[Jéhovah] Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste

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medico

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[Jéhovah] Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste

Ecrit le 25 mai06, 00:03

Message par medico »

Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste raconte son histoire (sur le TJ Leopold Engleitner, avec 101 ans, qui a survécu à trois champs de concentration nazis).
http://www.cbs2.com/video/?id=19057@kcbs.dayport.com
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Brainstorm

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Re: le plus vieux survivant connu de l'holocauste

Ecrit le 25 mai06, 00:15

Message par Brainstorm »

medico a écrit :Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste raconte son histoire (sur le TJ Leopold Engleitner, avec 101 ans, qui a survécu à trois champs de concentration nazis).
http://www.cbs2.com/video/?id=19057@kcbs.dayport.com
Très bon reportage sur ce rescapé des camps TEMOIN DE JEHOVAH de 101 ans. Il faut comprendre l'américain cependant.

Merci médico (tu pouvais même faire un fil là dessus ...).

Brainstorm

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Re: le plus vieux survivant connu de l'holocauste

Ecrit le 25 mai06, 00:18

Message par Brainstorm »

medico a écrit :Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste raconte son histoire (sur le TJ Leopold Engleitner, avec 101 ans, qui a survécu à trois champs de concentration nazis).
http://www.cbs2.com/video/?id=19057@kcbs.dayport.com
J'ajoute ici la biographie de cet homme, témoin de Jéhovah rescapé des camps nazis, tirée de la Tour de Garde (revue des TJ) du 1er mai 2005 :

Biographie
Bien que faible, je suis puissant

PAR LEOPOLD ENGLEITNER

Le SS a sorti son pistolet, l’a braqué sur ma tête et m’a demandé : “ Es-tu prêt à mourir ? Je vais tirer, parce que tu es vraiment irrécupérable. ” “ Je suis prêt ”, ai-je répondu en essayant de garder une voix ferme. Je me suis concentré, j’ai fermé les yeux, j’ai attendu qu’il appuie sur la détente... et rien ne s’est produit. “ Tu es trop stupide pour que je te tue ! ” a-t-il crié, tout en écartant son arme de ma tempe. Comment en étais-je arrivé à une situation si désespérée ?

JE SUIS né le 23 juillet 1905, à Aigen-Voglhub, une ville nichée dans les Alpes autrichiennes. Mon père, employé de scierie, avait épousé la fille d’un fermier de la région ; j’étais leur fils aîné. Mes parents étaient pauvres, mais très travailleurs. J’ai passé mes jeunes années à Bad Ischl, près de Salzbourg, au milieu de lacs et de sommets d’une beauté à couper le souffle.

Enfant, je songeais souvent aux injustices de la vie ; pas seulement parce que ma famille était pauvre, mais aussi parce que je souffrais d’une déviation congénitale de la colonne vertébrale. En raison des douleurs que cela m’occasionnait, il m’était pratiquement impossible de me tenir droit. À l’école, il était hors de question que je fasse de la gymnastique et, pour cette raison, j’étais devenu la risée de mes camarades.

À la fin de la Première Guerre mondiale, alors que j’allais avoir 14 ans, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de chercher un travail pour échapper à la pauvreté. La faim me tenaillait constamment, et j’étais affaibli par des accès de forte fièvre dus à la grippe espagnole, qui avait déjà emporté des millions de personnes. “ À quoi pourrait bien nous servir un gringalet comme toi ? ” me lançaient la plupart des fermiers à qui je demandais du travail. Toutefois, un fermier bienveillant m’a quand même embauché.

Émerveillé par l’amour de Dieu

Ma mère était une catholique fervente, mais j’allais rarement à l’église, principalement parce que mon père avait des idées plus larges. Pour ma part, le culte des images, si répandu dans l’Église catholique romaine, me dérangeait.

Un jour d’octobre 1931, un ami m’a demandé de l’accompagner à un rassemblement religieux organisé par les Étudiants de la Bible, comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah. C’est là que j’ai reçu des réponses bibliques à des questions importantes, telles que : Le culte des images plaît-il à Dieu (Exode 20:4, 5) ? L’enfer de feu existe-t-il vraiment (Ecclésiaste 9:5) ? Les morts seront-ils ressuscités ? — Jean 5:28, 29.

Ce qui m’a le plus impressionné, c’est que Dieu ne ferme pas les yeux sur les guerres sanguinaires, même si les hommes prétendent les livrer en son nom. J’ai aussi appris que “ Dieu est amour ” et qu’il a un nom glorieux : Jéhovah (1 Jean 4:8 ; Psaume 83:18). J’étais enthousiasmé de découvrir que, par le moyen du Royaume de Dieu, il sera possible de vivre éternellement sur une terre transformée en paradis. J’ai également découvert la merveilleuse perspective, ouverte à certains humains imparfaits appelés par Dieu, d’avoir part, avec Jésus, à Son Royaume céleste. J’étais prêt à m’investir entièrement pour ce Royaume. C’est ainsi qu’en mai 1932 je me suis fait baptiser Témoin de Jéhovah. Pour cela, il fallait s’armer de courage, vu le climat d’intolérance religieuse qui prévalait dans l’Autriche strictement catholique de l’époque.

Face au mépris et à l’opposition

Mes parents ont été horrifiés quand je me suis retiré de l’Église ; pour ce qui est du prêtre, il s’est empressé de propager la nouvelle du haut de sa chaire. En ma présence, des voisins crachaient par terre pour afficher leur mépris. Néanmoins, j’étais déterminé à rejoindre les rangs des prédicateurs à plein temps ; j’ai donc entrepris le service de pionnier en janvier 1934.

La situation politique est devenue de plus en plus tendue à cause de l’influence grandissante du nazisme dans notre province. À l’époque où j’étais pionnier dans la vallée styrienne de l’Enns, j’avais la police à mes trousses ; il me fallait donc être ‘ prudent comme un serpent ’. (Matthieu 10:16.) De 1934 à 1938, la persécution a été mon lot quotidien. Bien qu’étant sans emploi, je ne recevais aucune indemnité. De plus, j’ai été condamné à plusieurs courtes peines de prison, ainsi qu’à quatre plus longues, en raison de mon activité de prédication.

Les troupes de Hitler occupent l’Autriche

En mars 1938, les troupes de Hitler ont envahi l’Autriche. En quelques jours seulement, plus de 90 000 personnes accusées d’opposition au régime nazi (soit environ 2 % de la population adulte) ont été arrêtées et envoyées en prison ou en camp de concentration. Les Témoins de Jéhovah étaient quelque peu préparés à ce qui les attendait. Durant l’été 1937, plusieurs membres de ma congrégation avaient parcouru 350 kilomètres à vélo pour se rendre à Prague, afin d’assister à une assemblée internationale. Là, ils avaient entendu parler des atrocités perpétrées contre les Témoins de Jéhovah d’Allemagne. Manifestement, c’était à notre tour.

À partir du jour où les troupes hitlériennes ont posé le pied sur le sol d’Autriche, les Témoins de Jéhovah ont été contraints de tenir leurs réunions et de prêcher dans la clandestinité. Des écrits bibliques nous arrivaient secrètement par la frontière suisse, mais il n’y en avait pas assez pour tout le monde. Des compagnons chrétiens, à Vienne, produisaient donc des publications en cachette. J’ai souvent servi de coursier pour les apporter aux Témoins.

Dans un camp de concentration

Le 4 avril 1939, alors que nous célébrions le Mémorial de la mort du Christ à Bad Ischl, j’ai été arrêté par la Gestapo avec trois de mes compagnons. Nous avons tous été emmenés en voiture au commissariat de police de Linz. C’était la toute première fois que je montais dans une voiture ; cependant j’étais trop préoccupé pour y prendre plaisir. À Linz, j’ai été soumis à une série d’interrogatoires extrêmement éprouvants, mais je n’ai pas renoncé à ma foi. Cinq mois plus tard, j’ai été appelé à comparaître devant le juge d’instruction de Haute-Autriche. Contre toute attente, les poursuites judiciaires engagées contre moi ont été abandonnées ; ce n’était toutefois pas la fin de mon calvaire. Dans l’intervalle, les trois autres ont été envoyés dans un camp de concentration, où ils sont morts fidèles.

J’ai été placé en garde à vue et, le 5 octobre 1939, j’ai appris que j’allais être emmené au camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne. Un train spécial attendait les prisonniers à la gare de Linz. Les wagons avaient été compartimentés en cellules pour deux personnes. Mon compagnon de cellule n’était nul autre que l’ancien gouverneur de Haute-Autriche, Heinrich Gleissner.

