Fin de la souffrance
Posté : 10 nov.09, 22:11
Il y a beaucoup de débats très intéressants sur ce forum, nombre de grands mystères de la vie y sont abordés. On y parle de sciences, de philosophie, de métaphysique et bien d’autres choses encore.
Pourtant, je ne vois que très rarement abordée une question essentielle dans les philosophies non-occidentales : la question de la cessation de la souffrance, de la délivrance.
La souffrance est déclenchée lorsque nous apposons mentalement à une situation l’étiquette d’indésirable ou de mauvaise. Nous avons du ressentiment face à une situation, et ce ressentiment la personnalise et amène un « moi » réactif.
Nous avons l’habitude de nommer et de cataloguer, mais nous pouvons rompre avec cette manie. Si nous ratons l’avion, cassons une tasse ou glissons dans la boue, pouvons-nous nous retenir d’appliquer à cette expérience l’étiquette de « mauvaise » ou de « pénible » ? Pouvons-nous immédiatement accepter l’instant tel qu’il est ?
Bien des formes de souffrance, subtiles et moins subtiles, sont si « normales » qu’on ne les reconnaît pas habituellement comme étant de la souffrance. Elles peuvent même donner l’impression d’être satisfaisantes pour l’ego : l’irritation, l’impatience, la colère, un ennui avec quelque chose ou quelqu’un, le ressentiment, le fait de se plaindre.
Nous pouvons apprendre à reconnaître toutes ces formes de souffrance à mesure qu’elles se présentent, et savoir : en ce moment, je suis en train de me faire souffrir.
Si nous avons l’habitude de nous faire souffrir, nous sommes probablement à faire souffrir les autres aussi. Ces schémas mentaux inconscients ont tendance à disparaître lorsqu’on les rend conscients, lorsqu’on en prend conscience dès qu’ils surviennent.
Nous ne pouvons à la fois être conscient et nous faire souffrir.
La douleur physique chronique est l’un des maîtres les plus sévères que vous puissiez avoir. Son enseignement se résume à ceci : « inutile de résister. »
Rien n’est plus normal que de s’opposer à la souffrance. Mais si vous pouvez laisser tomber cette opposition, et plutôt permettre à la douleur d’exister, vous remarquerez peut-être une subtile séparation intérieure par rapport à la douleur, un espace entre vous et elle, pour ainsi dire. Cela signifie une souffrance consciente, volontaire. Lorsque vous souffrez consciemment, la douleur physique peut rapidement consumer l’ego en vous, puisque ce dernier est surtout fait de résistances. Il en va de même pour l’incapacité physique extrême.
Lorsque vous « offrez votre souffrance à Dieu », c’est une autre façon d’exprimer la même chose.
Il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour comprendre la vérité universelle profonde que renferme sous forme symbolique l’image de la croix.
La croix est un instrument de torture. Elle représente la souffrance, la contrainte et l’impuissance extrêmes pour un humain. Soudain, cet humain lâche prise, souffre volontairement, consciemment, comme l’expriment ces paroles : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » A cet instant, la croix, instrument de torture, montre sa face cachée : c’est aussi un symbole sacré, celui du divin.
Ce qui paraît nier à la vie toute dimension transcendantale devient, par le lâcher-prise, une entrée dans cette dimension.
N’est-ce pas cela le paradis, le nirvana ?
Alors bien-sûr, nombre de personnes nient la possibilité de la transcendance. Pour ceux-là, il suffirait, pour assurer le succès biologique de notre évolution, que l'être humain réussisse un peu à s'arranger globalement en une sorte de circuit fermé, suivant lequel chaque personne, connectée avec toutes les autres, parvienne à une certaine clarté finale de vision et à une certaine chaleur extrême de sympathie. C’est la foi en une société aussi parfaite que possible, mais cela peut-il faire disparaître la souffrance ?
Considèrent-ils que la disparition totale de la souffrance soit possible, ou à l’inverse que l’humanité soit condamnée à survivre tant bien que mal, et ce tant qu’à faire aussi confortablement que possible ?
Dans l’optique d’une absence totale de raison d’être à nos existences, certains considèrent logiquement que rien n’est sacré, à commencer par le génome humain. Par conséquent, ils ne voient pas de problème éthique à tenter de l’ « améliorer », entre autre par la génétique alliée aux nanotechnologies et à l’informatique. L’améliorer pourquoi ?
Pour atteindre l’immortalité bien-sûr, car quel autre rêve peut nourrir celui qui ne voit aucun sens à la vie ? Certains imaginent même devenir capable, par ce type de technologie, de se connecter directement au net pour avoir accès instantanément à l’ensemble des connaissances humaines, et allier cela à la capacité de calculer à la vitesse d’un ordinateur grâce à des nano-robots greffés dans notre cerveau.
