La foi bahâ'îe "le dernier prophéte"
Posté : 06 déc.03, 16:31
Le BآB, BAHآ’U’LLآH
Et la foi bahâ’îe
La naissance d’une religion
Le mouvement bâbî, précurseur de la foi bahâ‘îe naît dans un contexte messianique propre à la Perse de la première moitié du XIXe siècle, où une succession de prédicateur appelé shaykhi annonçaient le retour imminent du Promis de l’Islam. Parmi eux, le célèbre fondateur de l’école musulmane shaykhîe, Shaykh Ahmad Ahsâ’î (1753-1826), et son disciple et successeur Siyyid Kâzim (1797-1843), dont l’ambition était de « préparer le coeur des hommes à recevoir la vérité plus complète qui devrait être sous peu révélé ». Convaincu que l’ةlu de Dieu était sur le point de se manifesté, Siyyid Kâzim confia à un de ses disciple, Mullâ Hussayn (env. 1813-1849), la mission de partir à sa recherche.
C’est ainsi qu’en 1844 Mullâ Hussayn fut le premier à embrasser la cause de Siyyid ‘Alî-Muhammad (1819-1850), appelé le Bâb(la Porte), un jeune marchant de Shiraz en qui des milliers de disciples fervents allaient bientôt reconnaître le Promis. Lui-même porteur d’une nouvelle révélation divine, le Bâb enseigna à ses disciples qu’un autre envoyé de Dieu, plus éminent que lui, viendrait sous peu inaugurer une ère qui « verrait la restructuration de tous les aspects de la vie » et qui engendrerait une véritable révolution morale, spirituelle et sociale.
Les revendications du Bâb, ainsi que l’ardeur de ses disciples à combattre la corruption et la déchéance de la société, rencontrèrent un vif succès dans la population, mais suscitèrent aussi colère et hostilité de la part du clergé musulman et des autorités persanes. Le Bâb est arrêté et emprisonné ; pendant ce temps, ses écrits se répandent, et tout particulièrement le plus important d’entre eux, le Bayan, qui annule la Loi islamique et lui subtitue un ensemble de prescriptions très libérales. Le 9 juillet 1850, après un simulacre de procès, dans des conditions atroces. Des témoins de l’époque, dont A. L. Nicolas, ont laissé des comptes rendus détaillés de l’événement.
La mission de Bahâ’u’llâh
Avec la disparition du Bâb, le clergé et le gouvernement croient avoir porté un coup fatal au mouvement bâbî. Mais un jeune noble de Téhéran, Mîrzâ Husayn-‘Ali (1817-1892) que l’on appellera Bahâ’u’llâh (la Gloire de Dieu), prend courageusement la défense de la nouvelle religion. Pressenti pour de hautes charges de l’ةtat, il préfère se consacrer à des œuvres de charité et entreprend de propager la cause bâbîe. Il en devient vite le plus ardent défenseur ce qui lui vaut d’être incarcéré en 1853, dans une prison lugubre de Téhéran, le cachot souterrain du Sîyâh-Châl. C’est là que, dans l’attente d’une mort certaine, il reçoit le premier signe de sa mission : « Une nuit, en rêve, ces paroles exaltées furent entendues de tous côtés : « En vérité, nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume. Ne t’attriste point de ce qui t’est advenu et n’en sois pas effrayé, car tu es en sécurité. Sous peu, Dieu fera apparaître les trésors de la terre : des hommes qui t’aideront par toi même et par ton nom, grâce auquel Dieu a revivifié le cœur de ceux qui l’ont reconnu. » » Bahâ’u’llâh attendra toutefois plusieurs années avant de déclarer publiquement cette mission, qui allait lui coûter sa santé et ses biens, la vie de son plus jeune fils, et faire de lui l’objet de persécution jusqu’à la fin de sa vie.
Relâché, Bahâ’u’llah est condamné au bannissement et ses biens sont confisqués. Débutent alors pour lui quarante années d’exil dont la première étape à reconstruire une communauté bâbîe démoralisée et affaiblie par le martyre du Bâb et de ses milliers de disciples. Sa sagesse, son savoir et sa générosité ne tardent pas à lui valoir une grande renommée, tant auprès de la population que de nombreuses personnalités arabes et persanes, qui viennent lui rendre visite dans sa modeste demeure. Son influence grandit tellement que les autorités persanes s’en inquiètent et n’ont de cesse d’obtenir du sultan ottoman son éloignement des régions frontalières.