Nous nous sommes lancés dans une conversation intéressante. Il se préoccupait sincèrement de mon triste sort et était consterné d’apprendre que, même durant son mandat, les Témoins de Jéhovah avaient dû faire face à d’innombrables problèmes juridiques dans sa province. Plein de regrets, il a déclaré : “ Monsieur Engleitner, si je ne peux réparer le tort causé, je tiens tout de même à vous présenter mes excuses. Il semble que notre gouvernement se soit rendu coupable d’injustices. Si, à l’avenir, vous aviez besoin de quoi que ce soit, je ne serais que trop heureux de vous venir en aide. ” Nos chemins se sont de nouveau croisés après la guerre. Il m’a aidé à obtenir du gouvernement une pension pour les victimes du nazisme.

“ Je vais te descendre ”

Le 9 octobre 1939, je suis arrivé au camp de concentration de Buchenwald. Peu après, on a informé le gardien de la prison du camp qu’un Témoin était parmi les nouveaux arrivants, et je suis devenu sa cible privilégiée. Il m’a battu cruellement. Puis, après s’être rendu compte qu’il ne pourrait pas me faire renoncer à ma foi, il m’a dit : “ Je vais te descendre, Engleitner. Mais avant cela, je vais te laisser écrire un mot d’adieu à tes parents. ” J’ai réfléchi à des paroles de réconfort que j’aurais pu leur envoyer, mais chaque fois que je posais la plume sur le papier, il la faisait déraper en me frappant le coude. “ Quel idiot, disait-il d’un ton railleur, il ne sait même pas écrire droit ! Et vous croyez que cela l’empêcherait de lire la Bible ? ”

Ensuite, comme je l’ai raconté au début de ce récit, le gardien a sorti son pistolet, l’a braqué sur ma tête et m’a fait croire qu’il allait appuyer sur la détente. Puis il m’a poussé dans une petite cellule où j’ai dû passer la nuit debout, car elle était bondée. De toute façon, je n’aurais pas pu dormir : tout mon corps me faisait mal. “ Quel gâchis de mourir pour une religion stupide ! ” étaient les seules paroles de “ réconfort ” que mes codétenus avaient à m’offrir. M. Gleissner, qui depuis la cellule voisine avait entendu ce qui s’était passé, a dit sur un ton pensif : “ La persécution des chrétiens refait surface dans toute sa laideur ! ”

D’ordinaire, le dimanche était un jour de repos. Pourtant, un dimanche de l’été 1940, tous les prisonniers ont été convoqués pour travailler dans la carrière. Il s’agissait de représailles en raison des “ délits ” de certains détenus. On nous a ordonné de transporter de grandes pierres depuis la carrière jusqu’au camp. Alors que deux prisonniers essayaient de placer une pierre énorme sur mon dos, je me suis presque écroulé sous le poids. Cependant, à ma grande surprise, Arthur Rödl, le redoutable Lagerführer (responsable du camp), est venu à mon secours. En voyant mes efforts désespérés pour porter cette pierre, il m’a dit : “ Tu n’arriveras jamais à rentrer au camp avec cette pierre sur le dos ! Repose-la immédiatement ! ” C’est un ordre auquel j’ai obéi de bon cœur. Ensuite, Rödl a montré du doigt une pierre bien plus petite et m’a commandé : “ Ramasse celle-ci et apporte-la au camp. Ce sera plus facile pour toi ! ” Après quoi il s’est tourné vers notre surveillant et a ordonné : “ Laissez les Étudiants de la Bible retourner à leurs baraquements. Ils ont assez travaillé pour aujourd’hui ! ”

À la fin de chaque journée de travail, j’étais heureux de me retrouver avec mes frères chrétiens. Nous avions pris des dispositions pour distribuer la nourriture spirituelle. L’un de nous écrivait un verset biblique sur un morceau de papier, puis le passait aux autres. Une bible avait aussi été introduite secrètement dans le camp et on l’avait partagée en plusieurs livres. Pendant trois mois, on m’a confié le livre de Job, que je cachais dans mes chaussettes. Ce récit m’a aidé à tenir ferme.

Finalement, le 7 mars 1941, j’ai rejoint un grand convoi de prisonniers qui étaient transférés au camp de concentration de Niederhagen. Mon état empirait quotidiennement. Un jour, on a ordonné à deux frères et à moi-même de mettre en caisse des outils. Une fois le travail fait, avec un groupe de détenus nous sommes retournés aux baraquements. Comme j’étais à la traîne, un SS est entré en fureur et m’a donné, sans prévenir, un coup de pied par derrière, avec une telle brutalité que j’ai été grièvement blessé. La douleur était atroce, mais je suis tout de même allé travailler le lendemain.

Une libération inattendue

En avril 1943, le camp de Niederhagen a finalement été évacué. À la suite de cela, j’ai été transféré au camp de la mort à Ravensbrück. Puis, en juin 1943, alors que je ne m’y attendais pas du tout, la possibilité d’être libéré du camp de concentration m’a été offerte, et ce sans que j’aie à renoncer à ma foi. Je devais seulement consentir à effectuer des travaux forcés dans une ferme jusqu’à la fin de mes jours. J’étais disposé à le faire pour échapper aux horreurs du camp. Lorsque je suis allé chez le médecin du camp pour un dernier contrôle médical, il était surpris de me voir. “ Tiens, tu es encore Témoin de Jéhovah ! ” s’est-il exclamé. “ Effectivement, docteur ”, ai-je répondu. “ Eh bien, dans ce cas, je ne vois pas pourquoi on te laisserait partir. D’un autre côté, quel soulagement ce serait d’être débarrassé d’une chétive créature comme toi ! ”

Ce n’était pas une exagération : j’étais vraiment chétif. La vermine avait en partie dévoré ma peau, les coups m’avaient rendu sourd d’une oreille et des plaies suppurantes couvraient tout mon corps. Après 46 mois de privations, de faim permanente et de travaux forcés, je ne pesais plus que 28 kilos. C’est dans cet état que, le 15 juillet 1943, j’ai été libéré de Ravensbrück.

On m’a renvoyé en train, sans escorte, dans ma ville d’origine ; puis je me suis présenté aux quartiers généraux de la Gestapo à Linz. Un officier m’a donné mon certificat de libération tout en m’avertissant : “ Si vous vous imaginez qu’on vous a relâché pour que vous persistiez dans votre activité clandestine, vous vous trompez lourdement ! Je vous souhaite bien de la chance, si jamais on vous attrape en train de prêcher. ”

Enfin, j’étais chez moi ! Depuis mon arrestation, le 4 avril 1939, ma mère n’avait rien changé dans ma chambre. Même ma bible était restée ouverte sur la table de chevet ! Je me suis agenouillé et j’ai prié en remerciant Dieu du fond du cœur.

Peu après, on m’a envoyé travailler dans une ferme de montagne. Le fermier, un ami d’enfance, m’a même versé un petit salaire, alors qu’il n’y était pas obligé. Avant la guerre, cet ami m’avait donné la permission de cacher quelques publications bibliques dans sa propriété. J’étais heureux de faire un bon usage de ce petit dépôt de publications pour me revigorer spirituellement. Tous mes besoins étant comblés, j’étais déterminé à attendre la fin de la guerre dans cette ferme.

Je me cache dans les montagnes

Cette douce liberté a toutefois été de courte durée. À la mi-août 1943, on m’a ordonné de me présenter devant un médecin militaire pour un examen médical. Après m’avoir déclaré inapte au service à cause de mon dos, il est revenu sur sa décision, une semaine plus tard, pour écrire : “ Apte pour servir au front. ” Pendant un temps, l’armée a perdu ma trace. Puis, le 17 avril 1945, peu avant la fin de la guerre, elle m’a finalement rattrapé. J’ai alors été appelé pour servir au front.

Muni de quelques provisions et d’une bible, j’ai cherché refuge dans les montagnes voisines. Au début, j’ai pu dormir dehors ; puis le temps s’est dégradé, et 50 centimètres de neige sont tombés : j’étais trempé jusqu’aux os. J’ai réussi à atteindre un refuge situé à près de 1 200 mètres d’altitude. Tout en frissonnant, j’ai fait une flambée, ce qui m’a permis de me réchauffer et de sécher mes vêtements. Épuisé, je me suis endormi sur un banc devant la cheminée. Peu après, j’ai été brusquement réveillé par une douleur intense : mes vêtements avaient pris feu ! Je me suis donc roulé par terre pour éteindre les flammes. Tout mon dos était couvert de cloques.

