Religions ?... Religion !…
Posté : 31 oct.09, 09:59
Religions ?... Religion !…
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Bonsoir Wooden Ali,
C’est en me référant à vous que j’ai le plaisir de rejoindre le forum.
Je pense que vous allez trouver mon entrée en matière lourdingue…mais vous savez que je ne peux faire l’impasse sur l’« intuition ».
Nous en avons déjà parlé :
http://www.forum-religion.org/post495727.html#p495727
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J’ignore comment les adeptes de Z-eus vous lisent.
Pour ma part, c’est avec pudeur et respect que j’aborde vos textes.
« Pudeur », car contrairement à moi, l’homme qui, derrière son clavier, construit l’intervenant @Wooden Ali sait porter sa vie sans geindre, et « respect » car j’aimerais avoir son courage.
En lisant @Wooden Ali, je perçois la sensibilité d’un regard sans fard qui ne s’abrite pas derrière des lunettes pieusement teintées couleur « ciel » ; et surtout un souci du « vrai » qui sait détailler avec courage les contrastes tranchants d’un monde en noir et blanc.
Je veux dire … Je perçois une sensibilité qui refusera toujours de fuir la profane réalité du monde en la « sacrifiant » dans le mensonge d’un sacrement Z-eusien ; une sensibilité pour laquelle un couteau sacrificiel ne sera jamais autre chose qu’un coutelas d’assassin…
Les adeptes de Z-eus ne peuvent que vous plaindre d’ignorer leur azur ; mais aussi vous reprocher de le barbouiller de « terre ».
Et moi j’envie votre force morale qui sait fouiller cette terre pour en extraire ce qui fait son prix.
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http://www.forum-religion.org/post529473.html#p529473
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… Un texte fort …
… Ne pas voiler la faiblesse humaine, et lui suggérer la « réalisation collective » comme voie d’accomplissement …
… Elle est sous jacente à la plupart de vos textes ; souvent ouvertement exprimée, comme dans celui-ci :
http://www.forum-religion.org/post533161.html#p533161
… l’idée forte du « partage » sans « frontière » …
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Une chose va vous surprendre, vous qui semblez vous trouver « pessimiste » : s’il se peut que vos textes contrarient les Z-eusiens ; ils me font le plus grand bien !
La simple évocation de cette notion de partage me conduit au côté de Jean, le Pikolo, et de Primo Levi. [*]
Elle me suggère quelque chose d’absolu, de total : une victoire sur la brutalité qui, s’il n’y avait qu’elle de possible en cette vie, suffirait cependant à justifier la lutte.
« Comprendre » cette dimension spécifiquement humaine qui se vit dans le « partage qui unit » ; conduit immanquablement à une ambition libertaire humaniste qui sait qu’un symbole n’est qu’une marque réductrice, exclusive, un « swastika » intellectuel autrement plus tranchant qu’un coutelas …
… que ce soit dans une église, une mosquée, une synagogue … ou un parti !...
J’aime vous lire car je perçois alors la volonté d’un homme qui s’opposera toujours à ceux qui sacralisent la parole qui divise, le jugement qui exclut, la prière qui enferme …
« Eux » ?… Je parle de ceux qui transforment l’abominable en sublime, pour ensuite associer plus ignorants qu’« eux » à leurs abominations … ceux qui offrent des bénédictions qui assujettissent…
« Eux » …je parle des « guides » et de leurs doctrines liberticides…
J’aime vos textes car l’amour de la liberté qu’ils expriment résonne alors en moi : ils sont porteurs d’espérance.
C’est ce qui, je pense, fonde pour une bonne part « le sens du religieux » que je perçois en vous lisant.
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… Athéisme et Religions ?…
Je ne pense pas qu’il y ait confusion des genres, mais des nombres …
… Athéismes et Religion … je préfère …
Pour « athéismes » ; je n’ai pas encore vraiment d’arguments.
