LE SABBAT : QUI EST MORT : LA LOI OU MOI ?

Au fil des siècles issu de la Réforme et connue comme l'Adventiste, le Pentecôtisme, le Baptisme, ou différentes communautés.
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francis

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LE SABBAT : QUI EST MORT : LA LOI OU MOI ?

Ecrit le 01 déc.03, 06:43

Message par francis »

LE SABBAT : QUI EST MORT : LA LOI OU MOI ?


par J. N. Darby

Notes Bibliquest :
1. le plan et les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest, ainsi que la plupart des références des citations de versets
2. le mot Jéhovah a été conservé comme nom de Dieu ; il aurait pu être remplacé sans inconvénient par le mot «l’Éternel» utilisé d’habitude en français
Table des matières :
1 La doctrine chrétienne sur la loi (de Dieu, de Moïse)
1.1 Le repos de Dieu pour le peuple de Dieu — Hébreux 4:9
1.2 Le dessein de grâce de Dieu existait avant la responsabilité de l’homme
1.2.1 Le dessein de Dieu n’est pas du monde
1.2.2 Preuves scripturaires que le dessein de grâce vient en premier
1.3 la responsabilité de l’homme au cours de son histoire ; sa perdition totale
1.4 Christ et sa mort répondent au manquement de l’homme quant à sa responsabilité : une nouvelle création — Tel est le vrai christianisme
1.5 La responsabilité de l’homme et la loi ne sont pas mises de côté, mais introduction d’une responsabilité d’un type nouveau
1.6 Arguments sociaux en faveur du maintien de la loi et du sabbat
1.7 l’Écriture montre que nous ne sommes pas sous la loi, car morts avec Christ
1.7.1 divers types de loi
1.7.2 la loi donnée à Adam, épreuve de son obéissance
1.7.3 l’essence de la loi : aimer Dieu
1.7.4 les 10 commandements et leur utilité
1.7.5 la loi mise de côté comme système extérieur
1.7.6 je ne suis pas en relation avec Dieu sur le principe de la loi
1.7.7 la loi ne peut être qu’adaptée à ceux sur qui elle s’exerce
1.7.8 à quoi sert la loi par rapport à l’homme
1.7.9 les 3 positions de principe quant à la place de la loi pour le croyant
1.8 le chrétien et la loi
1.8.1 mort à la loi
1.8.2 vivant à Dieu, mort avec Christ, mort au péché
1.8.3 se livrer soi-même à Dieu comme instruments de justice
1.9 l’autorité sur le croyant : Christ, non pas la loi
1.10 la vraie règle du croyant : marcher comme Christ a marché
1.11 Christ notre vie
2 Le chrétien et le sabbat (repos de Dieu)
2.1 le repos de Dieu
2.1.1 le Sabbat, repos de l’ancienne création ; le jour du Seigneur, repos de ceux dont Christ est la vie
2.1.2 un repos de l’ancienne création (avant la loi)
2.1.3 un repos de Dieu ? (sous la loi)
2.1.4 Dieu / Christ travaillant le jour du sabbat
2.1.5 le croyant associé à Christ
2.1.6 le repos selon Hébreux 4 ; un repos futur
2.2 la loi morale : devoir de maintenir la relation où nous sommes
2.3 le sabbat : un signe de relation avec Dieu ; une participation au repos de Dieu
2.4 la signification du sabbat dans les divers passages de l’Ancien Testament
2.5 le repos de Dieu impossible pour l’homme aujourd’hui
2.6 le sermon sur la montagne établit la loi, mais la loi est accomplie par Christ — le croyant est mort à la loi
2.7 ce que le Nouveau Testament apporte sur le sabbat
2.8 Distinction entre le sabbat et le jour du Seigneur — le jour du Seigneur pour le chrétien
2.9 le sabbat au début du christianisme
2.10 Pensée de Luther sur la loi et le sabbat


1. 1 La doctrine chrétienne sur la loi (de Dieu, de Moïse)
1. 1.1 Le repos de Dieu pour le peuple de Dieu — Hébreux 4:9
Le repos de Dieu me semble être une question d’une importance immense. Par un côté il distingue les saints tant des méchants que de la création inintelligente. L’entrée dans le repos de Dieu est peut-être la forme la plus élevée sous laquelle nous puissions concevoir la bénédiction ; car le repos de Dieu n’implique pas qu’on soit simplement soulagé du travail, ce qui est le cas pour le repos de l’homme, mais qu’on se complaît paisiblement dans ce qui est parfait et bon. Il implique sans doute qu’on a cessé de travailler — non pas tant de se fatiguer — qu’on a cessé même un saint travail ; mais il est quelque chose de plus grand : il est la jouissance qu’on prend à voir achevé, complet, ce à quoi l’on a travaillé, la jouissance de la propre perfection de ce en quoi l’on se trouve — et, pour ce qui nous concerne, cette position est en Dieu lui-même.
La nature de Dieu se repose dans ce qui est parfaitement bon. «La promesse nous est laissée d’entrer dans son repos», non pas dans le repos simplement, bien qu’il soit vrai que ce sera le repos, et un heureux repos, mais «dans Son repos», — dans la parfaite satisfaction que Dieu trouve en tout ce qui a été amené à la perfection devant lui. Comme des affections saintes trouvent du repos dans ce qui est bon, comme aussi l’ouvrier est heureux de se reposer de son travail, le repos de Dieu est la portion du peuple de Dieu. Quand Dieu eut tout créé, et eut vu que c’était très bon — il se reposa ; Il cessa de créer, et se réjouit en ce qui avait été créé : son oeuvre répondait parfaitement à sa pensée. Bien meilleur encore sera le repos éternel de Dieu dans le bien parfait qui sera le plein résultat de la rédemption et de l’oeuvre par laquelle nous aurons été amenés à la gloire, le ciel ainsi que la terre étant en une parfaite et sainte harmonie — le repos de Dieu en lui-même en amour, et dans la bénédiction de toutes choses autour de lui, qui répondront chacune à sa place à ce qu’il est.
Plus d’une fois, le jour du Seigneur, j’ai eu un sentiment profond de l’entière pauvreté de la création, belle peut-être en elle-même, mais n’ayant pas de lien avec Dieu dans le repos ; les divers êtres qui la composent poursuivant chaque jour la recherche de leur nourriture, ou suivant chacun son instinct, mais ne présentant jamais l’expression de quelque relation avec Dieu. Mais «il reste un repos pour le peuple de Dieu» (Héb. 4:9). Quoiqu’ils ne le possèdent pas encore, ce repos est un trait distinctif des croyants : il est donc de toute importance de savoir sur quel fondement, de quelle manière, et dans quelle mesure ils y ont part maintenant, c’est-à-dire en tant que chrétiens. Nous verrons quelle place saillante ce repos occupe dans les pensées de Dieu, lorsque nous examinerons les récits qu’il nous a donnés de ses voies.
2. 1.2 Le dessein de grâce de Dieu existait avant la responsabilité de l’homme
Or, à cette question s’en rattache une autre : la place que la Loi occupe dans les voies de Dieu. Cela revient à demander : Quel est le premier objet dans les voies de Dieu ? Est-ce son conseil, lequel est inséparable de sa grâce, ou bien est-ce la responsabilité de l’homme, — c’est-à-dire, est-ce la grâce ou bien la loi ; est-ce le premier Adam ou le second ? Ici le vieil adage d’Aristote devient véritable : «Le commencement de la théorie est la fin de la pratique» (*). Qu’en elle-même la Loi ne soit pas la grâce, c’est une chose évidente. Elle exige de l’homme ; elle ne lui donne pas, comme la grâce, d’une manière souveraine, contrairement à ce qu’il a mérité. Cependant toutes deux sont divines et vraies à leur place. C’est pour n’avoir pas vu leur place respective que des difficultés insolubles se sont soulevées. Si elles sont toutes deux de Dieu, elles doivent être toutes deux maintenues : l’autorité de Dieu à l’égard de la responsabilité de l’homme — la grâce souveraine abondant par-dessus tout. Le droit de Dieu à ces deux égards doit être absolument maintenu. La difficulté consiste en ceci : la Loi et la Grâce, quoique impliquant toutes deux le droit de Dieu, se contredisent cependant l’une l’autre dans leur nature. Exiger et donner sont nécessairement choses opposées. Si mille francs sont dus, il est très juste de les exiger, mais ce n’est pas de la grâce. Si je les paie pour le débiteur de manière à le délivrer de sa dette, lui qui n’a droit à rien de ma part, c’est pure bonté et pure grâce seulement, la justice est satisfaite par le paiement.