Alors, société (presque) parfaite et immortalité, ou transcendance et fin de la souffrance ?
Pourtant, je ne vois que très rarement abordée une question essentielle dans les philosophies non-occidentales : la question de la cessation de la souffrance, de la délivrance.
La souffrance est déclenchée lorsque nous apposons mentalement à une situation l’étiquette d’indésirable ou de mauvaise. Nous avons du ressentiment face à une situation, et ce ressentiment la personnalise et amène un « moi » réactif.
Nous avons l’habitude de nommer et de cataloguer, mais nous pouvons rompre avec cette manie. Si nous ratons l’avion, cassons une tasse ou glissons dans la boue, pouvons-nous nous retenir d’appliquer à cette expérience l’étiquette de « mauvaise » ou de « pénible » ? Pouvons-nous immédiatement accepter l’instant tel qu’il est ?
Bien des formes de souffrance, subtiles et moins subtiles, sont si « normales » qu’on ne les reconnaît pas habituellement comme étant de la souffrance. Elles peuvent même donner l’impression d’être satisfaisantes pour l’ego : l’irritation, l’impatience, la colère, un ennui avec quelque chose ou quelqu’un, le ressentiment, le fait de se plaindre.
Nous pouvons apprendre à reconnaître toutes ces formes de souffrance à mesure qu’elles se présentent, et savoir : en ce moment, je suis en train de me faire souffrir.
Si nous avons l’habitude de nous faire souffrir, nous sommes probablement à faire souffrir les autres aussi. Ces schémas mentaux inconscients ont tendance à disparaître lorsqu’on les rend conscients, lorsqu’on en prend conscience dès qu’ils surviennent.
Nous ne pouvons à la fois être conscient et nous faire souffrir.
La douleur physique chronique est l’un des maîtres les plus sévères que vous puissiez avoir. Son enseignement se résume à ceci : « inutile de résister. »
Rien n’est plus normal que de s’opposer à la souffrance. Mais si vous pouvez laisser tomber cette opposition, et plutôt permettre à la douleur d’exister, vous remarquerez peut-être une subtile séparation intérieure par rapport à la douleur, un espace entre vous et elle, pour ainsi dire. Cela signifie une souffrance consciente, volontaire. Lorsque vous souffrez consciemment, la douleur physique peut rapidement consumer l’ego en vous, puisque ce dernier est surtout fait de résistances. Il en va de même pour l’incapacité physique extrême.
Lorsque vous « offrez votre souffrance à Dieu », c’est une autre façon d’exprimer la même chose.
Il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour comprendre la vérité universelle profonde que renferme sous forme symbolique l’image de la croix.
La croix est un instrument de torture. Elle représente la souffrance, la contrainte et l’impuissance extrêmes pour un humain. Soudain, cet humain lâche prise, souffre volontairement, consciemment, comme l’expriment ces paroles : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » A cet instant, la croix, instrument de torture, montre sa face cachée : c’est aussi un symbole sacré, celui du divin.
Ce qui paraît nier à la vie toute dimension transcendantale devient, par le lâcher-prise, une entrée dans cette dimension.
N’est-ce pas cela le paradis, le nirvana ?
Alors bien-sûr, nombre de personnes nient la possibilité de la transcendance. Pour ceux-là, il suffirait, pour assurer le succès biologique de notre évolution, que l'être humain réussisse un peu à s'arranger globalement en une sorte de circuit fermé, suivant lequel chaque personne, connectée avec toutes les autres, parvienne à une certaine clarté finale de vision et à une certaine chaleur extrême de sympathie. C’est la foi en une société aussi parfaite que possible, mais cela peut-il faire disparaître la souffrance ?
Considèrent-ils que la disparition totale de la souffrance soit possible, ou à l’inverse que l’humanité soit condamnée à survivre tant bien que mal, et ce tant qu’à faire aussi confortablement que possible ?
Dans l’optique d’une absence totale de raison d’être à nos existences, certains considèrent logiquement que rien n’est sacré, à commencer par le génome humain. Par conséquent, ils ne voient pas de problème éthique à tenter de l’ « améliorer », entre autre par la génétique alliée aux nanotechnologies et à l’informatique. L’améliorer pourquoi ?
Pour atteindre l’immortalité bien-sûr, car quel autre rêve peut nourrir celui qui ne voit aucun sens à la vie ? Certains imaginent même devenir capable, par ce type de technologie, de se connecter directement au net pour avoir accès instantanément à l’ensemble des connaissances humaines, et allier cela à la capacité de calculer à la vitesse d’un ordinateur grâce à des nano-robots greffés dans notre cerveau.
Alors, société (presque) parfaite et immortalité, ou transcendance et fin de la souffrance ?