Bonjour Coeur ! J'apprécie énormément ta question et la citation des Galates semble être à propos ; mais puisque je manque de culture religieuse, j'aimerais que tu m'en dise plus à son sujet (si possible, peux tu la situer dans le contexte de son texte d'origine ?). D'ordinaire je serais plutôt de ton avis, mais pour pousser le débat, je vais défendre une autre position.
Dans ton message, tu dis que la solitude spirituelle est une bonne chose, car grâce à l'absence de conventions sociales et religieuses, nous sommes aussi libre et sans entraves que possible dans notre quête personnelle de la vérité. Cependant, le fait de penser seul ne nous donne pas raison pour autant. Prenons l'exemple d'un ermite qui aurait un problème de vision particulier : depuis sa naissance, il ne distinguerait aucune couleur, sauf le bleu. A force de se demander pourquoi certains objets sont colorés (bleus) alors que le reste du monde est visiblement terne et gris, il aura peut-être l'idée de les associer à quelque chose de sacré ; ainsi pour lui une violette aura une signification spirituelle particulière, alors qu'un lys n'en aura pas. Donc, l'imparfaite perception de cet ermite, lui fait s'imaginer une sorte de superstition personnelle, qu'il aurait pu éviter en discutant avec d'autres humains à la vue saine. Ainsi, sans même le savoir, l'ermite de cette histoire a été complaisant non pas envers Dieu, mais envers lui même et tout particulièrement, envers ses propres faiblesses car sa recherche de la réalité (pourtant sincère) n'a eu pour effet que d'imaginer un sens à son handicap.
En revanche, le dialogue entre personnes de point de vue différent nous permet de dépasser nos propres faiblesses en essayant de comprendre ce que l'on ne peut pas voir directement ; d'ailleurs, au sein d'un groupe religieux donné, les points de vue des fidèles sont forcément quelque peu différents, c'est pourquoi à plusieurs, ils peuvent virtuellement élargir leur champ de vision. Ainsi, pour quiconque est sincère dans sa recherche de la vérité, un groupe si possible éclectique est un atout ; l'ennemi de cette démarche serait plutôt la complaisance en général, qu'elle soit tournée vers une église, une personne, nous même, ou nos propres idées.
Merci pour cette excellente question ! D'ordinaire, je serais plutôt d'accord avec toi, mais pour entamer le débat, j'essayerais de prendre la défense du dialogue.
Dans ton message, tu exprimes l'idée selon laquelle une personne ne peut pas être en même temps, à la recherche de la vérité et de la faveur des hommes. En outre, tu affirmes que la voie de la connaissance est un chemin solitaire, comme tend à le confirmer cette définition du mot Vérité : (
"Adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense."). En cela tu as raison, car dans le domaine de la liberté de penser et notamment celle de s'interroger sur la nature du monde, Il y a un inconvénient à se trouver sous l'influence d'un groupe particulier, car celui-ci est susceptible de favoriser un dogme. Ainsi, en pensant à l'enfant sauvage du Larzac, on verra en lui un être capable de raisonner selon la Nature (ou si l'on préfère: Dieu, Mère Nature, l'Univers) car toutes ses préoccupations sont liées à elle, tandis que le retour à la civilisation sera pour lui synonyme d'aliénation, dans un monde illusoire construit par les hommes et pour les hommes. Donc on peut se poser la question suivante : "Quelle vérité peut-on tirer d'un monde humain artificiel, bâtit sur les fondations oubliées de la Nature ?"
Avant de répondre à cette question, tâchons de voir les limites de la liberté totale de conscience qui serait à l'écart des influences extérieures. Pour cela, prenons l'exemple d'un ermite seul dans sa cabane et si éloigné de toute civilisation qu'il en aurait perdu toute influence sur ses idées. Certes, ce sage pourra explorer des aspects de la Nature que personne d'autre n'aura eu le courage d'évoquer, mais ses déductions seront-elles juste pour autant ? S'il avait par exemple un défaut de vision semblable au daltonisme, mais qui lui permettrait de voir seulement la couleur bleue, sa recherche de la vérité pourrait en être affectée. Au fil des années, on s'imaginera sans peine que l'ermite n'ayant pas conscience de son propre handicap, sera tenté d'expliquer ce qu'il voit de façon spirituelle ; ainsi la couleur bleue sortant de l'ordinaire gris et lugubre de sa vision, pourra être considérée comme sacrée. Par conséquent, s'il en venait à croire que les violette sont un témoignage de l'existence de Dieu, ce n'est pas parce qu’il aura raison, mais plutôt pour donner un sens à l'incohérence de sa perception. Ainsi, sans même s'en apercevoir, l'ermite cherchant à mieux connaître Dieu et sa création, mais ne sachant pas se montrer critique envers ses propres faiblesses, devient complaisant envers lui même et adhère sans l'aide d'influence extérieure à un certain nombre d'idées fausses.
Alors, si la voie du chercheur solitaire est si périlleuse ; qu'en est-il de la voie sociale ? Pour quiconque cherchant sincèrement la vérité: vivre en société n'est pas synonyme de complaisance envers les autres, mais plutôt d'écoute et d'échanges. Par exemple, l'ermite de l'histoire précédente, aurait pu comprendre que la couleur vive des violettes, ne venait pas d'un message spirituel, mais plutôt d'un défaut de sa perception, à condition que quelqu'un lui explique son handicap. Ainsi dans le domaine de la spiritualité, tout l'intérêt d'avoir un groupe n'est pas de pouvoir transmettre un dogme car ceux-ci ont leurs propres intérêts sociaux, mais indépendant de la recherche de la vérité ; l'avantage d'un collège d'étude serait plutôt de comparer les points de vue uniques de chacun, pour élargir le champ de vision tous. Tout comme dans un forum de discussion, nous pouvons rendre plus juste et plus complète notre vision du monde en acceptant le dialogue et la critique venant des uns et des autres.
Ainsi, on peux chercher la compagnie des hommes sans être injuste pour autant, à condition que notre coeur ne soit pas animé par la complaisance. La société n'est pas l'ennemi de la sagesse, au lieu de cela nous devrions prendre garde à notre complaisance : notamment celle à l'égard des autres, ou de notre personne, ou des idées couvrant les lacunes de notre savoir.