Prenant des risques considérables, je suis retourné furtivement à la ferme avant le point du jour, mais la femme du fermier avait tellement peur qu’elle m’a congédié en me disant qu’une chasse à l’homme avait été organisée pour me trouver. Je suis donc allé chez mes parents. Au début, même eux ont hésité à me faire entrer ; finalement ils m’ont laissé dormir dans le grenier à foin, et ma mère a soigné mes plaies. Cependant, après deux jours, mes parents étaient tellement inquiets que j’ai jugé préférable de me cacher de nouveau dans les montagnes.

Le 5 mai 1945, j’ai été réveillé par un grand bruit. J’ai aperçu des avions alliés qui volaient à basse altitude. À cet instant, j’ai su que le régime de Hitler avait été renversé ! L’esprit de Jéhovah m’avait fortifié pour endurer un incroyable calvaire. J’avais constaté la véracité des paroles consignées en Psaume 55:22, qui m’avaient tant réconforté au début de mes épreuves. J’avais ‘ jeté mon fardeau sur Jéhovah ’ et, alors que j’étais physiquement faible, il m’avait soutenu quand je marchais dans “ la vallée de l’ombre profonde ”. — Psaume 23:4.

La puissance de Jéhovah “ rendue parfaite dans la faiblesse ”

Après la guerre, la vie a peu à peu repris son cours normal. Au début, je travaillais comme salarié dans la ferme de montagne de mon ami. C’est seulement en avril 1946, après l’intervention de l’armée d’occupation américaine, que j’ai été libéré de mon obligation d’effectuer des travaux forcés agricoles à perpétuité.

À la fin de la guerre, les frères de Bad Ischl et des environs ont commencé à tenir des réunions régulièrement et à prêcher avec une vigueur renouvelée. On m’a proposé un poste de veilleur de nuit dans une usine, ce qui m’a permis de continuer mon service de pionnier. Finalement, je me suis installé dans la région de St. Wolfgang. En 1949, j’ai épousé Theresia Kurz, qui avait une fille d’un précédent mariage. Ma femme et moi avons vécu 32 années ensemble, jusqu’à son décès survenu en 1981 ; je l’avais soignée pendant plus de sept ans.

Après la mort de Theresia, j’ai repris le service de pionnier, ce qui m’a aidé à me remettre de ce douloureux sentiment de vide. Actuellement, je suis pionnier et ancien dans ma congrégation, à Bad Ischl. Puisque je suis cloué dans un fauteuil roulant, c’est dans le parc de Bad Ischl, ou juste devant chez moi, que je propose des publications bibliques et que je parle aux gens du Royaume de Dieu. Les excellentes discussions bibliques qui en résultent sont pour moi une source de grande joie.

Quand je songe au passé, je peux attester que les expériences atroces que j’ai été forcé d’endurer ne m’ont pas aigri. Bien sûr, parfois, je me sentais abattu à cause des épreuves. Cependant, mes relations chaleureuses avec Jéhovah Dieu m’ont aidé à surmonter ces moments de découragement. La déclaration du Seigneur à Paul : “ Ma puissance est en train d’être rendue parfaite dans la faiblesse ”, s’est vérifiée également dans ma vie. Maintenant, à l’âge de presque 100 ans, je peux reprendre à mon compte les paroles de l’apôtre Paul : “ Je prends plaisir dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions et les difficultés, pour Christ. Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis puissant. ” — 2 Corinthiens 12:9, 10.

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Ecrit le 25 mai06, 00:19

Message par medico »

merci de se complement d'information
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Re: [Jéhovah] Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste

Ecrit le 14 oct.13, 20:15

Message par medico »

LE PLUS VIEUX SURVIVANT DES CAMPS DE CONCENTRATION EST DÉCÉDÉ
02/05/2013 Mis à jour le 02/05/2013 à 13:20 1 OPINION- +
VIENNE (Reuters) - L'Autrichien Leopold Engleitner, le plus vieux survivant des camps de concentration nazis, s'est éteint à l'âge de 107 ans le...
VIENNE (Reuters) - L'Autrichien Leopold Engleitner, le plus vieux survivant des camps de concentration nazis, s'est éteint à l'âge de 107 ans le 21 avril, annonce son biographe.
Cet objecteur de conscience, dont la vie a fait l'objet d'un livre et d'un film, "Une volonté de fer", sortis en 1999, avait passé quatre ans dans les camps de Buchenwald, Niederhagen et Ravensbrück entre 1939 et 1943.
Témoin de Jéhovah, il avait été libéré en échange de travaux forcés à vie dans une ferme après avoir refusé de renier sa foi. Il ne pesait alors que 28 kg.
Leopold Engleitner fut libéré de cette ferme où il travaillait près de sa ville natale, Bad Ischl, par les troupes américaines en 1946, après s'être caché dans les montagnes parce qu'il refusait de servir dans l'armée allemande.
Ces dernières années, il avait voyagé en Europe et aux Etats-Unis pour rencontrer des étudiants et leur faire part de son expérience.
Georgina Prodhan, Clémence Apetogbor pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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Re: [Jéhovah] Le plus vieux survivant connu de l'Holocauste

Ecrit le 09 mai15, 01:33

Message par medico »

Une histoire qui force le respect Davy, mai 2015

Publié le 9 mai 2015

Un projet a été mis en place par le Conseil de l’Europe sous le thème « Apprendre et enseigner l’histoire de l’Europe du 20e siècle ». Parmi les principaux objectifs visés, il s’agissait particulièrement « d’intéresser les jeunes à l’histoire récente de notre continent et de les aider à établir des liens entre les racines historiques et les défis auxquels est confrontée l’Europe d’aujourd’hui » ainsi que « de les sensibiliser au fait qu’il est important de comprendre le point de vue de l’autre ». Dans le cadre de ce projet, l’ouvrage Enseigner l’Holocauste au 21e siècle a été publié dans l’intention de fournir aux enseignants des supports pédagogiques pour transmettre ces connaissances aux élèves [1]. La neuvième fiche se consacre spécialement à la persécution des témoins de Jéhovah [2].

On y apprend que les Bibelforscher [3] ont commencé à subir des interdictions locales dès 1931. Malgré leur défense judiciaire et des lettres de protestation, ils ont été officiellement interdits en juillet 1935. Pourquoi des mesures bien plus restrictives visaient cette minorité religieuse et non les autres Églises ? Parce que « leurs principes religieux interdisaient aux témoins de Jéhovah de prêter serment à Hitler, d’effectuer le salut hitlérien, d’envoyer leurs enfants à la Hitlerjugend, et surtout de porter les armes », explique Jean-Michel Lecomte. Face au National-Socialisme qui s’affirmait comme une véritable religion vouée au Führer, « là où les autres Églises se sont au mieux contentées de protester, les témoins de Jéhovah contestèrent, s’opposèrent, refusèrent ». En fait, la tentative d’exterminer ce groupe chrétien relève du crime contre l’humanité et non du génocide, puisqu’ils n’étaient pas persécutés pour ce qu’ils étaient, en tant que peuple, mais pour ce qu’ils refusaient volontairement de faire. En effet, ils « furent une très rare catégorie à avoir eu la possibilité d’échapper individuellement à la concentration et à la destruction : il leur suffisait de renier leur foi et d’épouser la religion hitlérienne ».

Pareillement, un ouvrage didactique a été rédigé par deux historiens à l’université dans le cadre d’un programme éducatif lancé par le gouvernement en Suède, afin de combattre le négationnisme et de mieux informer sur la Shoah. En France, le ministère de l’Éducation nationale a contribué à la diffusion dans les collèges et les lycées publics de la traduction française « Dites-le à vos enfants », Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945. Aux côtés de l’horrible sort réservé aux Juifs par le National-Socialisme, les minorités n’y sont pas oubliées, remarque Le Monde : « Le texte est clair, le vocabulaire assez simple sans toutefois être simpliste et rappelle que Tsiganes, handicapés et arriérés mentaux, homosexuels, témoins de Jéhovah, civils polonais, d’Europe de l’Est et prisonniers de guerre soviétiques furent eux aussi victimes des idéologies nazies [4]. » Le professeur Stéphane Bruchfeld et le philosophe Paul Levine y évoquent le courage des témoins de Jéhovah parmi la résistance civile allemande : « Les témoins de Jéhovah étaient des citoyens qui avaient résolu ouvertement de ne pas soutenir le régime, un choix qui leur valut un châtiment rigoureux. Ils refusèrent de prêter serment d’allégeance à Hitler. Pour eux, il n’y avait qu’un seul Dieu, le leur. Cette résistance est exceptionnelle car il leur aurait suffi de signer un document déclarant leur allégeance pour cesser d’être persécutés. Or, très peu d’entre eux le firent. Sur près de 20 000 témoins de Jéhovah, plusieurs milliers furent envoyés en camp de concentration. On estime que 25% des membres de ce groupe périrent aux mains des nazis [5]. »

Dans une recension de l’ouvrage allemand Zwischen Widerstand und Martyrium : Die Zeugen Jehovas im « Dritten Reich », devenu une référence et basé sur la thèse de doctorat de Detlef Garbe [6], le sociologue Jean Séguy partage l’avis de cet historien évangélique, selon lequel « les Témoins ont été le groupe religieux chrétien le plus férocement et le plus systématiquement persécuté par le IIIe Reich ; on a pu comparer leur sort à celui des Juifs et des Tziganes ; ils figurent d’ailleurs souvent à la suite des précédents dans les circulaires administratives de l’époque concernant les “catégories dangereuses” à éliminer [7] ».

