spin a écrit :Bonjour Iliasin,
Le nouveau, oui, mais l'ancien, où donc ? Il y a de vagues allusions à une punition ou récompense après la mort dans les Macchabées (livre tardif et accepté comme canonique seulement par les catholiques), mais c'est tout, à ma connaissance.
(Au passage, Aliocha est un des diminutifs russes d'Alexandre, donc est généralement masculin. Mais bon, c'est plutôt à Aliocha de préciser le cas échéant...)
C'est quoi, une foi "vraie" ? Il me semble que la façon de croire vaut mieux que ce à quoi on croit. Toutes les fois disponibles sur le marché se présentent comme "vraies".
à+
Bonne lecture:L'ENFER ET LES ENFERS A LA LUMIERE DE LA REVELATION CHRETIENNE
Gohar HAROUTIOUNIAN
Le fondement de notre foi chrétienne est la confession de la mort et de la résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Mais entre ces deux mystères se place une autre vérité de notre foi, qui est la descente du Christ aux enfers, par laquelle Il a vaincu la puissance de la mort. La compréhension de ce mystère, dont Dieu seul a la pleine compréhension, peut nous aider à garder ferme notre espérance et à rendre notre esprit encore plus vigilant.
On peut distinguer deux termes révélant le mystère de la vie après la mort : l'enfer et les enfers.
Le terme " les enfers " (shéol en hébreu, hadès en grec) désigne le séjour des morts (Nb 16.33), le voyage des défunts après la mort. L'Ancien Testament, d'une manière générale, ne développe pas une pensée précise sur la situation des défunts après la mort.
Il constate que chaque homme, après sa vie sur la terre, descend aux enfers qui sont le lieu de " rendez-vous de tous les vivants " (Job 30, 23) : des justes comme des pécheurs. Le livre de Job, en désignant l'homme comme " celui qui descend aux enfers pour n'en plus remonter ", souligne son caractère définitif (Job 7, 9). C'est le Pays de l'oubli, qui se caractérise par l'absence de liens avec Dieu (Ps. 6, 6 ; 9, 10) qui ne se souvient plus des défunts (Ps 97, 6).
Le terme " l'enfer " désigne le lieu promis aux pécheurs. L'Ancien Testament élabore très tardivement le système de l'enfer comme lieu promis aux pécheurs, car d'après la pensée vétérotestamentaire, la rétribution ou la condamnation se font sur cette terre, durant la vie terrestre de l'homme. Dans les écrits les plus anciens, l'enfer est plutôt un état de l'âme. Dans les textes vétérotestamentaires plus récents, nous trouvons l'idée de la séparation entre les bons et les méchants, " pour la vie éternelle " et " pour l'horreur éternelle " (livre de Daniel). Nous retrouvons également cette idée dans le livre de la Sagesse, dans la rencontre du juste avec ses persécuteurs.
Ainsi, les textes de l'Ancien Testament font peu à peu la distinction entre plusieurs états aux enfers : le " sein d'Abraham " pour les justes, et l'enfer pour les impies. On peut relever deux images principales de l'enfer dans l'Ancien Testament : Sodome et Gommore, et le thème de la géhenne - une vallée à la sortie de Jérusalem, où se pratiquaient les sacrifices d'enfants à une divinité, contrairement à la loi et à la prédication des prophètes.
Le Nouveau Testament ne développe pas les notions de l'enfer et des enfers, mais il les mentionne seulement (Lc 16.23). Cela s'explique par le fait que la révélation chrétienne ne cherche pas à nous renseigner sur l'autre monde : son but est de nous enseigner la voie du salut. C'est pour cela qu'elle met l'accent sur la descente du Christ aux enfers. Cet événement a renversé la représentation vétérotestamentaire des enfers comme " Pays de l'oubli ", dans lequel les défunts sont oubliés de Dieu et sont séparés de lui. Il a également supprimé le caractère définitif des enfers, car le Christ " descendu dans les régions inférieures de la terre " (Eph 4, 9) a transformé la mort en un état de sommeil provisoire.
On trouve le thème de la descente du Christ aux enfers chez Saint Mathieu aux chapitres 12 verset 40 (le signe de Jonas) et 27 versets 52-53 (les morts qui sortent du tombeau au moment de la mort du Christ), dans le discours de Pierre, qui mentionne le Christ délivré de l'Hadès (Ac 2, 24 et 31), et chez Saint Paul qui parle du Christ comme du " Premier-né d'entre les morts " et de " Celui qui remonte de chez les morts " (Rm 10, 7).