En 1863, juste avant d’entamer une nouvelle étape de son exil vers Constantinople, puis Andrinople, Bahâ’u’llah annonce sa mission prophétique. Cette mission, il ne l’a pas choisie : « je n’étais qu’un homme comme les autres, endormi sur ma couche, lorsque les brises du Très Glorieux soufflèrent sur moi et m’enseignèrent la connaissance de tout ce qui a été. Cette chose n’est pas de moi, mais de celui qui est tout-puissant et omniscient .» Cible d’accusations et d’insinuations toujours plus nombreuses de la part de membres des clergés et des gouvernements, Bahâ’u’llah est soumis à un emprisonnement beaucoup plus sévère dans un lieu à l’écart des zones de grand peuplement, la forteresse de Saint-Jean-d’Acre en Palestine(Akkô), connue pour son insalubrité et ses mauvaises conditions de détention. Là, comme partout ailleurs, sa renommée et le comportement exemplaire de ses fidèles, les Bahâ’îs, viennent à bout de la mauvaise réputation qui les précédait et, en 1892, Bahâ’u’llâh s’éteint à Bahjî, à proximité de ‘Akkâ. Il laisse au monde de nombreux textes qui précisent ce que sont les buts et les objectif véritables de la religion, et qui énoncent les moyens de parvenir au « royaume de Dieu sur terre ».
L’homme et son évolution
La nature de l’homme est spirituelle et constituée de potentialités qui ne peuvent se développer pleinement que dans le cadre d’une vie spirituelle organisée. Dans l’homme, Dieu a enfouie « un dépôt divin » constitué par les « noms et attributs » de sa nature divine, c’est-à-dire par les qualités que nous attribuons habituellement à Dieu, tel que l’amour, miséricorde, justice, compassion, etc. Ces qualités sont comme des germes précieuses qui doivent d’abord être extraites de la mine, puis taillées et polies, et enfin préservées des pollutions de la vie matérielle par le maintien d,une attitude de détachement.
Au-delà de la vie, n’existent ni enfer ni paradis, mais une succession d’états spirituels que l’âme parcourt dans un voyage vers la perfection, lequel ne prendra jamais fin et s’effectuera à travers des mondes successifs qui représentent des horizons ontologiques de plus en plus grands. Ainsi l’âme se rapproche de plus en plus de Dieu sans jamais pouvoir l’atteindre.
L’histoire de l’humanité serait un processus de développement des capacités latentes de la nature humaine, notre histoire passé étant le récit de notre enfance et de notre adolescence collectives. Vue sous un autre angle, « la révélation de Bahâ’u’llah, dont la mission suprême n’est autre que d’accomplir cette unité organique et spirituelle de l’ensemble des nations, devraient être considérée comme marquant l’entrée dans l’âge adulte de la race humaine tout entière » Les ةtats-nations ayant désormais atteint leurs limites de développement, l’humanité doit prendre conscience de son unité propre et la concrétiser en s’engageant dans un processus d’intégration entre les nations.
Porteur d’une révélation divine, bahâ’u’llâh a ainsi « jeté les fondements d’une société planétaire qui reflète l’unicité de la nature humaine ». Ses enseignement conduisent à reconsidérer tous les aspects de l’expérience humaine pour relever les défis actuels, qui sont pour la plupart d’ordre mondial et universel plutôt que régional et particulier.
L’unité et la justice
Selon les écrits bahâ’îs, la nouvelle organisation planétaire devra s’appuyer sur des concepts et des moyens qui visent tous à développer chez les individus et chez les peuples la conscience de leur unité fondamentale. Cette unité, selon Bahâ’u’llâh, ne reposera sur des bases solides que si elle s’appuie sur les notions d’unicité de Dieu, d’unité des religions et d’unité du genre humain.
L’unicité de Dieu exclut toute forme de multiplicité comme celle que, selon lui, propose la conception trinitaire chrétienne, du moin dans sa forme ontologique, et de toute forme de panthéisme : créateur et origine ultime de toute existence, Dieu n’est ni la somme des étants ni l’être lui-même.