Par contre, pour une humanité unie dans le même partage, il ne saurait à mon humble avis n’y avoir qu’une seule religion signifiante.
Ça ne se fait pas d’ouvrir un sujet si on ne peut le suivre quotidiennement ; mais malgré mes possibilités limitées, et donc des temps « morts » ; j’aimerais que nous en débattions.
Je nous souhaite, cher Wooden Ali, le partage d’une fructueuse controverse …
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[*]
La corvée de soupe.
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[…Primo Lévi veut remercier Jean, le Pikolo, de l’avoir choisi comme aide à l’« Essenholen », la corvée quotidienne de soupe…]
Je voulais le remercier, mais il m’interrompit : ce n’était pas la peine.
On voyait les Carpates couvertes de neige. Je respirai l’air frais, je me sentais étonnamment léger.
« Tu es fou de marcher si vite. On a le temps, tu sais. »
Pour aller chercher la soupe, il fallait faire un kilomètre, puis retourner avec la marmite de cinquante kilos enfilée sur les bâtons. C’était un travail assez fatigant, mais qui incluait un parcours agréable à l’aller, puisqu’on n’était pas chargé, et offrait aussi l’occasion non négligeable d’approcher les cuisines.
Nous ralentîmes l’allure. Pikolo n’était pas sot : il avait judicieusement choisi le chemin de manière à pouvoir faire un long détour, un parcours d’au moins une heure, sans pour autant éveiller les soupçons.
[…]
Il a passé un mois en Ligurie, il aime l’Italie, il voudrait apprendre l’italien. Moi je serais content de lui donner quelques leçons : et si on commençait ? Mais oui, […] l’important est de ne pas perdre de temps, de ne pas gaspiller cette heure qui s’offre à nous.
[…]
… Le chant d’Ulysse. À savoir comment et pourquoi cela m’est venu à l’esprit : mais nous n’avons pas le temps de choisir, cette heure n’est déjà plus une heure.
Si Jean est intelligent, il comprendra. Il comprendra, aujourd’hui j’en suis sûr.
…Qui est Dante ? Qu’est-ce que la Divine Comédie ? Quelle étrange sensation de nouveauté on éprouve à tenter d’expliquer brièvement ce qu’est la Divine Comédie, la structure de l’enfer, le contrappasso.
[…]
Jean est tout ouïe, et je commence lentement, avec application :
« Lo maggior corno della fiamma antica
Corminciò a crollarsi …[…] »
[…de trous de mémoire en narrations en prose, Primo avance dans le texte en s’ouvrant à son sens profond…]
Il y aurait tant d’autres choses à dire, et le soleil est déjà haut, midi approche. Je suis pressé, furieusement pressé.
J’y suis, attention Pikolo, ouvre grands tes oreilles et ton esprit, j’ai besoin que tu comprennes :
« Considerate la vostra semenza
Fatti non foste a virer come bruti
Ma per seguir virtute e conoscenza. »
Et c’est comme si moi aussi j’entendais ces paroles pour la première fois : comme une sonnerie de trompettes, comme la voix de Dieu.
L’espace d’un instant, j’ai oublié qui je suis et où je suis.
Pikolo me prie de répéter. Il est bon, Pikolo, il s’est rendu compte qu’il est en train de me faire du bien. À moins que, peut être, il n’y ait autre chose : peut-être que, malgré la traduction plate [**] et le commentaire sommaire et hâtif, il a reçu le message, il a senti que ces paroles le concernent, qu’elles concernent tous les hommes qui souffrent, et nous en particulier ; qu’elles nous concernent nous deux, qui osons nous arrêter à ces choses-là avec les bâtons de la corvée de soupe sur les épaules.
[…]
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Primo Levi.
« Si c’est un homme. »
(Pocket 3117-Pages 172 à 176)
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[**]
« Considérez quelle est votre origine
Vous n’avez pas été faits pour vivre comme des brutes
Mais pour ensuivre et science et vertu. »
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Bonsoir Wooden Ali,
C’est en me référant à vous que j’ai le plaisir de rejoindre le forum.