Dans un autre livre traduit en français sous le titre La Terreur nazie. La Gestapo, les Juifs et les Allemands « ordinaires », le professeur Eric Johnson souligne également le courage manifesté par les témoins de Jéhovah face à la barbarie nazie : « S’il est un groupe qui osa se dresser contre le régime nazi plus peut-être que nul autre, c’est celui des Témoins de Jéhovah qui éprouvèrent au plus haut degré la férocité de la terreur nazie, pratiquement à égalité avec les Juifs et les Tsiganes. […] S’ils s’étaient montrés disposés à rechercher des compromis avec le nouvel ordre nazi et s’ils avaient confiné leurs activités à la sphère religieuse, à l’exemple de la plupart des autres minorités, les nazis eussent fort bien pu les considérer comme une nuisance secondaire et les laisser plutôt tranquilles. Mais les Témoins de Jéhovah étaient inflexibles [8]. »

Identifiés dans les camps de concentration par le triangle retourné de couleur mauve ou violet, les Bibelforscher auraient pu être libérés en signant simplement un document de renonciation de leur foi et d’engagement à ne plus pratiquer leurs activités chrétiennes. C’est cette particularité parmi les victimes du nazisme qui a suscité un véritable respect chez nombre de déportés et internés à l’époque et suscite encore ce sentiment chez la plupart des personnes qui étudient leur histoire, quelle que soit leur opinion sur les croyances et les pratiques cultuelles de cette communauté. D’autres ont été impressionnés par la solidarité exemplaire qui les unissait dans ces conditions éprouvantes. Edgar Kupfer-Koberwitz, journaliste interné au camp de Neuengamme en tant que prisonnier politique, rapporte le témoignage très émouvant d’un jeune Juif : « Lorsque nous, les Juifs de Dachau, sommes arrivés dans le bloc, les autres Juifs ont caché ce qu’ils possédaient pour ne pas avoir à le partager avec nous. Tu secoues la tête, mais c’est quand même ainsi. À l’extérieur on s’entraidait. Mais ici, où c’est une question de vie ou de mort, chacun veut d’abord se sauver soi-même, et il oublie les autres. Mais que crois-tu que font les Bibelforscher ? Ils doivent travailler très dur maintenant, réparer une quelconque canalisation. Par ce temps froid, ils sont debout dans de l’eau glacée tout au long du jour. Personne ne comprend comment ils font pour supporter. Ils disent que Jéhovah leur donne la force. Ils ont absolument besoin de leur pain, car ils ont faim tout comme nous. Mais que font-ils ? Ils ramassent tout le pain qu’ils ont, en prennent la moitié pour eux-même, et l’autre moitié, ils la donnent à leurs frères qui ont faim, leurs frères dans la foi, qui viennent d’arriver de Dachau. Ils leur souhaitent la bienvenue, les embrassent. Avant de manger, ils prient, et après, ils sont comme transfigurés, avec des visages heureux. Ils disent qu’ils n’ont plus faim. Vois-tu, c’est alors que je me dis : ce sont là les vrais chrétiens, c’est comme ça que je me les suis toujours représentés. Pourquoi ne pouvons-nous pas être comme eux ? Combien cela aurait été beau si nos frères nous avaient préparé un tel accueil [9] ! »

Hélas, le courage de ces gens ordinaires, hommes et femmes, y compris des enfants, qui ont choisi d’écouter leur conscience en résistant face à l’intolérance cruelle arrivée au pouvoir, est longtemps resté sous silence. Outre que beaucoup de ces victimes s’ouvraient difficilement sur ce passé douloureux, la presse nationale française et même les revues spécialisées ont guère parlé de ces oubliés de l’histoire jusqu’à récemment. Il a fallu diverses initiatives, souvent engagées par des personnes admiratives devant ces chrétiens professant une foi qui n’est pas la leur, pour faire connaître cette forme de résistance pacifique pouvant servir d’exemple aux jeunes générations et faire ressortir des témoignages édifiants de cette sombre période.

Les oubliés de l’histoire

Premier livre français consacré entièrement aux témoins de Jéhovah anciens déportés et internés, Les Bibelforscher et le nazisme (1933-1945) a été publié dans la collection Ces oubliés de l’Histoire afin de « rendre hommage à un peuple torturé, avili, pourchassé, emprisonné, décapité, assassiné, gazé, brûlé dans ces crématoires » et ainsi de leur rendre Justice, autant que faire se peut. Se démarquant d’emblée comme « absolument étrangers » à ce mouvement, Sylvie Graffard et Michel Reynaud ont soigneusement recueilli de nombreux témoignages suivant la méthode décrite dans l’introduction : « Cela ne fut pas facile, même si l’accueil fut chaleureux et bienveillant, et après avoir brisé le carcan de la méfiance, nous nous plongeâmes dans ce monde des Bibelforscher. Certes, avec passion, étonnement, surprise, déception mais en voulant garder farouchement un œil critique, voire un regard des plus objectifs, à la limite annihilant toute émotion… les faits, toujours les faits. Comme nous n’étions ni de près ni de loin, comme nous ne sommes toujours pas aujourd’hui concernés par cette secte, ou plutôt groupe religieux, les faits n’avaient qu’à bien se tenir, seule l’Histoire devint notre guide [10]. »

Parmi les rares comptes-rendus parus sur ce thème inhabituel, Le Déporté a rendu hommage à ce travail remarquable : « Ce livre est d’une lecture passionnante, d’autant qu’il rappelle à tant d’autres déportés l’attitude exemplaire, voire charitable, de “témoins” qui ont appliqué au plus haut point l’“Amour” au sens le plus chrétien du mot [11]. » Saluant le courage nécessaire pour refuser de transiger avec le commandement de Dieu (« Tu ne tueras point ») sous le régime d’Hitler, la revue des associations d’anciens déportés et internés reconnaît qu’il serait difficile de « ne pas être admiratif devant ces “triangles violets” » après la lecture de ces témoignages d’autres déportés. La Revue de l’Histoire des Religions a souligné pareillement la qualité des recherches effectuées : « Les auteurs ont recouru aux méthodes les plus éprouvées de l’histoire orale. Les nombreux témoignages recueillis permettent de suivre l’ampleur et la progression de la persécution de ces pacifistes qui préférèrent subir, souffrir et même mourir plutôt que de se tourner vers une résistance armée. Ils furent certes admirés, mais pas imités [12]. » Et de conclure sur l’intérêt de l’ouvrage : « Il fallait révéler ce pan ignoré de l’histoire de la deuxième guerre mondiale, où la persécution n’est pas justifiée par des considérations pseudo-raciales. »

La parution de ce livre aux Éditions Tirésias était signalée dès janvier 1991 dans Le Monde par un article sur la Shoah et sur la nécessité de transmettre le souvenir du génocide nazi [13]. La sortie de sa sixième édition en 1999 figurait quant à elle dans la rubrique « Histoire » de son confrère Libération [14] . Un premier échelon a ainsi été posé et a contribué à réveiller ce devoir de mémoire collective.

Mémoire de Témoins

Inauguré en 1993 à Washington, le Musée de l’Holocauste a pour mission de « dire l’entière, l’horrible vérité » en relatant simplement les faits, pour ce jour qu’avait pressenti Dwight Eisenhower dès la libération des camps, où d’aucuns prétendraient « que toutes ces “allégations” [sur les camps de concentration] étaient de la propagande ». Parmi l’ensemble des victimes, ce musée a mis en avant le sort subi par les témoins de Jéhovah sous le régime National-Socialiste dans une exposition permanente de divers documents d’archives, d’objets authentiques et de témoignages vidéo de survivants [15]. Un fascicule d’information leur a été dédié en anglais pour servir de support éducatif aux professeurs [16] . Dans l’Encyclopédie Multimédia de la Shoah, deux articles traduits en français sont également consultables en ligne [17].