(*) En principe, la Loi, et plus tard la Loi donnée de fait par Moïse, se lie intimement à la responsabilité du premier Adam, responsabilité dont elle est même la mesure.
Mais nous verrons que ce n’est pas tout. J’affirme donc, que le conseil de Dieu, le second homme et la vie éternelle en lui, existaient avant la question de responsabilité du premier homme, tandis que, de fait, la responsabilité et la loi sont venues les premières dans l’histoire de l’homme et de ce monde ; j’affirme que les deux choses se rencontrent en Christ, et que ce n’est qu’en lui que la difficulté est résolue — difficulté sur laquelle les païens ont raisonné aussi bien que les chrétiens, parce qu’elle gît dans la nature et l’état de l’homme. Lorsque j’aurai développé cette vérité d’après l’Écriture, je l’appliquerai à notre question et au repos de Dieu.
1. 1.2.1 Le dessein de Dieu n’est pas du monde
Le fait que le conseil, la pleine promesse et la grâce de Dieu existaient dans la pensée divine avant le monde, et cela dans le dernier Adam, ou dans le second homme, implique cette autre vérité que, quelles que soient les nombreuses bénédictions accessoires qui en résulteront pour le monde, ce conseil, quoiqu’il doive se développer dans le monde et y trouver sa place, n’est pas du monde et ne fait point directement partie de son histoire ni de son gouvernement. Cette vérité n’empêche pas que le gouvernement secret et suprême de Dieu dispose toutes choses pour le bien de ceux qui lui sont fidèles ici-bas. La parole : «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde», est vraie des chrétiens, comme elle l’était de Christ.
2. 1.2.2 Preuves scripturaires que le dessein de grâce vient en premier
Mais j’arrive à la preuve scripturaire de ma proposition, que le dessein de grâce, quoique révélé après, existait avant la responsabilité de l’homme (je ne parle pas ici de la prédestination des personnes, mais des conseils de la grâce), tandis que le commencement de l’accomplissement de ce dessein est venu après que la question de la responsabilité eut été vidée quant au premier Adam. Ainsi 2 Tim. 1:9 : «Qui nous a sauvés, et nous a appelés d’une sainte vocation, non selon nos oeuvres», — dans lesquelles notre responsabilité était évidemment engagée, et auxquelles le jugement devait être appliqué, — «mais selon son propre dessein et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été maintenant manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a annulé la mort» — fruit du manquement à la responsabilité — «et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile». Les oeuvres d’après lesquelles la responsabilité est estimée, ne sont pas la chose selon laquelle Dieu nous a sauvés ; la mort introduite par le fait d’avoir failli à la responsabilité est abolie, rendue nulle. En d’autres termes, le principe d’après lequel la responsabilité est mise à l’épreuve, et auquel le jugement s’applique (car Dieu jugera tout homme selon ses oeuvres) n’est pas le principe selon lequel nous sommes sauvés. Le dessein de la grâce se poursuit sur un autre principe. De plus, une puissance positive est intervenue, selon laquelle Christ est monté en haut et a annulé l’effet de la chute ; de plus, cette puissance a agi en produisant ses propres effets. Mais le dessein de grâce «nous a été donné dans le Christ Jésus avant les temps des siècles», il n’a toutefois été mis en lumière, que lorsque Christ est venu.
De même, en Tite 1:1-3 : «La vérité qui est selon la piété, dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles... mais il a manifesté en son propre temps sa parole, dans la prédication qui m’a été confiée selon le commandement de notre Dieu Sauveur». Ceci est très clair ; seulement nous avons à remarquer que c’est la vie éternelle qui est promise, mais notre élection mène aussi à la même vérité. Si Dieu devait élire maintenant une partie du monde, ce serait en tant que souverain, comme le faisant avant les temps des siècles. Je sais que, dans sa sainte sagesse, il ne le fait pas, mais s’il le faisait ce serait comme souverain, comme le faisant avant que le monde fût. Mais il nous a élus en Christ avant la fondation du monde, et le résultat en est qu’il nous a élus pour ce qui n’est pas du monde, pour ce qui est de beaucoup au-dessus du monde et de toutes les conséquences de notre responsabilité, même si nous l’avions accomplie ; savoir, pour être devant lui comme fils, comme Christ lui-même, selon le bon plaisir de sa volonté, d’une bonté souveraine nous donnant une position selon ses propres conseils.
Tout le premier chapitre des Éphésiens, qu’il s’agisse de la vocation ou de l’héritage, et même l’épître tout entière, reposent sur ce principe. Notre relation avec le Père, notre place avec Christ comme son corps, n’ont pas pour base la responsabilité du premier Adam, mais le dessein de grâce accompli dans le second Adam et par son moyen. L’épître aux Romains envisage la responsabilité de l’homme et le péché. L’épître aux Éphésiens développe le conseil de Dieu aussi notre part y est-elle présentée comme le résultat d’une création nouvelle. Le chrétien est-il donc au delà de toute responsabilité ? En aucune manière. Mais sa responsabilité est selon sa position nouvelle et non pas selon la position dans laquelle il a failli, position dont il a été sauvé. Avec le secours du Seigneur, je toucherai ce point avant de terminer.
Le dessein arrêté dans le second homme, le dernier Adam, est donc antérieur à la responsabilité dans le premier et la dépasse.

3. 1.3 la responsabilité de l’homme au cours de son histoire ; sa perdition totale
Examinons maintenant le développement de ces deux principes : le don, et la responsabilité dans l’histoire du premier homme, car ce sujet est plein d’intérêt.
Ces deux grands principes se trouvaient côte à côte dans le jardin d’Eden. Il y avait l’arbre de vie, dont, comme nous le voyons plus bas, si un homme mangeait, il vivait à toujours ; puis l’arbre de la connaissance du bien et du mal, auquel était rattachée la responsabilité, ainsi qu’une loi, et le jugement s’il y avait chute. La vie était là, indépendante de la responsabilité ou des oeuvres ; de plus, il y avait une défense qui impliquait la responsabilité. Ni l’une ni l’autre ne supposaient le péché en l’homme, car ce qui était défendu était parfaitement innocent, sauf que c’était défendu. Je n’entre pas dans les détails de la chute. Il est évident pour moi que, par l’effet des ruses de Satan, le coeur s’était défié et éloigné de Dieu avant que la convoitise eût paru. Aussitôt que le coeur se fut éloigné de Dieu, la convoitise et la désobéissance entrèrent. Notre bien-aimé Sauveur vint pour ramener à Dieu la confiance de l’homme devenu pécheur ; pour faire sans doute beaucoup plus, mais pour faire cela. Dieu était en Christ réconciliant, n’imputant pas, et l’histoire de tout cela nous révèle la grâce la plus touchante ; mais je ne puis y entrer ici. Le premier Adam avait pris le sentier de la responsabilité ; il s’était élancé à travers la haie de la loi, il était perdu. Il eut peur de Dieu quand Il vint l’appeler avec une familiarité pleine de grâce, pour l’amener au sentiment, à la conscience de son état. Il fut convaincu de péché et exclu de la présence de Dieu : alors le monde commença. Bientôt le monde fut tellement rempli de violence et de corruption qu’il fut nécessaire de le frapper d’un prompt jugement. Je ne m’arrête pas là-dessus.
Quand le monde nouveau eut été constitué par la formation des nations, à la suite du jugement de l’homme à la tour de Babel (Gen. 10), les promesses vinrent d’abord sans condition (*), selon le raisonnement de l’apôtre dans l’épître aux Galates. La question de la responsabilité et de la justice ne fut pas du tout soulevée.
(*) C’est une erreur de supposer qu’à la chute il y eût quelque promesse faite à Adam. Dans le jugement prononcé contre le serpent, fut donnée la révélation du dernier Adam (la semence de la femme) et de l’entière destruction dont il frapperait la puissance du serpent. «La semence de la femme», est précisément ce que le premier Adam n’était pas. C’était la révélation et la promesse du second Adam.
