Émoi à Lyon après l'incendie d'une église

[From Da Wu]

Émoi à Lyon après l'incendie d'une église

De notre correspondant à Lyon FRÉDÉRIC POIGNARD.
Publié le 14 novembre 2006
Actualisé le 14 novembre 2006 : 07h50

Plusieurs individus se sont introduits dans la sacristie par effraction, ont vidé les placards où se trouvaient objets du culte, cierges et livres de prière, avant d'y mettre le feu.


D'origine criminelle, le feu a ravagé la sacristie de Notre-Dame-de-la-Sauvegarde, dans le quartier de La Duchère.

LES FIDÈLES de la paroisse Notre-Dame-de-la-Sauvegarde, dans le quartier sensible de La Duchère, à Lyon, devaient retrouver le chemin de leur église pour les célébrations du premier dimanche de l'Avent. Il y a quinze jours, une moto volée avait été projetée à l'intérieur de l'édifice et incendiée. Sans trop faire de dégâts. Les fidèles devront attendre désormais plusieurs mois pour retrouver leur église après le sinistre d'origine criminelle qui, dans la nuit de samedi à dimanche, a entièrement ravagé la sacristie et noirci l'intérieur de l'édifice de style contemporain.


Plusieurs individus se sont introduits dans la sacristie par effraction, ont vidé les placards où se trouvaient aubes, chasubles, objets du culte, cierges et livres de prière, avant d'y mettre le feu. Le père François Cristin, curé de la paroisse, se refuse toutefois à parler de profanation, en faisant remarquer que le choeur de l'église est resté intact.


«Changer leurs coeurs »


Aucune inscription n'est venue revendiquer ce geste, et les fonctionnaires de la police judiciaire et du laboratoire de police technique et scientifique ne disposent que de maigres indices, notant un certain amateurisme dans le mode opératoire. Dès dimanche, ils ont entamé un minutieux recueil des témoignages des riverains à la recherche de témoins potentiels des faits.


L'incendie de Notre-Dame-de-la-Sauvegarde a provoqué à Lyon une vive émotion et une grande indignation dans la communauté catholique, mais aussi au-delà.


À commencer par les habitants de ce quartier en pleine rénovation. Dimanche matin, les paroissiens, loin d'exprimer de la colère, sont venus prier pour les auteurs de ce geste. Dans l'après-midi, les représentants des autres cultes se sont rendus sur les lieux pour témoigner leur solidarité au cardinal-archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, venu constater les dégâts. « Condamner les auteurs ne sert à rien. Il faut changer leurs coeurs, même s'il faut que justice passe », explique le Primat des Gaules, qui voit dans ce geste « l'indice de beaucoup de choses qui m'inquiètent dans cette société ». Cette crainte partagée par le sénateur maire PS de Lyon, Gérard Collomb, préoccupé depuis quelques semaines par « une situation extrêmement tendue » dans ce quartier et la compétition médiatique à laquelle semblent se livrer les quartiers. Le maire a passé une partie de la journée de dimanche à La Duchère, écoutant l'indignation et l'incompréhension des habitants dans un quartier où la cohabitation entre les communautés s'est toujours bien déroulée. « Lorsqu'un lieu de culte est touché, tous les croyants sont touchés », est venu dire le recteur de la grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane.


« Nous savons malheureusement ce que l'on peut ressentir lorsqu'un lieu de culte est touché. Il s'agit d'une agression contre l'ensemble de la société », a témoigné le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag. Il y a cinq ans, une voiture bélier avait incendié la synagogue voisine. Un acte qui avait eu lieu également quelques mois avant les élections présidentielle et législatives.


Le parallélisme est dans tous les esprits. Et Azouz Begag, ministre chargé de la Promotion de l'Égalité des chances, a invité les habitants à « veiller sans cesse pour sauvegarder la tranquillité ». Venu « en voisin » accompagné du père Delorme, l'ex-curé des Minguettes, pour « marquer par (sa) présence physique la solidarité avec les chrétiens blessés par cet acte criminel », il est aussi allé discuter avec des jeunes du quartier, retranchés sous un hall d'immeuble, à distance respectable des policiers qui protègent l'église. Montrant du doigt une barre d'immeuble au loin, Azouz Begag leur a donné ce conseil : « Là-bas, il y a la bibliothèque municipale, c'est gratuit. Apprenez, passez les concours, et vous aussi vous pourrez être policier ou juge. »

[yacoub]

Lyon : il étrangle une femme qui fumait devant sa mosquée

Un homme âgé de 72 ans a été présenté au parquet dimanche. Remis en liberté, il sera prochainement jugé devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des faits de violences avec arme remontant à dimanche matin.

Rue Baraban dans le 3e arrondissement, le septuagénaire avait croisé le chemin de sa victime, une femme âgée de 37 ans. Selon le Progrès, cette dernière s'était abritée sous le hall d'une mosquée pour allumer sa cigarette à l'abri du vent. Une décision réprimandée par le vieil homme, qui poursuit sa route une première fois après les excuses de la femme. Avant de finalement revenir pour étrangler la fumeuse à l'aide des lanières de son sac à main.

Sur le point de s'évanouir, la victime a été sauvée par l'intervention d'un passant, mettant en fuite l'agresseur. Ce dernier sera finalement interpellé dans un bus et reconnaîtra immédiatement les faits. Les enquêteurs ont toutefois écarté la piste de la tentative d'homicide volontaire malgré la violence de la scène et les marques profondes encore visibles sur le cou de la trentenaire.

L'audience au tribunal devrait se tenir dans quelques mois.