Le 29 septembre 1994, un colloque s’est tenu au Musée de l’Holocauste pour traiter de l’histoire des témoins de Jéhovah déportés et internés dans les camps de concentration [18]. C’est probablement le déclic qui a encouragé ces victimes à témoigner de leur vécu dans les camps de la mort, ce qu’ils n’avaient pas jugé utile jusque-là. Le 50e anniversaire de la libération des camps de concentration s’est avéré l’occasion concluante pour partager ce patrimoine historique de leur communauté : deux grandes manifestations, organisées les 28 et 30 mars 1995 respectivement à Strasbourg et à Paris, ont donc donné la parole à plusieurs survivants regroupés au sein du Cercle Européen des Témoins de Jéhovah Anciens Déportés et Internés (CETJAD).

Tandis qu’il venait d’éditer un opuscule intitulé Mémoire de Témoins 1933-1945 [19], le CETJAD a organisé une série d’expositions éponymes dans une quarantaine de villes françaises de mai 1995 à mai 1996. La presse régionale a bien rendu compte des informations apportées par les panneaux présentés et des témoignages provenant d’anciens déportés (témoins de Jéhovah ou non) présents à l’inauguration ou durant les heures d’ouverture au public. En revanche, les médias nationaux ont observé un silence total sur ces actions de sensibilisation au martyre subi par les Bibelforscher.

Lors de l’exposition dans l’arrondissement de Toulouse, La Dépêche du Midi a transmis une partie du récit de Louis Piechota, qui a expliqué comment les 230 témoins de Jéhovah ont tous survécu à la « marche de la mort » de 250 kilomètres à la libération des camps [20]. Au Palais des Congrès de Nancy, le président de la Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) a témoigné en faveur de ces victimes dont il ne partage pas la foi : « Je n’ai pas connu de catégories de déportés, à l’exception des Juifs, qui aient été aussi ignominieusement traités : battus, humiliés, injuriés, chargés des tâches les plus viles. Sans leur foi, ils n’auraient pu tenir. Je garde pour eux un immense respect, et de l’admiration [21]. »

Pour le passage à Saint-Étienne au cours d’une semaine en octobre 1995, le journal local La Tribune Le Progrès a publié un dossier complet sur cette page d’histoire exposée au Palais des Congrès [22]. En introduction, une citation d’Albert Camus a rappelé toute l’importance de ces récits d’hommes et de femmes relatant la barbarie nazie : « qui répondra en ce monde à la terrible obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage ». À cette exposition itinérante, sont affichés « des témoignages toujours très émouvants », des documents ou des lettres à l’appui, des extraits d’ouvrages ou des articles de presse d’époque. En présence d’un adjoint au maire, un ancien déporté de Buchenwald a exprimé quelques souvenirs sur des triangles violets qu’il a personnellement connus. Au Centre des Congrès de Caen, plus de deux mille visiteurs ont pu apprécier les explications d’une enfant déportée, Ruth Danner, qui a été arrêtée avec sa famille à l’âge de 10 ans. Ayant survécu à cette tentative d’extermination de son Église par Hitler, elle souligne aujourd’hui que « ce n’est pas de ma religion dont j’ai été victime, mais du système nazi [23] ».

La semaine suivante, c’était à la ville de Nantes d’accueillir l’exposition dans les Salons du Ranzay [24]. Les paroles d’ouverture ont été préparées par Patrick Cariou, commissaire de l’exposition : « Nous voulons apporter un témoignage supplémentaire pour aider nos contemporains et les jeunes générations à ne pas oublier. Cette exposition ne fait que combler une lacune et réparer les trous de mémoire de l’histoire [25]. » Étaient présents pour témoigner deux anciens déportés. Louis Piechota, encore mineur au début de la guerre, refusait de travailler pour l’armée allemande. Il a donc été interné, puis déporté au camps de Sachsenhausen. Il se souvient particulièrement d’une terrible épreuve surmontée aux côtés d’autres coreligionnaires : « Là, les nazis cherchaient par tous les moyens à briser la résistance des “Bibelforscher”. Seule ma foi a permis de supporter cette épreuve, tout comme les 229 compagnons de mon groupe qui ont survécu à la marche de la mort en 1945 quand les Allemands, projetant d’embarquer les prisonniers sur des bateaux à Lübeck pour les couler au large, forcèrent 26 000 déportés à une marche infernale de deux semaines où, sur 250 km, 10 700 hommes perdront la vie. » Eugène Jung n’avait que dix ans lorsqu’il a été arrêté avec sa famille pour refus d’accomplir le salut hitlérien et d’accrocher la croix gammée à leur fenêtre. Il sera envoyé dans sept camps de Haute-Sibérie. Sa conviction est demeurée ferme et s’est même renforcée : « J’ai été marqué par l’idéal de mon père qui me paraissait juste. J’ai toujours milité pour la neutralité, refusant quelques années plus tard le service militaire, malgré les épreuves endurées. »

Au même moment, d’autres témoignages vivants ont suscité de l’intérêt à Micropolis de Besançon [26]. Dans une interview publiée par le journal régional L’Est Républicain, Simone Arnold (Liebster) a relaté la déportation de ses parents et a décrit toute la pression exercée sur cette jeune fille alsacienne : « J’ai été renvoyée de l’école en 1941 parce que j’avais refusé de faire le salut hitlérien. J’ai été expulsée dans une énorme mise en scène, avec la présence du recteur qui m’a invitée à monter sur l’estrade, soit pour saluer Hitler, soit pour prendre mon acte d’expulsion. À 13 ans, je suis passée au tribunal. On m’a menacée du camp de Ravensbrück et j’ai été mise en placement pénitentiaire à Constance. J’étais passée onze fois devant les autorités qui me demandaient de céder [27]. » Elle s’est retrouvée dans un établissement pénitentiaire avec une quarantaine d’enfants de 6 à 14 ans, vivant en autarcie et sous interdiction de parler, jusqu’à sa libération en avril 1945.

À Valence, plusieurs personnalités extérieures ont répondu favorablement à l’invitation d’inauguration de l’exposition [28]. Si la directrice du musée mémorial des enfants d’Izieu a été retenue par des soucis de santé, le député-maire de Valence a assisté en partie à la soirée. Le président régional de la FNDIRP et un universitaire sont intervenus pour rappeler l’importance de se souvenir de ces événements douloureux. Le commissaire de l’exposition a souligné que l’opposition religieuse a certes existé de manière minoritaire dans les Églises catholiques et protestantes, mais « la résistance des Témoins de Jéhovah de l’époque fut celle d’un groupe tout autant que celle des individus ». Suite à l’exposition d’Annecy-Seynod, Le Dauphiné libéré a résumé l’histoire des Bibelforscher exposée à l’aide de nombreux documents et témoignages : « Dès les débuts du nazisme, en Allemagne, ils ont été soumis aux pressions politiques parce qu’ils faisaient valoir leur conscience contre les théories et les actions du IIIe Reich. […] Individuellement ou collectivement, ils refusaient quelques pratiques du régime et la préparation à la guerre. Dès cette période la communauté des témoins, qui était forte de 20000 membres (autant qu’aux États-Unis), a été l’objet de poursuites, d’internements dans les camps et de sévices aux brutalités multiples. […] Le nombre total des déportés marqués de ce triangle violet dépassa 10000 personnes — hommes, femmes et enfants — 5000 d’entre eux périrent dans ces camps. Jusqu’au bout, ils ont refusé d’abjurer leur foi religieuse [29] ! » Parmi les survivants disposés à partager leur expérience, Max Liebster a expliqué qu’il a d’abord été déporté et interné en tant que Juif dans le camp de Sachsenhausen. Là, il s’est converti à la foi des témoins de Jéhovah. Il a plus tard été transféré à Auschwitz puis à Buchenwald.

Le Palais de la musique et des congrès à Strasbourg a reçu la même manifestation culturelle, où se sont exprimés des rescapés de la terreur nazie originaires d’Alsace-Moselle : Simone Arnold et Joseph Hisiger [30]. Comme l’a évoqué le journal régional Les Dernières Nouvelles d’Alsace, une plaquette rappelle l’exécution du mulhousien Marcel Sutter, pour avoir refusé de participer à la guerre par objection de conscience. Le président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) a souligné lors de l’inauguration « l’abominable persécution des Témoins de Jéhovah avant et pendant la guerre, le courage tranquille avec lequel ils ont accepté l’épreuve ». Quant à l’ancien président de l’Université des sciences humaines de Strasbourg, il a ajouté avec sentiments : « Cela nous concerne et nous émeut ». En décembre 1995, l’exposition a été inaugurée au Palais des expositions de Limoges puis s’est installée pendant cinq jours au musée Michelet à Brive [31]. L’article de La Montagne a cité en conclusion les paroles du psychanalyste Bruno Bettelheim : « Non seulement, ils faisaient preuve d’une dignité et d’un comportement moral exceptionnel, mais ils semblaient protégés contre l’influence du milieu concentrationnaire qui détruisait des personnes que mes amis psychanalystes et moi-même disaient bien intégrées ».