Toutefois, il faut de la justice ; cette question est soulevée dans la Loi, et fondée entièrement sur la responsabilité de l’homme — la vie y est mentionnée, mais comme devant être le fruit, non pas d’un don, mais de la satisfaction donnée par l’homme à sa responsabilité : «Fais cela, et tu vivras». La vie devait être obtenue comme conséquence de l’accomplissement de ce que la Loi exigeait. Or l’homme était pécheur ; et, s’il se fût connu lui-même, tout ce qu’il aurait eu à dire était ceci : «Le commandement même qui était donné pour la vie, a été trouvé pour moi être pour la mort».
Cette responsabilité de l’homme fut mise à une nouvelle épreuve selon les voies de la grâce : non seulement Dieu envoya ses prophètes pour ramener Israël dans les sentiers de la paix et de l’obéissance, mais Celui dont ils avaient rendu témoignage vint lui-même. Telle fut l’activité de l’amour de Dieu, lorsque l’homme était déjà pécheur et qu’il avait déjà enfreint la loi. Lorsque sa responsabilité avait eu son plein résultat sans la loi et sous la loi, et que toute bouche était fermée, et tout le monde trouvé coupable devant Dieu, Dieu avait été actif en bonté. Il avait envoyé les prophètes ; à la fin, il envoya son Fils, disant : «J’ai encore un Fils, peut-être qu’ils respecteront mon Fils» (Luc 20:13). C’était bonté pure, pure bonne volonté, lorsque le péché et la culpabilité étaient complets quant à la responsabilité humaine. Pour les Juifs, cela avait même un double caractère : celui d’un message qui leur était adressé comme responsables de porter du fruit ; puis celui d’un acte de pure grâce faisant, comme telle, des noces pour le Fils du Roi. Les Juifs refusèrent à la fois les fruits et l’invitation. Ceci — quoique la patience de Dieu les visitât encore selon l’intercession de Christ : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» — consommait le péché de l’homme. «Maintenant», dit le Seigneur (Jean 12), «est le jugement de ce monde, maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors».
L’histoire de l’homme était complète, le monde jugé ; Satan était son Prince : le résultat de la responsabilité avait été pleinement manifesté — le monde était jugé. Sans loi, il s’était montré pécheur d’une manière intolérable — sous la loi, transgresseur ; enfin, lorsque, comme tel, il était visité en grâce, il avait rejeté et la grâce qui rappelait à la loi (Matt. 21:23-46), et la grâce qui invitait à la bénédiction (Matt. 22:1-14). Il avait prouvé, d’une part, qu’il produisait naturellement le péché et qu’il ne pouvait pas être soumis à la loi ; d’autre part, que l’affection de la chair était inimitié contre Dieu, non seulement en tant que Juge, mais inimitié contre Dieu lorsque, dans sa grâce ineffable, il visitait le monde en miséricorde, le réconciliant avec lui-même. Pour son amour, Dieu rencontra la haine, une haine «sans cause». Satan, ils l’avaient, et ne pouvaient s’en débarrasser ; et quand Dieu était là dans la puissance du secours et de la bonté divine, ils ne voulaient pas de Lui. Tel était le péché ; tel était l’homme — la volonté propre qui ne veut toujours qu’elle-même, et par suite, ne veut ni de Dieu ni de la Loi qui se présentent l’un et l’autre en réclamant la soumission. Tel était le moi, qui ne peut se suffire à lui-même et qui en conséquence s’adonne aux convoitises trompeuses de choses qui sont au-dessous de lui, car il ne possède pas Dieu, pour lequel l’homme fut créé, aussi bien que pour jouir de Lui. Ce n’est pas seulement que l’homme ait péché : il est un pécheur.
Ni la vie, ni la justice, ne pouvaient venir par la loi. «S’il avait été donné une loi qui pût donner la vie, la justice eût été par la loi. Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que la promesse par la foi en Jésus-Christ fût donnée à ceux qui croient». Aussi le Seigneur ajoute-t-il dans le passage cité plus haut : «Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même» (Jean 12). C’est comme rejeté par le monde, ne s’y trouvant plus (car ils avaient appris de la loi que le Christ devait demeurer éternellement), qu’il devient le centre d’attraction pour attirer les hommes à lui, les délivrant de ce présent siècle mauvais. De là vient aussi, qu’il est dit : «Mais maintenant, en la consommation des siècles (Héb. 9:26), il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même» ; c’est-à-dire que c’était, moralement, la fin du monde — tous les siècles, toutes les phases de l’épreuve de l’homme, avaient eu leur cours sans loi, sous la loi, par l’envoi des prophètes, et par la venue du Fils unique qui l’avait vainement éprouvé par la grâce présentée à sa responsabilité. Tout cela avait fait voir non seulement que l’homme péchait par sa volonté, mais qu’il était sans ressource, si son rétablissement devait dépendre de sa nature et de sa volonté, même avec le secours de tout ce que Dieu pouvait employer pour chercher à le réformer. Procéder par une nouvelle création, par la nouvelle naissance, ce n’est point réformer la chose ancienne, c’est lui en substituer une nouvelle. L’homme ne saurait être rétabli comme tel, mais il peut être racheté par le Christ Jésus et créé de nouveau en lui. Tel est le témoignage de Dieu.
L’Évangile est prêché à l’homme perdu. Lorsque la vérité fut pleinement révélée, après que l’homme eut été mis à l’épreuve par la grâce aussi bien que par la loi, Christ vint pour chercher et sauver ce qui était perdu. La loi peut être présentée maintenant à un homme pour lui prouver qu’il est perdu. Elle est faite pour les injustes, comme le sait tout chrétien intelligent enseigné par la Parole. Christ peut être présenté aussi à un pécheur ; mais si la grâce n’opère pas, il ne voudra pas de Lui, et il sera prouvé quant à lui ce que la Parole a prouvé quant au monde dans son histoire : qu’il veut faire sa propre volonté inique (sans loi ), et qu’il hait Dieu, même lorsque Dieu vient à lui en grâce. Alors même que Dieu donne toutes les preuves, tous les témoignages possibles (Jean 5), c’est toujours, hélas : «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie». Ainsi le principe de la responsabilité de l’homme a été pleinement mis à l’épreuve de toutes manières.
4. 1.4 Christ et sa mort répondent au manquement de l’homme quant à sa responsabilité : une nouvelle création — Tel est le vrai christianisme
Maintenant arrive le côté de Dieu. S’agit-il de mêler la chose nouvelle qu’il va introduire avec la vieille, comme un principe destiné à la rétablir et à la rectifier ? S’agit-il de fumer et d’émonder le vieil arbre afin d’en obtenir de bon fruit ? Il a fait cela et l’a fait en vain. Voici quelle est sa parole : «Coupe-le, pourquoi occupe-t-il vainement la terre ?» Tel est le sens de la malédiction du figuier par Christ. Israël, nonobstant toutes les invitations de Dieu, tous les soins dont il l’avait entouré, ne porta pas de fruit ; il n’en devait point porter à jamais. La chair peut bien demeurer en nous, de même que le vieux tronc dans l’arbre greffé, comme une chose hostile à l’Esprit, et en vue de précieux exercices d’âme et d’un profit humiliant, afin que nous puissions vaincre et que nous ayons nos sens exercés pour discerner le bien et le mal ; mais elle n’est jamais changée en une chose nouvelle (jusqu’au moment où la gloire changera tout) ; elle est en nous comme une nature ennemie et condamnée, et n’est que cela. Non soumise à la loi de Dieu et ne pouvant l’être ; inimitié contre Dieu toutes les fois qu’elle a un sentiment quelconque, telle est la chair. Le second Adam est substitué moralement et spirituellement au premier ; il ne le restaure ni ne le réforme. Sans loi, le premier Adam commet l’iniquité : avec la loi, il est transgresseur ; avec Christ, il le rejette et le tue ; enfin, dans le croyant même qui a l’Esprit, il convoite contre cet Esprit. Quoi donc, si nous avons suivi l’effet de la responsabilité jusqu’en «la consommation des siècles», jusqu’aux pleins effets de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ? Puis-je abandonner la connaissance du bien et du mal et revenir innocent à l’arbre de vie ? Impossible ; ce n’est pas ce que Dieu entend ; Christ, le second homme, le dernier Adam, est la réponse à tout cela. De quelle manière ? Il porte comme victime expiatoire l’effet de notre responsabilité, auquel il est ainsi pleinement, parfaitement pourvu ; et non seulement cela, mais Dieu lui-même est glorifié en ce par quoi Christ y a pourvu, c’est-à-dire par le sacrifice. Il est mort, ayant été fait péché ; il est la source de la vie pour nous, vie nouvelle, vie dans la puissance de la résurrection, vie tout à fait en dehors de toute la scène dans laquelle le premier Adam tomba, car c’est dans cette scène qu’il est mort, et il en est sorti par la résurrection. Tout l’état de choses qui reposait sur les deux arbres du paradis (sur une loi fondée sur le fait que l’homme doit satisfaire à la responsabilité pour avoir la vie) trouve une réponse complète en Christ, devenu la source et la puissance d’une vie entièrement nouvelle, après avoir parfaitement satisfait à la responsabilité sous laquelle nous étions, et au sujet de laquelle nous étions coupables ; en Christ qui a fait davantage encore, c’est-à-dire glorifié Dieu de manière à entrer comme homme dans la gloire de Dieu. La rédemption et la vie éternelle, promises dès avant la création du monde, la gloire de Dieu et la conformité en elle à l’image de Christ, tels sont les termes de la grâce divine et la condition du croyant en Jésus. Mais c’est par la voie de la mort ; non point par la restauration du premier Adam, mais par sa mort et sa condamnation et par une nouvelle création dans le Christ Jésus. Tel est le christianisme dans sa propre et véritable puissance.
