En parcourant le livre les deux Babylones écrit par Alexandre Hislop je suis tombé sur ce passage, j'aimerai beaucoup savoir ce qu'en pense les musulmans. (téléchargement à :
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J'ai dit que le pape devint le représentant de Janus qui, nous le savons, n'était autre que le messie Babylonien. Si le lecteur considère seulement les prétentions orgueilleuses de la papauté, il verra combien elle a emprunté à l'original. Dans les contrées où le système Babylonien s'est développé le plus complètement, nous trouvons le souverain pontife du dieu Babylonien investi des mêmes attributs que le pape. Appelle-t-on le pape "dieu de la terre, vice-dieu, vicaire de Jésus-Christ" ? Le roi d'Egypte qui était souverain pontife 1, nous dit Wilkinson, était regardé avec le plus grand respect comme le représen¬tant de la divinité sur la terre. Le pape est-il infaillible, et l'Église de Rome, en conséquence, se vante-t-elle de n'avoir jamais changé et d'être incapable de changer ! Il en était de même pour le pontife chaldéen et le système qu'il patronnait. Le souverain pontife, dit l'écrivain que nous venons de citer, était réputé incapable d'erreur 2 ; aussi avait-on le plus grand respect pour la sainteté des anciens édits; c'est là sans doute l'origine de cette cou¬tume "qui ne permettait pas de changer les lois des Mèdes et des Perses". Le pape reçoit-il l'adoration des cardinaux ? Le roi de Babylone comme souverain ponti¬fe était adoré de la même manière 3. Les rois et les
1. Selon Wilkinson (vol. II, p. 22), le roi décrétait les lois et dirigeait toutes les affaires de la religion et de l'état: ce qui prouve qu'il était le souverain pontife.
2. WILKINSON, Les Égyptiens. L'infaillibilité était une conséquence naturelle de la croyance populaire relativement aux rapports entre le souverain et les dieux. Car, le roi, croyait-on, participait à la nature divine (DIODORE, liv. I, ch. 7, p. 57).
3. LAYARD, Ninive et ses ruines, vol. II, p. 472-474 et Ninive et Babylone, p. 361. Les rois d'Égypte et d'Assyrie qui renfermait Babylone étaient la tête de la religion et de l'état. Les statues sacrées, dit-on, étaient en adoration, comme ses sujets. l'adoration réclamée par Alexandre le Grand imitait directement celle rendue aux rois perses. Quinte-Curce (liv. VIII, ch. 5) dit: "Volebat... itaque more Persarum Macedonas venerabundos ipsum salutare prosternentes humi corpora". Selon Xénophon, cette coutume des Perses venait de Babylone : Cyrus fut adoré pour la première fois en marque de respect lorsqu'il entra dans Babylone (Cyrop, liv. VIII).
ambassadeurs sont-ils tenus de baiser la semelle du pape? Cette coutume aussi est copiée sur le même modèle; car le professeur Gaussen, citant Strabon Hérodote s'exprime ainsi : "Les rois de Chaldée portaient aux pieds des sandales que les rois vaincus avaient l"habittude de baiser 1." Enfin le pape est-il appelé du nom de "sa sainteté"? C'est ainsi qu'on appelait à Rome le pontife païen. Ce titre paraît avoir été commun à tous les pontifes. Symmaque, le dernier représentant païen de l'empereur romain comme souverain pontife, s'adressant à l'un de ses collègues ou pontifes comme lui, à propos d'un grade auquel il allait être promu, lui dit: "J'apprends que votre sainteté (sanctitatem tuam) va être désignée par les saintes lettres 2."
Si nous avons maintenant restitué les clefs de Saint-Pierre à leur légitime possesseur, la chaire de Saint-Pierre doit suivre la même destinée. Cette chaire si renommée vient de la même origine que les clefs en croix. La même raison qui poussa le pape à prendre les clefs chaldéennes le poussa naturellement aussi à prendre possession de la chaire vacante du souverain pontife païen. Comme le pontife, par la vertu de ses fonctions, avait été le Hiérophante ou interprète des mystères, sa chaire avait le même droit à être appelée chaire de Pierre que les clefs païennes à être appelée clef de Pierre. Ce fut préci¬sément ce qui arriva.
Le fait suivant montrera l'origine réelle du fameux siège de Pierre : les Romains, dit Bower, croyaient jusqu'en 1662 avoir la preuve incontestable, non seulement que Pierre avait élevé leur siège, mais encore qu'il s'y était assis ; car jusqu'à cette année-là, le siège même où ils croyaient qu'il s'était assis ou qu'ils voulaient donner comme tel, était montré et proposé à l'adoration publique le 18 janvier, qui était la fête de cette même chaire. Mais pendant qu'on la nettoyait pour la placer ensuite dans un endroit bien en vue du Vatican, les
1. GAUSSEN, Daniel, vol. I, p. 114.
2. SYMMAQUE, Epistolœ, liv. VI, 31, p. 240.
douze travaux d'Hercule y apparurent gravés 1, aussi la laissa-t-on de côté. Les partisans de la papauté ne furent pas peu déconcertés par cette découverte; mais ils tâchèrent d'expliquer la chose du mieux qu'ils le purent. "Notre culte, dit Giacomo Bartolini, dans ses Antiquités sacrées de Rome, racontant les circonstances relatives à cette découverte, notre culte n'était cependant pas déplacé, puisque nous le rendions non au bois, mais au prince des apôtres, Saint-Pierre, qui dit-on, s'y était assis 2." Que le lecteur pense ce qu'il voudra de cette jus-tification d'un pareil culte rendu à une chaire, il remarquera certainement, s'il se rappelle ce que nous avons déjà dit, que la vieille fable du siège de Pierre est bel et bien renversée. Dans les temps modernes, Rome semble avoir joué de malheur avec son siège de Pierre ; car même après qu'on eut condamné et mis de côté celui qui portait les douze travaux d'Hercule, comme s'il n'avait pu résister à la lumière que la Réformation avait jetée sur les ténèbres du Saint-Siège, celui que l'on choisit pour le remplacer fut destiné à révéler avec plus de ridicule les impostures effrontées de la papauté. Le premier siège était emprunté aux païens; le second paraît avoir été volé aux Musulmans; lorsque les soldats français, sous les ordres du général Bonaparte, s'emparèrent de Rome en 1795, ils trouvèrent sur le dos de ce siège, écrite en arabe, cette sentence bien connue du Coran : "la-illah el-allah, Mohamed rasoul allah 3
1. BOWER, Histoire des Papes, vol. I, p. 7.
2. BARTOLINI, Antichita sacre di Roma, p. 33.
3. Dieu seul est Dieu et Mahomet est son prophète (Lady MORGAN, L'Italie, vol. III, p. 51) . Le Dr. Wiseman a cherché à contester cette affirmation, mais le Times fait remarquer avec raison que cette dame avait évidemment pour elle le meilleur argument.