L’unité des religions consiste à reconnaître que Dieu se révèle progressivement, que tous les fondateurs des grandes religions –Moïse, Zoroastre, Bouddha, Jésus, Muhammad et d’autres- ont véritablement reçu l’inspiration divine, que leurs enseignements correspondaient aux besoins de l’époque, et que c’est par leur intermédiaire que le genre humain a cheminé au cours des siècles vers l’intégration de ses composantes, jusqu’à l’étape actuelle de sa maturité.
Enfin, il est essentiel, pour établir la paix entre les peuples, d’affirmer l’unité du genre humain et d’enchâsser ce principe dans des chartes universelles de droits et responsabilités : « Le bien-être de l’humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus tant que son unité n’est pas fermement établie. » D’où l’importance, maintes fois soulignée dans les enseignements sociaux de la foi bahâ’îe, de combattre les préjugés, qu’ils soient d’ordre racial, religieux, culturel ou autre, de proclamer sans équivoque l’égalité des sexes, et d’assurer le partage des richesses et des ressources de la planète. Ces principes s’appuient sur l’idée de justice, « la seule force qui puisse transformer la conscience naissante et l’unité de l’humanité en une volonté collective capable d’ériger sereinement les structures nécessaires à une vie communautaire mondial »
Un des moyen explicites présentés par Bahâ’u’llâh pour établir la justice est une structure institutionnelle permettant d’organiser et de soutenir l’action collective. Et c’est dans ce cadre qu’il fait de la concertation, entre les individus et entre les peuples, l’outil par excellence pour éclairer toute question. Enrichie par la conscience grandissante de l’unité organique de l’humanité, la concertation permettra aux nations du monde de puiser dans la richesse de leur patrimoine commun afin d’y trouver des solutions satisfaisantes aux nombreux problèmes de notre époque. La recherche de la justice exige également de réhabiliter le dialogue entre la science et la religion, et d’établir des mesures à l’échelle mondiale pour rendre l’éducation accessible à tous et à toutes. L’accès universel à la connaissance contribuera grandement à développer les capacités individuelles et collectives, et à faire progressivement disparaître les préjugés.
Le dessein de la religion
Les règles et les principes énoncés par Bahâ’u’llâh montrent son intention évidente de fonder un véritable système spirituel, et non de proposer une simple philosophie mystique. Sans rejeter l’idée que le lien mystique entre l’individu et Dieu est au cœur même de la spiritualité, Bahâ’u’llâh affirme que la religion poursuit également un but social et collectif : « Le dessein de Dieu en envoyant ses prophètes aux hommes est double. Le premier est de libérer les enfants des hommes des ténèbres de l’ignorance, de les guider vers la paix et la tranquillité de l’humanité, en lui fournissant tous les moyens par lesquels cette paix peut être établie. »
Dans la conception bahâ’îe, l’être humain, dont la finalité et le sens de la vie consistent à connaître et à adorer Dieu, doit établir et maintenir une relation personnelle avec Dieu, grâce à la prière, à la méditation et à d’autres pratiques spirituelles. La collectivité humaine, pour sa part, doit « travailler à l’établissement et à l’amélioration contante de la civilisation », e suivant les préceptes révélés par les messagers de Dieu.
La religion a, selon Bahâ’u’llah, un but pratique et concret ; elle n’est pas une fin en soi. Elle doit servir à établir des relations authentiques, d’une part entre Dieu et l’homme, et d’autre part entre les êtres humains, et non à promouvoir la croyance en une idéologie : « Le dessein fondamental qui anime la foi en Dieu et sa religion est de sauvegarder les intérêts et de promouvoir l’unité de la race humaine, de stimuler l’esprit d’amour et de fraternité parmi les hommes. N’acceptez pas qu’il devienne une source de dissension et de discorde, de haine et d’inimitié. »
S’inscrivant dans la lignée des religions monothéistes et auteur d’une religion universelle à caractère profondément social, Bahâ’u’llâh rejoint les grand courants mystiques qui voient dans le véritable mysticisme l’éveil de la conscience à des états supérieurs. Il renouvelle l’alliance entre Dieu et l’humanité, et fait cette promesse : accepter d’être guidés par l’autorité spirituelle de la révélation divine fournira, tant à chaque être humain qu’à l’ensemble des peuples du monde, la force morale nécessaire à l’édification de la civilisation mondial.