5. 1.5 La responsabilité de l’homme et la loi ne sont pas mises de côté, mais introduction d’une responsabilité d’un type nouveau
La responsabilité est-elle par là diminuée ou affaiblie ? Non ; elle est maintenue et satisfaite, merveilleusement et glorieusement maintenue. La loi est-elle mise de côté, ou est-elle annulée ? Non ; le principe de la loi et l’autorité de la loi sont au contraire établis. Son principe, c’est l’autorité de Dieu exigeant avec justice de la créature ce qu’elle doit être ; puis, après que l’homme est tombé, la loi reste la vraie mesure de sa conduite en tant qu’homme «dans la chair» ; et ainsi son autorité est maintenue à toujours. Elle sera maintenue au jour du jugement, car ceux qui auront péché sous elle, seront jugés par elle. Suis-je donc sous la loi ? Un aucune manière. Pour quelle raison ? Parce que je suis mort, et que la loi n’a autorité sur un homme qu’aussi longtemps qu’il vit. Israël, qui était formellement sous la loi, a été mis de côté, comme nous le savons, pour le temps présent, et jusqu’à ce que la grâce, la bienheureuse grâce le restaure, il est sans loi, sans idoles, mais aussi sans Dieu, quoiqu’il soit bien-aimé à cause des pères (Rom. 11:28) ; le gentil a sa place en Christ après qu’il a été mort et ressuscité : il prend place sur ce nouveau fondement, après que sa culpabilité et le résultat de sa responsabilité ont été portés par un autre, par Celui-là même qui est la vie dans laquelle il vit à Dieu, et dans laquelle il est responsable sur un principe entièrement nouveau.
C’est parce qu’on croyait à un rétablissement de l’homme dans la chair, et par conséquent à la continuation de la loi qui s’applique à l’homme dans la chair — spiritualisée, sans doute, et épanouie en un nouveau système de grâce — qu’on a raisonné en faveur du maintien de la loi, tandis que d’autres ont cherché à prouver que la loi était morte et qu’elle n’obligeait pas, Christ l’ayant abrogée pour introduire quelque chose de mieux approprié à l’homme. Les uns et les autres se trompent également. Il peut paraître présomptueux de parler ainsi ; mais la parole de Dieu a plus d’autorité que tous les hommes, comme le reconnaît cordialement, j’en suis sûr, l’immense majorité de ceux auxquels je fais allusion. J’avoue, puisque j’ai parlé de cela, que des deux partis qui ont discuté la question à Glasgow, je préférerais celui qui maintient l’autorité du Sabbat. Je ne suis pas d’accord avec eux, mais ils combattent pour l’autorité de Dieu et l’acceptent pour eux-mêmes, chose que je respecte. Il me semble que le parti contraire combat en faveur de l’homme, tout aliéné qu’il soit de Dieu. Cela peut être sage en ces jours où l’homme est exalté, et je n’ai pas de doute qu’il le sera toujours plus ; mais je ne respecte point cela.
6. 1.6 Arguments sociaux en faveur du maintien de la loi et du sabbat
J’aime les pauvres ; je n’ai pas de défiance à leur égard ; c’est parmi eux que je passe, et avec bonheur, la partie de beaucoup la plus grande de mon temps. Quand pour la première fois je commençai une telle vie, je trouvais une certaine satisfaction dans les rapports avec les personnes bien élevées : c’était naturel. Aujourd’hui, quand je rencontre un homme pénétré des pensées et des affections spirituelles, et rempli de Christ, je le préfère aux gens de la plus haute position ou de l’éducation la plus soignée. Tout le reste m’est égal. Les derniers savent se ménager, se mettre à couvert, s’environner dans la société d’un rempart protecteur à leur convenance. En général, je préférerais, sur le bien et le mal, le jugement d’un pauvre à celui d’un autre. Seulement je pense que, par suite du fait qu’ils vivent davantage ensemble et de l’influence du caractère, les pauvres sont enclins à être un peu durs les uns envers les autres au sujet de la conduite, et jaloux de faveurs accordées, mais souvent très bons, très dévoués, et remplis d’égards les uns pour les autres.
Après tout, nous sommes tous un dans le Christ Jésus, et la parole de Dieu doit nous guider et nous conduire. Je suis assuré que, tandis que tout chrétien rendra avec plaisir l’honneur à qui l’honneur est dû, Dieu aime les pauvres et s’occupe d’eux. Je confesse que je n’éprouve aucune sympathie pour cette opinion, que, l’esprit de radicalisme étant à redouter, il faut, à l’occasion, opposer l’autorité de Dieu aux désirs de l’homme. Moralement ce principe est bien bas. Si j’eusse été du Parlement quand on proposa de fermer, le dimanche, les parcs de Londres — c’est-à-dire les portes ouvertes aux piétons, les passages pour voitures demeurant ouverts pour les malades — j’aurais présenté un amendement, si je me mêlais de ces choses, pour qu’on fermât les passages des voitures et qu’on ouvrît ceux des piétons, les riches pouvant sortir tous les jours, et s’ils sont malades, se promener ailleurs. Qu’un pauvre soit à même de respirer, pendant le seul jour dont il puisse disposer avec sa famille, j’en suis heureux ; je me réjouis de voir un père traduire ses affections en actes de bonté envers ses enfants, et les uns et les autres être heureux ensemble ; si le jour du Seigneur leur en donne l’occasion, le jour du Seigneur est une véritable bénédiction.
Le pauvre, quiconque travaille durant la semaine, devrait insister sur le Sabbat ; c’est essentiellement son jour à lui. Pour le même motif, j’avoue que si la décision eût dépendu de mon vote — et heureusement pour moi je n’en ai pas, et ne voudrais pas en avoir ou en faire usage — pas un train ne circulerait le jour du Seigneur. Quant aux excursions, elles ne sont qu’une malédiction pour tous ceux qui y sont engagés. Je n’ai rien à en dire : je les laisse là. Mais pour les trains du dimanche, je ne crois pas qu’ils soient destinés à pourvoir à des cas de nécessité ou de bonté comme on dit : ils n’ont pour but que de faire de l’argent. Si on allègue que les exigences de la société y obligent, que sont-elles, sinon la hâte de s’enrichir et une réclamation impérieuse du droit de vivre à sa guise ? Je comprends très bien que, les chemins de fer ayant le monopole des routes, on suppose qu’il leur incombe une espèce d’obligation de pourvoir au cas de ceux qui pourraient avoir à voyager à tout prix. Mais quand ceux-ci y sont obligés, ils peuvent se procurer quelque autre moyen. Non ; ce qu’on veut c’est la facilité, le bon marché ; — c’est une affaire d’argent et de volonté. On est aussi libre de voyager qu’on l’était avant. Je n’ai rien à faire avec ces choses, et n’ai pas l’intention de jamais m’en occuper. Le monde va son chemin, et je ne suis pas du monde. Mais pour ce qui concerne les allégations des chrétiens à ce sujet, j’ai affaire avec elles, et je ne les accepte pas, non plus que les accommodements d’un certain christianisme à ce qu’on appelle le progrès ; seulement je pense que le chrétien doit régler ses propres voies, et ne pas s’attendre à réformer le monde. Je n’aperçois pas de gain moral dans le progrès dont le monde se vante. J’ai des télégraphes et des chemins de fer, très commodes sans doute ; mais les enfants sont-ils plus obéissants, les hommes plus vertueux, les serviteurs plus fidèles et dévoués, les familles plus heureuses, et la vie d’intérieur plus appréciée ? Y a-t-il plus de bonne foi et de confiance entre les hommes, plus d’honnêteté dans les affaires, plus de bienveillance et de cordialité entre les patrons et les employés, les chefs et les commis ? Je laisse la réponse à la conscience de chacun. Vous avez plus de facilités pour gagner de l’argent, mais aussi plus d’anxiété, plus d’agitation pour le gagner ; plus de luxe et plus de faste, mais pas plus d’affection ni de paix.
