du Christ. Bien que cette interprétation soit intéressante, elle comporte néanmoins certains points faibles qui me font hésiter à l'accepter entièrement.
CP
Ayant clairement exposé la position de la femme dans les fonctions publiques de l'Église, Paul désire-t-il laisser entendre que la femme ne peut être sauvée ? Le rôle important qu'elle a joué dans la chute la rend-elle incapable de profiter pleinement du salut ? 1 Timothée 2.15 réfute clairement tous les soupçons. Il y a un salut pour les femmes, même si elles doivent être soumises aux hommes. Cette affirmation est en contraste avec ce qu'affirment beaucoup d'autres religions pour qui la femme n'a pas assez de valeur pour être sauvée.
Tous les commentateurs s'accordent pour affirmer que, selon 1 Timothée 2.15, il y a un salut pour les femmes, même si celles-ci ne détiennent pas de position d'autorité dans l'assemblée. Toutefois, l'interprétation de l'expression dia tês teknogonias (par l'enfantement) est difficile. Les différentes traductions de ce passage nous donnent une idée du problème. Segond, Jérusalem et Maredsous traduisent : « en devenant mère » ; la TOB : « par maternité » ; Darby : « en enfantant » ; et finalement la BNA : « en ayant des enfants ». J'ai rencontré les quatre points de vue suivants sur l'« enfantement » (1 Timothée 2.15).
1. Le point de vue du salut physique dans la maternité. Selon cette interprétation, il s'agit ici du salut physique des femmes qui passent par les douleurs de l'enfantement. Ironside, Simpson et plusieurs autres optent pour ce point de vue. Voici les propos de ceux qui défendent cette interprétation :
D'un autre côté, il semble y avoir ici un grand encouragement pour les futurs parents. Je ne peux pas m'empêcher de croire que ceci fait référence à l'heure de son épreuve, lorsqu'elle sera protégée dans son enfantement (H.A. Ironside, Addresses on the First and Second Epistles of Timothy et al. New York : Loizeaux Brothers Inc., 1947, page 72).
Plusieurs femmes pieuses ont appréhendé les douleurs de l'enfantement ; il n'est donc pas malséant que, pour soulager la tension créée dans ces moments-là, Paul assure les mères chrétiennes de la bénédiction si convoitée d'un eutokia, un accouchement sauf, pourvu qu'elles demeurent dans la foi et l'amour, au sein des souffrances de la parturition (E.K. Simpson, The Pastoral Epistles. Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans Pub. Co., 1954, page 48).
La faiblesse de cette interprétation est évidente par le simple fait qu'elle n'est pas toujours vraie. Plusieurs femmes pieuses sont mortes en accouchant. Pour soutenir ce point de vue, nous sommes forcés de dire que ces femmes manquaient de foi, d'amour ou de modestie. Quelle condamnation cruelle et injustifiée ! L'Écriture ne promet pas plus la sécurité physique à la femme croyante qui accouche qu'elle ne promet une bonne santé à tout chrétien.
2. Le point de vue du salut spirituel par la maternité. Selon ce point de vue, 1 Timothée 2.15 enseigne le salut de l'âme par l'enfantement. Je n'ai pu trouver aucun commentateur défendant clairement cette interprétation, mais plusieurs auteurs y font référence. Il est parfois enseigné que si une femme meurt pendant l'accouchement son âme sera sauvée. Un auteur catholique en conclut que l'accouchement assure le salut :
L'enfantement sanctifie, bien que ce ne soit pas le seul moyen par lequel les femmes puissent être sanctifiées et sauvées (Leo P. Foley, The Pastoral Epistles, dans A Commentary on the New Testament. Kansas City : Catholic Biblical Association, 1942, page 574).
Toutefois, la fin de 1 Timothée 2.15 réfute l'idée qu'il soit question ici des femmes qui meurent en accouchant, puisqu'il y est dit qu'elles doivent persévérer dans la foi et l'amour, ce qui serait évidemment impossible une fois mortes. De plus, que le salut spirituel soit accordé grâce à l'enfantement est contraire à l'enseignement biblique qui veut que le salut soit accordé aux pécheurs grâce aux seul mérites du sacrifice expiatoire du Christ.
