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Dialogue avec la nature

Posté : 15 janv.18, 03:30
par Shonin
Extrait du chapitre dialogue avec la nature, de l'ouvrage Dialogue avec la jeunesse. Édition Acep.

Échange entre Daisaku Ikeda, président honoraire de la Soka Gakkai Internationale, et K.Igeta, H.Kimura.

Sensei Ikeda : C'est seulement lorsque les êtres vivants sont reliés à la nature, engagés dans un échange avec elle, qu'ils sont vraiment vivant et vigoureux. Pour être véritablement vivant, il faut être sous le soleil, la lune, les étoiles étincelantes, entouré par de belle verdure et les eaux pures du monde naturel. Un environnement sale et souillé n'est pas naturel. Le coeur de ceux qui vivent dans un tel environnement se pollue également. C'est le principe de la non-dualité de la personne et de l'environnement.

Les êtres humains ne peuvent pas vivre indépendamment de la nature, et la destruction de la nature n'est rien de plus qu'un signe de l'arrogance et de l'ignorance de l'humanité.

J'ai toujours aimé les écrits de l'auteur japonais Doppo Kunikida(1), pleins de magnifiques descriptions de la nature. J'en garde beaucoup en mémoire. Un passage dit :
"Le ciel d'un bleu totalement limpide vu à travers le sommet des arbres, et la lumière du soleil modulée par les feuilles se balançant au vent étaient d'une beauté absolument indescriptible."

K. Igeta. Lorsque l'on perçoit ce genre de beauté, on en a le coeur purifié. C'est ce que l'on veut dire par "dialogue avec la nature", n'est-ce pas ?

D. Ikeda. Je prends des photos parce que je veux enregistrer ce genre de dialogue, afin que nous percevions ensemble la merveille et la beauté de la nature. Ce sont des photos prises avec le coeur. Robert Capa a photographié la tragédie de la guerre depuis le champ de bataille, et il a laissé un témoignage dont nous pouvons tous apprendre. Pour ma part, je veux témoigner de l'importance de la nature.

[ Robert Capa (1913-54) est considéré comme le plus grand photo-journaliste du vingtième siècle. Il photographia sur le front pendant cinq ans et prit plus de soixante-dix mille clichés. ]

De nos jours, on manifeste beaucoup moins d'intérêt pour la recherche de la vie profonde inhérente à la nature.
On consacre beaucoup plus d'énergie à l'exploration d'autres sujets. Une telle étude peut sans doute ouvrir des champs très vastes, mais si elle s'écarte de l'essence de la vie elle reste de peu de valeur.
Toutes les plus grandes réussites artistiques et culturelles du passé sont nées de l'amour de la nature et d'un rapport intime avec elle. Au fur et à mesure que la nature a été graduellement détruite, l'art est devenu de plus en plus artificiel.

H. Kimura. Les écoles Soka du Kansai sont célèbres pour leur élevages de vers luisants. Les maîtres et les élèves font tous des efforts pour protéger ces merveilles lumineuses de la nature. Je crois savoir que c'est vous, président Ikeda, qui leur avez donné cette idée ?

K. Igeta. On m'a dit que les élèves se donnent beaucoup de mal pour s'occuper des larves de vers luisants, en les nourrissants tous les jours, par tous les temps. S'occuper de quelque chose de vivant est très fatiguant. Je me souviens avoir entendu dire que les élèves, en une occasion, ont voulu utiliser un bac servant à développer des photos pour y loger des larves. Naturellement, ils l'avaient soigneusement lavé, mais du produit chimique avait dû y rester car les larves sont toutes mortes.

D. Ikeda. Les élèves en ont certainement été désolés, mais je suis certain que l'expérience a dû leur apprendre la fragilité et la valeur de la vie. Les vers luisants ne vivent que deux semaines sous forme adulte, pendant lesquelles ils luisent et brillent si magnifiquement. Leur brève existence illustre le sérieux de ce drame qu'est la vie.