7. 1.7 l’Écriture montre que nous ne sommes pas sous la loi, car morts avec Christ
Je l’avoue, je me suis écarté de mon sujet. J’y reviens, et je vais produire des témoignages de l’Écriture qui font voir que nous ne sommes point sous la loi ; non point parce que le Décalogue ou la loi sont abolis oui enterrés, mais parce que nous, nous sommes morts, ensevelis et ressuscités en Christ ; parce que nous sommes une création nouvelle, rachetés de la position dans laquelle nous étions dans la chair. Que nous soyons rachetés de la malédiction de la loi, c’est ce que personne ne nie, de sorte que je n’insiste pas sur ce point, bien qu’il soit de toute importance : que nous ne soyons pas justifiés par elle, c’est ce qui est admis dans ces termes (bien qu’on ne connaisse ni ne retienne réellement ce que cela implique), et se lie étroitement à notre argumentation ; toutefois, la chose est admise dans les termes, et par conséquent je n’argumente point ici là-dessus.
Le point sur lequel on insiste, c’est que la loi est la règle de la vie, et c’est ce que je vais examiner. Je commence par déclarer tout d’abord que, sur le terrain de la responsabilité de l’homme comme enfant d’Adam, la loi est bien évidemment cela ; je crois qu’elle est une règle — la règle parfaite de la vie pour l’homme naturel. Si Adam n’eût pas mangé du fruit de l’arbre, il aurait vécu ; si l’homme eût gardé la loi, il aurait vécu. Seulement, il faut se souvenir de ce qu’est «la pensée de la chair» ; qu’elle n’est point soumise à la loi de Dieu, et même ne peut pas l’être ; de sorte que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. La loi était un moyen de mettre l’homme à l’épreuve ; mais elle ne fut jamais censée être, pour un pécheur, le chemin de la vie, malgré ce terme positif : «Fais ces choses et tu vivras».
1. 1.7.1 divers types de loi
Ici, je dois distinguer entre une loi et la loi ; non pas comme font les hommes entre une loi essentielle, et le Décalogue, mais entre le principe de la loi et ses décrets. Une loi est pratiquement le principe qui consiste à exiger d’un homme, assujetti au législateur, une certaine ligne de conduite, que ce dernier impose par voie d’autorité. De sorte que nous avons ces deux principes : l’exigence, qui peut prendre la forme d’une défense ; et l’autorité. Il peut y avoir de plus une sanction, un motif agissant par des craintes ou des espérances, comme c’est ordinairement le cas pour les lois appliquées à la conduite des hommes. Cela modifie le caractère de la loi, mais touche à peine, me semble-t-il, à son essence ; cependant cela caractérise la loi telle que nous avons à nous en occuper. Adam était sous une loi : quelque chose lui était défendu par voie d’autorité. Les hommes vécurent sans loi jusqu’à Moïse ; puis Israël fut placé sous la loi au Sinaï, sous une exigence positive, par voie d’autorité. Or ceci repose évidemment sur le principe de la responsabilité d’Adam ou de ses enfants, des hommes dans la chair. Sous la loi, il n’y avait pas le don de la vie. La vie pouvait être conservée ou acquise par l’accomplissement de ce qui était proposé ; elle n’était point donnée.
2. 1.7.2 la loi donnée à Adam, épreuve de son obéissance
Quant à ce qui est exigé, la loi présente trois cas. La loi donnée à Adam était une simple épreuve de son obéissance. Elle n’impliquait pas qu’il y eût ni péché, ni convoitise — mais l’autorité et l’obéissance. Mais quand il s’agit de placer l’homme sur le terrain de sa responsabilité à l’égard du bien et du mal, je dois m’attendre à ce qu’une règle parfaite lui soit donnée, et c’est bien là ce qui eut lieu. Cette règle ne devait pas aller au delà de son devoir, selon la position dans laquelle il se trouvait ; sinon elle n’aurait pas été l’épreuve de sa responsabilité. La loi donnée à Adam était parfaite sous ce rapport. Elle était simplement une épreuve de son obéissance, peut-être, ajouterai-je, de sa confiance.
3. 1.7.3 l’essence de la loi : aimer Dieu
En deuxième lieu, l’essence de la Loi, ce de quoi dépendaient la loi et les prophètes, était, comme le Seigneur nous la présente, la règle abstraite de la perfection dans une créature : aimer Dieu de tout notre coeur, et notre prochain comme nous-mêmes. Ceci, dans la créature, serait la perfection humaine. Sans doute les anges le font, lors même qu’un commandement ne leur est pas nécessaire. C’est une folie de dire que la loi est la description de la propre pensée de Dieu, à moins qu’on ne veuille dire qu’elle est l’expression de Sa pensée quant à ce que la créature doit être ; c’est en effet ce que la Loi doit être ; mais elle ne saurait être la perfection de la pensée de Dieu en lui-même, parce qu’elle est la perfection de ce que la pensée de l’homme doit être. Dieu ne peut aimer son prochain comme lui-même, ni aimer un autre être quelconque de tout son coeur, comme s’Il lui devait cela. Ce que la loi professe, c’est d’être une règle parfaite pour l’homme comme tel. Elle le condamne tel qu’il est, parce qu’elle lui dit ce qu’il doit être ; mais, de plus, s’il était ce qu’il devrait être, il n’aurait pas besoin d’elle ; un commandement de faire une chose suppose le besoin de ce commandement et que je suis en danger d’y manquer (*). Ainsi, la loi en elle-même est une règle parfaite, positive, pour l’homme comme enfant d’Adam.
(*) Combien serait déplacé un commandement à Christ de nous aimer ou d’aimer son Père ! Il y eut des commandements qui éprouvèrent la perfection de son amour, mais il n’y en eut aucun de nous aimer.
4. 1.7.4 les 10 commandements et leur utilité
La troisième forme de la loi est le Décalogue, parfait aussi, le quatrième commandement comme tous les autres, chacun d’eux à sa place — parfait pour l’homme, mais envisageant l’homme ouvertement comme pécheur — règle parfaite jusqu’à ce que l’homme fût pleinement manifesté comme n’ayant rien de bon en lui ; moyen, quand elle est comprise spirituellement, de mettre cela en lumière. De tout cela, il faut conclure que la Loi fut donnée, par Dieu, dans une pensée totalement différente de celle que l’homme l’observerait. L’homme aurait dû l’observer, sans doute ; mais donner le commandement de ne pas convoiter à un être dont la nature était la convoitise, ne pouvait avoir lieu dans l’idée que ce commandement, spirituellement compris, serait gardé par l’homme déchu, quelque juste qu’il eût été de le garder. Un homme pourrait être sans reproche extérieurement quant à sa justice selon la loi, tout en étant le plus grand ennemi de Dieu qu’il y ait dans le monde. C’est pourquoi je dis qu’elle servait de règle à garder, jusqu’à ce que la vérité vint, mettant l’homme à l’épreuve pour manifester son état. Une règle parfaitement bonne pour un être dont la volonté est parfaitement mauvaise, peut bien le convaincre de péché, mais ne saurait le guider effectivement. Comment guider la volonté mauvaise d’un être qui, dans sa pensée, n’est point soumis à la règle et qui même ne peut point l’être ? Je parle de la Loi lorsqu’elle fut donnée comme loi. Elle était une règle parfaite, mais applicable seulement pour convaincre et condamner l’homme qui ne se connaissait pas lui-même.