William HACHER,
Avec la collaboration de lyne-Andrée MATHIEU et Elizabeth WRIGHT
Retranscrit pour l’Internet par YSLa71
Tiré du LIVRE DES SAGESSES
Et la foi bahâ’îe
La naissance d’une religion
Le mouvement bâbî, précurseur de la foi bahâ‘îe naît dans un contexte messianique propre à la Perse de la première moitié du XIXe siècle, où une succession de prédicateur appelé shaykhi annonçaient le retour imminent du Promis de l’Islam. Parmi eux, le célèbre fondateur de l’école musulmane shaykhîe, Shaykh Ahmad Ahsâ’î (1753-1826), et son disciple et successeur Siyyid Kâzim (1797-1843), dont l’ambition était de « préparer le coeur des hommes à recevoir la vérité plus complète qui devrait être sous peu révélé ». Convaincu que l’ةlu de Dieu était sur le point de se manifesté, Siyyid Kâzim confia à un de ses disciple, Mullâ Hussayn (env. 1813-1849), la mission de partir à sa recherche.
C’est ainsi qu’en 1844 Mullâ Hussayn fut le premier à embrasser la cause de Siyyid ‘Alî-Muhammad (1819-1850), appelé le Bâb(la Porte), un jeune marchant de Shiraz en qui des milliers de disciples fervents allaient bientôt reconnaître le Promis. Lui-même porteur d’une nouvelle révélation divine, le Bâb enseigna à ses disciples qu’un autre envoyé de Dieu, plus éminent que lui, viendrait sous peu inaugurer une ère qui « verrait la restructuration de tous les aspects de la vie » et qui engendrerait une véritable révolution morale, spirituelle et sociale.
Les revendications du Bâb, ainsi que l’ardeur de ses disciples à combattre la corruption et la déchéance de la société, rencontrèrent un vif succès dans la population, mais suscitèrent aussi colère et hostilité de la part du clergé musulman et des autorités persanes. Le Bâb est arrêté et emprisonné ; pendant ce temps, ses écrits se répandent, et tout particulièrement le plus important d’entre eux, le Bayan, qui annule la Loi islamique et lui subtitue un ensemble de prescriptions très libérales. Le 9 juillet 1850, après un simulacre de procès, dans des conditions atroces. Des témoins de l’époque, dont A. L. Nicolas, ont laissé des comptes rendus détaillés de l’événement.
La mission de Bahâ’u’llâh
Avec la disparition du Bâb, le clergé et le gouvernement croient avoir porté un coup fatal au mouvement bâbî. Mais un jeune noble de Téhéran, Mîrzâ Husayn-‘Ali (1817-1892) que l’on appellera Bahâ’u’llâh (la Gloire de Dieu), prend courageusement la défense de la nouvelle religion. Pressenti pour de hautes charges de l’ةtat, il préfère se consacrer à des œuvres de charité et entreprend de propager la cause bâbîe. Il en devient vite le plus ardent défenseur ce qui lui vaut d’être incarcéré en 1853, dans une prison lugubre de Téhéran, le cachot souterrain du Sîyâh-Châl. C’est là que, dans l’attente d’une mort certaine, il reçoit le premier signe de sa mission : « Une nuit, en rêve, ces paroles exaltées furent entendues de tous côtés : « En vérité, nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume. Ne t’attriste point de ce qui t’est advenu et n’en sois pas effrayé, car tu es en sécurité. Sous peu, Dieu fera apparaître les trésors de la terre : des hommes qui t’aideront par toi même et par ton nom, grâce auquel Dieu a revivifié le cœur de ceux qui l’ont reconnu. » » Bahâ’u’llâh attendra toutefois plusieurs années avant de déclarer publiquement cette mission, qui allait lui coûter sa santé et ses biens, la vie de son plus jeune fils, et faire de lui l’objet de persécution jusqu’à la fin de sa vie.
Relâché, Bahâ’u’llah est condamné au bannissement et ses biens sont confisqués. Débutent alors pour lui quarante années d’exil dont la première étape à reconstruire une communauté bâbîe démoralisée et affaiblie par le martyre du Bâb et de ses milliers de disciples. Sa sagesse, son savoir et sa générosité ne tardent pas à lui valoir une grande renommée, tant auprès de la population que de nombreuses personnalités arabes et persanes, qui viennent lui rendre visite dans sa modeste demeure. Son influence grandit tellement que les autorités persanes s’en inquiètent et n’ont de cesse d’obtenir du sultan ottoman son éloignement des régions frontalières.