3. Le point de vue du salut spirituel au foyer. Un grand nombre de commentateurs soutiennent que 1 Timothée 2.15 enseigne que les femmes connaîtront le salut en accomplissant la fonction qui leur revient au foyer, tout comme les hommes seront sauvés en remplissant publiquement leur fonction de direction dans l'Église. Plusieurs incluent l'idée de l'éducation des enfants, aussi bien que celle de l'accouchement, dans leur compréhension de ce terme. White déclare :
Saint Paul, prenant en considération le fait évident que l'enfantement est la fonction fondamentale, le devoir, le privilège et l'honneur de la femme, rappelle donc à Timothée et à ses lecteurs qu'il y a autre chose, dans l'histoire de la Genèse, en plus du fait que la femme a pris l'initiative dans la transgression : elle a été condamnée à enfanter dans la douleur ; cependant, en éprouvant cette souffrance, elle y trouve le salut (N.J.D. White, The First and Second Epistles to Timothy, dans The Expositor's Greek Testament. Édité par W. Robertson Nicoll. Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans Pub. Co., s.d., page 110).
Selon ces interprètes, dia (par) indiquerait une circonstance d'accompagnement. Quelques autres affirment qu'il dénote un élément de contribution. Apostolos Makrasis écrit :
Le devoir principal de la femme est de mettre des enfants au monde et de les élever ; d'ailleurs, si elle élève ses enfants dans la foi et dans l'amour de Dieu, si elle respecte la sainteté du mariage en évitant l'adultère que Dieu a en horreur, elle sera sauvée, mais si elle néglige ces devoirs qui lui reviennent en propre, elle sera perdue (Apostolos Makrakis, Interpretation of the Entire New Testament. Tome II. Chicago : Orthodox Christian Educational Soc., 1950, page 1720).
Le principal défaut de cette explication est son inadéquation. Bien que je crois parfaitement que les femmes peuvent être sauvées tout en étant mères et maîtresses de maison, cela n'explique pas mieux la préposition dia (par). Si c'était la femme qui avait causé la chute, nous nous attendrions alors à ce que Paul nous dise si ce fait empêche la femme de jouir du même salut qui est offert à l'homme, et si ce n'est pas le cas, de quelle manière la femme peut obtenir un tel salut. Nous devons cependant éviter les extrêmes ; il ne faut pas voir ici une affirmation du salut par le moyen de l'enfantement, mais il ne faut pas non plus atténuer le sens de dia (par) au point qu'il ne dise plus rien sur la manière dont le salut peut être possible pour les femmes.
4. Le point de vue du salut spirituel par l'incarnation du Christ. Selon cette interprétation, 1 Timothée 2.15 ferait référence au salut par l'incarnation du Christ, tel que promis à Eve (Genèse 3.15). Ceux qui défendent cette thèse insistent sur l'article tês (le) et sur la force habituelle de la préposition dia (par). Parmi ceux-ci, nous retrouvons Ellicott, Clarke et Gurney. Certains de ceux qui soutiennent le troisième point de vue voient dans 1 Timothée 2.15 une « autre signification plus profonde » qui engloberait le quatrième point de vue (H.D.M. Spence, « The Pastoral Epistles of St. Paul », Ellicott's Commentary on the Whole Bible. Tome VIII. Grand Rapids : Zondervan Pub. House, s.d., page 188). Les arguments en faveur de cette interprétation, que je crois être la bonne, seront présentés en détail.
Dans le contexte, il est question d'Eve, elle doit par conséquent être le sujet du verbe sothesetai (elle sera sauvée). En outre, 1 Timothée 2.15 est relié de près à la pensée du verset 14 par la conjonction adversative de (mais). Ce rapport étroit a été indiqué par une virgule dans le texte grec de Nestle-Aland et par un point-virgule dans Darby. Le verset commence donc en faisant référence à Eve qui a précipité la chute. Par conséquent, il est à propos de consulter le récit mosaïque pour nous aider à comprendre le problème. Genèse 3.15 indique que la victoire du serpent ne devait pas être complète et permanente, puisque Dieu a dit : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon ». Ce serait donc la « postérité » de la femme qui écraserait la tête du serpent et qui amènerait ainsi le salut. Il n'est pas fait ici référence à l'enfantement en général, mais au Christ qui devait venir. Cette promesse a été accomplie lorsque Jésus-Christ, la « postérité » promise, nous a rachetés au Calvaire.