La tournée s’est poursuivie en début d’année 1996 à Angers, à Tours [32], ainsi qu’à Poitiers [33]. Le commissaire de l’exposition a rappelé au Parc des expositions de Rochepinard les différentes raisons déclenchant ces vagues de persécutions : « Les nazis ont envoyé leurs victimes dans les camps de concentration pour ce qu’elles étaient (les Juifs, les Tsiganes…), pour ce qu’elles faisaient (les résistants, les homosexuels…) ou pour ce qu’elles refusaient de faire. Cela a été le cas des Témoins de Jéhovah. » Le journaliste de La Nouvelle République a constaté en particulier que « les témoignages incitent au respect ». Pour son passage dans les Salons de Blossac à Poitiers, le quotidien Centre Presse met en valeur « cette exposition richement documentée » qui aborde la résistance morale et religieuse des Bibelforscher : « En raison de leur idéal religieux et de leur fidélité à Dieu, 10 000 d’entre eux ont été dans les camps de concentration où plus de la moitié ont perdu la vie [34]. » Et d’expliquer comment ils se sont opposés au régime nazi dès 1933 : refus du salut hitlérien et de la participation à l’effort de guerre, poursuite en clandestinité d’activités interdites, telles que les réunions chrétiennes et la diffusion du message évangélique. L’article a salué le courage de ce « petit peuple » : « Des convictions courageuses qui ont conduit les Témoins de Jéhovah à être, avec les Communistes, les premiers “pensionnaires” des camps de la mort. » Sous le titre « La Bible derrière les barbelés », La Nouvelle République a également relevé que de « nombreux témoignages de Témoins de Jéhovah déportés – certains qui en ont miraculeusement réchappé étaient présents hier – enrichissent l’exposition [35] ».

Au Parc de expositions de Troyes, plusieurs personnalités de la ville ont assisté à l’inauguration et des représentants d’associations d’anciens déportés ont apporté leur témoignage [36]. L’un d’entre eux a connu au camp de Buchenwald ces triangles violets, qui « se distinguaient par un comportement exemplaire de partage et de refus d’une responsabilité quelconque dans ce milieu concentrationnaire ». Remerciant le millier de visiteurs, un communiqué mettait en valeur le besoin de se souvenir : « Cette résistance spirituelle et morale au totalitarisme méritait d’être remarquée : elle apporte un éclairage de plus à ce fragment singulier de l’Histoire et avertit, en particulier les jeunes générations, des écueils de l’intolérance et du mépris, évités si souvent trop tard [37]. »

Enfin, l’une des dernières présentations de l’exposition « Mémoire de Témoins », qui a été visitée par 150 000 personnes dans une cinquantaine de villes en France et en Belgique, a été inaugurée à Lorient, en présence de personnalités locales dont l’adjoint à la culture. Selon Le Télégramme, la résistance fut autant collective qu’individuelle : « La résistance du groupe se manifesta par l’envoi de télégrammes de protestation à Hitler (20.000 en octobre 1939), l’adoption et la distribution des résolutions (300.000 exemplaires distribués en décembre 1936), et la distribution d’une lettre ouverte en 1937, mettant en cause Hitler, Hess et Himmler. Quant à la résistance des individus, elle est illustrée de façon émouvante par les courtes biographies qui accompagnent les dizaines de portraits illustrés [38]. » Ruth Danner, déportée à l’âge de 10 ans, et Louis Piéchota, arrêté à 25 ans en raison de son refus de servir l’armée allemande, ont partagé leur douloureux vécu avec les nombreux visiteurs venus les écouter.

Projection nationale d’un film-documentaire

Le 16 octobre 1997, un film consacré à la persécution des témoins de Jéhovah par le régime nazi a été projeté au Palais de l’Europe à Strasbourg [39]. Dans ce documentaire dévoilé en avant-première au camp de concentration de Ravensbrück à la fin de l’année 1996, plus de vingt survivants apportent leur témoignage poignant et une dizaine d’historiens, allemands et français, commentent cette histoire peu connue. Le représentant de la Direction des Droits de l’Homme a déclaré en cette occasion : « À côté d’autres, du peuple juif, des tziganes, des communistes et encore de beaucoup d’autres, les Témoins de Jéhovah ont aussi payé le prix de la haine de la différence. C’est à leurs souffrances et à leur résistance passées que vous allez rendre hommage ce soir, et nous nous associons à cet hommage [40]. »

Sous le thème « La conscience peut-elle résister à la force ? Des chrétiens face au nazisme : l’histoire d’une résistance oubliée », une projection gratuite de cette vidéo intitulée La fermeté des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie a été organisée dans 120 villes de France. L’Est-Éclair a annoncé cette réunion en indiquant qu’elle répondrait aux questions suivantes : Comment des chrétiens ont-ils trouvé la force de ne pas céder à l’antisémitisme ? Comment ont-ils pu refuser le culte du Führer et la guerre ? Comment ont-ils pu endurer l’enfer des camps nazis sans renier la foi chrétienne [41] ? Le Télégramme de Brest a signalé que plus de 2 000 témoins de Jéhovah sont morts en déportation et qu’ils furent les premiers à être internés à Dachau dès 1935 [42].

Selon La Une de Troyes, la motivation du Cercle européen des Témoins de Jéhovah anciens déportés et internés était de montrer comment s’est manifestée « une résistance absolue, non violente, qui a aidé beaucoup d’autres prisonniers : refuser de faire le salut nazi, refuser d’acheter sa liberté dans les camps en signant une lettre de renoncement à sa foi [43] ». Libération Champagne a mis en perspective ce débat avec l’actualité du moment, notamment le procès médiatisé d’un haut fonctionnaire français à Bordeaux pour complicité de crime contre l’humanité : « Sa thématique recoupe des questions qui sont au centre de l’actualité : la conscience peut-elle résister à la force ? En Allemagne, comme à Bordeaux, pouvait-on refuser d’obéir ? L’humain peut-il résister à l’inhumain [44] ? »

Pourquoi la date du 28 février 1998 a-t-elle été spécialement choisie ? Le discours d’ouverture a d’emblée expliqué aux convives que 65 ans plus tôt, c’est-à-dire le 28 février 1933, Hitler faisait promulguer par le président Hindenburg un texte d’exception. Ce « décret pour la protection du peuple et de l’État » allait permettre de limiter des libertés fondamentales pourtant garanties par la Constitution allemande : « Les restrictions à la liberté personnelle, au droit de la libre expression des opinions, y compris la liberté de la presse ; les restrictions sur les droits d’assemblées et d’associations sont autorisées au-delà des limites légales autrement prévues. »

En conclusion, il était rappelé l’importance de tirer leçon de ces erreurs du passé, pour éviter qu’elles ne se reproduisent. Ces réflexions s’avèrent de plus en plus appropriées aux difficultés de notre époque : « L’Allemagne des années 30 avait besoin d’ordre et de sécurité. Il y avait près de 6 millions de chômeurs à ce moment-là. La violence gagnait le pays. L’instabilité politique faisait craindre une révolution générale. C’est dans ce contexte de désarroi qu’Hitler obtint tous les pouvoirs. À partir d’un décret d’exception, les choses se sont enclenchées de façon irréversibles, conduisant à la Seconde Guerre mondiale. Le système hitlérien porta l’intolérance et la persécution à leur paroxysme. Des millions perdirent la vie dans les camps de concentration et d’extermination. Le passé est mort. Mais il y a eu d’autres totalitarismes et d’autres génocides. La mise en garde demeure utile car l’avenir n’est pas exempt de menaces. Le Cercle européen des Témoins de Jéhovah anciens déportés et internés souhaite que leurs contemporains et les jeunes générations en particulier méditent sur son message qui se résume en trois mots : conscience, résistance et foi. »

L’auteur d’un article paru dans Le Déporté, publié conjointement par l’UNADIF et la FNDIR, a assisté à la séance organisée à Avignon, où étaient présentes plus de 600 personnes. Il a souligné l’utilité de ce documentaire vidéo : « un très bon montage de documents de l’époque, de témoignages de rescapés, du récit que fait Geneviève de Gaulle de ses rencontres avec “ces femmes exceptionnelles” ». D’où son assurance à destination de « ceux d’entre nous à la recherche de la réalité nazie, comme s’il en était encore besoin, que ce film est l’un des mieux fait et des plus vrais [45] ».

