Apologie de la laïcité.
Posté : 14 janv.15, 10:12
Liberté de religion et libéralisme philosophique
Il fut un temps où les notions de « citoyen» et de « fidèle » s’entrecroisaient et étaient complémentaires : « doctrine religieuse » et « philosophie sociale » se confondaient.
La culture est en soi une religion puisque c’est autour d’elle que se lient et se rallient les consciences. La culture est une « reliure sociale », une sorte de contrat social qui réuni les individus d’un même groupe ou de plusieurs groupes ensemble au sein d’un même idéel-spirituel (connaissances/croyances), un partage des valeurs que l’on qualifie de « sens religieux ». Derrière le concept de « sens moral » se cache le besoin impératif d’exprimer une « humaine attitude ». La théologie est un raisonnement sur la nature avec une logique culturelle. On y retrouve les origines de « notre propre conscience morale » de même que sa continuité (son évolution) dans le temps. Des « lois culturelles ou spirituelles» sur lesquelles on s’appuie pour assurer l’évolution de l’espèce sur terre, fortement tributaires des « lois naturelles » mais pas toujours au diapason. Le monde d’aujourd’hui est issu du monde antique et pénétré de sa culture.
La laïcité n’est pas une profession de foi ni un creux philosophique. C’est un pragmatisme qui sépare la société civile et politique dans sa gouverne des dogmes religieux, un choix de société qui est devenu une politique d’État informelle dans le monde occidental. Cette distanciation de la conscience sociale des diktats religieux, a permis de faire évoluer et élargir le sens moral des sociétés avec un impact marquant sur la philosophie sociale. L’esprit social, au travers la culture générale et son développement, a dépassé le cadre de la culture religieuse et l’esprit de ses lois.
Un État laïc doit prendre en compte l’intérêt commun et il doit gérer selon une politique de l’ensemble et de culture générale (patrimoine et progressisme), la démocratie en étant une valeur sûre et elle se base en tout premier lieu sur le statut de « citoyen » et non de « fidèle ». Afficher un « signe religieux ostentatoire », c’est mettre en exergue une « doctrine philosophique» et non des politiques d’État démocratiques sur le droit social et les droits humains qui peuvent être revues, corrigées, repensées à tout moment.
Les demandes d’accommodements ne font que nous le rappeler. On peut voir la laïcisation comme un point de rupture ou un second souffle qui s’est imposé de lui-même et qui a redéfini les rapports sociaux en revisitant l’étroitesse de cette relation « culture religieuse et culture sociale ».
La laïcisation n’a donc pas été une démission philosophique mais une réévaluation des valeurs sociales avec, bien sur, un capital d’essais/erreurs. La culture en tant que « principe spirituel » ou « forme intelligible » ne s’est pas éteinte avec la « laïcité » mais elle s’est émancipée et amendée. Certains y voient un « idéal désincarné » ou une autre forme de religion sectaire. C’est enlever tout crédit à un processus sociologique qui a permis de revoir nos rapports d’autorité et contribuer au développement du sens démocratique et de l’esprit critique. On pourra toujours tenter d’associer la laïcité à une religion d’État qu’il faudra en dire autant de la démocratie pour être cohérent avec une telle affirmation. L’esprit social, le souci de cohésion et le sens culturel ne se sont pas envolés avec la séparation du pouvoir religieux et politique.
L’importance des valeurs n’a pas été reléguée aux oubliettes. C’est le « sens donné » qui fut contesté et contestable. En science, cela s’appelle le principe de réfutabilité. La laïcité est un dégagement philosophique; le droit de questionner et de comprendre et de faire évoluer le sens commun. C’est sur le « su et le connu » que s’établissent la connaissance et l’action humaine, les croyances se partageant la part d’inconnu. La preuve qu’on ne peut séparer la science du questionnement philosophique.
La laïcité a la qualité de son défaut. Elle prône la neutralité mais le religieux revendique et affiche sa foi et sous cet angle la laïcité devient une sorte de terrain libre et vacant, une absence de position, un vide spirituel qui se doit d’être comblé. Pourtant l’État compose et défend l’esprit et le sens de ses lois et donne les orientations; donc rien n’est vide ni neutre puisqu’ici les représentants de la conscience collective agissent dans sens ou l’autre.
L’État n’est pas neutre et il s’appuie sur le suffrage universel pour agir; il se veut garant des valeurs humaines, morales ou culturelles qu’il porte. La demande de respect est double; la reconnaissance « de particularisme religieux » au sein d’un « libéralisme philosophique » relativement accepté socialement. Le collectif, les lois et règles civiques, les conventions sociales et la sphère publique ne sont plus soumises au cadre étroit des commandements, obligations et restrictions religieuses particulières. Les communautés culturelles se sentent-elles confortables, sans compromis, avec cette permutation des valeurs, sans renonciation à leurs propres cultes ou pensée religieuse?
À qui donner la primauté? À la « doctrine religieuse » ou au « libéralisme philosophique ». Il ne s’agit donc pas d’une révolution sur l’ordre du monde, son sens et ses hiérarchies, mais de la consolidation d’une petite réforme idéologique et culturelle qui est devenue en occident un principe général et informellement une politique d’État; discerner l’acte confessionnel de l’acte civil, le droit religieux du droit social, l’esprit des lois religieuses de l’esprit social, la connaissance de la croyance. Le principe général sur lequel la société a appuyé et assuré son évolution sociale au cours des cinquante dernières années n’est pas le confessionnalisme ni l’Œcuménisme mais la laïcité. C’est une démarche sociologique que l’on peut soutenir ou désavouer.
