Bonjour Wayell,
Wayell a écrit :
Pouvez vous me dire ce que représente la "confrontation avec l'imparfait" ?
Veuillez me pardonner pour le fatras que je vais vous infliger.
Le seul avantage de ces piètres considérations logiques est qu’elles flirtent bien avec la preuve de l’inexistence d’un Créateur et qu’elles ne sont donc pas trop hors sujet.
Je crains en outre de ne pas répondre à votre question...
1 ) la place du déterminisme
Le défaut logique de la Cause Première est qu’aucune détermination ne peut peser sur elle, elle ne doit être soumise à aucune nécessité.
Les premières conséquences que j’en tire est que le Créateur ne peut pas se confondre avec la Création, qu’Il aurait pu très bien ne pas créer et que s’Il a créé alors ce ne peut pas être pour assouvir un quelconque besoin, et notamment la Création ne vient combler aucun manque (au contraire de celle de Gepetto…). Le Créateur crée par pur désir dans une liberté totale.
Pour autant, cela ne signifie pas que Sa Création n’a pas de projet mais simplement que ce Projet ne répond à aucune nécessité. Cela ne signifie pas non plus que pour mener à bien Son Projet le Créateur est libre de faire tout et n’importe quoi, non ! cela signifie seulement que le Créateur consent librement à s’inscrire dans la nécessité de Son libre projet.
2 ) la place de la liberté
La psychologie humaine et la mécanique quantique suggèrent que cette Création jouit d’une certaine liberté, que tout ne s’inscrit pas dans un déterminisme absolu. C’est peut-être faux, mais c’est bien pratique d’en faire l’hypothèse…
Ce qui serait ennuyeux c’est que le Créateur soit forcé de S’adapter aux errements de Sa Création. J’en déduis que le Créateur est omniscient et qu’avant de créer Il avait déjà prévu tous les Univers possibles avec toutes leurs Histoires possibles (les fameux Multivers…) en fonction de la liberté qu’Il a accordé à Sa Création et qu’à l’instar d’un champion d’échec, Il attend avec sérénité que la Création joue librement n'importe quel coup, Il a déjà prévu la parade.
Quels que soient les coups de l’autre joueur, le projet sera mené à son terme…
Mais n’est-ce pas transformer le Créateur en super-automate joueur d’échec préprogrammé ?
Toutefois ne pas admettre l’omniscience transforme le Créateur en super-bonniche condamnée à l’improvisation pour remettre de l’ordre chaque fois que la Création a fait des siennes en abusant de sa liberté. Comme un enfant qui court haletant, bientôt à bout de souffle, auprès de son cerceau avec sa badine pour l’empêcher de tomber ou de dévier…
Il n’est pas très simple d’imaginer un Créateur qui aurait choisi
une création « avec obstacles » juste pour s’astreindre à réparer et remettre dans le droit chemin un univers qui fait n’importe quoi.
3 ) L’imperfection
Si on accepte l’idée d’une sorte de liberté du Créé et notamment de certaines créatures, alors je crois qu’il faut admettre "par définition" que, tant que le projet divin n’est pas mené à son terme, ce n’est pas toujours la Volonté du Créateur qui est scrupuleusement accomplie.
Dès lors, à chaque instant, persiste un écart entre le réel fruit de la liberté et un réel qui aurait été le fruit de la plus absolue des obéissances.
J’ignore comment définir une Création parfaite mais cet écart, cette distance par rapport à la Volonté divine me dit que la Création n’est pas parfaite.
L’imperfection est la manifestation concrète de la liberté du Créé. Autant dire que je ne partage pas l’idée Leibnizienne qui voit dans l’Histoire de l’Univers une trajectoire optimale qui se dessine au milieu du champ des possibles.
4 ) Pourquoi l’imperfection ?
En optant pour une
Création avec l’obstacle d’une certaine liberté du Créé, le Créateur a choisi de Se confronter avec l’imperfection.
Néanmoins, je ne peux pas facilement accepter l’idée que le Créateur soit forcé d'accompagner Sa Création pour en maîtriser les errances et les imperfections et maintenir vaille que vaille cette Création indocile dans les limites du Projet.
Une solution simple serait que la liberté ne soit que provisoire. L’Univers fait ce qu’il veut tant qu’il veut jusqu’à ce que le Créateur siffle la fin de la récréation (sic !). Fini le désordre ! On recadre tout ça et hop on termine le projet…
La liberté provisoire... c’est simple mais cela pose d'innombrables questions.
Et puis, en définitive, si l'objectif ultime est une Création parfaite, quel est l'intérêt d'une Création ? quel sens donner à ce chef d'œuvre ? N'est-ce pas banal et facile pour un Créateur de créer ?
Non… il me semble que pour que le projet ait un sens, il lui faut plus que de singer les Sim’s.
Mon sentiment est que la simple création d’un "univers parfait" est indigne d’un Créateur parfait puisque c'est bien le moins qu'Il puisse créer.
Par conséquent la création d’un univers n’est pas le Projet mais elle s’inscrit dans un perspective beaucoup plus vaste.
Pour moi, le Projet est donc « nécessairement » plus ambitieux, la création d’un univers libre et imparfait n’en est qu’un élément, ce n’est qu’un moyen pour atteindre le Projet.
Je conviens que notre Ego risque d’être blessé à l’idée que l’Humain et l’Univers ne soient pas au premier plan des préoccupations du Créateur.
Et en première conclusion, je crois que le Créateur a choisi librement de Se confronter à l’Imperfection. Et, pour mener à bien son Projet, Il a choisi de créer un bon gros exemple d’Imperfection rétive à toute amélioration.
Et quelque chose me dit que Son Projet est encore plus ambitieux...
Très cordialement
Votre sœur
pauline