5. 1.7.5 la loi mise de côté comme système extérieur
En tant que donnée ainsi à l’homme comme système extérieur, elle a été évidemment mise de côté ; ceci est admis par tous. «Il y a eu abrogation du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n’a rien amené à la perfection) et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous approchons de Dieu» (Héb. 7:18-19). Il ne fallait pas «tenter Dieu en mettant sur le cou des disciples un joug que ni les disciples, ni leurs pères, n’avaient pu porter» (Actes 15:10). Le système tout entier, comme système, fut ouvertement et définitivement mis de côté ; alors parut le christianisme, la foi, non pas la loi ; puis, quand la foi fut venue, c’est-à-dire le christianisme ou le système de la foi, nous ne fûmes plus sous le conducteur. Je fais une différence quant aux dix paroles : Dieu les prononça du milieu du feu, et n’ajouta plus rien. Elles furent placées dans l’arche. Tout cela faisait une différence, mais, comme termes d’une alliance, elles sont évidemment mises de côté avec le reste, en les supposant pour un moment écrites sur nos coeurs et en nous supposant, nous, des objets de l’alliance nouvelle. Quoiqu’il en soit, ces paroles en tant que gravées sur des pierres, comme conditions légales de la bénédiction sous l’ancienne alliance, ont disparu avec le reste. Ce qui devient ancien et qui vieillit, est près de disparaître (Héb. 8:13). Nous ne sommes pas sous l’ancienne alliance, et sûrement les commandements en formaient la base.
6. 1.7.6 je ne suis pas en relation avec Dieu sur le principe de la loi
On me dira que cela est admis par tous, mais qu’il faut distinguer entre le principe de l’ancienne alliance et le contenu de ce qui en constitue les termes principaux, quoiqu’il puisse y avoir d’autres détails.
C’est précisément cela. Il y a un principe dans la loi, aussi bien qu’un contenu. Or, ce n’est pas du tout sur ce principe que je suis en relation avec Dieu ; c’est-à-dire que je ne suis pas du tout sous la loi devant Lui. Tel est le témoignage constant de l’apôtre, et non pas seulement que je ne suis pas justifié par elle. Si elle est la mesure de ma justice et que je sois sous elle comme telle, je dois être justifié en quelque manière sur ce principe : des oeuvres de loi doivent être ma justification. L’apôtre me déclare qu’il n’en est point ainsi (Gal. 3:21 ; cf Rom. 3:20 ; Gal. 2:16).
Mais je laisse ce côté de la question, parce que, comme je l’ai dit, la chose est admise, au moins dans ses termes, et je ne cherche pas à soulever des questions. Mais je ne suis pas sous la loi — je ne suis pas en relation avec Dieu sur ce principe sous quelque rapport que ce soit. Je ne suis pas sous elle pour ma sanctification, ni pour toute autre chose. Je ne suis pas sous la loi, mais sous la grâce (Rom. 6:14). Je puis tirer beaucoup d’instruction de la Loi, comme de toutes les parties de l’Ancien Testament. Je tire la plus profonde instruction des sacrifices, quant à la nature et à la portée du sacrifice de Christ ; rien de plus précieux : ses divers aspects y sont plus développés que dans le Nouveau Testament, mais je ne suis pas sous leur régime. Autre chose leur a été substitué. Je ne suis pas, pour quoi que ce soit, sur le principe de la loi, quant à ma relation avec Dieu. Quant à son contenu, il est donné sur le principe de la loi avec une malédiction qui y est attachée ; le principe est réellement impliqué, mais je me borne à cela maintenant. Je ne suis pas sous la loi du tout ; quant à ma relation avec Dieu.
Nous avons besoin de puissance pour la sanctification, mais la loi ne donne pas la puissance. Je parle du principe de notre relation. La loi exige, exige justement : et quant à nous, je lis : «Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Rom. 6:14). Il ne s’agit pas là de justification, mais de l’empire du péché. Or, «la puissance du péché, c’est la loi» (1 Cor. 15:56). «Le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes les convoitises, car sans la loi le péché est mort ; ...mais le commandement étant venu, le péché a repris vie, et moi je mourus» (Rom. 7:8-9).
Or tout cela s’applique non pas à la justification, mais à la puissance et à l’opération du péché en nous ; la loi ne sert que d’occasion à la puissance du péché, quoique ce ne soit pas la faute de la loi, comme l’apôtre a soin de le dire (Rom. 7:7). Elle est cela pour nous, et c’est le cas avec lequel nous avons à faire. Or, dans notre cas, il est du principe de la loi, en tant que droit de l’autorité sur nous, d’exiger d’un pécheur qui a une volonté perverse, l’obéissance à ce qui est contraire à sa volonté et aussi à ses convoitises, car il est dans une chair de péché. Le principe de la loi est ruineux pour nous, soit pour la condamnation, soit quant à la puissance du péché. C’est en vain que l’on affirme que je suis sous la loi avec un nouveau motif. Il faut que je ne sois pas sous la loi, pour ne pas être sous l’empire du péché.
7. 1.7.7 la loi ne peut être qu’adaptée à ceux sur qui elle s’exerce
On réplique : — Oui, mais le contenu de la loi est bon. Incontestablement ; il est saint, juste, et bon (Rom. 7:12). Cependant, si j’en prends le contenu, je n’en suis pas plus avancé si c’est une loi, parce que je suis dans une chair de péché lorsque ce contenu est mis devant moi. Je ne puis pas présenter la loi à un homme innocent. L’homme a mangé du fruit défendu. Cette loi-là a pris fin. Bien ; prenons les commandements. Ils supposent le péché, car ils le condamnent ; ils supposent la convoitise, car ils la défendent. Même le commandement d’aimer ne serait pas adressé à un être parfait. Il suppose que celui à qui il s’adresse n’aime pas ou est capable de ne pas aimer. Aussi un pareil précepte ne fut-il point adressé à Adam. Qu’aurait-il pu faire du précepte : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» ? Quel sens eût-il pu attacher au vol ? Quel sens à la convoitise ? La loi, nous dit l’apôtre (1 Tim. 1:9), n’est pas donnée pour le juste, , ne s’applique pas, ne convient pas, n’appartient pas à une telle personne. Mais si elle s’applique aux injustes, que peut-elle faire pour eux ? Il est évident qu’une défense de convoiter ne peut même être comprise personnellement par quelqu’un qui n’a pas de convoitise, elle ne saurait en tout cas s’appliquer à lui ; mais s’il a des convoitises dans sa nature, cette nature ne peut se soumettre à la défense. Je parle maintenant du contenu de la loi. La loi suppose le péché, et cela avec une parfaite raison, puisque le péché était là quand elle fut donnée.
On nous dit que cela est vrai de la forme actuelle de la loi, mais qu’il y a en elle une vérité essentielle qui était pour Adam et qui fut donnée à Adam, quoique la forme qu’elle prit plus tard supposât le péché. Bien ; qu’est-ce que c’est que cette vérité essentielle ? Que la loi soit sainte, juste et bonne, je l’admets aussi pleinement que possible ; mais comment le vol et la convoitise peuvent-ils s’appliquer à Adam ou à quoi que ce soit, sauf à un état de choses tout formé, caractérisé par la possession à titre de propriétaire, et par la chair de péché ? Il était parfaitement juste de les condamner quand ils étaient là, mais certainement ils n’étaient pas adaptés à un état de choses avant la chute. Adam n’avait pas de loi semblable et ne pouvait en avoir ni de fait, ni par la nature des choses. La meilleure preuve, c’est que Dieu ne lui en donna pas une telle. Certainement il n’avait pas conscience de convoitise ou de vol. Dieu lui donna une autre loi qui convenait parfaitement à son état et ne supposait pas le péché. Dire qu’il était sous celle-ci, quand Dieu le plaça formellement sous une autre, me semble combattre la sagesse divine en faveur d’une théorie. Ce n’est pas que les commandements soient autre chose que parfaits, lorsque l’homme se trouve dans l’état et les relations auxquels ils s’appliquent ; mais Adam n’était pas dans l’état de chute et dans les relations d’un pécheur, lorsque Dieu lui donna sagement une loi appropriée à l’état d’innocence dans lequel il se trouvait, loi qui maintenait son autorité à Lui, et mettait à l’épreuve l’obéissance d’Adam, mais ne supposait pas le péché, ni n’en impliquait l’existence.