Il fut un temps où les notions de « citoyen» et de « fidèle » s’entrecroisaient et étaient complémentaires : « doctrine religieuse » et « philosophie sociale » se confondaient.
La culture est en soi une religion puisque c’est autour d’elle que se lient et se rallient les consciences. La culture est une « reliure sociale », une sorte de contrat social qui réuni les individus d’un même groupe ou de plusieurs groupes ensemble au sein d’un même idéel-spirituel (connaissances/croyances), un partage des valeurs que l’on qualifie de « sens religieux ». Derrière le concept de « sens moral » se cache le besoin impératif d’exprimer une « humaine attitude ». La théologie est un raisonnement sur la nature avec une logique culturelle. On y retrouve les origines de « notre propre conscience morale » de même que sa continuité (son évolution) dans le temps. Des « lois culturelles ou spirituelles» sur lesquelles on s’appuie pour assurer l’évolution de l’espèce sur terre, fortement tributaires des « lois naturelles » mais pas toujours au diapason. Le monde d’aujourd’hui est issu du monde antique et pénétré de sa culture.
La laïcité n’est pas une profession de foi ni un creux philosophique. C’est un pragmatisme qui sépare la société civile et politique dans sa gouverne des dogmes religieux, un choix de société qui est devenu une politique d’État informelle dans le monde occidental. Cette distanciation de la conscience sociale des diktats religieux, a permis de faire évoluer et élargir le sens moral des sociétés avec un impact marquant sur la philosophie sociale. L’esprit social, au travers la culture générale et son développement, a dépassé le cadre de la culture religieuse et l’esprit de ses lois.
Un État laïc doit prendre en compte l’intérêt commun et il doit gérer selon une politique de l’ensemble et de culture générale (patrimoine et progressisme), la démocratie en étant une valeur sûre et elle se base en tout premier lieu sur le statut de « citoyen » et non de « fidèle ». Afficher un « signe religieux ostentatoire », c’est mettre en exergue une « doctrine philosophique» et non des politiques d’État démocratiques sur le droit social et les droits humains qui peuvent être revues, corrigées, repensées à tout moment.
Les demandes d’accommodements ne font que nous le rappeler. On peut voir la laïcisation comme un point de rupture ou un second souffle qui s’est imposé de lui-même et qui a redéfini les rapports sociaux en revisitant l’étroitesse de cette relation « culture religieuse et culture sociale ».
La laïcisation n’a donc pas été une démission philosophique mais une réévaluation des valeurs sociales avec, bien sur, un capital d’essais/erreurs. La culture en tant que « principe spirituel » ou « forme intelligible » ne s’est pas éteinte avec la « laïcité » mais elle s’est émancipée et amendée. Certains y voient un « idéal désincarné » ou une autre forme de religion sectaire. C’est enlever tout crédit à un processus sociologique qui a permis de revoir nos rapports d’autorité et contribuer au développement du sens démocratique et de l’esprit critique. On pourra toujours tenter d’associer la laïcité à une religion d’État qu’il faudra en dire autant de la démocratie pour être cohérent avec une telle affirmation. L’esprit social, le souci de cohésion et le sens culturel ne se sont pas envolés avec la séparation du pouvoir religieux et politique.
L’importance des valeurs n’a pas été reléguée aux oubliettes. C’est le « sens donné » qui fut contesté et contestable. En science, cela s’appelle le principe de réfutabilité. La laïcité est un dégagement philosophique; le droit de questionner et de comprendre et de faire évoluer le sens commun. C’est sur le « su et le connu » que s’établissent la connaissance et l’action humaine, les croyances se partageant la part d’inconnu. La preuve qu’on ne peut séparer la science du questionnement philosophique.
La laïcité a la qualité de son défaut. Elle prône la neutralité mais le religieux revendique et affiche sa foi et sous cet angle la laïcité devient une sorte de terrain libre et vacant, une absence de position, un vide spirituel qui se doit d’être comblé. Pourtant l’État compose et défend l’esprit et le sens de ses lois et donne les orientations; donc rien n’est vide ni neutre puisqu’ici les représentants de la conscience collective agissent dans sens ou l’autre.
L’État n’est pas neutre et il s’appuie sur le suffrage universel pour agir; il se veut garant des valeurs humaines, morales ou culturelles qu’il porte. La demande de respect est double; la reconnaissance « de particularisme religieux » au sein d’un « libéralisme philosophique » relativement accepté socialement. Le collectif, les lois et règles civiques, les conventions sociales et la sphère publique ne sont plus soumises au cadre étroit des commandements, obligations et restrictions religieuses particulières. Les communautés culturelles se sentent-elles confortables, sans compromis, avec cette permutation des valeurs, sans renonciation à leurs propres cultes ou pensée religieuse?
À qui donner la primauté? À la « doctrine religieuse » ou au « libéralisme philosophique ». Il ne s’agit donc pas d’une révolution sur l’ordre du monde, son sens et ses hiérarchies, mais de la consolidation d’une petite réforme idéologique et culturelle qui est devenue en occident un principe général et informellement une politique d’État; discerner l’acte confessionnel de l’acte civil, le droit religieux du droit social, l’esprit des lois religieuses de l’esprit social, la connaissance de la croyance. Le principe général sur lequel la société a appuyé et assuré son évolution sociale au cours des cinquante dernières années n’est pas le confessionnalisme ni l’Œcuménisme mais la laïcité. C’est une démarche sociologique que l’on peut soutenir ou désavouer.