1 Timothée 2.14 parle d'une catastrophe spirituelle, et il faut s'attendre à une délivrance spirituelle dans la discussion qui suit. Ainsi, bien qu'Eve ait précipité la chute, elle peut être sauvée, car Dieu a promis la délivrance par l'entremise de la « postérité » qui allait venir. Expliquer le salut de 1 Timothée 2.15 comme une sécurité physique ne cadre pas avec le désastre spirituel dont il vient d'être question.
L'article défini tês (le) qui est accolé au mot « enfantement » indique un événement défini et particulier, plutôt que l'enfantement en général. Il s'agit certainement là de la conclusion la plus évidente que l'on puisse tirer de la présence de l'article. La langue grecque a un moyen très simple pour indiquer l'enfantement en général. Tout ce qu'elle a à faire, c'est d'omettre l'article. L'importance est alors accordée à la notion indéfinie que renferme le nom, plutôt qu'à un objet défini. La présence de l'article rend le point de vue de l'incarnation encore plus probable.
La préposition dia (par) marque le lien reliant le salut à la première femme. Dia est dérivé de duo (deux) et indique un lien entre deux points. Dia marque ici le lien entre Eve, dans sa condition déchue, et le salut. Ce lien est l'« enfantement ». C'était « par » la postérité de la femme que le salut allait être possible pour elle et pour toutes les femmes. Quoiqu'il soit vrai que le fait de donner naissance à l'Enfant ne constitua qu'une partie de la voie complète du salut, c'est pourtant bien par ce moyen que le salut a atteint la femme, idée qu'exprime parfaitement bien le sens habituel de dia. L'incarnation du Christ est une voie de salut plus digne et plus vraisemblable que l'accomplissement des devoirs domestiques.
Il est des plus probable que, dans 1 Timothée 2.15, le verbe sozo (sauver) fasse allusion au salut spirituel. Bien qu'il soit vrai que sozo puisse être utilisé dans le sens de la sécurité physique et qu'il l'ait été quelquefois dans le Nouveau Testament, il n'en reste pas moins que Paul, dans ses épîtres, ne l'a jamais utilisé dans ce sens. Dans aucun de ses trente et un emplois de ce mot (y compris ceux de l'épître aux Hébreux et de 1 Timothée 2.15), il ne peut être démontré indiscutablement que Paul fasse allusion au salut physique. Cela élimine donc le premier point de vue.
A la fin de sa phrase, Paul passe d'Eve, qui lui a servi d'illustration, à toutes les femmes, à qui son exhortation est adressée. Tout comme Eve a été sauvée par sa foi en la « postérité » qui allait venir, de même ses descendantes peuvent connaître pleinement le salut par la foi en la « postérité », même si elles ne doivent pas assumer une fonction d'autorité dans l'Église.
Étant donné que le salut n'est pas une abstraction théologique, mais un sujet extrêmement pratique, Paul ajoute la proposition « si elles persévèrent dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie. » Les femmes dont il est question sont déjà croyantes et font partie de l'Église. Elles ont été sauvées par leur foi en Jésus-Christ. Les femmes qui sont sauvées le manifesteront par leur conduite de tous les jours. Ces qualités prouvent donc à tous ceux qui les observent que ces femmes sont véritablement sauvées, aussi certainement que le sont les hommes. Un écrivain a paraphrasé 1 Timothée 2.15 de la manière suivante :
Mais elle, Eve, sera finalement sauvée au même niveau et par le même moyen que l'homme, c'est-à-dire par l'enfantement, l'incarnation du Christ, et cette promesse englobe toutes les femmes qui persévéreront dans cette espérance, ce qui est démontré par la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie (Lewis C. Hohenstein, She Shall be Saved through the Childbearing, monographie critique non publiée, Grace Theological Seminary, 1949, page 46).
Source : Homer A. Kent, Les épîtres pastorales. Québec, Canada : Éditions Impact, 1981, pages 97-102.
Lors d'un prochain message, j'examinerai plus en détail ce point de vue de l'incarnation du Christ. Bien que cette interprétation soit intéressante, elle comporte néanmoins certains points faibles qui me font hésiter à l'accepter entièrement.
CP