Je pense que vous allez trouver mon entrée en matière lourdingue…mais vous savez que je ne peux faire l’impasse sur l’« intuition ».
Nous en avons déjà parlé :
http://www.forum-religion.org/post495727.html#p495727
_______________________
J’ignore comment les adeptes de Z-eus vous lisent.
Pour ma part, c’est avec pudeur et respect que j’aborde vos textes.
« Pudeur », car contrairement à moi, l’homme qui, derrière son clavier, construit l’intervenant @Wooden Ali sait porter sa vie sans geindre, et « respect » car j’aimerais avoir son courage.
En lisant @Wooden Ali, je perçois la sensibilité d’un regard sans fard qui ne s’abrite pas derrière des lunettes pieusement teintées couleur « ciel » ; et surtout un souci du « vrai » qui sait détailler avec courage les contrastes tranchants d’un monde en noir et blanc.
Je veux dire … Je perçois une sensibilité qui refusera toujours de fuir la profane réalité du monde en la « sacrifiant » dans le mensonge d’un sacrement Z-eusien ; une sensibilité pour laquelle un couteau sacrificiel ne sera jamais autre chose qu’un coutelas d’assassin…
Les adeptes de Z-eus ne peuvent que vous plaindre d’ignorer leur azur ; mais aussi vous reprocher de le barbouiller de « terre ».
Et moi j’envie votre force morale qui sait fouiller cette terre pour en extraire ce qui fait son prix.
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http://www.forum-religion.org/post529473.html#p529473
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… Un texte fort …
… Ne pas voiler la faiblesse humaine, et lui suggérer la « réalisation collective » comme voie d’accomplissement …
… Elle est sous jacente à la plupart de vos textes ; souvent ouvertement exprimée, comme dans celui-ci :
http://www.forum-religion.org/post533161.html#p533161
… l’idée forte du « partage » sans « frontière » …
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Une chose va vous surprendre, vous qui semblez vous trouver « pessimiste » : s’il se peut que vos textes contrarient les Z-eusiens ; ils me font le plus grand bien !
La simple évocation de cette notion de partage me conduit au côté de Jean, le Pikolo, et de Primo Levi. [*]
Elle me suggère quelque chose d’absolu, de total : une victoire sur la brutalité qui, s’il n’y avait qu’elle de possible en cette vie, suffirait cependant à justifier la lutte.
« Comprendre » cette dimension spécifiquement humaine qui se vit dans le « partage qui unit » ; conduit immanquablement à une ambition libertaire humaniste qui sait qu’un symbole n’est qu’une marque réductrice, exclusive, un « swastika » intellectuel autrement plus tranchant qu’un coutelas …
… que ce soit dans une église, une mosquée, une synagogue … ou un parti !...
J’aime vous lire car je perçois alors la volonté d’un homme qui s’opposera toujours à ceux qui sacralisent la parole qui divise, le jugement qui exclut, la prière qui enferme …
« Eux » ?… Je parle de ceux qui transforment l’abominable en sublime, pour ensuite associer plus ignorants qu’« eux » à leurs abominations … ceux qui offrent des bénédictions qui assujettissent…
« Eux » …je parle des « guides » et de leurs doctrines liberticides…
J’aime vos textes car l’amour de la liberté qu’ils expriment résonne alors en moi : ils sont porteurs d’espérance.
C’est ce qui, je pense, fonde pour une bonne part « le sens du religieux » que je perçois en vous lisant.
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… Athéisme et Religions ?…
Je ne pense pas qu’il y ait confusion des genres, mais des nombres …
… Athéismes et Religion … je préfère …
Pour « athéismes » ; je n’ai pas encore vraiment d’arguments.