Quand j'étais enfant, il y avait un étang, près d'un cerisier proche de notre maison, dans le quartier d'Ota, à Tokyo.
L'été, des nuages de vers luisants dansaient dans la nuit chaude, au dessus du petit ruisseau qui partait de l'étang.
Un lieu où il y a des vers luisants est un lieu où les êtres humains et la nature vivent en harmonie. Les vers luisants, à mes yeux, symbolisent la paix.

M. Shigeyuki Matsuda, le président des écoles Soka, m'a dit que les élèves qui s'étaient impliqués dans le projet des vers luisants sont devenus, en grandissant des adultes sensibles et pleins de considération.

K. Igeta. Malheureusement, nous ne voyons pas souvent de vers luisants dans les villes.

H. Kimura. On peut trouver des vers luisants dans le monde entier, n'est-ce pas ?

D. Ikeda. Oui. Il y en a d'ailleurs de très beaux au centre culturel de la SGI à Florence, en Italie.
On m'a rapporté que le poète brésilien Amadeu Thiago de Mello, lorsqu'il a visité les écoles du Kansai, a partagé avec les élèves un souvenir d'enfance lié à la présence de vers luisants. C'était la nuit, en Amazonie, et le ciel était plein d'étoiles qui se reflétaient parfaitement sur la surface brillante de la rivière, d'un noir profond, aussi limpide qu'un miroir poli. Des étoiles du ciel et des étoiles dans la rivière, et entre elles, scintillait un nuage de vers luisants.
C'était, a-t-il dit, un spectacle inoubliable.

K. Igeta. Quelle vision magique !

H. Kimura. M. de Mello est connu comme l'un des protecteurs de l'Amazonie. D'ailleurs, le SGI poursuit un programme de reboisement dans la région de l'Amazonie.

D. Ikeda. Reboiser l'Amazonie est une formidable entreprise artistique en soi. C'est un travail difficile, épuisant, dans l'ombre. Pourtant, les bénévoles s'y attachent avec persévérance, patience et détermination, parce qu'ils y croient. Ils méritent tous les plus grands éloges. Notre monde devrait être capable de rendre hommage à des personnes de ce genre qui s'engagent dans la protection de la nature --- infiniment plus dignes de recevoir des médailles que des hommes politiques qui ont pour tout mérite d'avoir occupé pendant longtemps la même fonction. J'aimerai voir l'un de ses politiciens promulguer des lois motivées par l'amour de la nature et le désir de protéger l'environnement.
Un gouvernement devrait être entièrement préoccupé du bien-être des gens. Il est tragique de voir qu'un magnifique environnement naturel, protégé et chéri pendant des générations, est détruit au nom de la croissance économique, de l'intérêt politique et du progrès scientifique. Puisque les êtres humains ont la capacoté de comprendre l'équilibre de la nature, il est de notre devoir de travailler à la protéger.

J'ai un jour suggéré, à une personne avec qui je dialoguais, que chaque gare de chemin de fer au Japon cultive une caractéristique naturelle particulière. L'une pourrait être plantée de cerisiers, une autre d'azalées, une autre de wisteria etc. Je pense que nous devrions également planter plus d'arbres le long de nos routes. En Chine, de très beaux arbres bordent les rues et les avenues. A l'Université Soka, je me suis assuré que de nombreuses azalées seraient plantées parce que je pense qu'une édication véritablement humaniste ne peut s'acquérir que dans un bel environnement naturel.

J'avais également fait planter de nombreux cerisiers au Taiseki-ji. Par la suite, comme vous le savez, ils ont été coupé par des personnes qui n'éprouvent pas le moindre respect à l'égard de l'environnement.
[ Le groupe Nikken a fait couper 280 cerisiers qui avaient été offert par la Soka Gakkai et plantés sur le site du Taiseki-ji. ]

K. Kimura. Certaines personnes, en apprenant la nouvelle hors du Japon, ont dit que ce fait même était une claire indication de la nature mauvaise du groupe Nikken. Elles avaient du mal à croire que l'on puisse agir avec autant de haine.

