Supposons que le catholicisme soit une escroquerie. Un baratin obscurantiste. Un ramassis de fables idiotes. Eh bien j’affirme que même dans ces conditions, rien ne serait plus sensé que de souscrire à ces fables idiotes, à cet obscurantisme, à cette escroquerie. Parce qu’une escroquerie qui aboutit non pas à avilir l’homme, mais à l’élever ; un ramassis de fables idiotes qui embellit la Terre de cathédrales gothiques, d’églises baroques et d’innombrables chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture, de la musique et de l’architecture ; un baratin obscurantiste qui propulse l’humanité vers les plus hautes cimes de l’intelligence, qui crée une atmosphère favorable au développement de génies comme Rubens, Raphaël, Mozart, Le Corrège, Pergolèse, Le Pérugin, Le Bernin, Le Tintoret, Giambologna, Borromini, von Erlach et quelques milliers d’autres (quand notre brillante « civilisation » progressiste est infoutue de produire un seul artiste qui vaudrait la crotte d’un de ces géants) ; un tel baratin obscurantiste, une telle escroquerie, un tel ramassis de fables idiotes, je ne sais pas vous, mais moi, j’en redemande. Oui, je réclame ardemment d’être dupe de ces mensonges qui suscitent un tel souffle de vérité, de ces fadaises qui rendent l’homme si profond, de cette imposture qui mène l’humanité vers un si haut degré d’accomplissement. Sans hésitation ni regret, je garde la bêtise du catholicisme, et vous laisse l’intelligence du progressisme. Je garde Saint Louis, et vous laisse Macron. Je garde Rome, Florence, Vienne, Venise et Prague, et vous laisse La Courneuve. Je garde Mozart, et vous laisse Youssoupha. Je garde Molière, et vous laisse Yann Moix. Je garde Saint Augustin, et vous laisse BHL. Je garde Borromini, et vous laisse Jean Nouvel. Je garde Jeanne d’Arc, et vous laisse Sibeth N’Diaye. Je garde les églises, et vous laisse les éoliennes. Je garde mes foutaises superstitieuses de demi-trisomique crédule et trépané, et vous laisse à votre culte de Sainte Greta, à votre dévotion à Saint Vaccin, et à votre si rationnelle terreur devant le virus le moins mortel de l’Histoire. Oui, je garde mon piteux obscurantisme, et vous laisse vos brillantes Lumières. Vos étincelantes, vos flamboyantes, vos éblouissantes Lumières qui ont rendu l’homme si grand, si admirable, si enivrant d’intelligence et de beauté, quand mon obscurantisme n’a produit que laideur, tristesse et médiocrité. Je me demande seulement, quand je compare les bilans du progressisme et du catholicisme, où est l’obscurantisme. Où est le baratin. Où est l’escroquerie. Enfin non, justement, je ne me le demande pas.