Le péché originel
Posté : 25 sept.16, 17:49
La bibliste Anne Soupa à montré que le péché n'était pas de croquer la pomme puisque la première occurrence au péché n'apparaît qu'au quatrième chapitre du livre de la Genèse lorsque Dieu met Caïn en garde contre le péché qui est tapi à sa porte comme une bête.
Le premier péché commis dans la Bible n'est donc pas la désobéissance d'Adam et Eve mais le meurtre du frère.
Le philosophe Paul Ricoeur dans Le conflit des interprétations à explicité que l'idée du péché originel est une idée tardive due à saint Augustin. Adam devient une figure autonome, chargé personnellement de la responsabilité du péché et des malheurs de toute l'humanité...et dorénavant toute l'humanité héritera de son péché et ses conséquences, le malheur et la mort...Mais tel qu'il est présenté dans la Bible, le récit ne vise nullement à mettre sur le seul compte d'Adam tous les maux dont souffre l'humanité. Si nous oublions un instant l'équivalence que saint Augustin à établie entre le péché d'Adam et le péché tout court, le récit d'Adam est Eve livre un tout autre sens. Il a moins pour fonction de désigner un coupable que de décrire la condition humaine à travers le mythe des origines. Rappelons que la fonction première du mythe est de traduire en termes d'histoires une dimension ontologique de l'existence.
Pierre Gibert dans Bible, mythes et récits de commencement explique que si l'on veut comprendre en quoi Adam est une figure de l'humanité pécheresse, il faut être attentif à l'entrecroisement avec un autre récit qui lui a servi de modèle, l'inceste entre deux enfants de David, Amnon et Tamar relaté en 2 Samuel 13. Témoin du scandale survenu à la cour royale, l'auteur biblique se serait servi de cet épisode pour construire l'histoire d'Adam et d'Eve, son idée étant de projeter ce péché d'inceste sur l'origine de l'humanité afin de suggérer que le mal survenu dans la famille royale ne devrait pas nous surprendre...Par ce récit, l'auteur biblique fait de la condition existentielle et humaine de l'homme une condition pécheresse...Adam ne serait donc pas le responsable d'une culpabilité universelle mais juste le prototype d'une humanité pécheresse en chacun de ses membres.
Adam... le grand absent des évangiles... Jésus n'en parle pas. Mais certains veulent en faire une antithèse du Christ...
C'est avec saint Paul qu'Adam connaît un nouveau succès. Qui ne connaît pas l'expression de la lettre aux Romains... "le péché est entré dans le monde" mais ce qu'on oublie de dire, c'est qu'en disant cela Paul n'accable pas Adam d'un péché universel, mais seulement s'attarde à en faire l'antithèse du Christ : tout comme Adam inaugure l'histoire du péché, le Christ inaugure à son tour l'histoire du salut.
Ces deux histoires ne sont pas symétriques puisque le Christ intègre en la rachetant l'histoire du péché...là où le péché abonde, la grâce surabonde... Pour saint Paul, Adam n'est là que pour faire valoir le Christ, et l'insistance sur le péché n'a que pour objet que de faire ressortir la nécessité de la justification par le Christ.
Cordialement,
Ase
Le premier péché commis dans la Bible n'est donc pas la désobéissance d'Adam et Eve mais le meurtre du frère.
Le philosophe Paul Ricoeur dans Le conflit des interprétations à explicité que l'idée du péché originel est une idée tardive due à saint Augustin. Adam devient une figure autonome, chargé personnellement de la responsabilité du péché et des malheurs de toute l'humanité...et dorénavant toute l'humanité héritera de son péché et ses conséquences, le malheur et la mort...Mais tel qu'il est présenté dans la Bible, le récit ne vise nullement à mettre sur le seul compte d'Adam tous les maux dont souffre l'humanité. Si nous oublions un instant l'équivalence que saint Augustin à établie entre le péché d'Adam et le péché tout court, le récit d'Adam est Eve livre un tout autre sens. Il a moins pour fonction de désigner un coupable que de décrire la condition humaine à travers le mythe des origines. Rappelons que la fonction première du mythe est de traduire en termes d'histoires une dimension ontologique de l'existence.
Pierre Gibert dans Bible, mythes et récits de commencement explique que si l'on veut comprendre en quoi Adam est une figure de l'humanité pécheresse, il faut être attentif à l'entrecroisement avec un autre récit qui lui a servi de modèle, l'inceste entre deux enfants de David, Amnon et Tamar relaté en 2 Samuel 13. Témoin du scandale survenu à la cour royale, l'auteur biblique se serait servi de cet épisode pour construire l'histoire d'Adam et d'Eve, son idée étant de projeter ce péché d'inceste sur l'origine de l'humanité afin de suggérer que le mal survenu dans la famille royale ne devrait pas nous surprendre...Par ce récit, l'auteur biblique fait de la condition existentielle et humaine de l'homme une condition pécheresse...Adam ne serait donc pas le responsable d'une culpabilité universelle mais juste le prototype d'une humanité pécheresse en chacun de ses membres.
Adam... le grand absent des évangiles... Jésus n'en parle pas. Mais certains veulent en faire une antithèse du Christ...
C'est avec saint Paul qu'Adam connaît un nouveau succès. Qui ne connaît pas l'expression de la lettre aux Romains... "le péché est entré dans le monde" mais ce qu'on oublie de dire, c'est qu'en disant cela Paul n'accable pas Adam d'un péché universel, mais seulement s'attarde à en faire l'antithèse du Christ : tout comme Adam inaugure l'histoire du péché, le Christ inaugure à son tour l'histoire du salut.
Ces deux histoires ne sont pas symétriques puisque le Christ intègre en la rachetant l'histoire du péché...là où le péché abonde, la grâce surabonde... Pour saint Paul, Adam n'est là que pour faire valoir le Christ, et l'insistance sur le péché n'a que pour objet que de faire ressortir la nécessité de la justification par le Christ.
Cordialement,
Ase