Condamnés au prophétisme …
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« Je suis né dans la prairie, là où le vent soufflait librement et où rien ne venait briser la lumière du soleil. Je suis né là où il n’y avait pas de clôtures et où chaque chose respirait librement … Je connais chaque rivière et chaque bois entre le Rio Grande et l’Arkansas. J’ai chassé et vécu sur ces terres. J’ai vécu comme mes pères avant moi, et comme eux j’ai vécu heureux. »
Ten Bears (fin XIX°) – Chef Comanche.
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« … sur la terre tout a une fonction ; chaque maladie une herbe pour la guérir ; chaque personne une mission.
Telle est la théorie indienne de l’existence. »
Mourning Dove(1888-1936) – Salish
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« Je suis pauvre et nu, mais je suis le chef de la nation. Nous ne voulons pas de richesses mais nous tenons à instruire correctement nos enfants. Les richesses ne nous serviraient à rien. Nous ne pourrions pas les emporter avec nous dans l’autre monde.
Nous ne voulons pas de richesses ; nous voulons la paix et l’amour.
Red Cloud (fin XIX°) – Chef Sioux
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« Chez les Indiens, il n’y a pas de lois écrites. Les coutumes transmises de génération en génération sont les seules lois qui les guident.
Chacun peut agir différemment de ce qui a été estimé juste s’il en décide ainsi, mais cela peut attirer sur lui le blâme de la nation …
Cette peur du blâme de la nation a toujours agi comme une bride puissante, liant chaque individu à un contrat social honorable. »
Kah-ge-ga-gah-bowh (1818-1863) – Chef Ojibwa.
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« Je suis convaincu que l’homme qui était assis sur le sol de son tipi, méditant sur la vie et sa signification, acceptant la parenté de toutes les créatures, et reconnaissant l’unité avec l’univers des choses, infusait dans son être la véritable essence de la civilisation.
[…]
De l’approche indienne de la vie ressort une grande liberté : un amour intense et profond de la nature ; un respect pour la vie ; une foi enrichissante en un Pouvoir Suprême ; et des principes de vérité, d’honnêteté, de générosité, d’équité et de fraternité, bases des relations terrestres. »
Standing Bear (1868 ?-1939) – Chef Sioux.
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« La terre et moi-même ne sommes qu’un esprit.
Les limites du pays et celles de nos corps sont les mêmes…
[…]
La terre est la mère de tous les peuples et tous les peuples devraient avoir des droits égaux sur elle.
Autant s’attendre à voir les rivières se mettre à couler à l’envers qu’à voir un homme, né libre, satisfait d’être parqué et privé de la liberté d’aller là où il le désire.
[…]
Si l’homme blanc traite l’Indien comme un égal, alors il n’y aura plus de guerres.
Nous serons tous semblables – frères d’un même père et d’une même mère, avec un même ciel au dessus de nous et un même pays autour de nous, et un même gouvernement pour tous. »
Himmaton Yalatkit (1830-1904) – Chef Nez Percé.
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« Au commencement de toutes choses, la sagesse et la connaissance ont été confiées aux animaux car Tirawa, le dieu suprême, ne parlait pas directement aux humains.
Il envoya certains animaux dire aux hommes qu’il se manifestait à travers les animaux et que c’est à partir d’eux, à partir des étoiles et du Soleil et de la Lune que l’homme apprendrait …
… tout le savoir de Tirawa. »
Eagle Chief(fin XIX°) – Pawnee
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« Un vieux précepte Indien dit qu’il est mal d’arracher du sol tout ce qui y pousse.
On peut couper les plantes, mais non les déraciner. »
Wooden Leg (fin XIX°) – Cheyenne
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« Quand le dernier arbre aura été abattu ; quand la dernière rivière aura été empoisonnée ; quand le dernier poisson aura été péché ; alors on saura que l’argent ne se mange pas. »
Goyathlay (Géronimo) (1829-1909) – Homme-médecine et farouche résistant Apache.
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« Souvent, dans le silence de la nuit, quand toute la nature semble endormie autour de moi, j’entends frapper doucement à la porte de mon cœur.
Je l’ouvre ; et une voix demande :
"Pokagon, et ton peuple ? Que lui réserve l’avenir ? "
Ma réponse est :
" L’homme mortel n’a pas le pouvoir d’écarter le voile du temps afin de dire quel sera l’avenir de sa race. Ce don n’appartient qu’au Divin. Mais il a la faculté de juger minutieusement le futur par le présent et le passé" ».
Simon Pokagon (1830-1899) – Chef Potawatomie.
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« La terre ne nous appartient pas…
… nous ne faisons que l’emprunter à nos enfants »
Proverbe commun à toutes les tribus amérindiennes.
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« Un bon Indien est un Indien mort ! » C’était hier.
Aujourd’hui, la sensibilité « New Age » fait d’eux les détenteurs d’une sagesse à ingérer les yeux fermés.
Je pense qu’il faut rester prudent, et ne rien idéaliser :
Les « guerres indiennes », ainsi nommées pas le gouvernement US, ne furent qu’un ethnocide de fait, c’est vrai ; cependant, les guerres indiennes pratiquées entre tribus, sans fusils ni mitrailleuses certes, ne furent pas non plus des plaisanteries.
Si les « Indiens » ne m’apparaissent pas comme les derniers vestiges d’un « âge d’or moral » à retrouver ; je suis impressionné par leur « éco-centrisme » ; si différent du « philocentrisme » qui fonde la « morale » américaine.
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Leur « morale » ; je préfère dire « éthique » ; semble s’être construite à l’intersection d’un chamanisme animiste et d’un réalisme « mondain ».
(J’ai conscience de très mal m’exprimer)
La valeur de leur éthique tient, je pense, au fait que leurs croyances se soient « soumises » au réalisme du « monde » :
Chez les Indiens ; il n’y a pas de « délire religieux ».
Je suis persuadé que cette « capitulation de l’irrationalité » est indissociable des conditions de survie de leurs ancêtres ; lorsque la biosphère s’est brutalement modifiée au début de la période inter glacière actuelle.
Leurs « croyances d’alors » ont dû précipiter l’extinction animale
(dans ce registre, on peut presque parler d’extinction de masse) et gravement compromettre leur survie.
À l’échelle continentale, ils se sont trouvés semblables aux Pascuans, et ont dû trouver en eux même le courage de renverser leurs Moaïs moraux ; leurs tabous traditionnels stériles, sinon dangereux ; et surtout se doter d’une éthique nouvelle leur ouvrant un futur.
Dit autrement :
Confrontés à la faillite des « anciennes croyances » ; ils ont dû avoir le courage de se faire prophètes créatifs.
Notre temps est comparable.
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