Pauline a écrit :
Si les neurones "existent", oui.
Mais comment savoir que les neurones "existent" puisque tu t'en saisis comme point de départ pour définir ce qui "existe" ?
Parce que Vicomte considère l’existence des neurones comme un « fait empirique vérifiable ». Chacun part du postulat qui l’arrange ; je n’ai pas compris en quoi l’existence des neurones était plus ou moins empirique et vérifiable que l’existence du soleil ou des papillons.
Autrement dit, Vicomte prend comme axiome, comme postulat de base de sa démonstration, l’existence de quelque chose de matériel, pour en conclure l’inexistence épistémologique de « Dieu ». C’est facile, mais je me demande comment Vicomte ferait pour nous démontrer l’existence épistémologique de la matière.
Si je suis la logique de Vicomte, puisque le réel en soi n’est pas connaissable, alors le réel en soi n’existe pas épistémologiquement. Mais comme rien ne pourrait exister si le réel en soi n’existait pas, alors le réel en soi existe.
A la question « Existe-t-il quelque chose que je peux savoir avec une certitude absolue ? » Descartes énonça la réponse suivante : « Je pense donc je suis ». Il réalisa que le fait qu’il était toujours occupé à penser ne pouvait être remis en question et il associa ainsi la pensée à l’Être, c’est-à-dire l’identité à la pensée. Il n’avait pas trouvé la vérité ultime, mais le fondement ultime de l’ego. Mais ça, il ne le savait pas.
Il fallut presque 300 ans avant qu’un autre célèbre philosophe voie quelque chose dans l’énoncé de Descartes que tous les autres avaient manqué. Cet homme s’appelait Jean-Paul Sartre.
En observant intensément l’énoncé de Descartes, « Je pense donc je suis », il réalisa soudainement, ainsi qu’il le dit, que « la conscience qui dit « Je suis » ne peut pas être la conscience qui pense ». Que voulait-il dire par là ?
Quand nous sommes conscient que nous pensons, cette conscience ne fait pas partie de la pensée. Il s’agit d’une conscience appartenant à une autre dimension. Et c’est cette conscience qui dit « Je suis ».
S’il n’y avait que des pensées en nous, nous ne saurions même pas que nous pensons. Nous serions comme le rêveur qui ne sait pas qu’il rêve. Nous serions autant identifiés à chaque pensée que le rêveur l’est à chaque image d’un rêve.
Tout le problème d’une approche épistémologique concernant l’existence de « Dieu » revient à vouloir conceptualiser ce qui est sans forme, donc non-conceptualisable et par conséquent non-connaissable.
Comme je le dit au début, ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas connaître le réel en soi que celui-ci n’existe pas pour autant (parce que sinon rien ne pourrait exister). De même, ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas connaître « Dieu » que celui-ci n’existe pas pour autant.
A la limite, Vicomte admettant l’existence d’une origine de l’univers (que j’appellerai « cause fondamentale ») et l’existence du réel en soi, pourquoi ne pas définir « Dieu » comme la « cause fondamentale » ? Pourquoi ne pas définir plus simplement « Dieu » comme étant le réel en soi et reprendre le débat sur ces bases ?
« Dieu » n’est pas conceptualisable et définissable, mais si je veux en parler épistémologiquement (ce qui demeure une aberration), alors je peux le définir comme ce qui doit nécessairement exister : la cause fondamentale de l’univers, et/ou le « réel en soi ».
Trouvons la cause fondamentale de l’univers, trouvons le réel en soi, et nous pourrons parler de « Dieu ». Il me semble que nous sommes bien au-delà du champ épistémologique.
Vicomte a écrit :
Au contraire : ce sont d'abord des concepts. Il convient ensuite d'examiner s'ils renvoient ou non à une quelconque réalité. En attendant, ce ne sont que des arrangements neuronaux qui ont absolument tous le même statut.
Petite démonstration : Je désigne Twiggy comme le Poussin Cosmique créateur de tout, y compris de tous les dieux (par exemple Allah) et de tous les Univers. Je le conçois comme une Hyper-entité hyper-incrée (ça veut dire que si Allah est bien incréé dans notre cosmos, il est en revanche créé par Twiggy quand même), hyper-infini (je rappelle qu'il existe des infinis compris dans d'autres infinis : seul Twiggy est infiniment infini), hyper-immatériel, et en dehors de tout ce qui peut se concevoir de près ou de loin comme infini.
Tel que je l'ai défini, je te renvoie tes arguments : comment peux-tu comparer ton Allah à mon Twiggy ? Avec tes arguments, tu ne peux pas démontrer l'inexistence de Twiggy.
Définir Twiggy le Poussin comme créateur de « Dieu », c’est-à-dire comme créateur de ce qui ne peut pas avoir été créé (parce que non situé dans le temps) me paraît être une erreur grossière de logique.
Pakete a écrit : Pourquoi vouloir absolument y mettre autre chose qu'une entité surnaturelle ?
Dawkins utilise une analogie (
http://www.linternaute.com/dictionnaire ... /analogie/), tout comme vicomte.
Prenons le coran: Remplaçons arbitrairement allah par la licorne rose et invisible. Que cela change-t-il ? Rien. La Licorne Invisible est tout aussi arbitraire qu'allah.
Nous pourrions remplacer allah par le Monstre du Spaghetti Volant, le Dragon Noir, Le Hobbit Géant, etc... que cela ne changera en rien ce qu'est le coran.
Et je pourrais faire de même en remplaçant Jesus dans la bible par Le Prophète Spaghetti Recouvert De Ketchup-Mayo.
1- Ce qui est surnaturel n’existe pas a priori. Par contre, l’effet EPR aurait paru totalement surnaturel dans les années 1900. Il est pourtant tout à fait naturel et réel. Que peut-on dire au sujet du surnaturel tant que l’on ne connaît pas toutes les lois de la nature ? On ne peut pas dire « surnaturel », on ne peut dire que « inexplicable dans l’état actuel des connaissances ». La nuance est de taille.
2- Le nom que l’on donne à « Dieu » (personnellement je l’appelle l’ « Etre ») n’a aucune importance, pas plus que la représentation mentale que nous nous en faisons. Seule compte l’ineffable réalité que le mot abrite. Que tu l’appelles « Licorne bleue » ou « Spjkarrft » ne change absolument rien au problème : il existe une cause fondamentale à l’univers physique, quelle est-elle ? Le réel en soi existe, quel est-il ?
Bref Pakete, la question est de savoir si la cause fondamentale de tout ce qui existe est quelque chose qui ressemble plutôt à un objet, ou plutôt à un esprit. Cela n’a rien de scandaleux, me semble-t-il, de préférer l’une des deux hypothèses à l’autre.