Par contre, pour une humanité unie dans le même partage, il ne saurait à mon humble avis n’y avoir qu’une seule religion signifiante.
Ça ne se fait pas d’ouvrir un sujet si on ne peut le suivre quotidiennement ; mais malgré mes possibilités limitées, et donc des temps « morts » ; j’aimerais que nous en débattions.
Je nous souhaite, cher Wooden Ali, le partage d’une fructueuse controverse …
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[*]
La corvée de soupe.
_______________________
[…Primo Lévi veut remercier Jean, le Pikolo, de l’avoir choisi comme aide à l’« Essenholen », la corvée quotidienne de soupe…]
Je voulais le remercier, mais il m’interrompit : ce n’était pas la peine.
On voyait les Carpates couvertes de neige. Je respirai l’air frais, je me sentais étonnamment léger.
« Tu es fou de marcher si vite. On a le temps, tu sais. »
Pour aller chercher la soupe, il fallait faire un kilomètre, puis retourner avec la marmite de cinquante kilos enfilée sur les bâtons. C’était un travail assez fatigant, mais qui incluait un parcours agréable à l’aller, puisqu’on n’était pas chargé, et offrait aussi l’occasion non négligeable d’approcher les cuisines.
Nous ralentîmes l’allure. Pikolo n’était pas sot : il avait judicieusement choisi le chemin de manière à pouvoir faire un long détour, un parcours d’au moins une heure, sans pour autant éveiller les soupçons.
[…]
Il a passé un mois en Ligurie, il aime l’Italie, il voudrait apprendre l’italien. Moi je serais content de lui donner quelques leçons : et si on commençait ? Mais oui, […] l’important est de ne pas perdre de temps, de ne pas gaspiller cette heure qui s’offre à nous.
[…]
… Le chant d’Ulysse. À savoir comment et pourquoi cela m’est venu à l’esprit : mais nous n’avons pas le temps de choisir, cette heure n’est déjà plus une heure.
Si Jean est intelligent, il comprendra. Il comprendra, aujourd’hui j’en suis sûr.
…Qui est Dante ? Qu’est-ce que la Divine Comédie ? Quelle étrange sensation de nouveauté on éprouve à tenter d’expliquer brièvement ce qu’est la Divine Comédie, la structure de l’enfer, le contrappasso.
[…]
Jean est tout ouïe, et je commence lentement, avec application :
« Lo maggior corno della fiamma antica
Corminciò a crollarsi …[…] »
[…de trous de mémoire en narrations en prose, Primo avance dans le texte en s’ouvrant à son sens profond…]
Il y aurait tant d’autres choses à dire, et le soleil est déjà haut, midi approche. Je suis pressé, furieusement pressé.
J’y suis, attention Pikolo, ouvre grands tes oreilles et ton esprit, j’ai besoin que tu comprennes :
« Considerate la vostra semenza
Fatti non foste a virer come bruti
Ma per seguir virtute e conoscenza. »
Et c’est comme si moi aussi j’entendais ces paroles pour la première fois : comme une sonnerie de trompettes, comme la voix de Dieu.
L’espace d’un instant, j’ai oublié qui je suis et où je suis.
Pikolo me prie de répéter. Il est bon, Pikolo, il s’est rendu compte qu’il est en train de me faire du bien. À moins que, peut être, il n’y ait autre chose : peut-être que, malgré la traduction plate [**] et le commentaire sommaire et hâtif, il a reçu le message, il a senti que ces paroles le concernent, qu’elles concernent tous les hommes qui souffrent, et nous en particulier ; qu’elles nous concernent nous deux, qui osons nous arrêter à ces choses-là avec les bâtons de la corvée de soupe sur les épaules.
[…]
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Primo Levi.
« Si c’est un homme. »
(Pocket 3117-Pages 172 à 176)
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[**]
« Considérez quelle est votre origine
Vous n’avez pas été faits pour vivre comme des brutes
Mais pour ensuivre et science et vertu. »