En 1863, juste avant d’entamer une nouvelle étape de son exil vers Constantinople, puis Andrinople, Bahâ’u’llah annonce sa mission prophétique. Cette mission, il ne l’a pas choisie : « je n’étais qu’un homme comme les autres, endormi sur ma couche, lorsque les brises du Très Glorieux soufflèrent sur moi et m’enseignèrent la connaissance de tout ce qui a été. Cette chose n’est pas de moi, mais de celui qui est tout-puissant et omniscient .» Cible d’accusations et d’insinuations toujours plus nombreuses de la part de membres des clergés et des gouvernements, Bahâ’u’llah est soumis à un emprisonnement beaucoup plus sévère dans un lieu à l’écart des zones de grand peuplement, la forteresse de Saint-Jean-d’Acre en Palestine(Akkô), connue pour son insalubrité et ses mauvaises conditions de détention. Là, comme partout ailleurs, sa renommée et le comportement exemplaire de ses fidèles, les Bahâ’îs, viennent à bout de la mauvaise réputation qui les précédait et, en 1892, Bahâ’u’llâh s’éteint à Bahjî, à proximité de ‘Akkâ. Il laisse au monde de nombreux textes qui précisent ce que sont les buts et les objectif véritables de la religion, et qui énoncent les moyens de parvenir au « royaume de Dieu sur terre ».
L’homme et son évolution
La nature de l’homme est spirituelle et constituée de potentialités qui ne peuvent se développer pleinement que dans le cadre d’une vie spirituelle organisée. Dans l’homme, Dieu a enfouie « un dépôt divin » constitué par les « noms et attributs » de sa nature divine, c’est-à-dire par les qualités que nous attribuons habituellement à Dieu, tel que l’amour, miséricorde, justice, compassion, etc. Ces qualités sont comme des germes précieuses qui doivent d’abord être extraites de la mine, puis taillées et polies, et enfin préservées des pollutions de la vie matérielle par le maintien d,une attitude de détachement.
Au-delà de la vie, n’existent ni enfer ni paradis, mais une succession d’états spirituels que l’âme parcourt dans un voyage vers la perfection, lequel ne prendra jamais fin et s’effectuera à travers des mondes successifs qui représentent des horizons ontologiques de plus en plus grands. Ainsi l’âme se rapproche de plus en plus de Dieu sans jamais pouvoir l’atteindre.
L’histoire de l’humanité serait un processus de développement des capacités latentes de la nature humaine, notre histoire passé étant le récit de notre enfance et de notre adolescence collectives. Vue sous un autre angle, « la révélation de Bahâ’u’llah, dont la mission suprême n’est autre que d’accomplir cette unité organique et spirituelle de l’ensemble des nations, devraient être considérée comme marquant l’entrée dans l’âge adulte de la race humaine tout entière » Les ةtats-nations ayant désormais atteint leurs limites de développement, l’humanité doit prendre conscience de son unité propre et la concrétiser en s’engageant dans un processus d’intégration entre les nations.
Porteur d’une révélation divine, bahâ’u’llâh a ainsi « jeté les fondements d’une société planétaire qui reflète l’unicité de la nature humaine ». Ses enseignement conduisent à reconsidérer tous les aspects de l’expérience humaine pour relever les défis actuels, qui sont pour la plupart d’ordre mondial et universel plutôt que régional et particulier.
L’unité et la justice
Selon les écrits bahâ’îs, la nouvelle organisation planétaire devra s’appuyer sur des concepts et des moyens qui visent tous à développer chez les individus et chez les peuples la conscience de leur unité fondamentale. Cette unité, selon Bahâ’u’llâh, ne reposera sur des bases solides que si elle s’appuie sur les notions d’unicité de Dieu, d’unité des religions et d’unité du genre humain.
L’unicité de Dieu exclut toute forme de multiplicité comme celle que, selon lui, propose la conception trinitaire chrétienne, du moin dans sa forme ontologique, et de toute forme de panthéisme : créateur et origine ultime de toute existence, Dieu n’est ni la somme des étants ni l’être lui-même.