D. Ikeda. Dans certains pays très conscients de l'importance de l'environnement, de nombreuses lois le protègent.
Au Brésil par exemple, vous ne pouvez couper un arbre, même s'il est sur votre propriété, sans l'autorisation d'une agence de contrôle. Un proverbe dit que planter un arbre, c'est planter une vie. Je pense que nous devrions tous penser au sens profond d'une telle phrase.

H. Kimura. Nous sommes confrontés à une crise de l'environnement au niveau planétaire et c'est un problème fondamental qui concerne toute l'humanité.

D. ikeda. En effet. Le bouddhisme a élaboré, pour expliquer la vie, un système de dix étapes, ou dix états de l'être. (Les états d'enfer, d'avidité, d'animalité, de colère, d'humanité, de bonheur temporaire, d'étude, d'éveil pour soi, de bodhisattva et de bouddha.) L'état d'humanité est juste au milieu, au contact avec les états les plus nobles et les plus élevés, aussi bien qu'avec les états inférieurs les plus laids. Ces états les plus bas sont des manières d'être non naturelles, des états qui s'opposent à la nature. Les quatre états au-dessus de l'humanité accordent tous de la valeur à la nature et s'efforcent de créer un paradis dans lequel sa beauté puisse se dispenser en abondance.

La question est : nous laisserons-nous dominer par nos états les plus bas, ou nous élèverons-nous vers les états les plus élevés ? Seule l'intelligence, la culture et la foi religieuse peuvent nous faire échapper à l'état d'animalité qui détruit la nature inconsidérément, laissant un désert. En raison de la non-dualité de la vie et de son environnement, un esprit vide et destructif produit un environnement naturel désert et dévasté. La désertification de notre planète est liée à la désertification de l'esprit humain. La guerre, forme extrême de cette impulsion destructrice, détruit à la fois la nature et l'esprit humain. Ce siècle aura été un siècle de guerres. Nous devons faire du XXIe siècle une époque où la vie sera la priorité absolue dans tous les domaines de réflexion et d'activité - dans le commerce, le gouvernement et la science.

K. Igeta La destruction de l'environnement se produit également dans notre voisinage immédiat. Là où je vis, les collines boisées et les terrains vagues sont "développés" en immeuble d'habitation et autres. Il n'y a nulle part où promener un chien sans laisse, et cela donne un aspect extrêmement surpeuplé, et étouffant.

(suite p.286)

Re: Dialogue avec la nature

Posté : 15 janv.18, 04:25
par septour
[Hs, nous sommes dans la section Mahayana]

Re: Dialogue avec la nature

Posté : 15 janv.18, 05:29
par zeste de savoir
A part faire de belles phrases, y a t il une utilité de la part du président de la soka gakkai de vouloir parler d'un dialogue avec la nature. Quand cette nouvelle religion, n'a jamais remis en cause le productivisme japonais, le capitalisme qui se nourrit de l'exploitation des ressources, ni pendant des décennies le nucléaire civil. Ca fait genre, ni plus, ni moins !
Comme si deux trois prières magiques et de belles paroles allaient changer quoique ce soit a cette situation, sans actions politiques concrètes ! :cry4:

Re: Dialogue avec la nature

Posté : 15 janv.18, 05:30
par indian
Toute ma vie :heart:

Re: Dialogue avec la nature

Posté : 17 janv.18, 02:55
par Shonin
phrase d'or




La pure fleur de lotus s’épanouit sur un étang boueux, le bois de santal parfumé sort du sol, les gracieuses fleurs de cerisiers proviennent des arbres, la belle Yang Guifei était la fille d’une femme de basse condition, et la lune s’élève de derrière les montagnes pour les éclairer. Le malheur sort de notre bouche et provoque notre perte, mais le bonheur provient de notre coeur et nous rend digne de respect.
Nichiren, Écrit du Nouvel An - Ecrits, 1144.