Chrétiens brûlés vifs : réactions en chaîne au Pakistan
Au lendemain de l'assassinat d'un couple de chrétiens par une foule en colère, les condamnations les plus vives se multiplient. Plusieurs voix dénoncent l'impunité qui encourage les violences.
“Un événement tragique. Attaquer et brûler vifs deux innocents sur la base de simples allégations est une parodie de justice.” Telle est la réaction de l'évêque d'Islamabad/Rawalpindi, Mgr Rufin Anthony, relatée ce mercredi 5 novembre (en anglais) par AsiaNews, après l'assassinat d'un jeune couple chrétien le 4 novembre dans la province du Pendjab.
Et l'évêque de critiquer l'inaction des responsables religieux. “Nous avons été témoins par le passé de foules sous pression et prenant en charge la loi dans leurs propres mains. De tels incidents n'ont alors pas été condamnés par les chefs religieux de cette foule qui a encouragé à prendre la loi entre leurs mains. Si des mesures concrètes avaient été prises dans le passé, ce genre d'incident barbare aurait pu être évité.”
Négligence de la police
L'événement tragique fait pourtant réagir certains d'entre eux. Le conseil des oulémas du Pakistan (PUC) demande ainsi une “enquête impartiale” sur l’incident. C’est ce qu’indique un communiqué des responsables religieux envoyé ce mercredi 5 novembre à l'agence Fides. Mohammed Tahir Ashrafi, président du PUC, condamne la violence et exprime “une profonde douleur pour l’incident”. Selon lui, “celui-ci n’aurait pas eu lieu si la police locale n’avait pas fait preuve de négligence”.
Si le couple était vraiment coupable, interroge le PUC, “pourquoi la police n’a-t-elle pas arrêté les époux après la plainte des résidents locaux ? Et s’ils n’étaient pas coupables, pourquoi ne leur a-t-elle pas offert une protection immédiate, aux vues de la réaction excessive des gens ?”
Dans un entretien accordé le même jour à Fides, le Père James Channan, directeur du Peace Center de Lahore,“choqué” et “préoccupé”, confie que “les chrétiens au Pakistan se demandent aujourd’hui dans quel pays ils vivent”.
“Pour manifester leur indignation et pour demander la justice et le respect de la légalité, de nombreuses organisations chrétiennes et groupes de la société civile qui défendent les droits fondamentaux, ainsi que des citoyens musulmans, se réunissent aujourd’hui dans les rues de Lahore”, ajoute James Channan, qui demande également une intervention de l'ONU au sujet de la loi sur le blasphème. “Si cette loi n’est pas bloquée et corrigée, d’autres incidents et tragédies comme celle-ci auront lieu“, prévient-il.
L'impunité alimente la violence
“Je suis convaincu que le couple n’avait pas commis de blasphème. Et même si l’accusation devait se révéler fondée, il existe des procédures à respecter. Il n’est pas possible d’autoriser un lynchage ou une exécution de masse de la part de ceux qui croient être au-dessus de la loi” remarque le Père Channan, pour qui l’impunité alimente la violence.
Il demande à ce que la commission spéciale créée dès le jour du drame par le gouvernement du Pendjab “présente rapidement un rapport et qu’il y ait une punition exemplaire”.
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