Dans les sources liturgiques, on retrouve la mention de la descente du Christ aux enfers, notamment dans l'anaphore de Saint Basile dans sa version byzantine et arménienne (IVe-Ve siècles), dans la vielle anaphore arménienne de St Athanase, dans le texte de l'anaphore utilisée actuellement dans l'Eglise Arménienne Apostolique, et dans le tropaire pascal. Il est intéressant de noter que la descente du Christ aux enfers n'est pas mentionnée dans le Credo de Nicée-Constantinople. Par contre, on la retrouve dans le Symbole des Apôtres, utilisé par l'Eglise de Rome.
Mais si l'Evangile et la tradition liturgique nous apprennent que le Christ est descendu aux enfers tout en restant très discrets sur ce sujet, les homélies pascales des Pères de l'Eglise nous fournissent plus de détails. Car l'Evangile décrit ce qui a été vu, tandis que l'homélie décrit les événements invisibles. L'homélie la plus populaire, intitulée La descente aux enfers, est traditionnellement attribuée à Saint Epiphane de Chypre (Ve siècle). Ce texte canonique raconte comment après Sa mort, le Seigneur mène le combat avec le tyran et le vainc. Après quoi, Il se tient devant les portes des enfers avec les puissances angéliques qui ordonnent aux démons d'ouvrir.
Mais les portes se brisent et les démons prennent la fuite, " en se poussant, en se heurtant, en s'étonnant, en tremblant ". Les anges avancent au plus profond des enfers pour libérer les captifs. D'après les Pères de l'Eglise (Saint Justin, Saint Cyrille d'Alexandrie et beaucoup d'autres pères orientaux), par Sa descente aux enfers, le Seigneur a accordé le salut à tous ceux qui ont cru en Lui, aux patriarches et aux prophètes, mais aussi aux justes des peuples païens.
Chez les pères occidentaux, le Christ n'a libéré que les patriarches et les prophètes. La descente aux enfers se termine par la rencontre entre le Christ et le " premier homme ". Adam, gardé au plus profond, entend les pas du Seigneur comme au paradis (Gn 3,6). Le Christ se rapproche en tenant la croix dans sa main ; Il ressuscite Adam, en lui adressant le discours suivant :
" Lève-toi, qui dors […]. Je suis ton Dieu, qui est devenu à cause de toi ton fils […]. Ressuscite, ma créature, ressuscite, ma forme, qui a été faite à mon image […]. Mon sommeil te tirera du sommeil de la mort, ma lance a arrêté la lance tournée contre toi. Je t'ai fait sortir de la terre du paradis, je te rétablis non pas dans le paradis, mais sur le trône céleste. Je t'ai interdit l'arbre, image de la vie, mais voici que moi tout entier, la Vie, je me suis uni à toi ".
Ainsi, après la descente du Christ, les enfers existent toujours, mais ils n'ont plus de porte. Selon la pensée des Pères de l'Eglise, après sa mort, le défunt fait un voyage durant lequel les puissances sataniques lui arrachent tout ce qui leur appartient, c'est-à-dire ses péchés.
Le but du voyage est un état de paix et de contemplation dans l'attente de la deuxième venue du Christ et du jugement définitif des vivants et des morts. Pour les âmes qui après leur mort n'ont pas trouvé cette paix, il ne peut pas y avoir d'enfer définitif avant le Jugement dernier. Le livre de l'Apocalypse (chapitre 20) nous affirme la réalité de la " seconde mort " et de " l'enfer éternel " après le jugement définitif.
L'Eglise Arménienne, comme toutes les Eglises d'Orient, croit à l'existence de l'enfer éternel après le jugement dernier. Cela touche le mystère de notre propre vie : nos proches sont endormis dans le Christ et nous devrons nous aussi nous endormir dans l'attente de Sa Deuxième venue et de notre résurrection " pour la vie éternelle " ou " pour l'horreur éternelle ", comme il est dit dans le livre de Daniel. Dans l'attente de cet événement eschatologique, l'Eglise prie pour les défunts qui sont aux enfers car elle espère que Dieu n'abandonnera personne sur le chemin du salut.