8. 1.7.8 à quoi sert la loi par rapport à l’homme
Je crois que la loi est la règle parfaite de la vie pour l’homme dans la chair ; mais elle suppose le péché, et s’applique à la chair de péché, à l’homme dans la chair ; or, comme elle repose sur le principe, sur le droit d’exiger et avec raison, car c’est un principe très important et qui maintient les droits de Dieu, elle me condamne quant à la justice, sans m’être d’aucun secours quant à la sanctification, mais bien le contraire.
Si donc la loi est sainte, juste et bonne (Rom. 7:12), dans son contenu, pourquoi ne pas être sous elle, pourquoi ne pas la maintenir ? Parce que je serais alors dans une relation avec Dieu qui implique la condamnation et la puissance du péché (1 Cor. 15:56). La loi est la loi ; elle n’est pas la grâce, et la puissance du péché c’est la loi. Maintenez-la comme loi, vous détruisez son autorité si elle n’est pas loi pour vous ; mais si elle est loi pour vous, elle est la puissance du péché, et le péché aura empire sur vous. Elle doit avoir l’autorité extérieure, l’autorité de Dieu comme tel. Si vous affaiblissez cela, vous l’avez détruite comme loi.
9. 1.7.9 les 3 positions de principe quant à la place de la loi pour le croyant
Ici je me sépare des deux partis qui ont discuté cette question : à mon jugement, ils détruisent tous deux l’autorité de la loi ; l’un sans intention de le faire, l’autre en déclarant qu’elle est abrogée, ensevelie, et choses pareilles. Les premiers sont obligés d’accorder beaucoup, désirant maintenir son autorité ; les derniers détruisent son autorité et la déclarent abrogée. Pour moi, je n’en cède ni un iota ni un trait de lettre. Je ne soulève pas la question à l’égard des gentils non placés sous elle, bien qu’historiquement ce soit vrai : parce que, s’ils ne sont pas sous la loi, ils sont sans loi, et que j’admets que la loi est une règle parfaite pour l’homme dans la chair. Je dis que je ne suis pas sur le principe gentil, bien que gentil moi-même ; non pas «sans loi quant à Dieu», mais  «justement soumis à Christ» (1 Cor. 9:21). Mais je ne dis pas que l’autorité de la loi se soit affaiblie ou ait cessé : ce que je dis, c’est que j’y suis mort (Gal. 2:19). La loi a de l’autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit, et ne peut en avoir plus longtemps. Or je ne suis plus vivant dans la chair (Rom. 8:9 ; 6:8).
Je rejette toute altération, toute modification de la loi. Je rejette toute prétention à la christianiser : c’est affaiblir son propre caractère légal, par un mélange de grâce qui n’est ni la loi ni l’Évangile. Je maintiens son autorité tout entière (Matt. 5:17), son autorité absolue. Ceux qui auront péché sous elle, seront jugés par elle (Rom. 2:12). Au jour du jugement, elle aura sa propre autorité, c’est-à-dire celle de Dieu, selon ses propres termes ; cependant je ne suis pas sous elle, mais sous la grâce ; non pas sous le conducteur, mais dans la relation de fils (Gal. 3:26), parce que la foi est venue et que j’ai l’Esprit d’adoption (Rom. 8:15). Je suis sur un nouveau pied et dans une nouvelle relation avec Dieu ; je ne suis pas du tout dans la chair ni dans la position d’un enfant d’Adam, mais délivré, tout à fait hors d’elle, par la rédemption. Je suis mort et ressuscité ; je suis en Christ (Rom. 8:1 ; 2 Cor. 12:2).
8. 1.8 le chrétien et la loi
1. 1.8.1 mort à la loi
Voyons ce que l’Écriture enseigne sur ce point. Les transgressions positives sont effacées par le sang de Christ. La loi, nous dit-on, en tant qu’alliance des oeuvres, a fini par la mort de Christ. Or je dis que l’Écriture enseigne plus que cela ; elle montre ce qui s’applique au vieil homme, quant à notre position devant Dieu, c’est-à-dire que, par la foi, nous sommes complètement morts à la position et à la nature dans lesquelles nous étions sous la loi. Prenez le cas le plus complet et le plus évident, celui d’un Juif effectivement sous la loi. Je ne doute pas qu’il ne se réalise pratiquement pour un gentil comme principe. Quel est le jugement de la loi sur mon vieil homme, sur mon être dans la chair ? Est-ce la condamnation seulement en tant qu’alliance ? Non, c’est la mort. Il ne s’agit pas simplement de l’apport d’un nouveau motif, d’une nouvelle source de conduite, par l’action desquels la loi étant maintenue comme telle, je la garde. La loi est (2 Cor. 3:7) un ministère de mort aussi bien que de condamnation. Mais qu’arrive-t-il ? «Pour moi, par la loi, je suis mort à la loi». Elle m’a tué, «afin que je vécusse à Dieu» (Gal. 2:19). — «N’ajoute pas à ses paroles, de peur qu’Il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur» (Prov. 30:6). Vous dites qu’elle est abrogée comme alliance des oeuvres, mais non comme règle de vie. C’est une pure invention humaine ; l’Écriture ne parle pas ainsi. Vous ne pouvez dire : Je suis mort à la loi, mais elle doit être ma règle de vie. Cela serait un non-sens.
2. 1.8.2 vivant à Dieu, mort avec Christ, mort au péché
Je suis mort à la loi par la loi. Elle a fait son oeuvre et m’a tué pour ce qui la concerne (Rom. 7:9-10) : ou je n’existe plus quant à la loi, ou bien elle a failli à sa puissance. Or, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. Si je n’en ai pas fini avec elle, je ne saurais vivre à Lui. Mais de quelle manière en ai-je donc fini avec la loi ? «Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20). Ceci n’est pas la loi. La foi étant venue, dit l’apôtre, nous ne sommes plus sous un conducteur (Gal. 3:25), c’est-à-dire sous la loi. Notez ceci : ce n’est pas du tout le fait que Christ a porté mes péchés qui me délivre de la loi ; quoique notre vraie délivrance soit opérée là, pour ce qui concerne nos péchés. Mais pour me délivrer de la loi, Dieu ne me délivre pas, moi enfant d’Adam vivant, des terribles conséquences de mes péchés. Il fait une autre oeuvre. C’est moi qui suis mort avec Christ (Rom. 6:8). Ce n’est pas non plus de pardon du péché qu’il est parlé dans ce dernier cas, quoique au moyen de la mort de Christ le péché ne me soit pas imputé. Nous mourons au péché, — non pas aux péchés ni pour les péchés, mais au péché. «Celui qui est mort est quitte du péché».
3. 1.8.3 se livrer soi-même à Dieu comme instruments de justice
Si l’obéissance d’un seul m’a constitué juste, pourquoi ne pas dire que je puis demeurer dans le péché ? Voici la réponse : «Comment, nous qui sommes morts au péché, pourrions-nous y vivre encore ?» (Rom. 6:2). Le raisonnement de l’apôtre, à la fin du sixième chapitre aux Romains, est fatal au prétendu usage de la loi comme règle de vie. Rien ici n’a trait à la question d’une alliance basée sur les oeuvres. Il s’agit de la vie ; de vivre dans le péché, l’obéissance, la sainteté, et de ce qui en est le principe et la règle. Dois-je me mettre à pécher, être ce qu’on appelle un antinomien, parce que je ne suis plus sous la loi ? Nullement. Quel principe, quelle règle de vie ai-je donc ? Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché et pour vivants à Dieu (Rom. 6:11). Comme vivant en Christ, je dois livrer mes membres à Dieu comme instruments de justice (Rom. 6:13). Je puis faire cela, obéir, non à une loi, mais à une personne, à Dieu lui-même absolument. Pourquoi ? Je ne suis pas sous la loi, mais sous la grâce. Je me livre moi-même. Quelle occasion n’y aurait-il pas eu ici d’expliquer que nous n’étions pas sous la loi en tant qu’alliance des oeuvres, mais que nous y étions sous une règle de vie ! C’est de la vie, des règles de la vie que l’apôtre traite, — de la manière dont nous arrivons, et en vertu de quel principe, à ce fait béni que le péché n’a pas domination sur nous (Rom. 6:14). Car c’est bien à cela (et non à la justification) que nous sommes arrivés par le fait que nous ne sommes pas sous la loi. Cela nous conduira-t-il au péché ? (Rom. 6:15). Nouvelle occasion de nous dire : Vous savez que la loi est encore une règle de vie. Mais non : silence, silence significatif ! Ils avaient été les esclaves du péché (Rom. 6:17), et qu’étaient-ils maintenant ? Avaient-ils obéi de coeur à la loi, par suite des nouveaux motifs qu’ils avaient ? Non ; mais à la forme de la doctrine dans laquelle ils avaient été instruits (Rom. 6:17). Ils n’étaient pas sous la loi ; s’ils y étaient, le péché aurait domination sur eux. Mais ils avaient obéi à la nouvelle forme de doctrine. Ils étaient esclaves de la justice, esclaves de Dieu, et avaient leur fruit en sanctification (Rom. 6:19, 22), Les gages du péché, c’était la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle (Rom. 6:23). L’idée de la loi n’intervient pas du tout ici, sauf pour faire voir que ceux qui se trouvent sous elle, sont sous l’empire du péché. L’idée de l’alliance des oeuvres n’intervient pas davantage dans l’argumentation de Paul ; c’est de la vie qu’il traite, de marche dans le péché, de son empire, d’obéissance, de sanctification — mais nous ne sommes pas sous la loi. Il nous faut traiter ce sujet tout spécialement.
