Benoît XVI condamne la violence à Gaza "d'où qu'elle provienne"
Au lendemain des propos d'un haut dignitaire du Vatican ayant comparé la bande de Gaza à un "immense camp de concentration", le pape Benoît XVI a condamné jeudi la violence à Gaza "d'où qu'elle provienne et quelque forme qu'elle prenne".
Le chef de l'Eglise catholique s'est lamenté de la "recrudescence de violence qui provoque des dommages et des souffrances immenses aux populations civiles" et en a appelé à une relance des négociations de paix "en renonçant à la haine, aux provocations et à l'usage des armes".
"Une fois de plus, je voudrais redire que l'option militaire n'est pas une solution et que la violence, d'où qu'elle provienne et quelque forme qu'elle prenne, doit être condamnée fermement", a-t-il dit dans son message du nouvel an au corps diplomatique.
Benoît XVI, qui envisage de se rendre en Israël, en Cisjordanie et en Jordanie au printemps prochain, s'est efforcé de maintenir un équilibre diplomatique dans son propos, invoquant le "respect des aspirations et des intérêts légitimes de toutes les populations intéressées".
La veille, le cardinal Renato Martino, président du Conseil du Vatican pour la justice et la paix, avait qualifié, lui, d'"immense camp de concentration" la bande de Gaza sous les bombes israéliennes.
"Les populations sans défense sont toujours celles qui paient le plus lourd tribut. Regardez la situation à Gaza : cela ressemble de plus en plus à un immense camp de concentration", avait-il dit au quotidien Il Sussidiario.
"PROPOS DE NÉGATIONNISTE"
Plus de 660 Palestiniens ont été tués depuis le déclenchement de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza, le 27 décembre. L'intervention de l'armée israélienne, dont l'objectif est de mettre un terme aux tirs de roquette du Hamas, est entrée le week-end dernier dans une nouvelle phase avec l'incursion de fantassins et de blindés. Depuis le début des hostilités, huit soldats et trois civils israéliens ont été tués.
Les propos du cardinal Martino ont suscité la colère des autorités israéliennes.
"Nous sommes stupéfaits d'entendre de la bouche d'un dignitaire religieux des mots qui soient à ce point dénués de vérité et de dignité", a dit à Reuters le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor.
"Entendre le vocabulaire de la propagande du Hamas repris par un membre du collège des cardinaux est un phénomène choquant et décevant", a-t-il ajouté.
Le Centre Simon Wiesenthal a établi un parallèle entre l'intervention du prélat et le discours négationniste. "Ces propos sont faux, constituent une distorsion de la mémoire de l'holocauste et ne sont utilisés contre Israël que par des organisations terroristes ou des négationnistes", a réagi le rabbin Marvin Hier, doyen du Centre Simon Wiesenthal.
"Le cardinal, a-t-il poursuivi, devrait savoir que quelle que puisse être la difficulté de la situation dans Gaza, ce n'est certainement pas un camp de concentration où des juifs ont été parqués pour mourir, victimes du travail forcé, de la faim ou dans la plupart des cas immolés dans des fours crématoires."
Dans une interview que publie jeudi La Repubblica, le cardinal Martino explicite sa prise de position. La population de Gaza, dit-il, vit "encerclée par un mur qu'il est difficile de percer, dans des conditions qui vont à l'encontre de la dignité humaine".
S'il reconnaît que "les roquettes du Hamas ne sont pas des confetti" et condamne leur usage contre Israël, il critique avec force le bombardement israélien d'une école de l'Onu dans le territoire palestinien.
"Que peut-on dire lorsque tant d'enfants sont tués, lorsque des écoles de l'Onu sont bombardées alors même que (l'armée israélienne) dispose de la technologie qui permet des tirs d'une très grande précision jusqu'à viser une fourmi au sol ?", interroge-t-il.
Version française Henri-Pierre André
http://fr.news.yahoo.com/4/20090108/twl ... cfb6d.html