« Un martyrologe méconnu »

Au même moment le grand éditeur Albin Michel publiait un livre sous le titre Les témoins de Jéhovah face à Hitler. À la différence du précédent ouvrage des Éditions Tirésias, qui s’est efforcé de recueillir quantités de témoignages auprès des victimes elles-mêmes ou de ceux qui les ont côtoyées dans les camps, Guy Canonici a compilé et analysé de nombreux documents, y compris des archives fédérales allemandes, associés aux témoignages de survivants et aux travaux de spécialistes en Allemagne et ailleurs. L’historien François Bédarida, spécialisé dans l’histoire contemporaine de la Seconde guerre mondiale et notamment sur le nazisme, a souligné tout l’intérêt de ce livre dans la préface qu’il a accordée à l’auteur : « Voici un livre bienvenu. Non seulement parce qu’il comble une lacune, mais parce qu’il arrive à son heure. En effet, tandis que les études et les publications se sont multipliées au cours des années récentes sur les diverses catégories de victimes du nazisme — Juifs, Tziganes, Slaves, déportes politiques, malades mentaux, homosexuels —, qui, à part les spécialistes, connaît le destin des témoins de Jéhovah sous le IIIe Reich ? Pourtant, tout au long des douze années du régime, la persécution s’est abattue sur eux avec un acharnement constant et avec une violence implacable. Eux aussi ont connu l’horreur de l’univers concentrationnaire. Eux aussi ont payé un lourd tribut à la fidélité à leurs convictions. Pourquoi ces chrétiens sont-ils les oubliés de l’histoire [46] ? »

La presse, autant nationale [47] que locale [48], a offert une plus large publicité à cette nouvelle parution. En particulier, le journal La Croix a publié dans sa section culturelle un article élogieux sur cette révélation du sort subi par les Bibelforscher sous le régime nazi. Jacques Nobécourt expliquait qu’ils furent « les seuls à être emprisonnés dans les camps nazis pour appartenance religieuse [49] ». Il regrettait surtout l’attitude des responsables des églises catholiques et protestantes, qui encourageaient souvent la persécution, bien que des pasteurs et prêtres aient exceptionnellement protesté. Une conclusion encourageante est offerte aux lecteurs : « Sur leur histoire méconnue, Guy Canonici a rassemblé une masse de témoignages qui laissent sans voix devant la force de caractère qu’inspirait une foi traduite dans les mots les plus simples et, jusqu’à la fin, inébranlable, même chez les enfants. Cette commémoration doit venir en toile de fond des actuelles polémiques sur l’appartenance chrétienne des Témoins de Jéhovah. »

Dans Le Monde diplomatique, Yohann Abiven a noté dans un commentaire bibliographique : « La résistance spirituelle que ces quelque 20 000 adeptes opposèrent en Allemagne aux logiques totalitaires fut finalement payée au prix fort, laissant à penser que “8 000 à 10 000 d’entre eux ont disparu d’une manière ou d’une autre”. […] En un mot, l’obstination pacifique des fidèles de Jéhovah mettait en échec le phénomène totalitaire [50]. » D’où la suggestion adressée aux historiens d’approfondir le sujet : « Sans doute le temps est-il venu pour les spécialistes de la répression concentrationnaire de se mettre en éveil, afin d’orienter leurs recherches sur le sacrifice d’une population mal connue, celle des témoins de Jéhovah. » Pour ce qui est du magazine Notre Histoire, il rassure sur les visées de cette démarche d’information : « Ce livre, rigoureux et bien écrit, avec de nombreuses notations sur la structure des organisations nazies, ne saurait figurer ici une propagande en faveur des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui. Ce livre d’histoire est, avant tout, un martyrologe [51]. »

En amont, les revues spécialisées avaient déjà attiré l’attention sur ces travaux inédits en français, qui dévoilent une histoire qui mérite d’être connue. Le bulletin trimestriel de l’Amicale des déportés et familles de Mauthausen a relevé dans ce livre « bien documenté » les raisons de l’inévitable opposition entre les témoins de Jéhovah et le nazisme : Hitler tentait d’imposer une nouvelle religion, dont il se proclamait le messie, avec la promesse d’un « Reich » de mille ans de paix (le millénium), un culte idolâtrique voué au « führer » (ou « guide ») auto-proclamé et Mein Kampf pour livre de référence. L’auteur a exprimé en toute franchise son appréciation de l’attitude de cette minorité chrétienne : « On peut penser ce qu’on veut de ce groupe religieux mais nous avons là un bel exemple de courage [52]. » À destination des bibliothèques, les Notes bibliographiques ont signalé cette parution d’un grand intérêt : « Le livre de Guy Canonici rassemble de nombreux témoignages montrant le courage et la dignité de ces hommes et de ces femmes qui n’ont jamais accepté de compromis. Il leur rend justice et comble une lacune dans l’histoire de la déportation [53]. » Dans la revue Actualité Juive, il était souligné que la préface de François Bédarida a estimé « à juste titre que le destin tourmenté des Témoins de Jéhovah demeure quasiment ignoré » et que l’auteur « restitue leur passé et montre que ces chrétiens furent pourchassés et payèrent leur tribut dans les camps nazis [54] ». Aussi la note emploie-t-elle l’expression de « martyrologe méconnu ».

Le Journal des Combattants a consacré un article complet au travail de Guy Canonici, qui « retrace avec minutie la chronologie et surtout le cheminement de pensées qui ont mené à la persécution des Témoins de Jéhovah emportés dans un tourbillon de folie meurtrière entre “la haine des Juifs et la peur des communistes” [55] ». Il a cité spécialement le témoignage de Paul Tillard au sujet des triangles violets dans un opuscule consacré à Mauthausen : « Je pense qu’aucun déporté ne pourra me contredire si j’affirme qu’ils étaient admirables. Je connus très bien l’un d’eux, du nom de Fistera. Il avait subi les pires outrages. Pendant plusieurs mois, au début de son incarcération qui remontait à 1937, il était obligé de se tenir au garde-à-vous des heures entières chaque jour, tandis que les SS le giflaient en se relayant. L’intention des autorités allemandes était de l’amener à signer un engagement dans l’armée. Il refusa toujours. Pour résister si longtemps, il fallait une solide force, tant physique que morale. C’était en effet un superbe athlète et sa présence dans un groupe de détenus était toujours une protection. Il était craint, par sa vigueur, de nos persécuteurs et sa valeur morale n’était pas sans les intimider. » Pour sa part, Le Patriote résistant l’a présenté comme « un ouvrage de référence sur une catégorie de victimes du système concentrationnaire dont il est peu parlé [56] », à propos desquels Hitler avait affirmé avec fureur : « Cette engeance sera exterminée en Allemagne ». Quant à la revue Le Déporté, elle a confirmé également la nécessité de la publication de telles recherches historiques : « il est temps qu’après les multiples études sur toutes les formes de déportation soit enfin étudié, en France notamment, le destin des Témoins de Jéhovah sous le IIIe Reich », car « peu de gens savent qu’ils furent les premiers persécutés pour leur foi par Hitler [57] ».

Évidemment, ceux qui ont étudié en profondeur l’histoire des témoins de Jéhovah ont eux aussi commenté cet ouvrage. Outre qu’il a expliqué fort à propos que les « longues pages […] consacrées aux martyrs dans les camps de concentration » ne se résument pas mais qu’« il faut les lire », l’historien Bernard Blandre évoque dans l’hebdomadaire protestant Le Christianisme une autre raison de s’y intéresser : « Pour ceux qui savent ce qu’ont enduré les juifs, les gitans ou les résistants, ces textes peuvent ne paraître que comme des détails supplémentaires de ce que l’on sait déjà. Peut-être pas : les informations publiées dans “L’Âge d’or” et “Consolation” prouvent que dès avant la guerre, des renseignements sur les camps avaient déjà franchi l’Atlantique. Personne ne pourra plus dire qu’on ne pouvait pas savoir [58]. » Auteur d’une thèse sur les témoins de Jéhovah soutenue en 1979 et maître de conférence des universités, Régis Dericquebourg a rapproché du contexte actuel l’accusation à l’époque d’être « une secte dangereuse » dans les Archives de sciences sociales des religions [59]. On y apprend entre autres l’existence de « directives pour l’étude des sectes » émises le 18 juin 1937 par l’organe central de la S. S., qui donnait les caractéristiques établissant leur hostilité à l’État et permettant d’y inclure les Bibelforscher.