9. 1.9 l’autorité sur le croyant : Christ, non pas la loi
Le chapitre 5 (depuis le verset 12) avait fait voir que relativement à la justice tout devait être ramené aux deux chefs : Adam et Christ ; puis, que la loi était seulement intervenue en passant, afin de faire abonder l’offense. Le chapitre 6 avait fait voir que nous, étant morts en Christ, nous ne sommes plus sous la domination de la nature pécheresse, ni sous la loi qui s’appliquait à cette nature. Maintenant, le chapitre 7 traite pleinement la question de la position sous la loi elle-même. L’apôtre affirme l’impossibilité absolue d’être en même temps sous la loi et sous Christ : ces deux positions sont absolument incompatibles. Il établit cela de la manière la plus forte. Nous ne pouvons pas plus être liés à la loi qu’une femme ne peut avoir deux maris en même temps (Rom. 7:1-4). Des maris — pourquoi ? Pour justifier comme alliance d’oeuvres ? Non : pour obéir, pour porter du fruit pour Dieu (Rom. 7:4). Vous n’avez pas un mot ici sur les oeuvres comme moyen de justifier, ni sur une alliance d’oeuvres : il ne s’agit que de ce à quoi je suis lié, que de savoir quelle loi m’oblige.
N’est-ce pas cela ? Lisez et voyez. Eh bien, je suis devenu mort à la loi par le corps de Christ, afin que je sois à un autre (Rom. 7:4). Et alors, pensez-y, je suis lié à un autre qui a autorité sur moi, et je ne puis admettre que quelque autre chose que ce soit intervienne et réclame une autorité sur moi. J’ai vu Moïse et Élie disparaître après avoir servi Dieu dans leur génération, et j’ai entendu la voix du Père disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le (Matt. 17:4-5). J’ai été préparé par le chapitre 6, à voir qu’il ne s’agit pas de désobéir et de vivre dans le péché, puisque étant mort au péché, je vis à Dieu par Christ et lui suis obéissant (Rom. 6:10-11). Ensuite, je trouve dans les détails, que, mort comme je le suis, l’obligation qui me liait à mon premier mari est une chose passée, devenue impossible. Je suis marié à un autre : je suis lié à lui, le lien et l’obligation sont absolus, je ne puis entendre que Lui. Je ne puis pas même dire : je vais apprendre par mon second mari ce que mon premier veut dire et commande. Je n’en ai qu’un, son autorité est complète et absolue. Nous n’avons rien à faire ici (Rom. 7:1-6) avec la justification ou avec une alliance d’oeuvres ; la seule question dont s’occupe l’apôtre, est celle de savoir à qui je suis lié.
Un article que j’examinais tout à l’heure me dit que le chapitre 7 signifie que : «La mort de Christ a dissout toute notre vieille relation avec la loi en tant qu’alliance basée sur les oeuvres, et nous a laissés en liberté de contracter une relation nouvelle». A-t-on jamais vu pareil effort pour éluder l’Écriture ! — Une nouvelle relation avec quoi ? Encore avec la loi ? De quelle vieille relation avec la loi le chapitre parle-t-il ? Nous sommes morts, de sorte qu’il n’y a plus de relation du tout, et nous sommes mariés à un autre, à Christ ressuscité d’entre les morts. Où y a-t-il une alliance d’oeuvres dont ce chapitre parle, à laquelle il fasse seulement allusion ? En outre, l’auteur ne dit pas un mot de ce qui constitue tout le sujet du chapitre, du fait que nous sommes morts. «Vous êtes morts à la loi par le corps de Christ». Si j’avais besoin d’une preuve que j’ai affaire avec un écrivain ayant un système qui l’empêche d’oser regarder l’Écriture en face, je la trouverais dans la phrase citée plus haut. Mais je ne cherche pas la controverse, et ainsi je ne m’en occupe plus. J’ajoute qu’il est bien connu que, dans le verset 6, il faut lire : «étant morts à ce en quoi...» ( ; et non ) autrement ceux qui disent que la loi a été abrogée et ensevelie auraient ce texte pour appui. Si nous sommes morts avec Christ, nous pouvons aussi dire que nous avons été vivifiés ensemble avec Lui, et ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes (Éph. 2:5-6).
10. 1.10 la vraie règle du croyant : marcher comme Christ a marché
Le chrétien est une personne céleste quoique marchant à travers le désert ; et il y est l’épître de Christ. Quelle est sa règle ? Marcher comme Christ a marché. Toutes les parties de l’Écriture, la loi comme toutes les autres, peuvent lui fournir de la lumière ; il peut se servir de la loi pour convaincre de péché, car la conscience naturelle reconnaît la justice de la loi. Paul dirigeait sa conduite sur une prophétie d’Ésaïe 49 (cf. Actes 13:47), et, grâces à Dieu, le Nouveau Testament abonde en préceptes pour nous guider. Nous ne devons pas non plus laisser tomber le mot «commandement» ; parce que le commandement exprime l’autorité, et que lors même que nous ferions extérieurement toutes choses bien, rien n’est bien qui n’est pas fait dans un esprit d’obéissance. Mais, bien plus, nous devons être remplis de la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle (Col. 1:9-11). L’homme spirituel discerne toutes choses. Je ne puis parler ici que du principe et de la mesure. Je surprendrai peut-être mon lecteur en disant que la conduite de Dieu est devenue notre mesure, comme étant participants de la nature divine (Éph. 5:1). Ce n’est pas une règle parfaite pour l’homme dans la chair, qui est notre mesure ; c’est la conduite divine pour l’homme dans l’Esprit. L’apôtre peut dire : «Quand nous étions dans la chair» (Rom. 7:5), et décrire, dans le chapitre 7 de l’épître aux Romains, les combats d’un homme renouvelé, mais qui, non encore affranchi par la connaissance de la rédemption, est encore sous son premier mari, la loi ; sachant qu’elle est spirituelle, y acquiesçant, y prenant plaisir, mais ne la gardant jamais. Dès qu’il a connu la délivrance, il peut dire : «La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi» (Rom. 8:2), ayant appris et sachant que Dieu n’a pas pardonné, mais qu’il a condamné le péché dans la chair, et cela dans la personne de Christ, sacrifice pour le péché ; sachant de plus qu’étant maintenant chrétien, il n’est plus dans la chair mais dans l’Esprit (Rom. 8:9), et qu’ainsi sa place et sa position sont totalement changées ; qu’il est vivant en Christ, créé de nouveau dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées afin qu’il marche en elles (Éph. 2:10), renouvelé en connaissance selon l’image de Celui qui l’a créé (Col. 3:10). Que sont ces bonnes oeuvres ? J’ai dit, l’Écriture a dit que, parfait devant Dieu en Christ, il doit imiter Dieu. Où trouver l’image de cela dans un homme ? Christ est l’image du Dieu invisible. Uni avec Lui dans le ciel, le chrétien doit marcher comme Lui a marché sur la terre (1 Jean 2:6) : dans la grâce comme manifestant .Dieu, regardant à Christ en haut, et transformé ainsi à sa ressemblance de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur (2 Cor. 3:18).
Examinons l’Écriture sur ce point. D’abord comme c’est le nom du Père (*) qui est révélé et non pas le nom légal de Jéhovah, nous devons être parfaits comme notre Père qui est da

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