L’unité des religions consiste à reconnaître que Dieu se révèle progressivement, que tous les fondateurs des grandes religions –Moïse, Zoroastre, Bouddha, Jésus, Muhammad et d’autres- ont véritablement reçu l’inspiration divine, que leurs enseignements correspondaient aux besoins de l’époque, et que c’est par leur intermédiaire que le genre humain a cheminé au cours des siècles vers l’intégration de ses composantes, jusqu’à l’étape actuelle de sa maturité.
Enfin, il est essentiel, pour établir la paix entre les peuples, d’affirmer l’unité du genre humain et d’enchâsser ce principe dans des chartes universelles de droits et responsabilités : « Le bien-être de l’humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus tant que son unité n’est pas fermement établie. » D’où l’importance, maintes fois soulignée dans les enseignements sociaux de la foi bahâ’îe, de combattre les préjugés, qu’ils soient d’ordre racial, religieux, culturel ou autre, de proclamer sans équivoque l’égalité des sexes, et d’assurer le partage des richesses et des ressources de la planète. Ces principes s’appuient sur l’idée de justice, « la seule force qui puisse transformer la conscience naissante et l’unité de l’humanité en une volonté collective capable d’ériger sereinement les structures nécessaires à une vie communautaire mondial »
Un des moyen explicites présentés par Bahâ’u’llâh pour établir la justice est une structure institutionnelle permettant d’organiser et de soutenir l’action collective. Et c’est dans ce cadre qu’il fait de la concertation, entre les individus et entre les peuples, l’outil par excellence pour éclairer toute question. Enrichie par la conscience grandissante de l’unité organique de l’humanité, la concertation permettra aux nations du monde de puiser dans la richesse de leur patrimoine commun afin d’y trouver des solutions satisfaisantes aux nombreux problèmes de notre époque. La recherche de la justice exige également de réhabiliter le dialogue entre la science et la religion, et d’établir des mesures à l’échelle mondiale pour rendre l’éducation accessible à tous et à toutes. L’accès universel à la connaissance contribuera grandement à développer les capacités individuelles et collectives, et à faire progressivement disparaître les préjugés.
Le dessein de la religion
Les règles et les principes énoncés par Bahâ’u’llâh montrent son intention évidente de fonder un véritable système spirituel, et non de proposer une simple philosophie mystique. Sans rejeter l’idée que le lien mystique entre l’individu et Dieu est au cœur même de la spiritualité, Bahâ’u’llâh affirme que la religion poursuit également un but social et collectif : « Le dessein de Dieu en envoyant ses prophètes aux hommes est double. Le premier est de libérer les enfants des hommes des ténèbres de l’ignorance, de les guider vers la paix et la tranquillité de l’humanité, en lui fournissant tous les moyens par lesquels cette paix peut être établie. »
Dans la conception bahâ’îe, l’être humain, dont la finalité et le sens de la vie consistent à connaître et à adorer Dieu, doit établir et maintenir une relation personnelle avec Dieu, grâce à la prière, à la méditation et à d’autres pratiques spirituelles. La collectivité humaine, pour sa part, doit « travailler à l’établissement et à l’amélioration contante de la civilisation », e suivant les préceptes révélés par les messagers de Dieu.
La religion a, selon Bahâ’u’llah, un but pratique et concret ; elle n’est pas une fin en soi. Elle doit servir à établir des relations authentiques, d’une part entre Dieu et l’homme, et d’autre part entre les êtres humains, et non à promouvoir la croyance en une idéologie : « Le dessein fondamental qui anime la foi en Dieu et sa religion est de sauvegarder les intérêts et de promouvoir l’unité de la race humaine, de stimuler l’esprit d’amour et de fraternité parmi les hommes. N’acceptez pas qu’il devienne une source de dissension et de discorde, de haine et d’inimitié. »
S’inscrivant dans la lignée des religions monothéistes et auteur d’une religion universelle à caractère profondément social, Bahâ’u’llâh rejoint les grand courants mystiques qui voient dans le véritable mysticisme l’éveil de la conscience à des états supérieurs. Il renouvelle l’alliance entre Dieu et l’humanité, et fait cette promesse : accepter d’être guidés par l’autorité spirituelle de la révélation divine fournira, tant à chaque être humain qu’à l’ensemble des peuples du monde, la force morale nécessaire à l’édification de la civilisation mondial.
William HACHER,
Avec la collaboration de lyne-Andrée MATHIEU et Elizabeth WRIGHT
Retranscrit pour l’Internet par YSLa71
Tiré du LIVRE DES SAGESSES