Enfin, la revue protestante Réforme a trouvé que le principal intérêt de cette « étude exhaustive » réside dans « une analyse approfondie et originale de la manière dont le nazisme s’est progressivement institué comme une nouvelle religion prétendant se substituer à terme à toutes les autres ». En conclusion, il est reconnu qu’« il était juste de rappeler qu’à côté des juifs, des Tsiganes et des Églises confessantes (et avant elles) les “Étudiants de la Bible” avaient été eux aussi persécutés par les nazis pour la seule raison qu’ils entendaient rester eux-mêmes et fidèles à leur foi [60] ».

Un souvenir restitué

Progressivement, la presse nationale a commencé à parler plus amplement de l’histoire des témoins de Jéhovah sous le régime national-socialiste, alors que jusque-là les journalistes se contentaient au mieux de les évoquer brièvement dans une liste de victimes. C’est ainsi qu’un article complet est paru dans le supplément littéraire Le Monde des Livres à l’occasion de la publication remarquée d’une traduction anglaise du livre Les Bibelforscher et le nazisme. Ce qui amène le journal à poser la question : « Quelle place faire à une persécution oubliée, celle des Témoins de Jéhovah par les nazis [61] ? » L’auteur y explique que ces « triangles mauves », dont Hitler avait violemment réclamé leur « extermination », s’apparentaient en quelque sorte à des « prisonniers volontaires » dans la mesure où il leur suffisait de se soumettre aux usages nazis et d’abjurer leur foi pour échapper aux camps de concentration. Principal point qui ressort de ces recherches désormais disponibles aux États-Unis : « Allant à la mort en chantant des cantiques, les Bibleforscher sont donc des martyrs plutôt que des victimes et c’est ce que souligne la presse américaine, soucieuse de discriminer ceux qui eurent le choix de ceux qui ne l’eurent pas. Mais, dans l’optique du croyant, l’alternative a-t-elle un sens ? »

Plus tard, un professeur a traité la résistance spirituelle de ces chrétiennes parmi d’autres femmes dans la revue spécialisée Historia : « Dans la communauté singulièrement persécutée des témoins de Jéhovah, qui refusent de se plier pour des raisons religieuses aux injonctions du régime (pas de salut hitlérien, pas de participation aux organisations et aux services obligatoires, refus de porter les armes et de travailler pour la guerre), le rôle des femmes dans la résistance au nazisme est particulièrement important. […] Les femmes prennent une part très active dans la fabrication et la diffusion du bulletin “Réveillez-vous” (Der Wachtturm) et des tracts protestant contre le traitement infligé à leurs coreligionnaires. De 1935 à 1945, la proportion des femmes “Témoins” condamnées par le régime ne cesse de grandir pour atteindre les deux tiers. […] Dans les camps, ces femmes se signalent par la fidélité à leur foi, par une dignité, une inflexibilité et une solidarité qui leur attirent l’admiration de leurs codétenues, voire l’estime des SS [62]. »

Les revues d’associations d’anciens déportés ou de résistants ont également consacré des dossiers fournis sur la persécution des témoins de Jéhovah durant la seconde guerre mondiale. Aussi la FNDIRP a-t-elle offert dans son bulletin Le Patriote Résistant une série d’articles examinant différents points de ce thème singulier [63]. De même, dans le numéro d’avril 2008 de Mémoire Vivante, le bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, le sort de minorités persécutées par le régime nazi et en particulier des Bibelforscher a été largement développé à partir d’une solide documentation [64]. Diplômé de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (ÉHÉSS) et attaché de recherche à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme à Paris, Jacky Tronel a rédigé un article dans l’e-magazine Dernière Guerre Mondiale de février 2013 [65]. Sous le titre « Ils refusaient de saluer “Heil Hitler” », il a rapporté l’histoire de trois réfractaires au salut hitlérien : August Landmesser, un « triangle violet » anonyme et August Dickmann. Parlant d’une forme de résistance méconnue, l’auteur a conclu que de telles personnes méritent le respect après avoir repris les propos de l’historienne Annette Viewiorka : « Quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur les Témoins de Jéhovah (secte ? Église ? fanatiques ?), quel que soit encore l’agacement que nous éprouvons quand elles et ils frappent à notre porte pour tenter avec insistance de nous convertir, il faut bien admettre qu’ils se comportèrent dans les camps nazis comme les martyrs du début du christianisme. »

Aujourd’hui, des hommages sont même rendus par la presse française à ces figures d’intégrité morale et de foi chrétienne. Ainsi La Dépêche à Louviers a-t-elle consacré un article biographique à Ruth Danner, une « résistante déportée » décédée en mars 2012 : « Le souvenir de Ruth Danner reste vif chez ceux qui l’ont connue et qui ont suivi le parcours atypique de cette femme à la fois discrète et résolue [66]. » Dans la même période, L’Observateur du Douaisis a transmis le « témoignage poignant » de Louis Piechota, en soulignant la nécessité du devoir de mémoire [67]. Annonçant son décès en janvier 2014 à l’âge de 96 ans, La Dépêche du Midi s’est souvenu de « Louis Piechota, résistant déporté, membre fondateur et secrétaire du Cercle européen des Témoins de Jéhovah anciens déportés (CETJAD) » et de son parcours éprouvant à travers plusieurs prisons françaises et belges, ainsi que différents camps de concentration [68].

Les agences de presse AFP et Reuters ont également publié des dépêches à la suite du décès à l’âge de 107 ans de l’autrichien Leopold Engleitner, qui représentait l’un des plus vieux survivants des camps [69]. En tant que témoin de Jéhovah, il avait refusé de servir dans la Wehrmacht et s’est ainsi retrouvé pendant quatre ans dans les camps de Buchenwald, Niederhagen et Ravensbrück. Il ne pesait plus que 28 kilogrammes lorsqu’il a été libéré de ces camps de concentration en 1943, en échange de travaux forcés à vie dans une ferme. La radio RFI a aussi proposé un court portrait à cet objecteur de conscience, persécuté en raison de sa religion en Autriche et emprisonné pour son refus du service militaire dès les années 1930 [70].

Plusieurs personnalités autrichiennes avaient déjà rendu hommage à son courage face au national-socialisme, en particulier les deux présidents successifs de la République fédérale d’Autriche (respectivement en 2003 et en 2004) : Dr Thomas Klestil et Dr Heinz Fischer. Le second a volontiers exprimé l’intérêt de la biographie de Leopold Engleitner dans l’avant-propos du livre Une Volonté de fer : « Cet objecteur de conscience, né à Salzbourg, n’a renoncé, ni à ses convictions religieuses, ni à ses principes, malgré les traitements cruels et indignes qui lui ont été infligés dans les prisons et les camps de concentration. […] C’est un ouvrage marquant sur les horreurs du national-socialisme, vécues et relatées par un homme d’exception. […] Ce livre nous révèle non seulement les horreurs dont les hommes sont capables envers leur prochain, mais aussi qu’il est possible de refuser de se soumettre à un régime injuste, grâce à une âme bien trempée [71]. »

Professeur à l’université de Vienne, le politologue Dr Manoschek a souligné le rôle que le travail de l’auteur Bernhard Rammerstorfer a joué dans la réhabilitation de Leopold Engleitner : « Grâce à cet ouvrage, nous avons un récit détaillé de la vie et du destin d’un Témoin de Jéhovah en Autriche. Au cours des recherches sur le national-socialisme, ce groupe religieux a été largement ignoré. Dès le départ, Rammerstorfer se heurte à des préventions : aucune maison d’édition ne s’intéresse à son manuscrit. Il décide de le publier à ses propres frais. […] Il considère comme son devoir de faire connaître à autant de personnes que possible la vie exceptionnelle de cet homme courageux et fidèle à ses convictions. Comme il l’exprime, il veut ainsi “contribuer à la réhabilitation personnelle et sociale d’Engleitner, et permettre à la société de tirer leçon de la volonté de fer d’un homme ordinaire.” […] Parallèlement à ce livre, Rammerstorfer a produit un film documentaire primé à plusieurs reprises et sorti également en anglais et en italien [72]. »

Aussi a-t-il été décoré en 2007 de la Médaille d’or de l’Ordre du Mérite autrichien et de la Croix de chevalier de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne.

Hélas, peu sensibles à la souffrance déjà subie par ces témoins de Jéhovah fidèles à leurs convictions religieuses jusqu’au martyre, certains de leurs détracteurs les plus virulents tentent de salir à nouveau leur honorabilité. Ils utilisent sans aucun scrupule des sources douteuses pour prétendre que ces Bibelforscher auraient cherché à pactiser avec Hitler, alors que l’histoire a démontré que c’est justement leur insoumission au nazisme qui a provoqué leur persécution et qu’il leur aurait suffi de signer un document de renonciation de leur foi pour être libérés des camps de concentration.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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